1903
Quelqu’un, je crois, se souviendra dans l’avenir de nous

Dans les lendemains que le sort file et tresse,
Les êtres futurs ne nous oublieront pas…
Nous ne craignons point, Atthis, ô ma maîtresse !
L’ombre du trépas.

Car ceux qui naîtront après nous dans ce monde
Où râlent les chants jetteront leur soupir
Vers moi, qui t’aimais d’une angoisse profonde,
Vers toi, mon Désir.

Les jours ondoyants que la clarté nuance,
Les nuits de parfums viendront éterniser
Nos frémissements, notre ardente souffrance
Et notre baiser.

Renée Vivien, Sapho, 1903