Cours sur « L’acacia » de Claude Simon

Actualité de Claude Simon

Calendrier du cours 

  • 11 octobre : présentation et chapitre I.
  • 18 octobre : chapitre II.
  • 25 octobre : chapitre III.
  • 1er novembre : chapitre IV.
  • 8 novembre : chapitres IV et V.
  • 15 novembre : chapitres VI et VII.
  • 22 novembre : chapitres VIII.
  • 29 novembre : chapitre IX.
  • 6 décembre : chapitres X et XI.
  • 13 décembre : chapitres XI et XII.

Demandons-nous tout d’abord ce que nous savons de Claude Simon (1913-2005)… Il nous importera surtout de dire ce qu’il disait lui-même : qu’il n’avait aucune imagination (invention), seulement des souvenirs, des documents, avec lesquels il s’efforçait de voir (images) et de revoir pour écrire.

Et si nous savons ce qu’est un acacia (images),

– et ce que ce mot peut signifier en tant que titre d’un livre,

– et en particulier d’un livre de Claude Simon en 1989 :

  • Huit premières occurrences dans Le tricheur, écrit en 1941 mais publié en 1945, non réédité. Par exemple : « Isabelle, ma sœur, rêve dans son bois de frêles acacias, abandonnée sur la terre qui tourne, emportée dans l’univers, endormie au milieu des oiseaux printaniers… », p. 43.
  • Puis une seule occurrence dans La corde raide, 1947, 1er paragraphe du texte, p. 9 : « Au printemps et l’été, à Perpignan, l’acacia multiple se reflétait dans la glace, des fragments verts, le jeu de toutes ses petites feuilles ovales miroitant. »
  • Puis dans Histoire1967, p. 19 : « […] rien que ces soupirs contenus, furtifs, réprimés, des froissement, les feuilles du grand acacia frissonnant, s’animant tout à coup, comme si l’arbre s’éveillait de lui-même, se débattait […] » – où il deviendra dès l’incipit un compagnon de travail, une mise en abyme textuelle et la source de nouvelles analogies : « l’une d’elles [branches de l’acacia] touchait presque la maison et l’été quand je travaillais tard dans la nuit assis devant la fenêtre ouverte je pouvais la voir ou du moins ses derniers rameaux éclairés par la lampe avec leurs feuilles semblables à des plumes […] ».
  • Enfin, une seule occurrence dans L’acacia, en toute fin du texte, comme pour nommer l’ensemble… du livre ? de l’œuvre ?… 
  • Et très peu d’autres noms d’arbres dans les œuvres de Claude Simon ! (sauf dans Les Géorgiques, où un ancêtre de Claude Simon donne des ordres par écrit pour les cultures de ses terres ; Claude Simon cite des lettres de sa collection familiale…)

Mais voyons de plus près les principales branches de ce texte-arbre – les chapitres :

  • I – 1919 – (l’auteur à 5 ou 6 ans…)
  • II – 17 mai 1940 – (l’auteur à 26 ans…)
  • III – 27 août 1914 – (l’auteur a moins d’un an…)
  • IV – 17 mai 1940 – (26 ans)
  • V – 1880-1914 – (de 33 ans avant sa naissance à moins d’un an après…)
  • VI – 27 août 1939 (3 parties) – (il a 25 ans…)
  • VII – 1982-1914 – (de 69 ans à moins d’un an…)
  • VIII – 1939-1940 (3 parties) – (de 25 à 26 ans…)
  • IX – 1914 – (moins d’un an…)
  • X – 1940 – (26 ans…)
  • XI – 1910-1914-1940 (11 parties) – (de 3 ans avant sa naissance à 26 ans après…)
  • XII – 1940 – (il a 26 ans.)

Il y a donc 17 dates indiquées :

  • 6 fois 1940 et 2 fois 1939, ce qui fait près de la moitié des dates pour cette seule période, celle de la 2e Guerre Mondiale, la guerre vécue par le narrateur-auteur, Claude Simon.
  • 5 fois 1914, juste après sa naissance mais aussi quand la 1ère Guerre Mondiale commence et qu’il perd son père…
  • 1 fois 1919 et une fois 1982, qui sont dans le temps de vie de CS…
  • 1880 et 1910, 1 fois chacune, dates qui sont avant la naissance de CS.
  • Se référer à la citation de T. S. Eliot en exergue…
  • À propos du 27 août 1914, voir cette description précise de la bataille de la Meuse…
  • Les chapitres pairs traitent du narrateur, les impairs de sa famille.

1er novembre : chapitre III

Ce chapitre est composé de 21 paragraphes, le dernier étant le plus long. Le titre est la date de mort du personnage (père du narrateur). À partir du transport ferroviaire des troupes vers le front, des premiers combats, des premières mauvaises nouvelles, se produit le combat dans lequel il perd rapidement la vie (§.7). Les paragraphes suivants retracent le parcours familial, contexte nécessaire pour comprendre pourquoi et comment il était devenu officier, dans une famille pourtant pas du tout militariste… Dans le dernier paragraphe, son évolution est décomposée en une série de cartes postales envoyées depuis les différents postes auxquels il avait été affecté.

8 novembre : chapitres IV

  • IV – « 17 mai 1940 », date de grande débandade des troupes françaises… Le narrateur survit du fait de l’absurdité d’avoir dessellé ! Puis se dirige à l’instinct… jusqu’à retrouver les survivants.

15 novembre : chapitre V

  • V – « 1880-1914 », comme les autres chapitres impairs, relatif à la famille du narrateur, cette fois bien longtemps avant sa naissance… Focalisation sur la mère : son entourage familial, son mode de vie bourgeois, ses occupations – son ignorance du travail est soulignée (sans accusation, juste comme un fait).
    • §1 – « deux des trois sœurs »… Trois sœurs était le premier titre, mais déjà pris par un Russe… Et, fin du §, « lorsqu’elle le rencontra » = (on comprend que) c’est la jeune femme qui deviendra la mère du narrateur.
    • §2 – le milieu (grand domaine viticole, maison en ville) et les parents de cette jeune femme (mère inconsolable ; père patriarche) = vie de grande bourgeoisie, à l’aristocrate presque.
    • §3  – nom prestigieux depuis Révolution et Empire, aujourd’hui gestion des stocks.
    • §4 – retour à la « jeune fille », vie sans (idée de) profession, occupations diverses : langues, musique, photographie.
    • §5 – « jamais » en anaphore pour valoriser son inactivité professionnelle et son train de vie.
    • §6 – commentaires sur son caractère, autres éléments biographiques : voyages en Espagne (fêtes, photos), séjours chez sa sœur, séjours à Paris (3 semaines 2 fois par an, Gd Hôtel), retour à Perpignan (description historique de la ville sans la nommer).
    • §7 [long : 7,5 pages] – plus en détail : activités, motivations, pressentiment d’avenir, état asexué, paresse de caste, lectures, amie et correspondance, etc., mais pas d’idée de mariage et le temps qui passe (quarantaine).
    • §8 [important : 4 p.] – un homme, enfin ! Non pas coup de foudre passionnel, mais sorte d’accord en devenir… 4 ans de cartes postales, le militaire faisant le siège de cette femme si différente des autres, comme prémonition de sa mort et de l’urgence de se reproduire avec l’aide d’une femelle prête à cet usage…
    • §9 [très long, 16 p.] – détails des 4 ans de patience, voyages, campagnes militaires, cartes postales, etc. Rencontre des familles au bout de deux ans, suite de l’attente  préparation…
    • §10…
    • §11…
  • VI – « 27 août 1939 », nouveau chapitre sur le narrateur, retour en arrière par rapport à 1940 du ch. IV.

22 novembre : Chapitre VI

  • D’un train l’autre : mise en abyme du voyage de 1937 (Allemagne, Europe de l’Est, Russie et retour) dans celui de la mobilisation de 1939.
  • Bilan de 26 années de vie (p. 161 et al.), désillusions.
  • p. 165 : « pensant à tous les trains » = élément d’unanimisme, permet aussi de passer à un autre train en particulier.
  • p. 172 : « deux années » de distance entre ces deux voyages (seulement & déjà).
  • p. 185 : « deux ans », et évolution de contexte socio-politique.

29 novembre : chapitre VII et VIII

13 décembre : derniers chapitres

Outre les aventures du brigadier…

  • Chapitre IX, « 1914 », p. 257-258, « ce quelque chose » (m.) et « la chose » (f.) = innommabilité monstrueuse de la guerre, comparaison biologique avec « femme grosse » se « délivrant », donc antériorité des causes du conflit (des conflits), voir agenda de 1914. Semble être un glissement, une métaphore (déplacement) du thème de la grossesse de la fin du ch. VII, p. 211. Pour le narrateur, être né quasiment en même temps que la guerre, terrible coïncidence, revient (en quelque sorte) à incarner la guerre elle-même et être symboliquement co-responsable de la mort de son père…
  • À Vernet-les-Bains (p. 258), « césure […] au masculin » = une tranche d’âge de la population masculine a été réquisitionnée et a quitté la ville (comme ailleurs). Au contraire, « opulence » et immuabilité de la nature (paysages, météo, etc.) – remarque habituelle chez Simon et d’autres, étonnement de cette dichotomie entre activités humaines (guerre) et terrestre (saisons, etc.) = rejet implicite des motivations humaines.
  • La nouvelle de la mort du capitaine arrive (voir au 27 août 1914) quand la famille réside à l’Hôtel Ibrahim Pacha de Vernet (suite à sa visite en 1845-46 à Perpignan et Vernet), emblème kitsch de l’insouciance d’avant-guerre = pièce montée (gâteau) qui disparaît dans une inondation catastrophique en 1940 !

Voir version pdf du texte ici (lien destiné aux participants du cours).

Notes orales (non encore communiquées).

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