Mous, humides et plus du tout résistants

mardi 24 février 2009, à 23:59 par Berlol – Enregistrer & partager

Encore pas le temps…

« C’est mon premier dilemme, l’écriture ou la vie, elles se retrouvent distinctes jusqu’à confrontation. Poursuivre ma démarche, conserver ses principes, quitte à mettre en péril ma propre santé mentale. Voilà ce que je devrais faire. Parce que j’affirme m’écrire, mais je me vis aussi. Je ne raconte pas d’histoires, je les expérimente toujours de l’intérieur. L’écriture ou la vie, ça me semble impossible, impossible de trancher, c’est annuler le pacte. Vécu mis en fiction, mais jamais inventé. Pas par souci de précision, pas par manque d’imagination. Pour que la langue soit celle des vrais battements de cœur.
Je dis : autofiction. Mais expérimentale. Que l’écriture provoque des faits, des événements. Que la consignation implique la création de vraies situations, que rien ne soit écrit s’il n’a été ressenti, sous une forme ou sous une autre. Être monnaie vivante, ou avatar virtuel. Internée à Sainte-Anne. Pratiquant un rituel pour rentrer en contact avec le spectre de Boris Vian. Mettre vingt-deux mois durant mon cerveau en disponibilité. Me rendre des semaines durant sur la tombe de ma mère. C’est un choix, une approche, un vrai positionnement.» (Chloé Delaume, Dans ma Maison sous terre, p. 186-187)

Départ pour Nagoya (train où je finis le livre) et l’appartement à quitter, dans lequel beaucoup reste à faire. Et même à refaire… Comme des cartons de livres de T. qui datent du précédent déménagement, qui n’ont jamais été ouverts ou qui ont été ouverts et pas déballés, et dont carton et rubans adhésifs sont devenus mous, humides et plus du tout résistants. L’entreprise de déménagement m’ayant largement octroyé cinquante cartons, mieux vaut transférer, et trier au passage pour en éliminer quelques-uns.
Ça prend l’après-midi, puis ça continue après les courses, la soirée, et finalement bien au-delà deux heures du matin.
Ce qui trinque, c’est surtout les reins, d’un côté (et pas comme euphémisme réagien), et le bout des doigts, les ongles, abimés par les frottements, torsions, tractions, etc.

Vers 16h30, c’était prévu, un camion est passé pour enlever le vieux frigo et un ordinateur de 1999 dont j’ai effacé tout ce que je pouvais — ceci dit, tout est en français et je ne détiens aucun secret d’état. En revanche, pas donné, le service : 10.000 yens pour les deux appareils ! Ça devient lucratif, le recyclage ! Mais je ne dis rien contre parce que je sais que j’achète ainsi le temps que je n’ai pas pour rechercher un service moins cher…

Plus j’écoute France Info, même si c’est à doses homéopathiques, ou les infos d’apparence plus moqueuses que donne Radio Nova, plus j’ai l’impression que nous vivons une époque de folie et d’ignominie dont je ne vois pas comment nous pourrions nous relever. Au moins pour ce qui concerne la France. Entre les départements d’outre-mer où le gouvernement attend vraiment que ça pète pour mater grave, les magouilles bancaires de Sarkozy qui se moque de toutes les instances, le silence des médias sur l’incroyablement honteux comportement des ministres de l’éducation et de la recherche alors que la plupart des universités sont bloquées et refusent d’obéir au calendrier de la réforme.

Avec quelle douceur, à côté de ça, je déplace et sécurise les œuvres de Blaise Pascal et de René Descartes…

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Publié dans le JLR

3 réponses à “Mous, humides et plus du tout résistants”

  1. brigetoun dit :

    deux hommes qui vivaient en des temps difficiles – pensée consolante ?

  2. Manu dit :

    Moi aussi, c’est soit France Info, soit Nova.

  3. Berlol dit :

    Consolante, non. Mais ils sont respectables. Dans la trivialité du déménagement… Livres traités sans ménagement…

    Et de temps en temps Ouï FM. Sans parler de France Culture, mais pas ces derniers jours, pas le temps de me concentrer sur l’écoute…