Harceler les vices littéraires

samedi 14 mars 2009, à 23:59 par Berlol – Enregistrer & partager

Lever à 5 heures pour (nous) délivrer (de) Cécile. Finalement, j’opte pour une lecture intégrale du chapitre X, qui fait apparaître que la scène doublement cruciale, c’est-à-dire quand le père retrouve Elsa dans les bois, surmontée de la déception d’Anne les apercevant, n’est pas racontée. Et que l’économie que Sagan en fait fonde le trou noir du mystère, le mystère de la mort d’Anne, tout en accélérant formidablement le récit, à tel point que soudain c’est fini, qu’on est huit ou neuf mois plus tard à voir comment boucler la boucle du doute et du remord en découvrant enfin, comme une délivrance, le sens du mot tristesse.
Entre temps, je serai remonté jusqu’aux Webb (ch. VII), aux vibrations que cette soirée a données aux fils tendus du piège de Cécile, ainsi qu’aux subreptices annonces morbides : en voiture, à l’aller, « soumis au même plaisir de la vitesse et du vent, peut-être à une même mort » (p. 118), et au retour, quand il est question de lâcher le volant, « Non, pas en conduisant sur une corniche » (p. 123).
Et c’est du haut de cette corniche que je saluerai mes auditeurs et les inviterai à une prochaine chasse au trésor dans l’Océan indien…

Déjeuner au Saint-Martin, où T. est déjà pour finir tôt et s’en aller à une conférence sur les contes populaires.
Moi, je rentre dormir, digérer mon poulet-frites, puis lire, écouter. Tellement de retard… Heureusement, le canal Sentiers de la création ne ferme ses vannes que très tard, je peux encore y enregistrer différentes parties des Enjeux de la création III, par exemple la première, notamment avec Yves Ravey et Jacques Serena.

« On trouve toujours des arguments plus ou moins croustillants — ironiquement croustillants — pour justifier la critique. Certains sont moraux, d’autres esthétiques. Je m’en bats l’œil, je ne leur accorde plus foi — question d’expérience. Je ne crois plus qu’au détachement et à l’attention. J’écris donc de la critique pour lire attentivement. C’est avec la marche, le commerce de contemporains fraternels (dont l’esprit peut être un manteau aux cent poches), le fruit des bricolages variés de mes doigts à l’usage sybarite de mes sens (le sexe, la bagarre, le danger et l’ivresse, l’estomac), l’une des activités pour lesquelles je ne parviens pas à décourager un inextinguible intérêt.» (Éric Dussert, « Pourquoi écrivez-vous de la critique littéraire ? », Le Matricule des anges, n°100, p. 8.)

Ai reçu les informations utiles pour le colloque d’Ottawa. Ne me reste plus qu’à harceler les vices littéraires de l’ARG.

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Publié dans le JLR

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