Ceux qu’un bloc de béton n’a pas déjà rendus silencieux

vendredi 22 janvier 2010, à 23:59 par Berlol – Enregistrer & partager

Non en surface
rayé
je m’en voudrais
mais comme dans l’épaisseur vitreuse
dans la transparence même
déchiré décollé
molécules séparées ou quoi
pulpe du doigt pourtant sans réponse
quand elle y passe
lisse mais chaque jour
plus élargies sont les taches
sur l’écran du Ricoh CX1 (pourtant pas vieux)

En quelques clics, T. a dégoté l’adresse du service clients de Ricoh, à Ginza, et nous décidons de nous y rendre ce matin pour savoir s’il est possible de réparer cet écran, l’appareil ayant été acheté avant l’été et donc encore sous garantie.
Excellent accueil dans un petit bureau, pas d’attente parce que personne d’autre. Le problème à peine exposé, la jeune femme qui nous reçoit dit que c’est le revêtement de l’écran qui se décolle de l’intérieur, que ça vient du frottement — alors que je l’ai toujours bien rangé, le point faible est donc déjà bien connu…
On déjeune pas loin de là, pas très bien mais peu importe. Je rentre à la maison pour continuer des corrections de rapports de 3e et de 4e année, qui pleuvent ces jours-ci dans ma boîte aux lettres, et je reviens chercher l’appareil réparé, écran revêtu de neuf, gratuitement, avec en prime le conseil de le couvrir d’un film plastique.
Traversée de Ginza et de Yurakucho à la nuit tombante, plaisir de retripoter un appareil en bon état, de voir à nouveau les rues et les foules japonaises comme un touriste — car il ne sera jamais question pour moi de me poser en spécialiste.
Au fait, le théâtre de kabuki de Ginza va bientôt être détruit. À voir le nouvel immeuble qui se trouve à sa droite, on comprend pourquoi.

En soirée, deux derniers épisodes de Damages, saison 2. Beau final, quoi que peut-être un peu trop clean, après tout ce qu’on a eu à supporter comme manipulations psychologiques croisées, tractations judiciaires et sommaires règlements de comptes pas toujours bien intéressants… Faudrait que j’arrive à faire la différence entre un beau final et… le fait d’être heureux d’en finir.
Sûr qu’il en ira de même dans notre affaire (des lampistes de) Clearstream — où seuls quelques barbouzes savent tout, tout du moins ceux qu’un bloc de béton n’a pas déjà rendus silencieux.

Enregistrement du Carnet nomade de dimanche dernier dans lequel Colette Fellous s’entretient avec Michaël Ferrier au sujet du Texte Japon de Maurice Pinguet. Dont j’extrais ce qui suit.
Quand je suis arrivé à l’université Waseda, en 1992, on m’a dit que c’était là qu’il était quelques années avant. De là à dire que je prenais sa place… Qui ? Connaissais pas…

Par ailleurs et par hasard, je signale que Maurice Pinguet n’a pas de page Wikipédia !
Glop ou pas glop ?

Michaël Ferrier : « C’est vraiment un essayiste exceptionnel. Il faut le dire, c’est un des grands intellectuels de sa génération et c’est pour ça aussi qu’il y avait une injustice dans le fait qu’il ne soit plus connu aujourd’hui. Une injustice et aussi peut-être un signe. Le signe, peut-être, d’un certain renfermement français, éditorial, culturel. Il faut imaginer quand même que Maurice Pinguet est traduit en japonais, il est publié en japonais, il est commenté en japonais, il a du succès et de l’influence… Voilà quelqu’un qui était plus connu à l’étranger que dans son propre pays. Il fait partie de cette grande génération d’intellectuels, il est né en 1929, il est rentré à l’Ecole Normale Supérieure à vingt ans, où il a rencontré Michel Foucault, [avec qui] il s’est lié d’amitié. Il y a un très beau portrait de Foucault jeune en Italie en train de découvrir Nietzsche… C’est lui qui ensuite a travaillé pour faire venir Michel Foucault au Japon. Ensuite il s’est lié d’amitié également avec Roland Barthes. Roland Barthes qu’il a fait venir aussi pour la première fois au Japon, en 1966-67. L’Empire des signes, le fameux livre de Barthes sur le Japon est dédié à Pinguet. Donc, voyez, il y a une espèce de filiation, des grands intellectuels français, tous trois homosexuels d’ailleurs, homosexualité qu’ils ne revendiquaient pas d’ailleurs, qu’ils ne brandissaient pas comme un étendard mais qui est aussi présente parfois dans leurs œuvres. Et il a vécu une bonne partie de son temps à l’étranger, au Japon notamment, donc, où il a enseigné à plusieurs reprises, où il a été directeur de l’Institut franco-japonais. Donc, c’est un parcours tout à fait atypique et en même temps très représentatif d’une certaine tradition intellectuelle française, très érudite.»

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Publié dans le JLR

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