Aucun méandre de mémoire

jeudi 31 juillet 2008, à 23:59 par Berlol – Enregistrer & partager

Avec l’évolution rapide des mentalités sur la littérature et l’internet, je trouve amusant (& intéressant) de reprendre ici ce texte d’il y a seize moisseulement ! / déjà ! (barrer la mention inutile) :

je suis écrivain
je ne suis pas écrivain
pour que je sois écrivain il faudrait qu’on me publie
pour qu’on me publie il faudrait que je sois écrivain
j’ai toujours su que j’étais écrivain
et jamais souhaité qu’on me publie
ni même demandé à on
parce que on je ne sais pas qui c’est
ni moi ni mes manuscrits ne sont soumis
ni statut d’auteur ni statue d’hauteur
maintenant je me publie moi-même tous les jours
je me publie pour me souvenir et pas pour me subvenir
je me publie je me donne je ne me vends pas
je ne suis ni à vendre ni à acheter
je suis à lire
comme d’autres sont à lire je les suis
quand je suis en train de les lire je sais s’ils sont écrivains
en livre ou en ligne ils sont ou ne sont pas écrivains
je plains ceux qui ne se sentent écrivains qu’étant publiés
être étant publié devient un des tant publiés
et qu’à tant publier il n’y a plus d’écrivains
et tant de papier pour si peu d’écriture
ici tant d’écriture pour si peu de papier
personne ne peut nier que je suis écrivain
tout le monde sait que je ne suis pas écrivain
actuellement ceux qui pensent écrivain pensent livre
presque personne ne peut penser écrivain sans livre
je suis un écrivain qui a
foison de textes néant de livres
évidences en 2035 ou 2080
mais là d’un jour à l’autre
personne ne peut dire si je suis écrivain ou pas
pourtant ça chaque jour s’écrit
qui ne peut être que de moi
si on sait ce qu’est un écrivain parce que c’est un livre qu’on tient
alors on ne sait rien le sait-on
que l’horizon 2010 il est déjà derrière
et qu’alors comme aujourd’hui je ne serai jamais écrivain
parce que je l’ai toujours été

Mais ce soir, je ne suis déjà plus si sûr de la valeur de cette réminiscence… Bon, peu importe. L’important, c’est que : les examens sont finis ! Un bien calme dans la matinée, il faut imaginer et écrire une conversation. Un plus animé en début d’après-midi avec un exercice de comptage de syllabes — petit jeu auquel la plupart des étudiants se plante systématiquement parce que leur cerveau est structuré en syllabaire japonais (kanas), système dans lequel « bonjour » a quatre syllabes !

Retour à Tokyo en fin d’après-midi. Train tranquille, avec un bon thé glacé dans le mug et l’approche des deux tiers du polar, j’ai ma petite idée du coupable…

« »Dans le port d’Adélaïde, quand le dernier verre se vide… » les premières paroles d’une vieille chanson de Jacques Debronckart. Elle m’avait toujours fait rêver. À l’époque où je l’entendais à la radio, Adélaïde rimait avec inaccessible et intrépide. C’était le bout du monde, le bout de la mer et j’y étais. Ça ne ressemblait pas du tout à ce que j’avais imaginé, évidemment. Pas de bouges enfumés, pas de marins ivres, pas d’embarquement pour nulle part. D’ailleurs, Debronckart, une sorte de clone de Brel en moins bien, ny avait jamais mis les pieds. Juste des dizaines de porte-conteneurs amarrés en rang et des caisses multicolores empilées sur les quais. Propre et net sous le ciel bleu implacable.» (Hervé Claude, Mort d’une drag-queen, p. 161)

En fait, c’est « Quand le dernier verre se vide, dans les bars d’Adélaïde…» et ce ne sont pas les premières paroles. Sinon, Debronckart, je ne l’avais absolument jamais entendu, aucun méandre de mémoire n’en porte trace. Et c’est vrai qu’on n’a pas l’impression qu’il y soit allé…

Suis bluffé par la vitesse de travail de François ! Trois jours après la mise en ligne de Chloé, vingt-quatre heures après que j’en aie parlé, S’écrire mode d’emploi est déjà mis en page et en ligne sur Publie.net !

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Publié dans le JLR

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