La peur de l’homme qui pense

samedi 20 février 2010, à 23:59 par Berlol – Enregistrer & partager

Notre première vision par la fenêtre
la neige
son lumineux silence

À dix heures, je me rends à l’agence Bouygues Télécom pour y rencontrer les personnes avec qui j’ai correspondu depuis trois mois pour préparer plus de trente téléphones portables. J’apporte une somme confortable en grosses coupures. Juste après, un étudiant avec sa famille d’accueil arrive. Il a son bon de retrait, un petit papier de la taille d’une carte de visite droit sorti de mon imagination. Et de mon imprimante.

Déjeuner à l’Ardoise, très bon et déjà trop copieux pour nos petits estomacs.

À l’hôtel, quand nous y sommes arrivés hier soir, deux petits colis d’Amazon m’attendaient. L’un avec une carte routière de la région, un type de commande que j’avais déjà effectué l’été dernier avec la Bretagne et l’Auvergne. L’autre est l’édition de poche de LTI de Victor Klemperer, qu’il faut commencer manu militari.

« Lorsque, dans Mein Kampf, Hitler présente sa politique en matière d’éducation, l’éducation physique vient largement en tête. Il affectionne l’expression « endurcissement physique » [körperliche Ertüchtigung] qu’il emprunte au dictionnaire des conservateurs de Weimar; il fait l’éloge de l’armée wilhelminienne comme étant la seule institution saine et vivifiante du « corps du peuple » [Volkskörper] par ailleurs en putréfaction; il considère le service militaire principalement ou exclusivement comme une éducation à l’endurance. De toute évidence, la formation du caractère n’occupe pour Hitler que la seconde place, elle advient plus ou moins d’elle-même, lorsque, justement, le physique est le maître de l’éducation et qu’il réprime l’esprit. Mais c’est seulement au dernier rang de ce programme pédagogique qu’on trouve, admises à contrecœur, suspectées et dénigrées, la formation de l’intellect et les nourritures spirituelles. Dans des tournures toujours nouvelles s’expriment la peur de l’homme qui pense, la haine de la pensée. » (Victor Klemperer, LTI, la langue du IIIe Reich, Carnets d’un philologue / traduit de l’allemand et annoté par Élisabeth Guillot, Albin Michel, [1996], coll. Pocket, 2002, p. 25-26.)

Je ne suis pas certain que le dénigrement de l’école et des matières intellectuelles, amalgamé à la kitschissime surmédiatisation du sport et du vedettariat sportif tels que nous les vivons aujourd’hui ait un autre effet. Ni même que ce ne soit pas intentionnel. Et mondialisé.

Tags : , ,

Publié dans le JLR

3 réponses à “La peur de l’homme qui pense”

  1. brigetoun dit :

    vraiment, vous croyez ?

  2. Berlol dit :

    Euh… En fait, j’ai même l’impression d’en être sûr…

  3. Quel idiot je fais, samedi à Orléans (vu que tu ne tiens plus ton JLR à jour, j’imagine qu’il nous revient à nous de le tenir à jour à ta place depuis la fenêtre étroite des commentaires?) quand tu m’as demandé si je connaissais le livre en question, j’ai pensé que non, mais je t’ai répondu que j’avais lu quelque chose sur le même sujet. Et aujourd’hui à la lecture de ta citation, je m’aperçois que ce que j’avais lu sur le sujet, et bien c’était le même livre. Démonstration, si elle était nécessaire, de ma très médiocre mémoire du court terme en ce moment.

    Amicalement

    Phil, bien arrivé à Clermont, entre-temps, dans la tempête, sur l’autoroute, le sentiment parfois de diriger l’automobile à l’aide d’un gouvernail.