Deux pointures de la discipline

jeudi 15 juillet 2010, à 23:59 par Berlol – Enregistrer & partager

Chère Dominique,

Déjà trois jours que j’ai pu mettre un visage sur ton nom. Que j’ai pu voir en chair et en os, comme on dit, celle qui m’a aidé, en fait la seule qui m’ait aidé si l’on excepte le Corpus lui-même, à donner de l’ampleur au site PPE, à en corriger les erreurs, en prenant sur ton temps de thèse. Tout le monde n’a pas eu ton adhésion spontanée.

Déjà notre troisième jour, donc, dans ce stage commando post-exotique et, tandis que je réinstalle très calmement et méthodiquement, comme tu me l’as fait remarquer, le trépied, l’appareil-photo, l’ordinateur portable et l’enregistreur audio-numérique pour écouter et capter les interventions matinales de Frank Wagner et de Bruno Blanckeman, deux pointures de la discipline, tandis qu’Antoine prend place dans son grand fauteuil et que l’orage approche, toi, tu te penches sur ton coin de table pour prendre dans ces deux heures et sur ton grand cahier à spirale quelques pages de ton écriture ronde et serrée.
La plupart des autres participants reprennent aussi chaque jour à peu près les mêmes places, et quand une place est vide, ce n’est pas parce que son occupant est mort, comme ce serait le cas dans un roman de Volodine, mais parce qu’il ou elle est en train de prononcer son intervention ou de présider la séance.
Comparée aux autres semaines qu’il m’a été donné de passer dans ce château, en 2003, 2005 et 2007, je sais que celle-ci est d’ores et déjà, pour moi, la plus studieuse, non seulement parce que les communications sont intéressantes et denses, ou parce que je dois encore travailler la mienne sur place, ou parce que la météo n’est guère propice aux ébats champêtres, ou parce que je n’ai pas de voiture pour m’échapper vers la mer ou vers la ville, mais aussi parce que des relations amicales se sont nouées avec quelques personnes dont tu fais partie et que nous passons ensemble et avec Antoine des moments de repos qui sont aussi forcément des moments d’échanges sur nos travaux respectifs.

Après-midi libre.
Ce qui veut dire, pour moi, explorer encore mes livres, copier-coller des citations, dormir par tranches de trente minutes, faire du thé, etc., jusqu’au dîner et encore après, jusqu’au milieu de la nuit… Ce que je croyais avoir finalisé hier se trouve remis en cause, réorganisé, enfin conçu à neuf comme un mobile de pièces détachées en équilibre. Tu comprendras en m’entendant le dire…
Il faut tout de même que je dorme un peu plus que trois demi-heures.

De ma fenêtre de la ferme, je ne vois pas l’Orangerie où tu es logée, parce que toutes les lumières en sont éteintes. À moins que la pluie qui ne cesse en écrase aussi au sol les photons.
À très bientôt, dans quelques heures.

[Vaguement gratté le soir-même, repris dans la nuit du 22]


http://www.ccic-cerisy.asso.fr/volodine10.html#Frank_WAGNER

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Publié dans le JLR

2 réponses à “Deux pointures de la discipline”

  1. ladite dominique dit :

    Cher Patrick,

    Je réponds très tardivement à cette lettre découverte après le temps des Cerises mais là-bas à Cerisy je n’avais pas d’ordinateur personnel et donc je ne pouvais facilement suivre ton blog. J’espère que tu me pardonneras ce délai.
    Ce que moi, en revanche, je ne te pardonne absolument pas, c’est de ne pas m’avoir expliqué comment on pouvait, hors des petits déjeuners, se faire du thé (et le thé que l’on voulait) – j’en ai rêvé tout le colloque mais ai fini par abandonner l’idée.
    Pour la voiture et une éventuelle échappée à la mer, tu aurais pu me demander ma « bat-mobile »…
    C’était notre premier colloque commun et nous ne nous en sommes pas trop mal tirés ; au prochain, les petits « bafouillements » matériels seront réglés : thé à toute heure et pour tout le monde ; tour en voiture pour qui veut.

  2. Berlol dit :

    En fait, pour le thé, c’est tout à fait perso, j’ai ma bouilloire électrique de voyage et mes sachets, cette fois thé vert du Japon, plutôt pour le soir, et thé au caramel, le matin, longtemps avant le petit déjeuner.
    Pour la voiture, je te remercie, mais c’est moi qui voulais vivre la « réclusion » au moins une fois.
    J’espère bien sûr que nous nous retrouverons à nouveau à Cerisy ! (ou ailleurs)