Une sorte de grand chien raide et roux

dimanche 17 juin 2012, à 23:59 par Berlol – Enregistrer & partager

Étonnement matinal après avoir rêvé de mon père. Non que j’aie quoi que ce soit contre. Mais la sensation amusante de sa présence et d’aventures longues. Nous avons fait de la moto, je conduisais, et quand nous en sommes descendus, je la montrais à quelqu’un, lui peut-être, genre mate ma bécane et la moto était une sorte de grand chien raide et roux avec la queue tendue à l’horizontale en guise de siège arrière, je n’ai pas l’impression qu’elle avait un moteur. Peu importe, en rêve. Plus tard, j’étais avec Nicole, une amie du lycée, que je suis toujours heureux de revoir. Mais déjà, quand j’essaie de me repasser ces images pour les mémoriser, elles ont disparu. Le temps de fixer le souvenir de mon père, pendant que je me levais, ouvrais les rideaux et me dirigeai vers la cuisine, disparition des autres résidus oniriques !
D’habitude, au réveil, il n’en reste déjà plus rien.

Les Français votent, peu, si j’en juge par les premiers chiffres. Après, on viendra dire que les élus ne sont pas représentatifs… Passons. Quelques anciens ministres de Sarkozy vont visiblement se faire battre : nos petits plaisirs de demain.

Sur la page Facebook du groupe Autour d’Antoine Volodine,1 Gilbert Quélennec signale la parution d’un mémoire de Master 2 d’Anaïs Oléron, Rennes 2, sous la direction de Frank Wagner: L’ambiguïté des voix narratives dans le post-exotisme… Première bonne nouvelle : le texte est disponible en ligne, sur le site DUMAS. Deuxième bonne nouvelle, à la lecture des quinze premières pages, c’est plutôt un bon travail. Troisième bonne nouvelle : le PPE a été largement utilisé comme source documentaire.

On critiquera toujours quelques coquilles résiduelles, comme « il nous faut à présent à présent mettre en évidence » (p. 5), ou « traitement anomal de la voix » (p. 11) qu’un thésard, un directeur et un jury auraient dû apercevoir, mais il vaut mieux s’attacher au contenu. Dans l’exposition du plan, l’auteur situe son étude par rapport aux cadres genettiens qui ont eu tendance à s’imposer dans l’université ces vingt dernières années,2 pour se tourner vers Picard, Jouve (p. 14), Freud et Jung (p. 15) ou l’humour du désastre
La suite au prochain épisode.

Nous sommes dans ces semaines, rares au Japon, où il est possible de profiter d’un balcon. Dans un mois il fera trop chaud. Avant, il fallait un pull et des grosses chaussettes. J’y prépare quelques pages pour les cours de la semaine avant de reprendre ma lecture une bonne partie de l’après-midi, trouvant certaines pages bien post-exotiques…

« L’un des experts mentionne la soif de justice inextinguible du jeune étudiant, une soif exacerbée par sa lecture des auteurs français, l’idéalisation de Paris, ville des tables rases et de la guillotine. Dans le Kampuchéa démocratique, où la littérature n’existe plus, Douch est à la tête d’une industrie de l’autobiographie. Des milliers de pages d’interrogatoires méticuleusement conservées par ses soins comme les milliers de photographies, que l’avancée fulgurante des troupes vietnamiennes a sauvées de la destruction. Les archives de S-21 aujourd’hui livrées au grand jour, quand le rôle de S-21 était de garder le secret. Tout est secret, à S-21. Et c’est pourquoi tout accusé, interrogé, torturé, quoi qu’il dise ou taise, devait mourir, pour cette simple raison qu’il connaissait à présent l’existence de S-21, et qu’il était dès lors impossible de le relâcher. Il n’y avait aucun innocent à S-21. Parce que la connaissance même de l’existence de S-21 était un crime passible de mort. » (Patrick Deville, Kampuchéa, p. 107-108)

Notes ________________
  1. Je ne mets pas de lien parce que les non-inscrits ne pourraient l’ouvrir. []
  2. « Les récits post-exotiques ne vont pas jusqu’à faire voler en éclats les distinctions proposées par Gérard Genette, mais ils contrarient pour le moins le maintien d’une démarcation nette et stable entre catégories narratives. » (p. 7). []

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Publié dans le JLR

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