Essai sur l’exotisme…

Victor Segalen, Essai sur l’exotisme. Une esthétique du divers, dans Œuvres complètes, tome 1, Paris : Robert Laffont, coll. Bouquins.

« Le pouvoir d’exotisme … n’est que le pouvoir de concevoir autre », p. 749.

« Dans l’année qui suit, en 1908, Segalen commence à prendre des notes éparses sur ce qui lui tient le plus à cœur : une véritable théorie de l’exotisme. Ce travail, il le poursuivra jusqu’en 1918 (Essai sur l’exotisme, une esthétique du divers) sans avoir réussi à en faire un livre dûment composé. Comme nous l’avons déjà vu, il s’agit donc de « déblayer le terrain ». Cet exotisme-là est censé détruire l’autre exotisme, celui de la pacotille coloniale. Il s’agit donc de faire le vide, de s’oublier le plus possible, afin de percevoir les différences : « Et en arriver très vite à définir, à poser la sensation d’exotisme qui n’est autre que la notion du différent ; la perception du Divers ; la connaissance de quelque chose qui n’est pas soi-même ; et le pouvoir d’exotisme, qui n’est que le pouvoir de concevoir autre ». Tout ceci implique une distanciation, une forte dose de liberté. Le voyageur est donc un « Exote », quelqu’un qui sort de lui-même pour tenter de se situer à l’intérieur de l’autre, en son centre : un décentrage déboucherait donc sur un re-centrage. C’est du moins ce qu’il croit : « Il se peut que l’un des caractères de l’Exote soit la liberté, soit d’être libre vis à vis de l’objet qu’il décrit ou ressent » (Essai, p 60). Dès lors, d’autres notions sont à mettre en place, telle que « la clairvoyance » (p 80), « l’exaltation du sentir », auquel on va prioritairement faire confiance, plutôt qu’à des réflexions purement intellectuelles. De la sorte, on peut parler d’un exotisme « source d’énergie » (p 93). (Jean Sévry, « Victor Segalen et la fin de l’exotisme colonial », site du SIELEC)

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