Le porte-voix de Volodine

Jean-Baptiste Harang, « Le porte-voix de Volodine », Le Magazine littéraire, n° 476, 1er juin 2008, p. 26-27.

Pour mémoire :

Il est rare que l’on se vante d’écrire les livres des autres, et c’est alors pour de mauvaises raisons. Jusqu’ici les voix du post-exotisme, comme celles de Dieu et du diable, semblaient impénétrables, et voilà qu’une nouvelle voix se lève, enfle et gronde sur deux livres impeccables, sonores, bouleversants et familiers (on y reconnaît au premier mot le timbre métallique, violent et poétique, prophétique et empathique d’Antoine Volodine), une voix nouvelle et pourtant persistante et qui signe Lutz Bassmann, Avec les moines-soldats et Haïkus de prison. La page où l’on trouve d’ordinaire les ouvrages réputés « du même auteur », s’intitule ici « Les Voix du post-exotisme », avec quatre noms dénoncés, page de garde devenue salle de garde : Lutz Bassmann, les deux livres que nous avons en main, Manuela Draeger, huit livres à l’École des loisirs, Elli Kronauer, auteur chez le même éditeur de cinq recueils de bylines (byline est un mot sibyllin, il désigne une forme littéraire post-exotique qui fait peur aux enfants), et Antoine Volodine, avec seize ouvrages (romans, romånce, entrevoûtes et narrats) chez Denoël, Minuit, Gallimard et Seuil. Cette page sonne comme l’aveu d’une organisation littéraire (et peut-être plus, si affinités) tentaculaire, monstrueuse, qui construit en bande armée un monde sans avenir, auquel nous n’échapperons pas, même si,… [à suivre]

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