Précieusement dans les toilettes

lundi 12 janvier 2015, à 23:59 par Berlol – Enregistrer & partager

La bonne nouvelle :
après compression du personnel,

Charlie Hebdo est relancé !

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Voulant tuer un journal,
ils meurent dans une imprimerie.

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Trois ignorants appuient sur un bouton,
cinq millions de personnes dans la rue.

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Vendredi soir, heure du Japon, Antoine Volodine a pris la parole à l’Institut français de Tokyo. Visiblement ému, il a commencé par lire lentement la liste des morts de mercredi. Selon moi, il les enveloppait dans la même tendresse que celle qu’il a pour ses propres personnages, qu’il a mis peu après en relation avec le Livre tibétain des morts, de façon poétique « mais pas mystique ».

Ce midi, au Saint-Martin, avant mon premier poulet-frites de l’année, Y. me montre un Charlie Hebdo de septembre 1990, qu’elle garde précieusement dans les toilettes. Le choc, à chaque page, physique, à hurler, à pleurer : presque tous les dessins et articles sont signés Charb, Cabu, Honoré, Maris, Wolinski. Et puis, un dessin de Luz et une chronique de Peloux me ramènent à la vie… et à l’image d’hier après-midi, quand François Hollande les serrait contre lui, au milieu de la foule réconfortante du boulevard Voltaire. Et que certains se marraient parce qu’un pigeon venait de se soulager sur l’épaule du président (ce à quoi je n’avais pas prêté attention lors du direct, suivi jusqu’à trois heures du matin).

République, Voltaire, Blum, Nation,
ces lieux avaient déjà ces noms
banals – mais toujours-déjà
nos armes contre la barbarie.

D’autres noms de rues ou d’avenues sont comme des ascenseurs dans la mémoire d’un Modiano. Dans le premier cours sur Quartier perdu, un premier voile a été levé sur ce Paris à quatre niveaux : les années 40, les années 60, celles de Jean Dekker, les années 80, celles d’Ambrose Guise, et le Paris actuel, celui du lecteur.
À suivre…

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Publié dans le JLR

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