Pas de dividendes, c’est moral

mercredi 18 février 2009, à 23:59 par Berlol – Enregistrer & partager

Des rails, en compagnie de Chloé. De loin, sortant de Tokyo, un Mont Fuji bien visible, avec un gros nuage au-dessus. À ses pieds, il a disparu dans la nuée qui l’a encapuchonné. Tant pis pour lui. (Et pour vous : pas de photo.)

« Est-ce une scène inventée ou pas, je suis petite et nous sommes trois à reprendre Scandale dans la famille. Est-ce une scène inventée ou pas, du temps de Selim de Sacha mais pas de Sylvain nous rions, rions à gorge déployée, j’ai très nettement la sensation que je ne saisis pas les paroles, je les répète mécaniquement, il s’agit d’une imitation. Je singe le ressenti des grands, je partage avec mes parents l’hilarité engendrée par une grosse blague colonialiste. Le chaloupé du calypso = une danse collective dans le salon. Je crois que nous sommes à Beyrouth. Peut-être en banlieue parisienne. La table basse est un cube rouge.
Si c’est pour de vrai c’est très grave. Parce que maman, elle, elle savait. Ton père n’est pas ton père elle le savait très bien. Qu’elle m’ait appris cette chanson, celle-là plutôt qu’une autre, une autre de Sacha Distel, je trouve déjà ça très suspect. J’ajoute à Théophile que c’est limite pervers, alors il me répond que la mère transmettait le secret par la bouche. En m’y fourrant la phrase, en m’y entrant la clef tout au fond de la gorge. Il dit que c’était peut-être inconscient car la mère lui semble inconsciente, et cela de manière générale.
La question c’est : est-ce qu’il savait. Au moment du souvenir qui peut-être est reconstruit. Est-ce qu’il savait et depuis quand. Ton père n’est pas ton père était-il au courant. Et dans ce cas quel était le deal. Car bien sûr il y en avait un, quand bien même un accord tacite.» (Chloé Delaume, Dans ma Maison sous terre, p. 75-76)

Deux petites heures à commencer des cartons. Mes quatre premiers. Et quatre sacs-poubelles de cassettes vidéo, de disquettes et de cédéroms, même des vierges, c’est obsolète.
À la fac pour une réunion où mon jeton de présence suffit, si je puis dire (mais je ne touche pas de dividendes, c’est moral).
En effet, deux paquets m’attendent. Un de Laure, avec son superbe Travail de rivière (Éd. Dissonances). Mille mercis. Je m’y plonge dès que possible. L’autre est ma dernière commande Amazon, avec des choses très excitantes, je ne sais pas par quoi je vais commencer : Le Clézio, pour le cours de printemps, Claude Simon, Max Genève, Philippe Vasset, Camille de Toledo, Patrick Deville, Leslie Kaplan, Pierre Bayard et même Bernard Pingaud. Pour lire plus, faut écrire moins… Mais d’abord — je redescends à l’appartement — dé-mé-na-ger ! Soirée qui, remplissant des boîtes, dînant et meublant avec quelques émissions en ligne (Ce soir ou Jamais, le Belattar Show, Questions de génération), s’étire, comme mes reins, jusqu’à près de trois heures du matin — et empiler ma première dizaine de cartons.

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Publié dans le JLR

4 réponses à “Pas de dividendes, c’est moral”

  1. Bikun dit :

    Si tu as le temps, bien sur, de prendre une ou plusieurs photos, de l’appartement lorsqu’il sera vide avant que l’immeuble soit détruit!
    Une page se tourne!

  2. Manu dit :

    Tu ne sais pas par quoi commencer, mais d’où vient l’ordre dans lequel tu listes les auteurs ?

  3. Berlol dit :

    Je vois ce que tu veux dire. C’était l’ordre de la pile devant moi, et puis j’en ai déplacé deux pour la syntaxe, un au début, un à la fin.
    Finalement, ça dépendra peut-être, selon mes déplacements, du poids et de l’encombrement…

  4. Caroline dit :

    Je suis frustrée. Vous parlez du Mont Fuji sans en montrer une photo.
    En ce moment, je regarde mon Mont Ventoux couvert de neige et l’imagine Fuji. Je fais avec ce que j’ai !
    J’ai hâte de recevoir à mon tour le Travail de Rivière. Ça m’a l’air d’être un bel objet qui, dans un deuxième temps, révèlera un beau texte, j’en suis sûre.