Désastre que ça aurait été si…

lundi 9 juillet 2012, à 23:59 par Berlol – Enregistrer & partager

T. et moi sommes scandalisés. Non seulement une centrale nucléaire a redémarré mais en plus les agents d’entretien de la co-propriété ont coupé le haut de la branche maîtresse de notre rosier.  Décidément, tout le monde fait n’importe quoi, dans ce pays.

Hier, pour retenir un plat de poulet qui glissait du four, j’ai donné un coup réflexe qui l’y a renfourné. Mais des éclaboussures de sauce à 170 °C ont giclé un peu partout, notamment sur mon avant-bras droit intérieur. Après rinçage et refroidissement avec un sac de glaçons, T. m’a appliqué une graisse de cheval et pansé.
Ce matin, en constatant que les brûlures n’étaient pas bien graves, je me suis rendu compte du désastre que ça aurait été si le plat était tombé. Et j’ai embrassé le gant de cuisine.

Comme je ne vais pas à la piscine, à cause de mon pansement, ça me fait plus de temps pour lire.

« Saint-John Perse appartient à cette famille d’écrivains-diplomates, tels Claudel ou Giraudoux, qui me dégoûte comme la gale. Dans son cas, cette répugnance instinctive me semble particulièrement justifiée, si l’on considère son comportement pendant septembre 1938.
Alexis Leger (c’est son vrai nom, et léger, il le fut en effet) accompagne Daladier à Munich en tant que secrétaire général du Quai d’Orsay. Pacifiste jusqu’auboutiste, il a œuvré sans relâche pour convaincre le président du Conseil français de céder à toutes les exigences allemandes. Il est présent lorsqu’on fait entrer les représentants tchèques afin de les informer de leur sort, douze heures après la signature de l’accord décidé sans eux.
Hitler et Mussolini sont déjà partis, Chamberlain baille ostensiblement et Daladier dissimule mal sa nervosité derrière une hauteur embarrassée. Lorsque les Tchèques anéantis demandent si on attend de leur gouvernement une réponse ou une déclaration quelconque, il est possible que ce soit la honte qui lui coupe la parole (que ne l’a-t-elle étouffé, lui et les autres !). C’est donc son collaborateur qui se charge de répondre, avec une arrogance et une désinvolture que le ministre tchèque des Affaires étrangères, son interlocuteur, a commentées par la suite d’une remarque laconique sur laquelle nous devrions tous méditer :  » C’est un français. » [… ]
C’est donc un poète français qui prononce quasi performativement la sentence de mort de la Tchécoslovaquie, le pays que j’ai me le plus au monde. » (Laurent Binet, HHhH, p.106-107)

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Publié dans le JLR

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