Le cachet du cheval

vendredi 13 octobre 2017, à 23:59 par Berlol – Enregistrer & partager

Jean-Philippe Toussaint fait coup double cet automne, sautant les lignes légendaires des Éditions de minuit. D’abord avec un livre, Made in China, dont l’édition numérique est enrichie d’un film, ensuite avec un volume sans filet bleu et au titre atypique, M. M. M. M., volume qui est peut-être le plus gros que la maison ait publié, ayant été préalablement le titre d’un spectacle

Mais, si j’étais prêt à reconnaître moi-même que, sans Chen Tong, jamais je n’aurais pu tourner mes vidéos en Chine, il ne me plaisait pas tellement que ce soit quelqu’un d’autre (fût-ce lui-même, le principal intéressé) qui me le fasse remarquer. Mais, surtout, ce n’était pas vrai qu’il avait tout financé — c’est moi, de ma poche, et en liquide, qui avais réglé intégralement le cachet du cheval ! (Made in China, 29% de l’epub)

Il serait fastidieux d’exposer mon attachement aux livres de JPT et prétentieux d’étaler nos relations intercontinentales depuis plus de vingt ans. Limitons-moi à dire qu’il danse toujours et avec grâce sur les lignes : entre la simplicité et la profondeur, entre le roman et l’autofiction, entre le texte et le film, entre le papier et le web, entre l’Europe et l’Asie. Cette danse semble devenir un dribble entre les genres, où un malin plaisir est visible et partagé.
Je reparcourais hier mon édition originale n°8 de La mélancolie de Zidane, rêvant aux coups de boule qui se perdent tous les jours…

Busnel voudrait se rabibocher avec moi qu’il ne s’y prendrait pas autrement ! Pas autrement qu’en citant Alexandre Vialatte (dans La Grande Librairie d’avant-hier, à 9:10). Christine Genin a la gentillesse de se souvenir que cette phrase – « L’homme n’est que poussière, c’est dire l’importance du plumeau » – blasonne depuis plus de vingt ans la page d’accueil berlol.net, où elle est flanquée d’une phrase de Sollers : « Quelqu’un qui a tout son temps est un scandale permanent ».
Je n’actualise plus cette page dite d’accueil, n’en perds plus le temps – que j’ai pour d’autres choses, dont les Mazarinades, bien sûr. Elle appartient à la préhistoire du web ; ce serait presque du révisionnisme de la défigurer par une actualisation – qui de toute façon se fait ailleurs. Ici, en fait.
Cependant, j’espère garder toujours quelque chose du chroniqueur de La Montagne. Ainsi twitté-je avant-hier ce qui pourrait être un vialattisme :

Recette de l’indépendance à la catalane : mélangez trop d’ingrédients, portez à ébullition, retirez et remettez jusqu’à réduction complète.

Ne me dites pas que vous n’aviez pas senti qu’il y a beaucoup trop d’ingrédients dans la recette du thon à la catalane ! Ça cache forcément quelque chose : que le thon est avarié, que le thon est en boîte, que les gens n’aiment pas le thon…

 

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Publié dans le JLR

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