Alors qu’on est encore en vie

samedi 1 novembre 2008, à 23:59 par Berlol – Enregistrer & partager

Levé à six heures pour les notes du cours sur Dora Bruder. Au chapitre 8, Modiano rapproche comme incidemment internat (pour Dora) et internement possible de ses parents, les mesures de mai 1940 concernant les ressortissants du Reich et de l’ex-Autriche (annexée) ayant été prises quatre jours après l’entrée de Dora au Saint-Cœur-de-Marie, rue de Picpus. Certaines ex-Autrichiennes, relâchées quelques semaines plus tard seront d’ailleurs de nouveau arrêtées dès l’année suivante comme… juives. Ce qui fait réfléchir Modiano à ces catégories bizarres — c’est le moins qu’on puisse dire — que des hommes inventent pour justifier leurs idéologies totalitaires. Autre rapprochement, qui surprend quelque peu mes étudiants : celui que je fais entre les stades (de plus en plus grands après la renaissance de l’olympisme) et les camps (qui peuvent être de réfugiés, d’internement, de travail ou d’extermination), certains stade servant de camps de transit.

Déjeuner au Saint-Martin avec T., et nos amis A. et R. qui, du fait de la nouvelle situation professionnelle d’A. et quoique mariés, ne se sont pas vus depuis plusieurs semaines — c’est une période de transition qu’ils juguleront bientôt.
Il fait très beau. On va se promener tous les quatre à Ginza, par les avenues aujourd’hui ouvertes aux piétons. Nos amis ne connaissent presque pas Tokyo. Grosse affluence, il faut louvoyer dans la foule bon enfant. Même la manif des employés du JR défile bien rangée sur le côté… Bon café au Temps (c’est le nom du café). À l’agitation du Bic Camera, nous préférons le calme somptueux du Tokyo International Forum dont nous parcourons les coursives avant de revenir à Iidabashi et rentrer chacun chez soi.

Notre droit à la distraction (qui fait quand même bien réfléchir) avec un film loué pour le dîner, The Mist (Darabont, 2007). Derrière la fable des monstres passés par la fenêtre d’un monde parallèle, le film montre bien que trois grands dangers ontologiques se cachent dans le brouillard des entreprises humaines : la science sans conscience comme la pratiquent parfois les militaires, le fanatisme religieux qui crée l’ignorance pour manipuler les imbéciles, et le renoncement par désespoir alors qu’on est encore en vie.

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Publié dans le JLR

2 réponses à “Alors qu’on est encore en vie”

  1. F dit :

    manif des employés du JLR ? y avait pas assez de frites avec le poulet de midi ?

  2. brigetoun dit :

    et ils se sont contenté du L