L’aveuglement tient de la pandémie

lundi 5 janvier 2009, à 23:59 par Berlol – Enregistrer & partager

Jeux d’épreuves de samedi, où l’on parle du Patrick Deville à paraître dans quelques jours, Equatoria. Enregistrement aussi de deux Fictions du même jour : une lecture de La Place d’Annie Ernaux par Emmanuelle Devos, et une pièce radiophonique d’après Jacques Serena, Situations irrégulières (extraits d’Isabelle de dos). Enfin, la deuxième partie du Carnet nomade avec Le Clézio à l’Île Maurice, diffusée hier.
Pas d’avis sur ces émissions puisque je ne fais que les enregistrer sans les écouter, ayant autre chose à faire : préparations de cours, courriers de vœux, annotation des brouillons d’étudiants…

Dans Facebook, j’ai découvert une certaine Sonia Talkaczs dont la page MySpace est assez volodinesque… et sacrément intéressante. De même que celle d’Amiel Balester. Outre le groupe Autour d’Antoine Volodine dont j’étais déjà membre depuis novembre, je crois, j’ai découvert un petit groupe Ceux qui lisent Lutz Bassmann où Christine vient aussi d’arriver. Christine, si tu comprends à quoi ça sert, tu me le diras, hein ! Bon, en attendant on y est et on verra bien…

Suis allé travailler deux heures en bibliothèque, à l’Institut. Dans toutes mes notes, ceci, que j’ai dû écrire maintes fois — avec mes mots — à propos de ce journal-ci :

« Rien de plus déprimant que d’imaginer le Texte comme un objet intellectuel (de réflexion, d’analyse, de comparaison, de reflet, etc.). Le Texte est un objet de plaisir. La jouissance du Texte n’est souvent que stylistique : il y a des bonheurs d’expression, et ni Sade ni Fourier n’en manquent. Parfois, pourtant, le plaisir du Texte s’accomplit d’une façon plus profonde (et c’est alors que l’on peut vraiment dire qu’il y a Texte) : lorsque le texte « littéraire » (le Livre) transmigre dans notre vie, lorsqu’une autre écriture (l’écriture de l’Autre) parvient à écrire des fragments de notre propre quotidienneté, bref quand il se produit une co-existence (Roland Barthes, Sade, Fourier, Loyola, Paris : Éditions du Seuil, 1970, p.12)

Je constate qu’on est toujours Eyeless in GazaCe groupe, ce duo plutôt, avait choisi ce nom dans les années 80, quand c’était déjà pertinent. J’ai toujours trouvé leur travail passionnant sans jamais connaître le rapport entre eux et Gaza… Aujourd’hui, pour revenir à la réalité (qu’est-ce qu’on en connaît, hein, de la réalité ?), l’aveuglement tient de la pandémie. Les journaux télévisés parlent de 500 morts côté palestinien et ne montrent que pleurs et cris du côté israélien où l’on annonce 5 morts — disant qu’on n’aurait aucune image de ce qui se passe dans la Bande de Gaza ; je ne comprends pas bien cette stratégie médiatique. Le risque de clivage généralisé— mondialisé — grandit chaque jour ; et il s’aggravera inévitablement de ce rapport 1 à 100 exploité à contresens — sciemment ? (Je ne fais que poser la question. Et je ne prends pas parti.)
Parlant du programme de Sarkozy, France 24 annonce les déplacements et les personnes qu’il va rencontrer. Au futur ; mais chaque membre de phrase accompagné d’images vidéo où l’on voit Sarkozy avec la personne en question. Il faut comprendre que ce sont des images d’archives qui illustrent, décorent le propos mais n’en rendent pas compte (puisqu’il n’a pas encore eu lieu). Cependant, je crois que c’est là aussi une mauvaise stratégie d’information. On finit ainsi par penser que l’image est inutile. Ce qui est peut-être vrai ; et la télé ne devrait pas trop aimer que ça se sache… Comptons sur la bêtise ambiante et sur le fait que les spectateurs inattentifs, pour la plupart, prendront ces images pour une sorte de style indirect libre de l’actualité.

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Publié dans le JLR

2 réponses à “L’aveuglement tient de la pandémie”

  1. janu dit :

    Lisant ces mots, je ne peux pas ne pas citer ceux du petit président (des otaries etc…, comme dirait l’autre) dans sa conférence de presse avec Moubarak au Caire aujourd’hui : « et nous devons tout faire pour que les images insupportables comme celles que nous avons encore vues aujourd’hui ne se reproduisent plus »(cité de mémoire, pas sûr du qualificatif, quant à la syntaxe, je pense qu’elle est fidèlement imitée)… Coïncidence parfaite, sorte d’équation performative, les images se produisent, l’image, c’est le réel, c’est l’événement (et c’est moi que je les fabrique…).

  2. christine dit :

    euh ! ne compte pas trop sur moi pour t’expliquer à quoi sert facebook :
    sur le coup du groupe Bassmann je n’ai fait que t’emboîter le pas car il avait l’air décidé …
    plus généralement je joue le jeu, j’ai mis ma photo, je clique partout où je peux pour voir, je me fait des tas de zamis (305, à c’t’heure, tout de même!), je m’amuse bien à échanger des commentaires pariétaux avec d’aucuns et d’aucunes, à rédiger des statuts rigolos, et surtout à lire ceux d’autrui
    j’ai tout de même aussi trouvé diverses infos, découvert quelques blogs et sites, ou l’identité de certains blogueurs jusqu’ici anonymes …