La courbe des fantasmes

samedi 24 janvier 2009, à 23:59 par Berlol – Enregistrer & partager

Lever à 5 heures, comme Alain. Hier soir je n’y arrivais plus, avec mes notes… La nuit a porté conseil, faut croire. J’ordonne sans difficulté l’explication de texte de la première scène chez Sir Stephen, celle où René lui donne O, son baiser d’adieu symbolique, profond et excitant, et son pendant, après le départ de René : la fellation de Sir Stephen, également profonde et excitante ; et, entre les deux, le protocole de l’aveu, expliqué par Sir Stephen, accepté d’avance par O, puis formulé comme un serment, serment de se donner complètement, de se prêter à toutes les demandes des initiés sans qu’il soit plus besoin de chaînes — tout cela par amour, mais avec une inquiétude, presque une prémonition… Comme si la courbe des fantasmes apparemment érotiques intégrait sa limite, textuelle et humaine, révélée par — malgré l’amour — l’absence permanente de satisfaction sexuelle d’O, alors qu’hontes et dégoûts s’amoncellent.

« Elle se sentait là-bas [à Roissy] comme on est dans la nuit, au cœur un rêve que l’on reconnaît, et qui recommence : sûre qu’il existe, et sûre qu’il va prendre fin, et on voudrait qu’il prît fin parce qu’on craint de ne le pouvoir soutenir, et qu’il continuât pour en connaître le dénouement. Eh bien, le dénouement était là, quand elle ne l’attendait plus, et sous la dernière forme qu’elle eût attendue (en admettant, ce qu’elle se disait maintenant, que ce fût bien le dénouement, et qu’un autre ne se cachât point derrière celui-là, et peut-être un autre encore derrière le suivant). Ce dénouement-ci, c’est qu’elle basculait du souvenir dans le présent, c’est aussi que ce qui n’avait de réalité que dans un cercle fermé, dans un univers clos, allait soudain contaminer tous les hasards et toutes les habitudes de sa vie quotidienne, et sur elle, et en elle, ne plus se contenter de signes — les reins nus, les corsages qui se dégrafent, la bague de fer — mais exiger un accomplissement.» (Pauline Réage, Histoire d’O, p. 91)

Le cours se passe très bien, les étudiants sont attentifs et, malgré le retard pris sur les explications de texte prévues, ne souhaitent pas aller plus vite.
Par ailleurs, ma proposition d’étudier Le Chercheur d’or de Le Clézio au prochain trimestre a été acceptée.
Déjeuner tard à 4 à la brasserie Checkers du Hilton, avec notre couple d’amis sportifs, Yasuko et Taï. Excellent gâteau aux noisettes, d’ailleurs.

Après notre retour à la maison et après avoir encore une fois effacé les quelques 200 spams commerciaux (principalement Viagra, Cialis et Tramadol, voyez le genre), je me décide à installer un captcha. Trois heures après, toujours pas un spam n’est passé. Faut dire que toutes ces saloperies chaque jour — pour seulement deux ou trois vrais commentaires par semaine — ça devenait franchement insupportable…
Et ça ne prend pas longtemps.
Crème d’asperges à la pomme de terre.
Enregistrement du Procès des Fleurs du mal, fiction radio d’Hervé Prudon, diffusée samedi dernier (merci, Brigetoun, de me l’avoir signalée).

Regardons en dévédé Une Aventure (Xavier Giannoli, 2005), enfin disons… un bon tiers, pour après survoler la suite. Malgré de bons acteurs, le film n’arrive pas du tout à retenir notre attention. La pseudo-narration off est superflue. Un glacis, une retenue dans l’image nous laisse à distance. Les personnages nous indiffèrent.
Nous nous couchons plus tôt que d’habitude, c’est au moins ça.

Tags : , , , , ,

Publié dans le JLR

4 réponses à “La courbe des fantasmes”

  1. Bikun dit :

    La limite du supportable/insupportable se situe donc à 300 spams quotidien?!
    Ce petit effort supplémentaire (captcha) ne va absolument pas me rebuter pour poster un commentaire…
    La tranquillité le mérite bien.

  2. Berlol dit :

    Oui, 300, et surtout un peu de temps pour le faire (chercher l’extension, télécharger, installer, vérifier…). Merci de passer un petit mot par la fente !

  3. Alain Sevestre dit :

    Coucou du matin.
    Je vais travailler.
    Pensée

  4. LM dit :

    On vous suivra alors de près au trimestre prochain car j’espère pouvoir me replonger dans les textes mauriciens très bientôt.