les salons littéraires sont dans l’internet (5)

lundi 19 octobre 2009, à 23:12 par Berlol – Enregistrer & partager

Chapitre 5 : Documents et références

La sélection de sites, d’adresses et de documents proposée dans ce chapitre est totalement arbitraire. Outre le fait que certains éléments sont nécessaires à la compréhension des chapitres précédents, elle ne répond à aucun besoin représentatif ou exhaustif et veut plutôt donner de brèves indications sur des initiatives qui m’ont parues d’une façon ou d’une autre remarquables. La plupart me paraissent appréciables et peuvent servir de modèles pour de nouvelles entreprises collectives ou individuelles. Quelques sites sont critiqués pour leur démagogie ou leur glissement vers le monde traditionnel du commerce et de la publicité. Les lecteurs qui ne seraient pas d’accord peuvent m’écrire pour me faire connaître leur point de vue à l’adresse « berlol@twics.com ».

Rassemblées entre août et octobre 2001, les adresses de cette liste sont susceptibles de changer ou de disparaître… On n’en connaît pas les dates limites mais c’est un peu comme les produits frais : le lecteur devra les visiter rapidement. Ensuite, ce ne seront plus que des traces webarchéologiques…

Listes de discussion (plus ou moins) littéraires

Balzac-L

Pionnière entre toutes dans le domaine littéraire, la liste de discussion Balzac-L, avec un « L » pour « littérature », est née en novembre 1991, à l’Université de Montréal, sous l’impulsion de deux professeurs du département des études françaises, Michel Pierssens et Christian Allègre, ce dernier modérant la liste. Les quelques 200 abonnés de la première année sont devenus près d’un millier, chiffre à peu près stable depuis 1998. S’ils étaient nécessairement tous Nord-américains au début des années 90, les membres de Balzac-L appartiennent maintenant à une vingtaine de pays des 5 continents. Selon le modérateur, qui nous a fourni ces informations, la liste est majoritairement constituée d’universitaires, sans exclusive cependant. L’accès aux archives se fait par des commandes spéciales du courrier électronique car Balzac-L n’a pas de site web, ce que je regrette mais que je comprends très bien, d’une part parce que cela représenterait beaucoup de travail et de temps, d’autre part parce que les ressources web sont déjà très nombreuses.

De mon abonnement (1994) à 1998, il me semble que des messages polémiques assez nombreux, de façon parfois vétilleuse, parfois vaine, produisaient une animation, une tension, parfois de l’énervement, mais en même temps témoignaient du tumulte des esprits devant ce nouveau média et de son immaturité stimulante. Depuis, Balzac-L est une liste plus sérieuse, bien calme, presque ennuyeuse… Ce millier de personnes est, semble-t-il, parvenu à un accord tacite pour ne pas se déranger les unes les autres avec des broutilles. On n’a pas recours à la liste pour discuter, mais pour informer. Et je le regrette, tout de même.

Comme pour me donner tort, on trouvera en annexe deux messages exemplaires diffusés récemment sur Balzac-L et qui témoignent de la qualité des interventions (Cf. p. 191).

Le code de déontologie que tout nouvel abonné reçoit est particulièrement pédagogique (nous le plaçons ici plutôt que dans les documents annexes pour la commodité du commentaire) :

« DÉONTOLOGIE (Prière de lire attentivement):
D’une manière générale, il est avantageux de considérer le courrier électronique comme un genre [littéraire ?] en soi, tenant à la fois de l’épistolaire et de la conversation, ce « genre des genres littéraires français » (Fumaroli).
La personnalité qu’on projette par le courrier électronique est rarement celle qu’on imagine (Voir les travaux récents de Sherry Turkle).
À cette fin, voici quelques règles qui se sont avérées utiles à l’usage et qui sont plus que des devoirs de courtoisie au sein d’un groupe d’un millier de personnes : elles garantissent le bon fonctionnement et la rigueur des échanges au sein de tout groupe de discussion à caractère scientifique :
– N’OMETTEZ PAS DE SIGNER VOS MESSAGES.
Les utilitaires de courrier permettent de composer une fois pour toutes une signature qui est ajoutée automatiquement à la fin de chaque message. Veuillez indiquer dans cette signature votre AFFILIATION. Les autres membres ont le droit de savoir d’ou vous parlez. L’efficacité et l’utilité des échanges en dépend. Les messages non signés ne sont pas transmis à la liste.
– Prenez soin de remplir la ligne « SUBJECT: » de la facon la plus explicite possible.
– N’utilisez la commande R (reply) que si vous voulez répondre publiquement à l’auteur ou au contenu d’un certain message. Et dans ce cas demeurez conscient que vous vous adressez au groupe entier.
– Lorsque vous répondez à un message avec la commande R (reply), assurez-vous de la pertinence de cette ligne « SUBJECT: ». En effet beaucoup d’entre nous ont plusieurs dizaines de messages à lire chaque jour et ils doivent se fier à la ligne « SUBJECT: »
– Il est irrespectueux et impoli de répondre à un long message cité en entier par deux ou trois mots brefs, du genre : « oui » ou « je suis d’accord ».
Prenez la peine de répéter brièvement l’argument auquel vous ajoutez votre avis.
– C’est à ceux qui posent une question de rassembler les réponses reçues et d’en expédier la somme à la liste, en commençant l’intitulé de leur message avec : « RESUME: », suivi d’une description. C’est plus de travail, mais l’utilité et l’intérêt de la liste en dépend;
– Toujours donner un intitulé approprié, clair et **SANS ACCENTS** a la ligne « Sujet » : de nombreuses installations locales de systèmes de courrier ne prennent pas les accents à la ligne « Sujet »;
– Veillez à inclure les parties significatives du message auquel vous répondez. Supprimez les autres. Tâchez d’être concis.
– Accompagnez vos traits d’humour ou d’ironie d’une binette (smiley) : « 🙂 », qui indiquera au lecteur que vous plaisantez ou que vous désirez qu’on ne prenne pas mal votre boutade, votre allusion, etc.
– Ne vous enflammez pas et ne prenez personne à partie sur le réseau. N’accusez personne sur la foi de quelques mots que vous pourriez avoir mal compris.
– Veuillez configurer votre utilitaire de courrier pour qu’il n’envoie PAS les messages en format HTML.
– N’envoyez pas de messages à la liste contenant des inclusions (Attachments). Ils ne seront pas acheminés. Si vous désirez proposer quelque chose aux membres, écrivez pour le leur proposer auparavant. Vous le leur enverrez ensuite individuellement.
– Balzac-L ne publie pas d’oeuvres personnelles. Si vous devez vous citer vous-même, faites-le brièvement.
– Balzac-L ne publie pas d’offres de service, mais accueille les offres d’emploi provenant de départements universitaires.
– Les messages personnels envoyés par erreur ou non à la liste, les messages ne répondant pas aux quelques règles de déontologie explicitées ci-dessus sont simplement détruits, sans avis.
Quiconque est en désaccord avec ce code de déontologie est libre de se désabonner de Balzac-L. »

La considération du mél comme nouveau genre tenant de l’épistolaire et de la conversation, ce qui n’étonnera pas le lecteur, justifie les conseils de cette déontologie. Chacun doit ainsi comprendre que, quoiqu’il écrive, il peut se considérer comme un auteur pratiquant un genre (littéraire ?). Voudrait-on nous flatter ? Il s’agit plutôt de nous responsabiliser. Les références à Fumaroli et Turkle – un Français, académicien, spécialiste de la France classique et de la conversation, une Américaine, du MIT, analyste socio-psycho des comportements liés aux nouvelles technologies1 – montre, s’il en était besoin, que les responsables de Balzac-L mesurent parfaitement la situation des listes de discussion.

Pour éviter le ludisme irresponsable des pseudos, pour défendre sa scientificité, donc, la liste impose que les messages portent la signature et l’affiliation de leurs auteurs. Or, nous savons que ce n’est là qu’une affirmation de principe, qu’il existe sans doute des dizaines de personnes inscrites à Balzac-L, comme dans la plupart des listes de discussion, sous une fausse identité, même avec une belle signature automatique. Est-ce à dire que la scientificité s’accorde mal avec l’anonym@t ? Affirmatif, au moins pour Balzac-L.

Pour s’inscrire : LISTPROC@CC.UMONTREAL.CA

Sub Balzac-L Prenom Nom

Ne rien écrire dans la ligne « Subject : »

Quéâtre

Cette liste de discussion a déjà été largement évoquée (Cf. p. 55). Juste dire qu’elle est toujours aussi intéressante quoique moins bavarde, elle aussi, qu’il y a trois ou quatre ans. La cyber-timidité et la cyber-lassitude s’amalgament. Parmi les messages d’une autre liste, quelqu’un écrivait récemment : « moins y a de messages, plus y a de gens ! »

Ajoutons tout de même qu’elle a été fondée par André G. Bourassa le 18 novembre 1994 et que Jean Gervais en est le coordonnateur depuis le 1er juin 2000. Tous deux sont professeurs à L’École Supérieure de Formation et de Recherche en Théâtre de l’Université du Québec à Montréal.

Site : http://www.er.uqam.ca/nobel/r22256/queatre.html

Archives : http://www.er.uqam.ca/listes/arc/queatre/

Franco-Monde

« Le but de franco-monde […] est de faciliter les échanges d’idées et de stimuler la discussion entre personnes travaillant activement dans les domaines multidisciplinaires francophones (africaines, caribéennes, transnationales et cetera), principalement littéraire, mais également des spécialistes en d’autres études francophones artistiques, sociologiques… »

Cette liste, gérée par Thomas Spear, de l’université de New York, est francophone dans le meilleur sens du terme, celui de l’ouverture à divers types de littératures, de cultures, d’approches culturelles. Le site web permet de choisir en envoi groupé des messages une fois par semaine (ou pas) et donne accès à un bottin des membres contenant les références des personnes et les liens web vers leur site personnel ou professionnel, le cas échéant.

La page des archives permet, ici aussi, de retrouver des références diffusées depuis le début de la liste ou de humer l’ambiance toujours courtoise des échanges.

Site : www.lehman.cuny.edu/depts/langlit/french/francomonde.html

Dix-neuf

La liste de discussion, née en 1996, s’inscrit maintenant dans le cadre d’un site de ressources électroniques sur le dix-neuvième siècle (à l’Université de Bristol, avec site-miroir à l’université de Toronto, liste et site gérés par Tim Unwin, professeur de langue et littérature françaises). Ce site a été suggéré par l’un des membres de la liste dans les premiers jours de son existence pour donner une base plus concrète à la communauté des cyber-dixneuviémistes et préserver les données utiles aux chercheurs.

Outre les informations sur le fonctionnement de la liste de discussion, le site web propose des actualités littéraires centrées sur le XIXe siècle, relatives ou non à l’internet, et une sélection de sites intéressants pour les chercheurs. Ce petit annuaire d’une centaine de liens est l’un des mieux tenus de son domaine. L’appartenance universitaire de la plupart des références n’est pas spécialement soulignée et des sites d’autres natures y sont également recensés (associations, revues, sites individuels, etc.). Le texte actuel de présentation est le suivant :

« La liste de diffusion Dix-Neuf a pour but de favoriser les échanges de points de vue sur la vie artistique, littéraire, culturelle, linguistique, historique et philosophique du dix-neuvième siècle. Nous invitons tous les dix-neuviémistes, chercheurs ou enseignants partout dans le monde, à participer aux échanges et à partager leurs connaissances ici. La langue de travail de la liste est le français, mais nous acceptons volontiers les messages en anglais.
Un autre but de cette liste est de disséminer des annonces de colloques, d’expositions ou de tout autre événement susceptible d’intéresser les dix-neuvièmistes. Les abonnés de la liste sont en train de construire collectivement un site de ressources et de travaux en cours sur le dix-neuvième siècle. »

Remarquons que le conceptuel « favoriser » a pris le pas sur un pragmatique « diffuser ». « Participer », « échanger » vont dans le même sens que l’idée de « construire collectivement un site », idée qui pouvait paraître fumeuse en 1996 et qui se pratique aujourd’hui couramment sur les sites communautaires.

L’échange qui suit, dont j’ai été témoin passif, a attiré mon attention sur le texte en question et m’a ensuite permis de l’inclure dans un cours où il a été très apprécié (alors que je n’y aurais pas pensé…)

« Je suis à la recherche du titre d’un poème de Victor Hugo où il est question de l’incendie d’une bibliothèque (peut-être Alexandrie ?) et où le message est (approximativement) le suivant : quand on met le feu aux livres c’est à soi que l’on nuit.
Merci pour toute indication » (question postée sans doute de Paris, le 29/10/98)

« Il s’agit d’un poème de « L’Année terrible » (1ère édition 1872), intitulé « A qui la faute ? » (partie « juin », pièce VIII). » (réponse postée d’Uppsala, Suède, le même jour)

C’est la chute qui fait mal, dans ce poème, car la défense du livre est parfaite, mais l’incendiaire… ne sait pas lire.

Site : http://www.bristol.ac.uk/dix-neuf/

et http://www.chass.utoronto.ca/french/sable/dix-neuf/

Liste : http://www.bristol.ac.uk/dix-neuf/liste.html

Archives : http://listserv.liv.ac.uk/archives/dix-neuf.html

Mélusine

Mélusine, la liste, comme litor, est sortie de la cuisse d’Hubert de Phalèse. Créée sous l’impulsion d’Henri Béhar (Paris III), c’est la liste de diffusion du Centre de recherche sur le Surréalisme, dont les Cahiers, depuis 1979, s’intitulent aussi Mélusine.

La modératrice, Carole Aurouet, envoie toute information relative au Surréalisme, de près ou de loin, française ou étrangère, y compris les informations envoyées par les inscrits, ce qui assimile Mélusine à une liste de discussion.

Le site web est celui du Centre de recherche et propose également les sommaires des Cahiers ainsi que l’annuaire des auteurs.

Un lieu et un outil indispensables pour les amateurs et les chercheurs sur le Surréalisme.

admin-melusine@univ-paris3.fr

http://www.cavi.univ-paris3.fr/Rech_sur/index.html

Dramatica

Liste de discussion sur les arts du théâtre.

Voir texte de présentation, p. 53. À l’inverse de ce que nous décrivions pour la liste puis le site Dix-neuf, Dramatica est une liste qui naît en 2001 dans le giron d’un site, Fabula, apparu en 1999 et déjà très étoffé, très intéressant et fort consulté. Le site est maintenant quasi institutionnel, rapide à répercuter l’information, fiable dans son mode de classement et ses commentaires (malgré de nombreuses coquilles qui doivent justement provenir de la rapidité des rédactions). Une quinzaine de collaborateurs s’en occupent, presque tous titulaires des universités françaises.

Hésitations, ajustements au sein d’une organisation jeune et fougueuse ? Affleurement public de divergences entre les responsables ? Toujours est-il que le 26 septembre 2001 a été l’occasion d’un revirement spectaculaire : suite à la plainte d’un abonnés contre un message publicitaire, l’un des responsables précisait que « Dramatica n’est pas, à proprement parler, une liste modérée […] afin de favoriser les échanges spontanés » et qu’en « contrepartie de cette liberté » la réception de publicités et de virus est « monnaie courante », qu’il suffit d’être vigilant ; quelques heures plus tard, un autre des responsables de la liste annonçait la décision de « basculer notre liste en mode modéré » afin de la protéger contre « la déferlante de virus et de courriers non sollicités plus ou moins publicitaires ». À aucun moment, il n’a été question de demander leur avis aux 250 membres. Décision unilatérale d’un côté, liberté totale prônée de l’autre… Il est tout de même étonnant de voir que des universitaires et des chercheurs sur le théâtre puissent adhérer au mythe de la liberté totale des échanges – c’est un peu comme si l’on disait à des acteurs de jouer comme ils veulent, qu’on n’a pas besoin de metteur en scène…

Site : http://www.fabula.org/listes/dramatica/

Adresse d’abonnement : dramatica-subscribe@mlm.fabula.org

Autres…

Francofil

« Francofil, lancé en novembre 1995, est la principale liste de diffusion pour les études françaises dans le monde anglophone. Elle compte actuellement aux environs de 800 abonnés, majoritairement (mais non exclusivement) dans des établissements d’enseignement supérieur répartis dans une trentaine de pays. Les administrateurs de la liste sont Kay Chadwick de l’université de Liverpool et Tim Unwin de l’université de Bristol.

L’objectif de Francofil est de constituer un forum général d’échanges, ouvert aux chercheurs et aux enseignants de tous les domaines des études françaises et francophones. Nous vous invitons à communiquer vos points de vue (en français ou en anglais), tant sur des questions culturelles, linguistiques, littéraires, sociales, historiques ou philosophiques, que sur des problèmes pratiques ou pédagogiques. L’objectif de la liste est également de favoriser la communication de renseignements sur nos ressources, et de disséminer des annonces de postes, de colloques, de publications ou d’autres événements importants. »

Ajoutons que Francofil est un écheveau bien nourri puisqu’il y a environ 70 messages échangés par mois dont une majorité (environ 80 %) est en anglais. Les thèmes abordés sont très divers avec une dominante de questions relatives à la langue (terminologie, néologie, étymologie, traduction, linguistique, etc.) et à la littérature francophone. Beaucoup de colloques y sont annoncés, surtout ceux qui ont lieu au Royaume-Uni du fait de l’histoire et de la localisation universitaire de la liste elle-même.

Site : http://www.liv.ac.uk/www/french/francofil/

Archives : http://listserv.liv.ac.uk/archives/francofil.html

AgregationLettres

Recherchant des listes de discussion qui aient d’importantes différences, afin d’en montrer la diversité, j’ai reçu d’un collègue quelques informations sur la liste AgregationLettres, qui n’est pas une liste à proprement parler « de discussion », puis ai essayé d’en savoir plus par le site de Francopholistes. L’indication y est sommaire et claire : « Cette liste regroupe des Professeurs de Lettres « Classiques »ou « Modernes » préparant l’Agrégation. Les fichiers et tous les documents sont réservés aux seuls abonnés. L’inscription est soumise à condition. » La page des archives, que l’on ne peut pas consulter sans en être membre, nous permet tout de même de savoir que ce groupe a été créé en mai 2000, qu’il contient 58 membres qui s’envoient 400 à 500 messages par mois, ce qui est énorme !

Nous avons peut-être ici une confirmation partielle d’une sorte de loi des listes électroniques, à savoir qu’un petit nombre de personnes dans une intimité virtuelle et fortement thématisée, ici quasi autarcique, communiquent facilement et abondamment tandis qu’à l’inverse un grand nombre de personnes disséminées limitent leur confiance et réduisent leurs demandes au minimum. Cette loi, actuellement valable, n’est peut-être pas éternelle !

Voici le message du modérateur reçu d’un collègue obligeant vers la mi-août :

« Sujet: inscription liste agreg

L’abonnement à la liste AgregationLettres est soumis à condition. Votre abonnement deviendra effectif lorsque vous aurez envoyé trois contributions sur une des oeuvres au programme :

A. Les contributions acceptées :

1/ Tous les travaux personnels servant à la préparation du concours :

leçon (plan développé : introduction, problématique et conclusion rédigées, structure de la leçon et résumé des différentes parties)

explication de texte

commentaire composé (littérature comparée)

traductions (lettres classiques, ancien français)

fiche de grammaire à partir des textes au programme

dissertation (mêmes exigences que pour la leçon)

analyse filmique

composition de didactique (mêmes exigences que pour la leçon)

2) Certains cours :

résumé de cours de Fac

résumé de cours de la préparation MAFPEN / IUFM

B. Les contributions rejetées :

tous les documents scannés SAUF lorsqu’il s’agit d’un document épuisé ou appartenant au domaine public.

tous les cours privés (CNED, Collège Sévigné, etc.)

toutes formes de copies d’articles ou d’ouvrages dont les droits sont protégés.

les contributions trop succinctes n’apportant pas une aide à la préparation.

Les modérateurs se donnent le droit, sans avoir à justifier leur décision, de rejeter toute contribution qui ne correspondrait pas aux exigences précisées ci-dessus.

Les contributions doivent être expédiées en fichier joint […] avant le 1er septembre dernier délai. »

Encéphi, Profs-philo et al.

La page d’accueil prévient :

« Le forum d’Encéphi, est un lieu de discussion philosophique publique. Il comporte un serveur de liste et un site web dynamique. L’abonnement est libre et tous les messages sont diffusés automatiquement. La nétiquette et le respect du code de conduite du réseau informatique du cégep du Vieux Montréal s’appliquent au forum d’Encéphi. »

Les termes « forum », « tribune », comme l’expression « groupe de discussion » sont employés depuis de nombreuses années par les Québécois, maintenant en concurrence avec « liste de discussion » que nous avons défendu dans ces pages.

Le choix de la non-modération des échanges est basé sur une auto-discipline des intervenants qui disposent pour cela d’une double norme : la netiquette, censée s’appliquer partout dans le réseau, et le « code de conduite […] du cégep », au contraire très localisé.

Pour les non-Québécois, C.E.G.E.P. signifie « collège d’enseignement général et professionnel » selon le Grand Dictionnaire terminologique2.

La page d’accueil d’Encéphi contient deux citations d’une dizaine de lignes chacune, l’une d’Einstein, l’autre de Nietzsche, données comme thèmes de discussion. D’autres thèmes sont apportés par des lycéens ou des étudiants qui ont un devoir à finir, thèmes qui sont ensuite librement discutés par les participants, l’étudiant devant en faire son miel comme il pourra. Outre l’intérêt que l’on portera aux discussions elles-mêmes en consultant les archives, Encéphi montre la direction à la fois locale et mondiale que peuvent suivre de petits groupes liés au monde scolaire et contenant des enseignants, des élèves, et pourquoi pas des parents d’élèves et d’autres intervenants.

Pour mieux cadrer les problèmes pédagogiques ou institutionnels auxquels la philosophie se rattache, Robert Tremblay (d’Encéphi) a mis en place une autre liste, Profs-philo, réservée aux professeurs de philosophie québécois de l’ordre collégial et à quelques invités. C’est le « et à quelques invités » qui fait sourire !

Quelques milliers de kilomètres à côté, une liste française dont la vocation est nommément francophone, intitulée Philoliste, créée et modérée par Blaise Buscail, vous demande, pour vous y inscrire, « de bien vouloir [le] convaincre que vous enseignez la philosophie », ce qui est fort bien tourné. Cette liste « ne s’adresse pas aux lycéens ou aux étudiants désireux de récolter quelque information relative aux questions d’épreuves ou de dissertations » et n’a pas non plus « pour but de fournir une aide aux devoirs aux étudiants ». La suite de la « charte » de Philoliste, très intéressante, détaille intelligemment les objectifs et les problèmes et fonctionnement.

M. Buscail est aussi webmestre d’un site « Union des Sites Web pour la Défense de l’École » où l’on s’emploie à « une résistance visiblement organisée aux réformes de l’enseignement entreprises par la gauche plurielle depuis le primaire jusqu’aux universités ». Il s’agit en fait d’un « anneau-web » (webring), constellation de sites qui souhaitent se lier les uns aux autres pour offrir une information plus détaillée aux lecteurs et se donner plus de surface médiatique. Celui-ci liait initialement des sites de contestation de l’ancien ministre de l’éducation français, Claude Allègre, et s’est recadré maintenant dans le débat plus large sur l’école. Allant d’un site à l’autre tout en restant dans l’anneau, on découvre les différences de points de vue, de présentation, etc. Cette diversité est on ne peut plus productive et entraînante. L’avenir est certainement par ici. Attention ! Si vous entrez, vous y passerez la journée, et peut-être plus…

Encéphi : www.cvm.qc.ca/encephi/menus/forum1.htm

Profs-philo : pages.infinit.net/ggour/apop/Profs-philo.htm

Philoliste : www.multimania.com/styx/philoliste.html

USWDE : www.multimania.com/styx/union.htm

Sites internet plus ou moins conviviaux

Sites littéraires communautaires

Remue.net

J’ai attendu le dernier moment pour décrire la constellation web de François Bon… parce que ça remue tout le temps ! D’où son nom, sans doute. Commencé comme un site web amateur il y a trois ou quatre ans, juste pour voir ce que ça faisait – François Bon aime bien expérimenter – c’est aujourd’hui une structure web qui a son propre nom de domaine (remue.net, donc), qui accueille près de 800 documents différents et de 600 images, à laquelle participent à divers titres une poignée d’amis, d’universitaires et d’écrivains, et qui s’est dotée récemment d’une liste de diffusion ayant déjà plus de 500 inscrits. Ce « pôle d’informations » s’est enfin constitué en association pour démocratiser encore un peu plus son fonctionnement.

Ce fut l’un des premiers sites ouvert par un écrivain français, à peu près en même temps que Jean-Michel Maulpoix3 ouvrait le sien, précédé tout de même, sauf erreur de ma part, par Renaud Camus4 et par Muriel Cerf5 (cette dernière participant à un site dont elle ne s’occupe pas elle-même, ce qui est un peu différent). François Bon avait préalablement participé à des saisies numériques, corrections et mises en ligne de textes classiques dans le site athena6 ­– on lui doit notamment les versions révisées de Rabelais.

Le site s’est construit et évolue organiquement, sans planification pré-établie, au gré des nécessités ressenties, des choix à promouvoir et d’une sélection drastique de l’actualité littéraire et éditoriale. Tout se fait selon les goûts personnels des collaborateurs, à temps perdu. Pourtant tout est maîtrisé et l’internaute qui s’égarera dans ce labyrinthe littéraire risque de ne pas en sortir de sitôt.

Tout ceci, mieux raconté dans l’historique du site :

http://www.remue.net/site/remueHistorique.html

Quelques auteurs contemporains sont présentés et mis en valeur (Pierre Bergounioux, Patrick Chamoiseau, Bernard Noël, Nathalie Quintane, etc.), quelques auteurs plus anciens sont montrés dans leur actualité (ou leur éternité : Rabelais, Baudelaire, Mallarmé, etc.), les ateliers d’écriture sont valorisés et le théâtre prend aussi une large place. L’implication dans l’internet et l’effet littéraire du travail réticulaire sont également questionnés7.

De son propre aveu, François Bon a découvert ainsi par la pratique cette dimension fascinante de l’internet qu’est le non linéaire et le non hiérarchisé. Il n’aime pas que l’on parle de son « désintéressement », qu’il prend dans le sens ancien, compassé. Pourtant un tel bénévol@t, où se mêlent intimement l’orgueil, l’enthousiasme, l’engagement et le désintéressement (au sens relooké), représente ce que l’internet peut accueillir de plus littéraire et de plus vivant.

http://www.remue.net

Zazieweb

Site d’information littéraire, indépendant et communautaire, à la fois espace d’échanges et portail d’accès aux ressources littéraires. Déjà bien médiatisé, le site, qui existe depuis 5 ans, est devenu une référence. Il a fait l’étonnement de quelques journalistes qui se demandaient comment rester libre et indépendant. Les liens publicitaires ont été mis en petit (un moment, ils apparaissaient un peu lourdement) tandis que la mission de valorisation des petits éditeurs a été renforcée. D’un point de vue visuel, une trop grande quantité de rubriques à l’écran produit un effet légèrement paralysant sur la souris et finit par nuire au projet communautaire – qui l’est pourtant bien et le reste puisque Zazieweb, qui était initialement un site individuel, est devenu une association, pour ce qui est des statuts. Cet esprit communautaire se manifeste également de façon fonctionnelle puisque chaque internaute peut ouvrir un compte lui permettant de mettre en ligne des informations censément utiles à la communauté.

Tout le monde il est content de pouvoir s’exprimer et même si j’apprécie ce site, j’ajouterai qu’il est au bord de la démagogie vers laquelle il penche, à l’instar du site Auteurs.net. En effet, n’importe qui poste des commentaires sur n’importe quoi et cela donne des textes qui paraissent être des commentaires sérieux, du fait de leur mise en page cadrée par les menus et logos du site, alors qu’ils ne sont que de vagues impressions de lecture très inférieures à des notices encyclopédiques ou à des articles de presse.

Ainsi, parlant de La Reprise d’Alain Robbe-Grillet, un lecteur déclare :

« […] en dehors du fait de donner un prétexte intellectuel à l’érotisme comme dans la Belle captive, dont les audaces semblent maintenant bien tièdes et passées de mode, Robbe-Grillet, comme Butor, a créé une nouvelle manière d’écrire, qui n’est pas coupée des maîtres et grands anciens, car ils situent leur base en Flaubert. À l’instar de Kleber Haedens, ou des hussards en général, j’aurais tendance à trouver ces expériences un rien vaines et surestimées. Cependant, il me semble qu’il est indispensable de les lire pour savoir de quoi il est question et d’avoir un panorama vraiment complet de la littérature d’après-guerre. »

Autrement dit, on conseille de lire Robbe-Grillet à titre purement informatif. On le compare à Michel Butor, sans préciser pourquoi, ni pourquoi on omet Claude Simon, Nathalie Sarraute et quelques autres. On ramène un critique plus que contesté et pour le moins oublié au nom d’un mouvement mort et enterré dont la vanité était justement un des mots d’ordre face au sérieux théorique que l’on voulait bien attribuer aux auteurs du Nouveau Roman.

Il s’agit là d’un révisionnisme qui ne dit pas son nom et qui voudrait tout aplatir dans un « panorama », sans doute pour que ce qui est vraiment nul prenne autant de place que le reste. Mais chaque mot de cette énième charge du fantôme des hussards serait à contredire… Trouver ça chez Zazie me déçoit beaucoup.

http://www.zazieweb.com/

Respublica

Pour être dans le mouvement, de nombreux sites portails, à vocation utilitaire (pour le public) et lucrative (pour la société qui l’anime), se sont transformés en sites communautaires, ou plus exactement en site de communautés. Le mot est à la mode, c’est-à-dire qu’il ne veut plus rien dire. Chaque utilisateur personnalise le site à son goût et selon des priorités qui lui sont propres. Il peut également engager des débats (qui auront 3 intervenants par trimestre), participer à des forums (avec une interface de Nomade pour recevoir les newsgroups du réseau Usenet) ou en ouvrir de nouveaux, entrer dans un cercle, ou anneau web (fédérant des sites web ayant les mêmes thèmes) ou en fonder un. Tout cela est très touffu, donne l’impression d’une grande animation mais… retombe bientôt comme un soufflé. Qui trop embrasse, mal étreint, car à vouloir faire du tout-en-un-site, celui-ci perd sa personnalité, son originalité et devient une gentille chose fade du web. Ce qui n’interdit pas que dans des coins, des choses passionnantes se passent et que des amateurs y prennent leur pied. Moi, en tout cas, je n’y trouve pas mon compte.

D’ailleurs qui est qui, qui fait quoi ? L’absence de figures tutélaires entraîne, c’est un truisme, que le site est déshumanisé.

http://www.respublica.fr/site/

Ulysse, chercheur de connaissance

« Chercheur de connaissance, passerelle francophone, vers la culture : Arts, Lettres et Sciences », affiche le titre d’écran. Une tentative de revisitation de l’idée encyclopédique fédératrice des discipline. En ces temps d’hyper-spécialisation, ça pourrait passer pour de la subversion.

Et c’en est ! Cette entreprise mériterait d’être développée de manière plus approfondie, par exemple en cherchant des collaborateurs bénévoles.

Sous le portrait de l’homme aux mille tours, une sélection de « salons » est proposée. Elle fait face à des propositions de « laboratoires ». Entre ces deux colonnes thématiques, une boîte de dialogue pour la recherche terminologique dont les réponses ne sont pas de simples listes de liens façon Google ou Yahoo… Ne déflorons pas le mystère.

www.nouvailes.com/index.htm

www.babel.fr/ulysse

Sites non-littéraires communautaires

Les amis du Monde diplomatique

Site communautaire : « Ici vous avez rendez-vous pour reconstruire la citoyenneté ». C’est la face web d’une association de 14000 membres, constituée en premier lieu pour garantir la survie et l’indépendance du journal Le Monde diplomatique. L’opposition à la « pensée unique » semble être un des principaux éléments fédérateurs et motive un impressionnant programme d’activités.

Un exemple dans le genre sérieux.

http://www.amis.monde-diplomatique.fr/

Webencyclo

Ce site, produit par les Éditions Atlas, spécialiste de la vulgarisation encyclopédique, propose depuis 1998 une encyclopédie gratuite en ligne. Les contenus n’étaient initialement pas très approfondis, les producteurs se demandant quel avenir pouvait avoir leur coup d’essai – on les comprend… Les connexions et la publicité aidant, Webencyclo a réussi à fidéliser un assez large public constitué d’élèves, d’étudiants et de personnes désirant une documentation succincte dans le cadre de leur travail.

Le tournant communautariste est venu quand les responsables ont lancé l’idée de contribution. À savoir : que des internautes pourraient envoyer des documents, des dossiers, des analyses et des notices qui seraient évalués ; les meilleurs étant intégrés dans l’ensemble des données accessibles, gardant tout de même une couleur ou une mise en page qui en signale la provenance externe (et la mention de l’auteur). Bien sûr, ils ne rémunèrent pas les contributeurs et profitent (ou abusent ?) du bénévol@t ambiant : des dizaines ou des centaines de personnes dévouées, porteuses d’un savoir spécialisé et disposant d’un peu de temps pour le mettre en forme, ont l’honneur et la gloire d’être publiées par un grand éditeur et de participer à la grande chaîne de fraternité qu’est l’internet…

La mise en scène de l’encyclopédie est liée à l’actualité et aux choix des internautes : des dossiers sont régulièrement préparés et réticulés dans l’ensemble du corpus, puis ils sont signalés aux abonnés par une lettre hebdomadaire. Ce qui peut être très utile, sur le principe. Voici la lettre du 13 septembre 2001, surlendemain du 11…

« Date sent: Thu, 13 Sep 2001 17:53:59 +0200

Attentats aux USA : état des lieux du terrorisme

Lettre hebdomadaire du 14 septembre 2001

Chers webencyclopédistes, bonjour,

La catastrophe sans précédent qui endeuille les États-Unis bouleverse également le monde entier. À l’heure où nous écrivons ces lignes, personne ne se risque à faire une estimation du nombre des victimes mais nul ne doute qu’il sera épouvantable. Webencyclo, qui a déjà abordé le thème dans plusieurs dossiers d’actualité, vous propose de revenir sur le contexte international du terrorisme.

Dossier de la semaine : La menace terroriste

La date du 11 septembre 2001 marquera sans aucun doute un changement radical dans les relations internationales. Le terrorisme est considéré depuis plusieurs années par l’administration américaine comme la principale menace qui pèse sur le monde : maintenant, les États-Unis savent qu’ils doivent rompre avec leur politique de désengagement. « La menace terroriste », le dossier de la semaine sur Webencyclo, passe en revue les points chauds de la planète où se préparent les « guerres fluides ». »

C’est malheureux à dire, mais il faut quand même s’en plaindre.

À l’entrée du site, on précise que l’inscription est gratuite, mais qu’il faut s’inscrire pour passer la porte8. Sympathique : donc identification, on peut mentir sur sa vraie identité mais on a quand même un cookie qui vient se loger dans l’ordinateur – un peu comme si, pour pouvoir entrer dans un magasin, vous deviez accepter que l’on mette des micros dans votre appartement. Voyez ? Seriez d’accord ?…

Il faut ensuite choisir de recevoir ou non la lettre hebdomadaire de Webencyclo. D’autres newsletters (comme ils disent, ça fait mieux) sont aussi proposées : PriceMinister.com, un grossiste culturel, c’est-à-dire un category-killer de la librairie, Chapitre, librairie en ligne, Cinéfil, pour les sorties au cinéma, Magnumvinum, pour les assoiffés, Cavadeos, sur l’équitation sportive et de loisirs, Cvendredi, pour vos week-end). Sur l’écran de recherche, des choix par catégorie, bien entrelacés avec des jeux assortis de cadeaux et des bandeaux publicitaires.

La recherche d’un terme un peu spécial dans l’encyclopédie, « anastatique », me donne 124 résultats ! C’est énorme ! Merveilleux ! Suit une série de noms propres et de termes qui me paraissent tout de même peu en relation avec les techniques de l’édition (anastatique désigne une réédition sans recomposition, reprint en anglais, ce que le Grand Robert dit très bien). Dans la liste des résultats, il y a même Zizi Jeanmaire, bonne notice au demeurant mais sans relation puisque le mot recherché n’est pas présent dans cette notice, ni dans aucune de celles que je lis. Le problème doit être du côté du moteur… On indique : « technique de recherche Convera ». Oui, on verra !…

Je note que dans l’espace total de l’écran, les résultats apparaissent par groupes de dix dans un cadre de 5 centimètres sur 6, tout l’espace autour étant constitué de quelques menus, d’un autre cadre de recherche, de publicité, bien sûr, et… d’espace vide ! (Des espaces publicitaires qui n’ont pas trouvé preneur ?…)

Comme la majorité des internautes qui ont un problème, je me dis que j’ai mal cherché et je recommence, avec le cadre approprié, en cherchant « anastatique » dans le texte intégral des articles (la recherche précédente portait sur les titres…) Le résultat est sans appel : zéro.

Finissons cette expérience en précisant que la même recherche avec Google m’a apporté la bonne définition en moins de 30 secondes – contre 10 minutes passées dans Webencyclo, exposé à toutes les tentations publicitaires. Voilà comment ça marche : Webencyclo gagne de l’argent avec mon temps de présence sur le site, avec mon nombre de clics et avec les contributions des bénévoles (en plus de la notoriété médiatique…) À quand l’introduction en Bourse ?

Revues électroniques ouvertes

Surfaces

Revue électronique publiée par les Presses de l’Université de Montréal, dirigée par Jean-Claude Guédon. Principalement en anglais, mais quelques articles en français. Archives dans le site-même. La revue transdisciplinaire « se focalise sur les modalités du savoir, qui subissent une transformation massive à la suite de la mondialisation croissante de la culture » avec la volonté d’être aussi un forum. Le passage par l’index thématique est aussi un bon moyen de gagner du temps.

À noter, le document intitulé Meta-Surface, en anglais, et qui est à la fois un mode d’emploi et un cahier des charges de la création de revue électronique académique.

http://pum12.pum.umontreal.ca/revues/surfaces/

Revue électronique de sociologie / Esprit critique

Revue électronique fondée fin 1999 par Jean-François Marcotte, conseiller ministériel du Québec qui s’emploie également à créer un « espace dynamique de collaboration professionnelle », notamment par le Réseau francophone de sociologie, en 2000 et l’Agora sociologique, portail de sociologie francophone créé en 1997. Plutôt webzine auto-produit durant sa première année, la revue s’étoffe à l’automne 2000

Dans le prochain numéro à paraître (octobre 2001), intitulé Les rapports sociaux sur Internet, Jacques Daignault, par exemple, propose, à partir d’une expérience concrète, « un concept de communauté virtuelle […] qui s’appuie largement sur la notion de virtualité chez Deleuze » et dont la réussite dépend peut-être « de sa capacité à ne pas s’actualiser comme communauté présentielle. »

http://critique.ovh.org/

Le Matricule des anges

La revue qui existait et existe toujours sous forme papier prend de l’ampleur sur le réseau. Elle devient en fait un espace d’intervention et de communication qui n’était pas dans les possibilités de la distribution classique. C’est pour cela que, sans faire ici une recension des revues dans l’internet (il y en aurait pour quelques dizaines de pages), j’ai voulu la présenter. Nota bene : il vaut mieux utiliser Internet Explorer pour consulter le site.

Depuis quelques mois, des clips vidéo ont été ajoutés, sept pour l’instant. Ce sont des choix très précis et qui ne sont pas ceux de la grande distribution (Emmanuel Laugier, Kossi Efoui, Anne Herbauts, François Bon, Patrick Kéchichian et Tanguy Viel). Les clips contiennent selon les cas extrait de lecture, entretien ou reportage.

Un « coin des lecteurs » dont la taille semble croître à vue de souris rassemble des « coups de gueule ? coups de cœur ! », un forum, des petites annonces et des préférences de sites – une vie réticulaire qui s’entrelace aux événements et aux rencontres pour de vrai.

http://www.lmda.net/

La République des lettres

Un modèle de passage du papier au web.

Je n’ai pas besoin de l’écrire moi-même : « Six mille cinq cents articles, 250 rubriques, 20.000 liens, 2.000 visiteurs et 8.000 pages vues par jour, la République internationale des lettres est un journal d’informations culturelles, de débats intellectuels et de critique littéraire fondé à Paris en 1994. Son édition mensuelle sur papier était tirée à 20000 exemplaires et diffusée en kiosques jusqu’en 1998. Son édition en ligne, republique-des-lettres.com, constituée au début des simples archives du journal, puis enrichie d’articles de lecteurs et d’un annuaire du web culturel francophone, est depuis son ouverture en avril 1996 une des plus importantes sources d’information et de documentation gratuite sur le monde des livres et la vie littéraire et intellectuelle internationale. Son contenu riche et multi-thématique, ses articles originaux, ses repères, ses services pratiques, ses liens avec le secteur notamment dans le domaine des livres, de l’information et de l’actualité culturelle, en font une ressource très consultée par la communauté intellectuelle francophone et tous les amateurs de lecture. »

Tout lecteur peut devenir contributeur, pour un article ou un compte-rendu, en l’envoyant à Noël Blandin, directeur-éditeur depuis près de 10 ans. J’ajouterai que les nombreux accès thématiques sont très bien organisés.

http://www.republique-des-lettres.com/index.shtml

Mots pluriels (et grands thèmes de notre temps)

« Revue électronique de Lettres à caractère international », éditée sous la direction de Jean-Maris Volet, du département des études et des langues européennes de l’University of Western Australia (Nedlands). Les numéros ont souvent une large ouverture francophone et apportent surtout un regard essentiel (et si rare) sur l’Afrique, la littérature et les modes de vie contemporains en Afrique. Articles en français ou en anglais. Existe depuis 1996, uniquement par publication électronique.

http://www.arts.uwa.edu.au/MotsPluriels/

La revue est également archivée (incomplètement) par la National Library of Australia and Partners :

http://pandora.nla.gov.au/nla/pandora/mots.html

Les numéros d’août et octobre 2001 sont d’ailleurs consacrés à l’internet. Voici l’argumentaire d’appel aux collaborateurs :

« « Internet : nouveaux horizons, vieilles hégémonies ? »
L’Internet se trouve à un moment crucial de son évolution. Pris d’assaut par le petit commerce et par les grandes corporations, il promet monts et merveilles aux pays les plus riches comme aux plus pauvres. Il semble donc temps de se lancer dans une analyse serrée des discours et métaphores qui lui sont liés, de ses prétentions, etc. Comme le disait Mark Nunes en 1995 déjà : « Dans sa configuration actuelle, le net fait plus que d’interconnecter le globe ; il crée des mondes parallèles métaphoriques dans lesquels nous menons nos vies. Et plus les promesses de ces nouveaux mondes qui s’ouvrent à nous sont alléchantes, plus le concept-même de monde devient problématique. » Ce que signifient les mots « cyberspace/ internet/ web » en différents lieux et de différents points de vue doit être pris en compte. Par exemple, que représente le fait de s’aventurer dans « un univers cybernétique qui réduit à rien la distance entre le réel et l’imaginaire » pour des personnes habitant l’Afrique, l’Asie, l’Australie, l’Europe ou l’Amérique ? »

Dans son éditorial, le rédacteur en chef de ce très intéressant numéro, Marc Pegrum, ajoute :

« l’appel d’articles à l’origine de ce numéro a été posté sur des listes de discussions et dans des journaux électroniques comme celui-ci, mais n’a paru nulle part sous forme imprimée. De même, le volume impressionnant des activités, des conversations et des échanges qui ont suivi cet appel au dialogue et sillonné le cyberespace sans jamais s’échapper de cet univers virtuel a permis de relier les quatre coins du monde. S’il fallait prouver l’efficacité des communications par ordinateur et leur attrait, il suffirait de mentionner ce déluge de courriels, de projets d’articles, d’évaluations et en fin de compte de textes retenus pour publication »9

Dans les archives, on trouvera notamment des articles de Timothy Unwin (n° 5, janvier 1998), Martine Delvaux (n° 7, juin-juillet 1998), René Godenne (n° 9, février 1999, qui contient aussi plusieurs nouvelles), Augustin Berque (n° 11, septembre 1999), Sylvie Kandé (n° 13, avril 2000), Hélène Jaccomard (n° 15, septembre 2000), et tant d’autres…

À noter également : la très belle et très intéressante édition en ligne et en fac-simile d’un « Voyage à Bénin en 1588 », édité dans une anonyme Histoire générale des voyages en 1756 (p. 18-29).

Inventaire/Invention

Revue virtuelle du Métafort d’Aubervilliers née sur le web en 1998, elle a tout de suite été appréciée pour son engagement dans l’écriture contemporaine grâce aux collaborations d’auteurs quelque peu dérangeants et à un graphisme aussi original qu’économique.

De page virtuelle ayant réussi à se faire quelques bonnes lignes, la revue Inventaire/Invention est devenue éditeur en l’an 2000 en faisant paraître des petits opuscules, reprenant certains des textes parus sur le site web.

« De nombreux écrivains, de François Bon à Jonathan Coe, de Jean Rolin à John Edgar Wideman, participent à ce qui est moins un mouvement collectif qu’une nécessité personnelle de résister. Le désir de la revue Inventaire/Invention est de s’ouvrir à ces écrivains-là. Il est aussi de contribuer à étendre le champ littéraire aux domaines où se posent les questions les plus complexes de notre époque : économie, sciences et technologie, sociologie, histoire contemporaine, politique. »

Inventive, l’équipe de Patrick Cahuzac, continue sa diversification médiatique en proposant en octobre 2001 des lectures publiques sous le titre ébouriffant d’Ouverture pour cause d’inventaire

http://www.metafort.org/inventaire/

Forums : de la démocratie à la démagogie

Ça discute sec ! Parfois ça patauge dans le n’importe quoi. Il faut être prêt à se remettre en cause. À se demander à soi-même ce qu’on pense vraiment d’un sujet (au lieu de se dire, comme d’habitude, que ça ne me concerne pas). Et il faut du temps (si vous êtes pressé, n’y allez pas aujourd’hui). Il faut lire des dizaines de messages avec des titres et des pseudos pas possibles pour vaguement sentir un fil de débat, une ambiance, des tendances, des idéologies sous-jacentes… et se retrouver soi-même sans avis. Notons que bien des intervenants des forums utilisent des pseudos pour pouvoir dire librement ce qu’ils pensent vraiment, et le dire parfois de façon bien plus provocante qu’ils ne le diraient sous leur nom propre. Ce n’est pas toujours follement subversif, mais certains intervenants doivent craindre d’être reconnus par leurs collègues, leur famille et que ça fasse des histoires

Il y aura toujours des gens pour penser que c’est malsain, moi, je trouve que c’est une manière de se défouler bien meilleure que l’alcool ou le foot… Faire connaître et partager sa pensée sans se mettre en avant me paraît plus sain que de mettre en avant son identité intellectuelle et sociale en disant quelque chose – or la plupart des médias se limitent maintenant à la mise en scène des identités au travers des propos.

Lisant les forums, je suis convaincu par les uns, outré par les autres, déçu par certains lieux communs, par des raisonnements stupides, mais obligé d’y réfléchir d’une autre façon qu’après le journal télévisé, ou qu’après la lecture d’un article du Monde bien tourné et parfois trop bien (ne me laissant aucun interstice de pensée), je m’aperçois que « la » pensée virevolte comme jamais, qu’elle n’est ni mienne ni autre, qu’elle m’enrichit et me douchant les principes, qu’il me faut trois jours de décantation pour reprendre mes esprits et me dire que, peut-être, j’ai maintenant un avis que je vais peut-être essayer de formuler.

Ou alors, je réagis tout suite. Ça, non, pas d’accord. Ça, oui, génial. Et je le dis. Finalement, ça dépend des jours… C’est pas comme ça, pour vous ?

D’ailleurs, certains médias en ligne en prennent de la graine. Les journalistes de Libération ou de Marianne (et de combien d’autres ?) piochent allègrement dans les forums pour le brassage des idées, en plus de leur documentation institutionnelle et des reportages de terrain. Si c’est pas de la révolution, ça !…

  • Forum de Libération sur le livre et l’internet :

http://forum.liberation.fr/ADhtml/55/forum.html

  • Forum de Libération sur Michel Houellebecq :

http://forum.liberation.fr/ADhtml/125/forum.html

  • Chez Marianne, le forum s’appelle « agora » et il est encadré de tous côtés : à l’entrée par des positions sommaires, en marge par des statistiques et en prolongement avec des liens vers des articles publiés par le magazine. C’est donc un forum encore plus hybride, à la fois salle de débats et classe d’école. Les thèmes annoncés sont argumentés et les intervenants doivent s’identifier puis choisir d’être a priori dans un camp, le « pour » ou le « contre ». Rien ne leur interdira par la suite d’émettre des réserves par rapport à ce choix et de changer de côté, mais cela permet d’emblée d’avoir une idée des forces en présence. Ainsi l’agora sur la vache folle, intitulée « vers le risque zéro ? », avait-elle 177 inscrits, la dernière fois que j’y suis allé, moitié pour et moitié contre, ayant échangé près de 140 messages et provoqué le transfert de 2 ou 3 personnes du pour vers le contre et inversement. L’agora sur « la paix impossible ? » entre Israël et la Palestine est également divisée en deux groupes égaux ; par contre, « l’impôt négatif » pour les bas salaires a deux fois plus de pour que de contre, tandis que « le nouveau statut de la Corse » a deux fois plus de contre que de pour.

http://www.marianne-en-ligne.fr/forums/

  • Expression publique.com, partenaire du Monde, s’inscrit dans une approche en apparence encore plus citoyenne du forum. Créé à l’initiative de Jérôme Jaffré (Président d’Expression publique et Directeur du Cecop, Centre d’Études et de Connaissances sur l’Opinion Publique) et dirigé par Philippe Chriqui (ancien directeur des études d’opinion publique de l’IFOP), le site propose une dizaine de sujets, calibrés par des spécialistes de l’enquête d’opinion. On présuppose l’anonymat comme condition d’expression et l’on affiche clairement que les décideurs des grandes entreprises, des administrations et du gouvernement seront informés des avis des internautes ! Ainsi pour un débat intitulé « Esclavage, colonialisme, discrimination : faut-il faire repentance ? », le site précise que les avis seront transmis au président de la Conférence des Évêques de France, Mgr Louis-Marie Billé (651 réponses).
    Cependant, tout cela n’est qu’un leurre. Point de débat ! Point de conversation libre ! Désamorcées, toutes vos grenades ! Il faut répondre à des questions préétablies en cochant des cases répondues pour vous, car ce (ne) sont avant tout (que) de classiques enquêtes d’opinion… Et l’on sait la manipulabilité à laquelle elles sont sujettes tant en amont (à l’écriture des questions) qu’en aval (des groupes de personnes, sollicitées par tel ou tel parti, groupe, lobby, etc., répondant en masse…)
    Mon avis est que cette initiative, très professionnelle, dépasse la ligne de démagogie de l’apparence d’expression libre : on est dans le spectacle de la société qui joue à se mesurer le pouls. La becquée sémantiquement pré-mâchée et statistiquement vomie dénote un cynisme incommensurable. Oui, on se moque de nous ! La preuve ? Une rubrique « informez-vous » est assortie à chaque débat et vous donne en 10 lignes les réponses aux questions posées dans l’enquête (on peut également voir les résultats statistiques avant de répondre…)

http://www.expression-publique.com

Usenet, pas mort !

Les newsgroups, utilisant le réseau Usenet, sont accessibles en principe avec tous les logiciels de navigation. Cependant, les serveurs et fournisseurs d’accès ne permettent pas toujours de lister toutes les catégories de groupes existantes. Ils disposent le plus souvent d’une liste préétablie… dans laquelle les groupes francophones, et a fortiori littéraires ne sont pas répertoriés.

La navigation hypertexte à laquelle le web nous a habitués a rendu redondant, voire désuet ce réseau que la plupart des spécialistes disent sous-utilisé.

Cependant, si l’on n’a pas réussi à trouver le menu dans le logiciel de navigation, on peut accéder et participer aux forums, puisque c’était initialement leur nom en français, par le web. Le site portail francophone Nomade (par l’adresse : forums.nomade.fr) permet de lister tous les types de forums en ligne et d’accéder indifféremment aux sites web et aux newsgroups (adaptant de façon automatique et transparente pour l’utilisateur les listes de messages de Usenet).

« Techniquement.
De façon synthétique et simplificatrice, la définition la plus couramment acceptée de usenet est celle d’un ensemble de machines reliées à différents réseaux qui véhiculent des articles postés dans des groupes de discussion (newsgroups). Les articles véhiculés doivent respecter un format de diffusion standard (celui de la son-of-rfc 1036) acceptable par tous les réseaux. En effet, chaque réseau a ses particularités et ne transporte pas tous les groupes de discussions. En ce sens, il ne faut pas confondre usenet et internet, ce dernier n’étant qu’un des réseaux participant au système.
Humainement.
Par extension, Usenet est aussi la communauté des personnes qui lisent et écrivent des articles dans les groupes de discussions auxquels ils ont accès. »10

Voir, sur Nomade, toute la section « Culture ». Certains groupes, comme « fr.rec.arts.annonces » ont « 0 messages » – sont-ils morts ? – d’autres comme « Arts et culture » en affichent près de 1500.

La sous-section « Littérature » contient 8 groupes, avec « fr.lettres.ecriture » (plus de 350 messages, communications de textes personnels, échanges de points de vue, etc.) et « fr.rec.arts.litterature » (plus de 500 messages). Ici aussi, il y a à boire et à manger, mais avec une interface sobrement présentée et si l’on dispose d’une connexion rapide pour éviter les attentes entre les messages (qui ne le méritent pas tous), cette diversité est plutôt agréable. Elle me paraît plus saine que les messages déposés (par qui ?) sur les sites littéraires qui s’essaient au communautarisme ambiant et qui font passer l’avis d’un hurluberlu pour une référence d’ouvrage.

Voir aussi le site Tatie Francette, du bon usage des forums…

http://tatie.citeweb.net/

Quelques adresses web utiles

Enseignement

Educnet : « Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement », site d’information, communauté et ressources, développé par le Ministère de l’éducation nationale et le Ministère de la recherche.

http://www.educnet.education.fr/

La porte des Lettres :

http://www.portail.lettres.net/

Administrations & Lois

Service-public.fr, le portail de l’administration française

Comme son nom l’indique, ce site centralise l’ensemble des services administratifs en ligne, propose de très nombreux documents d’information et réticule vers tous les autres sites administratifs. Ce portail, sobre et sérieusement géré, préfigure les relations à venir entre citoyens et administrations : un très grand nombre de services et de documents proposés en ligne évitent déjà bien des déplacements aux administrés

http://www.service-public.fr/

Le site de la cnil

Il est devenu un lieu incontournable car les problèmes qui y sont traités nous concernent tous. Quelques citations qui vous convaincront d’y aller voir :

« Publipostage électronique à l’égard de prospects, à partir de listes d’e-mails fournies par un tiers : dans cette hypothèse de collecte indirecte, l’adresse électronique a été fournie par l’internaute à un site qui a, ensuite, cédé son fichier de mails à un tiers aux fins de prospection. La cession de ce fichier de mails est régulière au regard des règles de protection des données personnelles dès lors que le site qui a initialement collecté les adresses et s’apprête à les céder à un tiers, a informé les personnes concernées que leurs données pouvaient être communiquées à un tiers à des fins de prospection et les a mis en mesure de s’y opposer en ligne, en cochant une case prévue à cet effet. Telle est la pratique actuellement recommandée par la cnil et qui est suivie par près de trois mille organismes français qui mettent en oeuvre des sites web. » (Le publipostage électronique et la protection des données personnelles – cnil – octobre 1999)

Car : « des moteurs de recherche permettent d’indexer des milliers d’informations sur les internautes qui contribuent à des espaces de discussion et de constituer ainsi, à peu de frais, de gigantesques bases de données qui pourront être exploitées à des fins de prospection commerciale. »

En conclusion : « La mesure d’information préconisée par la cnil, s’agissant des espaces de discussion, doit être effectuée sur la page d’accueil de ces espaces. Elles consistent à indiquer aux visiteurs que les données personnelles et les contributions accessibles ne doivent être exploitées qu’à des fins strictement personnelles, et que le télédéchargement d’informations nominatives rendues publiques pour enrichir ou constituer une base de données, notamment à des fins commerciales et publicitaires, n’est pas conforme à la loi du 6 janvier 1978. »

Et, plus important encore : « la cnil s’interroge sur le point de savoir s’il ne conviendrait pas de s’accorder sur une interdiction pure et simple de l’utilisation à des fins de prospection commerciale de méls collectés à partir de forums de discussion non commerciaux, seule solution propre à leur restituer leur véritable nature de lieu d’échanges et de liberté. Une telle règle de civilité, dont les internautes attendent l’expression concrète, manifesterait une fidélité aux origines d’Internet, dont il serait tout à fait regrettable qu’il se transforme en un réseau à vocation exclusivement commerciale. »

Par ailleurs : « Le cru héberge un grand nombre de listes de diffusion du monde universitaire français et fait l’objet de 20 à 30 tentatives par jour d’envoi de messages de prospection commerciale non sollicitée. »

Antidote et cqfd : « près de 40% des internautes fourniraient de faux noms et adresses pour se préserver ».

(Extraits du « 19ème rapport d’activité 1999 » de la cnil)

http://www.cnil.fr/

Salons à l’ancienne

Liste des Salons du XVIe au XXe siècles et explications succinctes contenant de rapides portraits des principaux acteurs.

http://www.aei.ca/~anbou/salonfranc.html

Textes de référence

Protocole de litor :

« litor est un outil de communication et d’échanges électroniques proposé et dirigé depuis octobre 1999 par l’équipe de recherche Hubert de Phalèse, Université Paris 3, directeur : Michel Bernard.

Site : www.cavi.univ-paris3.fr/phalese/hubert1.htm

litor propose à tous ceux qui souhaitent en devenir membres de traiter de tous les sujets qui touchent à la fois à la recherche littéraire et à l’utilisation de l’ordinateur. Modérateur : Patrick Rebollar.

litor est composée de 300 co-listiers (à l’automne 2001), issus d’une douzaine de pays différents.

L’inscription à litor est gratuite, comme toutes les listes de discussion, et n’oblige en aucun cas les membres à intervenir. Chacun y intervient selon son gré et son besoin, soit pour poser une question ou diffuser une information utile, soit pour répondre à la question d’un autre membre ou pour proposer un débat. L’inscription à la liste litor n’implique aucun engagement, sauf celui d’en respecter l’objet et de rester courtois en toute circonstance.

Inscrivez-vous en envoyant un courrier à : admin-litor@univ-paris3.fr Avec le message suivant : inscription Nom Prénom

Le retrait s’effectue également par l’adresse administrative :

admin-litor@univ-paris3.fr

Avec le message suivant : retrait Nom Prénom

Notez que cette adresse administrative est différente de l’adresse de fonctionnement de la liste litor qui est communiquée aux nouveaux co-listiers en confirmation de leur inscription.

Argument : L’ordinateur est entré dans tous les secteurs de la société, et dans tous les domaines de la recherche. Cette omniprésence ne signifie pas que l’ensemble des utilisateurs ont connaissance des nombreuses applications disponibles, y compris, pour ce qui nous concerne, dans le cadre des recherches littéraires.

Nous, Hubert de Phalèse, avons pensé qu’il serait utile à l’ensemble des chercheurs et amateurs de littératures française et francophone de disposer d’un lieu (virtuel) de communication spécialisée…

Ainsi est née la liste litor, avec pour objectifs de réfléchir collectivement aux usages, avantages, inconvénients, et expériences de l’ordinateur dans le cadre des études littéraires, de s’informer les uns les autres des nouvelles possibilités techniques liées à nos travaux et de faire connaître les ouvrages, les colloques, les formations professionnelles, les stages et les postes relatifs à ce vaste domaine des études.

Exemples de domaines concernés :

  • recherches et échanges de textes numérisés,

  • informations sur les corpus numérisés disponibles (les gratuits et les payants),

  • recherches et échanges d’ouvrages et d’articles spécialisés,

  • règles et problèmes de la reconnaissance de caractères (ocr),

  • disponibilités et fonctionnalités des logiciels de lexicométrie,

  • bases et nouvelles avancées théoriques de la lexicométrie,

  • applications pédagogiques, résultats et commentaires,

  • outils de recherche électroniques en histoire littéraire,

  • règles de bibliographies ou de typographies pour l’établissement des textes électroniques,

  • problèmes techniques et administratifs des échanges réticulaires (organisation d’équipes multilocales, préparation de colloques virtuels, etc.),

  • et tout ce qui vient d’être oublié ou qui reste à inventer…

Les co-listiers de litor sont tenus de communiquer en français, dans la mesure du possible. Ils sont également priés de se nommer et de signer leurs messages. Afin d’éviter tout virus informatique, il est conseillé d’éviter les documents attachés, y compris les signatures en attachement ; le modérateur se réserve le droit de ne pas les diffuser.

L’ensemble des échanges diffusés par la liste litor sera ultérieurement archivé sur le site web de l’équipe Hubert de Phalèse (www.cavi.univ-paris3.fr/phalese/hubert1.htm).

L’équipe Hubert de Phalèse se déclare propriétaire du nom et du concept de la liste litor mais ne se reconnaît aucun droit de propriété sur les contenus des messages de ses membres. Les adresses des membres ne seront ni vendues ni échangées dans quelque cadre que ce soit. Elles pourront être communiquées aux membres qui en feront la demande, via l’adresse admin-litor@univ-paris3.fr

Cette communication des adresses des co-listiers est strictement privée.

litor retire toute responsabilité en cas d’usage frauduleux et se réserve le droit d’engager des poursuites judiciaires, le cas échéant.

En principe, ces recommandations ne visent pas à réduire la liberté d’expression mais à la partager.

Pour toute question supplémentaire, écrire à admin-litor@univ-paris3.fr ou à berlol@twics.com avec la mention : question sur Litor.

Diffusez largement ce document.

Signé : L’équipe Hubert de Phalèse. »

Messages exemplaires

Qui n’ont pas besoin d’être expliqués. Qui se suffisent à eux-mêmes.

Thomas Spear fait un bilan en quelque sorte interne du développement de l’activité d’une communauté francophone virtuelle qui évolue positivement. Ayant fait partie des pionniers de l’internet nord-américain, son analyse et son enthousiasme sont précieux et instructifs pour les habitants de la France hexagonale. D’un autre côté, Farid Laroussi, témoigne de la difficile réalité algérienne, ce qui déborde du cadre fonctionnel de Balzac-L et de ses activités mais qui concerne pourtant ses membres au premier plan parce que cela concerne un pays francophone, parce que cela appartient à l’histoire et à l’état de la Francophonie, mais surtout parce qu’il s’agit de femmes et d’hommes dont nous souhaiterions qu’ils aient la liberté et le loisir de participer à notre communauté virtuelle.

Petit bilan de Thomas Spear :

(Publication avec l’accord de l’auteur.)

« Date: Fri, 12 Jan 2001 18:17:58 -0500 (est)
From: « Thomas C. Spear » <spear@alpha.lehman.cuny.edu>
To: Multiple recipients of list balzac-l
Subject: 5+ ans web… bilan pour la balzacie

Bonne année !
Janvier 2001 marque 5 ans que je maintiens en ligne à cuny, sous format web, des pages de ressources francophones.
Ce qui m’inspire à faire un bilan.
Je me rappelle les premiers messages électroniques envoyés sans accents. Je n’ai débuté avec mes premiers courriels qu’au début de l’année 1992…. À l’époque, il n’y avait pas d’interface visuel, c’est-à-dire, ce à quoi on pense maintenant quand on dit le « web »; il n’y avait que la toile des « gopher » (comme celui de l’U. de Montréal) et des « lynx ». Les commandes pour envoyer un message étaient du genre ctrl-x et la vitesse de connexion était de 1,200 bps !
Nous avons fait du progrès depuis, n’est-ce pas. 🙂
De toutes les pages et sites que je fais, la page de liens pour l’Afrique francophone, est de loin la plus visitée. Pourquoi? Puisqu’elle est en ligne depuis si longtemps? À l’époque, il n’y avait presque rien sur l’Afrique francophone en ligne — à fur et à mesure que le monde s’est « branché », on m’a envoyé de nouvelles références…. Des moteurs de recherche renvoient également souvent à cette page puisqu’ils fonctionnent en partie en comptant les autres sites qui font référence à la page recherchée.
La France ne connaissait pas beaucoup le web en janvier 1996, évidemment. Je pense à quelques pionniers de ce côté-ci de l’Atlantique, bien en place en 1996 si je ne me trompe pas:
— Christian Allegre, avec le gopher et puis le premier web à l’U. de Montréal, maintenant parti faire autres choses — n’est-ce pas Christian? — et qui anime avec exemplarité et efficacité notre liste « balzac ».
— Carole Netter, Miss ClicNet — peut-être à un rythme plus peinard maintenant, mais que de merveilles et de rires créés et répertoriés chez elle.
— Tennessee Bob
— Bill Griffin et cetera. Ceci dit, rfi a été — si je ne me trompe pas — la première agence de presse française à mettre leurs dépêches en ligne, bien avant la création du « web » graphique. rfi reste toujours un site de référence pour les informations…
À l’époque des « gopher » comme en 1995 et auparavant (moins performant que le Minitel!), il n’y avait pas d’images, rien que du texte. On oublie cela maintenant avec de si beaux sites multimédia — je pense par exemple au nouveau site des Beatles, aux merveilles de la BN en ligne ou à la mise en hypertexte des BDs — e.g., Boucq que j’aime tant…. Il y a tant d’exemples foudroyants de beautés multimédia en ligne, avec des informations scientifiques, littéraires, artistiques… On est gâtés.
Mon bilan comprend une réflexion au débordement — vous ne pouvez pas vous imaginer le genre ou la quantité de correspondance que je reçois, générée par les sites web. J’en pleure, parfois d’hilarité, parfois de curiosité, parfois d’agacement. Le débordement est réel. Et on commence tous à être inondés de « mél », que ce soit professionnel (collègues et étudiants), personnel, ou surtout nuisible et commerciale.
Je prends donc une pause pour réfléchir au stade où nous sommes arrivés dans ces technologies en ligne. Je travaille dans le secteur public, qui m’inspire à trouver le maximum d’informations en ligne pour les étudiants et de contribuer moi-même à mettre des ressources en ligne, SANS publicité clignotante et agaçante.
Je vous invite donc à faire un tour chez nous dans les sites à cuny, et surtout de visiter le site « île en île » qui s’aggrandit peu à peu. « île en île » est une ressource pour les insulaires du monde francophone. Il y a toujours de nouveaux dossiers d’auteurs en ligne, beaucoup d’autres sont en préparation…. Un groupe d’étudiants en maîtrise de lettres à l’université de la Polynésie française, par exemple, est en train de nous faire des dossiers sur des auteurs de la Polynésie ; il y avait récemment un article sur leur participation dans _Les Nouvelles de Tahiti_ : un exemple d’une collaboration internationale sympathique générée par un tel site. Notre nouveau serveur « streaming audio » permet la mise en ligne des fichiers audio — vous en verrez beaucoup plus dans l’avenir.
Voilà. Je pars en vacances et ne lirai vos réponses — personnelles ou publiques — qu’à mon retour le 24 janvier. Recevez entretemps mes voeux de bonne année à la balzacie « branchée »… 🙂
Thomas Spear »

Surgissement politique, par Farid Laroussi :

Publication avec l’accord de l’auteur.

« Date: Wed, 30 May 2001 21:55:12 -0400 (EDT)
From: farid.laroussi@yale.edu
To: Multiple recipients of list balzac-l
Subject: Salutations algeriennes
Un petit mot rapide d’Alger ou les cybercafes pullulent. Une certaine jeunesse s’y presse. Dehors l’activite d’une capitale donne la fausse impression que tout est normal. Les arteres qui menent aux points nevralgiques de la ville sont entrecoupees de barrages de gendarmerie ou de police. Rien de vraiment menacant, mais un rappel que la guerre civile peut exploser a nouveau.
Les echos des manifestations en Kabylie n’arrivent pas ici, sauf par les paraboles de television qui renvoient en boomerang postmoderne l’actualite nationale. Les teles europeennes ou celle du Qatar, assez liberale, jouent indeniablement un grand role contre l’entreprise d’abrutissement de la chaine unique algerienne. Les longs voyages par la route sont toujours deconseilles. C’est en avion que je me suis deplace, goutant a chaque fois les fouilles au corps et celles repetees des bagages. Je ne parle meme pas de mon nom arabe, de mon passeport francais et de mon lieu de residence americain qui ont l’inconvenient d’irriter ces messieurs de la police de l’air ou de la gendarmerie (combien haie par le commun du peuple!). Partout, de la capitale a la petite ville de province, on decouvre le meme spectacle d’une jeunesse abandonnee a la rue et aux cafes, ecrasee par un chomage aussi endemique qu’astronomique. Dans toutes mes conversations, ce sont les memes critiques que j’entends: la corruption, l’incompetence, et la repression. Il y a un sentiment diffus de gachis et de degout.
Hier un taxi (clandestin) m’a conduit a Sidi Ferrudj, le petit village d’ou les Francais ont lance leur occupation, en 1830. C’est une sorte de station balneaire ou les familles vont pique-niquer, et les jeunes vont fleurter. Le haschish le dispute a la biere. On croirait que les annees des GIA (groupes armees islamistes) sont loin. Au retour mon chauffeur m’a propose une visite un peu particuliere d’Alger. D’abord il m’a montre les commissariats de police par ordre de repression, si l’on peut dire. Il y a ceux ou l’on est bouscule pour une carte grise qui a expire, ceux ou l’on goute a l’electricite pour avoir ete pris dans une manifestation un peu trop houleuse, et il y a ceux ou l’on convoque la famille parce qu’il y a eu « un accident ». La cerise sur le gateau, c’est le quartier general de la Securite Militaire d’ou l’on ne sort jamais parce qu’officiellement on n’y est jamais entre. Tous les jeudis les meres et les femmes des « disparus » (environ 5000 selon Amnesty Int. et La Ligue des Droits de l’H.) organisent une marche silencieuse au coeur de la ville. Jeudi dernier un petit groupe a manifeste sur les hauteurs (quartier Tagarins) en criant « Bouteflika (le President) assassin! » ou « Etat poubelle! » J’etais epoustouffle. La police anti-manifestation (sorte de CRS, meme QI a un chiffre) avait tout boucle. Je n’ai pas ose prendre de photos. Le lendemain aucune nouvelle dans aucun journal de la capitale.
A part ca, la francophonie se porte tres bien en Algerie. Bien sur on n’y parle pas le francais de nos salons academiques, mais il y a comme une fierte chez les personnes agees a montrer qu’elles se sont approprie la langue du Francais (tout comme sa maison en 1962), et chez les jeunes (70% de la population algerienne a moins de 25 ans) il faudrait plutot parler d’espoir mis dans cette langue, au cas ou le miraculeux visa viendrait a apparaitre pour s’embarquer au plus vite pour l’autre cote de la Mediterranee.
La suite dans le numero special francophonie de _Yale French Studies_ a paraitre en 2002.
Farid Laroussi »

Webologie balbutiante :

Voici, pour se distraire un peu, un message qui avait été bien accueilli par les membres de ce qui était encore en 1997 la liste France-Langue. On pourra constater la permanence de mon engagement dans les affaires de l’internet littéraire francophone… Malgré tout, je ne suis pas devenu aquawebiste !

« To: france_langue@culture.fr

Date sent: Wed, 26 Feb 1997 03:23:47

Chers collegues,

Excusez l’absence d’accents. Mon serveur japonais me permet d’en recevoir mais mes essais d’envoi, jusqu’a ce jour, ont tous ete infructueux. Au demeurant, le message suivant n’est qu’un amusement de nuit blanche. Les personnes pressees ou sans humour pourront l’effacer sans le lire.

Constatant l’intensite des debats terminologiques sur cette liste, j’ai imagine d’y contribuer…

Je suis un defenseur du web, du mot et de la chose. L’origine etrangere du mot ne me gene pas, meme si par ailleurs je suis d’avis qu’il faut lutter de toutes nos forces francophones contre l’hegemonie d’une autre langue. Quand un mot convient, plait, a une efficace, il faut alors l’integrer, lui enlever la majuscule, le faire accompagner par des articles et des adjectifs, lui donner une famille. Rapidement, il devient comme ces milliers de mots empruntes a d’autres langues et qui appartiennent pourtant tout a fait a la notre. Qui irait contester l’appartenance au lexique francais de mots comme « magasin » (de l’arabe), « poubelle » (du prefet de Paris), « chocolat » (de l’azteque), ou « tabac » (du haitien) ?

Un chercheur nous dirait comment, jour apres jour, les gazettes ont rendu compte de l’initiative du prefet, consistant a disposer des boites destinees a recevoir les ordures menageres des citadins et a mettre en place un reseau de ramassage et de depot en vue de les eliminer. On y remarquerait qu’un jour les mesures de monsieur Poubelle, et plus particulierement les receptacles, furent qualifies de Poubelles, comme la jupette d’aujourd’hui si le mot n’existait deja (de ce fait, pretant a rire). Peut-etre d’abord avec une majuscule, et au singulier, un peu comme une institution. Puis, dans la rue, les autochtones et les passants, s’habituant a la chose et a sa commodite, plus familiers avec l’engin que les chroniqueurs obsequieux, auraient banalise le vocable. Jusqu’a ce qu’il serve a des metaphores voiturieres…

Les familles se construisent au besoin. Apparemment, la poubelle se suffisait. Magasin, chocolat et tabac, par contre, n’ont pas hesite a enfanter. Verbalises, prefixes, suffixes, l’emmagasinage des derives chocolates et tabagiques occupe quelques bonnes lignes de nos dictionnaires.

Commencant aujourd’hui cette « defense et illustration du web », je puis neanmoins vous livrer quelques articles d’un dictionnaire a paraitre en 2061, a l’occasion du centenaire de ma naissance. Ne sachant si j’y serai, il vaut mieux en publier quelques morceaux des maintenant.

aquawebiste : n. Personne blasee de ses experiences dans le web.

awebage : n.m. Action de deposer des documents dans le web.

awebie : n.f. Pathol. Rejet du web, maladie de certains internautes (webeurs) qui consiste a jeter leur ordinateur ou a se desabonner de leur fournisseur d’acces apres une periode de trop forte consommation.

awebir : v. Mettre un document dans le web par la redaction de pages, de sites, etc. « Un homme awebi en vaut deux ».

parawebie : n.f. Ensemble des activites individuelles ou sociales relatives a l’usage du web.

postwebance : n.f. 1. Tech. Phase de verification des pages apres l’awebage. 2. Med. Periode de tristesse ou de deprime passagere apres la deconnexion, et qui peut parfois mener a l’awebie.

similiwebivore :n., Adj. Pej. Personne maigre ou qui se nourrit peu.

tautowebie : n.f. Art d’ecrire des pages web pour ne rien dire. « Les pages qui consistent a afficher sa femme et son chien, voila la manie tautowebique a eradiquer » (2015 : Jean-Louis Debre)

web : n.m., Abr. De l’ang. World Wide Web (1992). Ensemble mondial de documents constitues de textes et d’images, relies par des liens hypertextuels et consultables par connexion au reseau internet, au moyen d’un logiciel de navigation (ou fureteur) tel que Netscape ou Microsoft Explorer. Syn.: WWW, W3, hypertoile, toile (desuets).

webarque : n. Personne ayant de hautes responsabilites dans une entreprise webienne.

webercice : n.m. Travail ou exercice a effectuer dans un document web. Webercices de langue, de mathematiques.

weberie : n.f. Syn. Cyber-cafe (desuet).

webesque : adj. Designe une personne ou un objet a l’image du web ou de son fonctionnement. « Un voyage webesque » (=aseptise). « Une conversation webesque » (=avec temps morts et coqs-a-l’ane).

webeur, euse : n. utilisateur du web. « Comme je descendais des fleuves impassibles / je ne me sentis plus guide par les webeurs » (Rimwebaud).

webier, iere : n. Professionnel de la distribution par le web, cyber-patron-de-cafe.

webifique : adj. qui produit beaucoup de pages pour des sites web.

webiste : n. Createur de pages pour sites web. Parfois employe pour webeur.

webocratie : n.f. Pouvoir d’un appareil ou d’une administration webienne.

webologie : n.f. Science du web.

webologue : n. Specialiste du web, de son fonctionnement, des methodes de recherche d’informations.

webomane : n. Drogue du reseau.

webophile : n. Amateur de web.

webordel : n.m. Site web a caractere pornographique.

webotherapeute : n. Praticien de webotherapie.

webotherapie : n.f. Methode de psychotherapie par discussion et navigation dans le web. Utilisee en prevention de l’awebie. »

Balzac : Comme un témoignage de bonne confraternité littéraire (1842, extraits)

« À Paris, il se rencontre toujours deux soirées dans les bals ou dans les raouts. D’abord une soirée officielle à laquelle assistent les personnes priées, un beau monde qui s’ennuie. Chacun pose pour le voisin. La plupart des jeunes femmes ne viennent que pour une seule personne. Quand chaque femme s’est assurée qu’elle est la plus belle pour cette personne et que cette opinion a pu être partagée par quelques autres, après des phrases insignifiantes échangées, comme celles-ci : ? Comptez-vous aller de bonne heure à ** (un nom de terre) ? ? Madame une telle a bien chanté ! ? Quelle est cette petite femme qui a tant de diamants ? Ou, après avoir lancé des phrases épigrammatiques qui font un plaisir passager et des blessures de longue durée, les groupes s’éclaircissent, les indifférents s’en vont, les bougies brûlent dans les bobèches ; la maîtresse de la maison arrête alors quelques artistes, des gens gais, des amis, en leur disant : ? Restez, nous soupons entre nous. On se rassemble dans un petit salon. La seconde, la véritable soirée a lieu ; soirée où, comme sous l’ancien régime, chacun entend ce qui se dit, où la conversation est générale, où l’on est forcé d’avoir de l’esprit et de contribuer à l’amusement public. Tout est en relief, un rire franc succède à ces airs gourmés qui, dans le monde, attristent les plus jolies figures. Enfin, le plaisir commence là où le raout finit. Le raout, cette froide revue du luxe, ce défilé d’amours-propres en grand costume, est une de ces inventions anglaises qui tendent à mécanifier les autres nations. L’Angleterre semble tenir à ce que le monde entier s’ennuie comme elle et autant qu’elle. Cette seconde soirée est donc, en France, dans quelques maisons, une heureuse protestation de l’ancien esprit de notre joyeux pays ; mais, malheureusement, peu de maisons protestent : la raison en est bien simple. Si l’on ne soupe plus beaucoup aujourd’hui, c’est que, sous aucun régime, il n’y a eu moins de gens casés, posés et arrivés. Tout le monde est en marche vers quelque but, ou trotte après la fortune. Le temps est devenu la plus chère denrée, personne ne peut donc se livrer à cette prodigieuse prodigalité de rentrer chez soi le lendemain pour se réveiller tard. On ne retrouve donc plus de seconde soirée que chez les femmes assez riches pour ouvrir leur maison ; et depuis la révolution de 1830, ces femmes se comptent dans Paris. Malgré l’opposition muette du faubourg Saint-Germain, deux ou trois femmes, parmi lesquelles se trouve madame la marquise d’Espard, n’ont pas voulu renoncer à la part d’influence qu’elles avaient sur Paris, et n’ont point fermé leurs salons. Entre tous, l’hôtel de madame d’Espard, célèbre d’ailleurs à Paris, est le dernier asile où se soit réfugié l’esprit français d’autrefois, avec sa profondeur cachée, ses mille détours et sa politesse exquise. Là vous observerez encore de la grâce dans les manières malgré les conventions de la politesse, de l’abandon dans la causerie malgré la réserve naturelle aux gens comme il faut, et surtout de la générosité dans les idées. Là, nul ne pense à garder sa pensée pour un drame ; et, dans un récit, personne ne voit un livre à faire. Enfin le hideux squelette d’une littérature aux abois ne se dresse point, à propos d’une saillie heureuse ou d’un sujet intéressant. […] Vous rencontrerez ailleurs, en Europe, d’élégantes manières, de la cordialité, de la bonhomie, de la science ; mais à Paris seulement, dans ce salon et dans ceux dont je viens de parler, abonde l’esprit particulier qui donne à toutes ces qualités sociales un agréable et capricieux ensemble, je ne sais quelle allure fluviale qui fait facilement serpenter cette profusion de pensées, de formules, de contes, de documents historiques. Paris, capitale du goût, connaît seul cette science qui change une conversation en une joûte où chaque nature d’esprit se condense par un trait, où chacun dit sa phrase et jette son expérience dans un mot, où tout le monde s’amuse, se délasse et s’exerce. […] Enfin, là tout est, en un mot, esprit et pensée. Jamais le phénomène oral qui, bien étudié, bien manié, fait la puissance de l’acteur et du conteur, ne m’avait si complètement ensorcelé. […] peut-être comprendrez-vous bien le charme d’une véritable soirée française, prise au moment où la familiarité la plus douce fait oublier à chacun ses intérêts, son amour-propre spécial, ou, si vous voulez, ses prétentions. Vers deux heures du matin, au moment où le souper finissait, il ne se trouva plus autour de la table que des intimes, tous éprouvés par un commerce de quinze années, ou des gens de beaucoup de goût, bien élevés et qui savaient le monde. Par une convention tacite et bien observée, au souper chacun renonce à son importance. L’égalité la plus absolue y donne le ton. […] »

(H. Balzac, Autre Étude de femme, in Scènes de la vie privée II, 1842). C’est nous qui soulignons.

1 Sherry Turkle, née en 1948, professeur au Massachussets Institute of Technology, a écrit Les enfants de l’ordinateur (chez Denoël, 1986), et de Life On The Screen (New-York : Simon & Schuster, 1995). Plusieurs articles récents sont disponibles sur son site : http://web.mit.edu/sturkle/www/

L’un de ses derniers articles s’intitule : « TechnoTalk : E-Mail, the Internet, and Other Compversations » (with S.I. Salamensky), In Talk, Talk, Talk : The Cultural Life of Everyday Conversations /dir. S.I. Salamensky, New York : Routledge, 2001.

2 Accès gratuit en ligne : www.granddictionnaire.com/

3 Cf. http://www.maulpoix.net/

4 Cf. http://perso.wanadoo.fr/renaud.camus/

5 Cf. http://mcerf.free.fr/

6 Cf. http://un2sg4.unige.ch/athena/html/fran_fr.html

7 François Bon collabore au colloque en ligne organisé par la BPI à l’automne-hiver 2001-2002 : « text-e. Écrans et réseaux, vers une transformation du rapport à l’écrit ? ».

Cf. http://www.bpi.fr/ et http://www.text-e.org/

8 Si vous voulez entrer sans remplir la fiche, vous recevrez le message suivant : « Veuillez renseigner correctement votre nom. » Qui peut bien avoir écrit cette formule ?

9 Mark Pegrum (Queen Margaret University College, Edimbourg, Écosse), Éditorial : Majeur ? dans Mots pluriels, n° 18, août 2001.

Cf. http://www.arts.uwa.edu.au/MotsPluriels/MP1801edito2.html

10 http://usenet-fr.news.eu.org/fr-chartes/index.html

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Une réponse à “les salons littéraires sont dans l’internet (5)”

  1. Caroline dit :

    Et Finkielkraut dans tout ça ?