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Hiver 2016 / cours sur « Au bonheur des dames » d’Émile Zola

En 2003, ce cours de littérature de l’Institut français du Japon – Tokyo avait commencé avec l’étude du roman de Zola intitulé Paris, qui venait alors d’être réédité
Session d’hiver 2016, du 8 janvier au 4 mars, le vendredi, de 13:30 à 15:20.
Nous étudions
Au bonheur des dames dans l’édition Gallimard FolioPlus Classiques n° 232 de 2012.

Calendrier des cours

  1. Le 8 janvier 2016 : chapitre I.
  2. Le 15 janvier : chapitre II.
  3. Le 22 janvier : chapitre III.
  4. Le 29 janvier : chapitre IV.
  5. Le 5 février : chapitres V et VI.
  6. Le 12 février : chapitres VII et VIII.
  7. Le 19 février : chapitres IX et X.
  8. Le 26 février : chapitres XI et XII.
  9. Le 4 mars : chapitres XIII et XIV (fin).

Informations en ligne

Notes de cours

1. Le 8 janvier 2016 : introduction, documentation et chapitre 1

  • Rapide présentation de Zola (1840-1902) et de son projet des Rougon-Macquart (20 volumes), dans lequel prend place Au bonheur des dames en 1882-1883…
  • On consultera le manuscrit dans le site Gallica, les premières pages
  • Le plan du quartier Opéra-Pyramides, dans lequel se trouvent les premiers lieux cités (après la gare Saint-Lazare) : la rue de la Michodière, la place Gaillon ou l’église Saint-Roch…
  • Le dossier BnF dans la partie « Décor », avec plan du quartier
  • Premières pages : p. 7-13. Opposition discursive et narrative ignorance VS connaissance : pour Denise, qui arrive de province avec ses frères, nouveauté et découverte de Paris MAIS expérience professionnelle déjà acquise dans un magasin. La vision détaillée, progressive et panoramique de l’extérieur du Bonheur des dames par l’œil d’une experte justifie la précision du vocabulaire ; le narrateur omniscient de Zola passe d’abord par le point de vue de Denise (sans se priver d’autres points de vue). À plusieurs reprises, le verbe « sembler » introduit une perception subjective de la réalité, comparative ou métaphorique (à suivre dans le texte).
    • Les premières paroles de Denise sont des exclamations (p. 7, 11).
    • Les premières paroles de Jean sont exclamatives et comparatives (p. 8).
    • Puis Jean lit le nom du magasin et commente anthropologiquement sur ce qui fait « courir le monde » (p. 9).
    Pages 14-20. Le chapitre commence par deux surprises qui articulent l’opposition sociologique principale du livre : celle du grand magasin, celle du petit magasin juste de l’autre côté de la rue. La vision déformante du grand magasin (énumérations, exagérations, richesse lexicale) fait paraître textuellement le petit magasin encore plus petit, ce qui correspond au sentiment des personnages ; idem pour les évidentes oppositions lumineux / sombre (bâtiments), nouveau / ancien (commerce, 25) et joyeux / triste (humeur, déjà présente dans les noms des magasins bonheur des dames VS vieil Elbeuf – qui oppose aussi, phonétiquement, « dame » à « bœuf », c’est tout dire !), à quoi s’ajoutera bientôt l’opposition foule / vide (clientèle, 26). (Par ailleurs, Zola focalise l’action sur quelques rues de Paris et ne s’intéresse donc pas à l’immensité de la ville, discours qui peut exister à d’autres chapitres ou dans autres volumes des Rougon-Macquart mais qui n’est pas pertinent ici.)
    • Le premier dialogue concerne la recherche de l’adresse de l’oncle Baudu (p. 14-15)
    • Les dialogues suivants sont des présentations et des commentaires, entrecoupés d’explications historiques ou psychologiques du narrateur.
    Pages 20-25. Le premier repas en famille, dans un contexte d’accueil a minima, ambiance de gêne et d’hésitation… Pages 25-27. Le grand magasin vu depuis le petit ; la tentation de Denise VS la rancune des Baudu. Pages 27-32. Chez Vinçard (qui voudrait vendre et partir) et chez le père Bourras (qui ne veut pas partir), conversations professionnelles et informations pour Denise (négatives et positives), multiplicité des tensions dans le quartier, toutes relatives à l’opposition entre les petits commerces et le grand magasin… Pages 32-40. Pendant le dîner, conversation historique et panoramique sur le quartier, les commerces et l’arrivée du grand magasin… Page 40-42. Après le dîner, tropisme du Bonheur, prévision de s’y présenter le lendemain : Baudu déteste le magasin d’en face mais il sait que Denise doit trouver du travail pour ne pas rester à sa charge = fatalité économique. L’opposition statique entre les commerces apparaît déjà de façon dynamique comme une forme d’évolution (regrettable pour certains mais inévitable).

    2. Le 15 janvier : chapitre II

    Pages 33-38. Retour sur : L’histoire d’Octave Mouret et du Bonheur des dames, selon Baudu.
    • Origine de Mouret (voir Dictionnaire Zola, p. 581-582) : né en 1840 (comme Zola, qui a aussi passé son enfance à Aix-en-Provence), son rôle dans La conquête de Plassans (1874, 4e vol.), dans Pot-Bouille (1882, 10e vol.) où il rencontre Mme Hédouin, qu’il épouse en novembre 1865 ; elle meurt accidentellement quelques mois plus tard… (Problème de chronologie entre les romans : le mariage Hédouin-Mouret a lieu en novembre 1865 et le décès de Mme Hédouin quelques mois après, or Denise arrive de Valognes en octobre 1864 et apprend que Mme Hédouin est déjà morte depuis quelques temps. Ces dates sont données hors roman ; si le mariage Hédouin-Mouret avait eu lieu en novembre 1863, il n’y aurait plus de problème…)
    • Zola veut éviter le pessimisme et « exprimer le siècle » du progrès (Dict. Zola, p. 317) : Mouret incarne la vie, par exemple contre son ami Paul, faux schopenhauerien, déçu par le vol de sa belle-mère (Bonheur, ch. XIV, p. 528-529).
    • Mouret permet à Zola d’explorer sa fascination pour le grand magasin (caractéristique de la seconde moitié du XIXe siècle) et d’en montrer les mécanismes sociaux et économiques, promus par un Mouret plus darwinien que fouriériste… (cf. Dict., p. 171-173, et le dossier de notre édition, p. 564-565) Lire la suite...