Archives de catégorie : RECHERCHE

Pour accompagner « De la fouille textuelle à la cartographie des mazarinades… »

Le 9 septembre 2022

⇒ Le LETSAJ : LExique Territorial, ocial, Administratif et Juridictionnel (hypertextuel).

⇒Pour cette communication, j’ai choisi trois des termes contenus dans ce lexique :

  1. le pont de Charenton,
  2. la question du salaire,
  3. le casse-tête / la réforme de la retraite.

I. LE PONT DE CHARENTON

Depuis longtemps, Charenton est sur la route de Paris à Brie-Comte-Robert (exemple, en 1724 dans le Nouveau guide des chemins du royaume de France de Pierre-Louis Daudet, p. 98) :

En février 1649, le « Combat de Charenton », immortalisé ici dans le tableau de Sauveur Le Conte (1687), à la gloire du Grand Condé : Lire la suite...

« Mazarinades et territoires », Rouen, 7-9 sept. 2022

MAZARINADES ET TERRITOIRES

COLLOQUE INTERNATIONAL
Université de Rouen – maison de l’université
Direction : Stéphane Haffemayer, Tadako Ichimaru, Patrick Rebollar

PROGRAMME

Suivre le colloque en ligne & en direct

mercredi 7 septembre

matinée

formes de fronde                          Pdt : Patrick Rebollar

09:15                       Ouverture des portes & mot d’accueil

09:30 – 10:10                       Baptiste ETIENNE :
Le duc, la duchesse et la Fronde en Normandie Lire la suite...

« L’exploration des mazarinades », le livre physique & numérique

L’équipe des Recherches Internationales sur les Mazarinades (RIM) a publié en décembre 2021 en version papier et en février 2022 en deux versions digitales les actes du colloque L’exploration des mazarinades qui s’était tenu en novembre 2016 à l’Université de Tokyo.
Il s’agit d’une édition bilingue procurée par Tadako Ichimaru, avec des textes français revus par les auteurs et édités par Patrick Rebollar (voir sommaire ci-dessous), précédés des versions traduites en japonais par Yuko Nakatsumi (voir sommaire en ligne). L’édition originale est constituée de 100 exemplaires couleur sur papier glacé, format 21 × 29,7, avec illustrations, non disponible en librairie ; l’édition numérique disponible sur les plateformes de vente depuis le 11 février se présente en deux versions : l’une dite « fixe » (フィックス版) reproduit le livre physique pour une expérience de lecture classique, l’autre dite « reflow » (リフロー版) propose une expérience de lecture adaptée au type d’appareil et aux choix de l’utilisateur, permettant également d’utiliser les liens hypertextes contenus dans le livre. Dans leur version originale française, ces textes étaient déjà disponibles en ligne sur ce site depuis 2017 (voir notre page édition). Lire la suite...

Hiver 2017 / Cours sur « Élise ou la vraie vie », de Claire Etcherelli

Cours à l’IFJ de Tokyo, janvier-février 2017, le vendredi, de 13:30 à 15:20.

Calendrier des cours

  1. Le 6 janvier 2017 : la première journée à l’usine (p. 72-90)
  2. Le 13 janvier : le contexte familial et social (p. 9-33)
  3. Le 20 janvier : jusqu’à la première paye (p. 90-123)
  4. Le 27 janvier : sorties et discussions, avec Arezki, Lucien, Henri (p. 123-139)
  5. Le 3 février : l’existentialisme sans le dire (p. 42-71, 174-189)
  6. Le 10 février : le racisme vécu dans le contexte de guerre (p. 189-195, 212-220, 225-231, etc.)
  7. Le 17 février : le Putsch d’Alger et le mouvement ouvrier de 1958 (p. 232-262)
  8. Le 24 février : les fins (Lucien, Arezki, le travail, le séjour parisien, le roman, la vraie vie).

Au préalable :

  • Contexte historique de la Guerre d’Indochine (1946-1954) et de la Guerre d’Algérie (Wikipédia fr / jp) – le roman se passe entre 1954 et 1959, dans les régions et villes de Bordeaux et de Paris.
  • Histoire de la guerre d’Indochine ; bataille (vidéo) et défaite de Dien Bien Phu (mai 1954, les derniers soldats français quitteront le Vietnam en janvier 1957).
    Voir aussi : Filmer la guerre d’Indochine (2008).
  • Dossier INA sur l’histoire de l’immigration en France depuis 1945 (vidéos, textes, activités pédagogiques)
  • Sur le travail à la chaîne en usine : assembly line, ライン生産方式 (ラインせいさんほうしき) Sur la littérature prolétarienne (des auteurs japonais sont cités en fin d’article). Compte rendu de La littérature prolétarienne aux XIXe et XXe siècles / Actes du colloque de Sens en 2012 sous la direction de F.-G. Theuriau, Sens : Éditions Vaillant, 2013. Hommes…, un poème de Robert Desnos. Version Youtube du film de Michel Drach (1970). Voir : Anna & Lucien (13′), la chaîne (18′), la pause déjeuner (23′), premiers contacts (33′), une proposition (48′), la café, la rue, le métro, la rafle (54′-58′), propos racistes au café (60′), chambre et ratonnade (73′), la chambre d’Élise, le bus (78′), l’incident (82’30 »), après la manif, la mort de Lucien (86′), une disparition… (88′).

    Sur l’auteur :

    Claire Etcherelli est née à Bordeaux en 1934. Son père mort à la guerre, elle est élevée par sa mère et son grand-père paternel. Elle a surtout vécu à Bordeaux, au pays Basque et à Paris. Issue d’un milieu très modeste, elle obtient une bourse afin de poursuivre ses études. Elle vient s’installer à Paris, mais le manque d’argent la contraint à travailler en usine à la chaîne, pendant deux ans. De cette expérience Claire Etcherelli retient l’image d’un environnement éprouvant et obsédant, qu’elle décrit dans son premier roman Élise ou la vraie vie (1967). Le roman, qui obtient le prix Femina en 1967, conte l’amour tragique d’une Française et d’un travailleur immigré, mais élabore aussi une réflexion sur la guerre d’Algérie et ses conséquences sociales. Le roman a été traduit en anglais et plusieurs autres langues. Élise ou la vraie vie a été portée à l’écran par Michel Drach en 1970. Lire la suite...

Automne 2016 / Cours sur « Le moulin de Pologne », de Jean Giono

Cours à l’IFJ de Tokyo, octobre-décembre 2016, le vendredi, de 13:30 à 15:20.

Calendrier du cours :

  1. Le 7 octobre : chapitre I, p. 7-27.
  2. Le 14 octobre : chapitre II, p. 29-47.
  3. Le 21 octobre : chapitre II, p. 47-71.
  4. Le 28 octobre : chapitre II, p. 72-90. (Pas de cours le 4 novembre.)
  5. Le 11 novembre : chapitre III, p. 91-111.
  6. Le 18 novembre : chapitre III, p. 111-131.
  7. Le 25 novembre : chapitre IV.
  8. Le 2 décembre : chapitre V.
  9. Le  9 décembre : chapitres VI et VII.

Références et liens :

Informations Lire la suite...

Été 2016 : cours sur les « Contes de ma Mère L’Oye » de Charles Perrault

Cours à l’IFJ de Tokyo, juillet 2016, le vendredi, de 13:30 à 15:20.

Calendrier des cours :

  1. Le 1er juillet : sur Charles Perrault ; La Belle au bois dormant
  2. Le 8 juillet : Le Petit Chaperon rouge ; La Barbe bleue
  3. Le 15 juillet : La Barbe bleue (fin) ; Le Chat botté
  4. Le 22 juillet : Le Chat botté (fin) ; Cendrillon
  5. Le 29 juillet : Le Petit Poucet ; Peau d’Âne.

Liens utiles :

Le 1er juillet, La Belle au bois dormant

  • Belle édition du XVIIIIe siècle avec gravures
  • L’utopie ouverte par « Il était une fois » est un syncrétisme implicite : elle accueille à la fois un territoire contrôlé, ou au moins délimité et revendiqué (un royaume), un mode de vie chrétien, avec le « Baptême » du nouveau-né et les « Marraines », et une tradition païenne, avec l’intervention de « Fées »…
  • Le fameux « fuseau », pour le filage, avant le tissage
  • Les « bottes de sept lieues » (p. 12) = grande distance, mais avec le chiffre magique 7, comme le nombre des fées… Intertextualité avec Le Petit Poucet… Les bottes comme un des attributs de la noblesse (tout le monde n’est pas bien chaussé, à cette époque), voir dans Le Chat botté.
  • Vocabulaire de la féérie : la forêt se ferme derrière le roi et la reine et s’ouvre cent ans plus tard quand le prince arrive : la forêt est enchantée ou charmée par la fée = c’est « un tour de son métier » (p. 13). « Enchanter », « charmer » (par des formules ou avec des objets magiques) et « ensorceler » désignent ces opérations magiques ou merveilleuses MAIS « enchanter » et « charmer » sont plutôt bénéfiques ou neutres, dépendant de fées, d’enchanteurs, de charmeurs ou de magiciens, tandis que le verbe « ensorceler » est plutôt négatif, maléfique, comme le sont les autres mots de la famille : sorcier, sorcière, sorcellerie… Le nom « sortilège » n’a pas de verbe. Les « fées » sont généralement bonnes, jeunes et belles mais il existe toujours LA fée mauvaise, le plus souvent laide et vieille, comme la fée Carabosse… (voir ce vocabulaire bilingue.)
  • Les « Suisses » (p. 15) sont des gardes ou des militaires en uniforme ; pendant longtemps, le manque d’emploi dans les régions helvétiques ont obligé les jeunes hommes à s’engager dans des armées de différents pays européens ; leurs  qualités de discipline et de résistance étaient souvent appréciées. Ici, le nez « bourgeonné » et la « face vermeille » font plutôt penser qu’ils sont alcooliques, peut-être plus  joyeux qu’efficaces.
  • La « fin de l’enchantement était venue » = C’est-à-dire qu’il n’y a pas de baiser !
  • Le prince mène une double vie (p. 17) pendant plus de deux ans… parce que sa mère est une Ogresse ! Images d’ogres et d’ogresses dans des contes…
  • Deuxième partie, le conte est en fait un diptyque : 1. la Belle dort 100 ans (comment, pourquoi et ce qui s’ensuit) ; 2. la belle-mère est une ogresse et veut manger ses petits-enfants et sa bru (et comment ça se passe). On peut actualiser et moraliser de la façon suivante : 1. il est parfois difficile de trouver un mari = ça peut prendre beaucoup de temps (voir les Moralités du conte), 2. ensuite il est difficile d’être bien accueillie dans sa nouvelle famille. Les deux situations sont énoncées du point de vue féminin, ce qui est un choix et une sensibilité de Perrault, mais aussi un message sur « ce qui se passe dans les moindres familles » (p. 8), envoyé à « Mademoiselle » à qui le recueil et ce premier conte sont dédiés (p. 7-8) par « un très humble et très obéissant » M. Darmancour… Quoi qu’il en soit, quand vous pensez avoir trouvé le Prince charmant, Mesdemoiselles, méfiez-vous tout de même de la mère à qui vous prenez un fils !
  • Le roi revient plus tôt que prévu parce qu’il revient « en poste », c’est-à-dire plus rapidement qu’avec un seul cheval, en utilisant des chevaux en pleine forme, disposés à différents points de son voyage, les « postes ». Ces relais de poste forment déjà au XVIIe siècle un réseau de transport de personnes et de courriers qui est à l’origine des réseaux postaux et de voyageurs (qu’on appellera par exemple « diligence », mot qui signifie rapidité).
  • Ce retour du roi semble aussi suggérer, comme dans La Barbe-bleue, qu’il vaut mieux ne pas laisser une femme seule à la Régence ou dans un château. Est-ce un message anthropologique (sur les structures familiales) ou politique (un souvenir du temps de la Fronde) ?
  • L’incipit et la fin posent une situation stable (avant et après des problèmes), avec « un Roi et une Reine », d’une génération à l’autre. C’est un modèle encore médiéval, peut-être, qui pouvait être à l’ordre du jour ou normal (souhaitable ?) sous Louis XIV (succédant à Henri IV et à Louis XIII), que ne viendrait déranger que quelque mauvais sortilège. Pour nous, au XXIe siècle, c’est un modèle de société intemporelle, basée sur l’absence de croissance ou de développement, idéale pour les uns, inacceptable pour les autres…
  • Sources et variantes du conte (Charles Deulin, 1879, Wikisource)

Le 8 juillet : Le Petit Chaperon rouge ; La Barbe bleue

Le Petit chaperon rouge

  • Question 1 : est-il normal d’aimer ses enfants ?
    Aimer ses enfants
    , se soucier d’eux, les protéger n’a peut-être pas été une évidence ou une priorité de tous les temps (voir dans Le Petit Poucet, ce qui arrive quand on ne peut pas les nourrir). Pendant très longtemps, en effet, la majorité des enfants (ceux des classes pauvres et populaires) ont été considérés comme une main-d’œuvre non-rémunérée par des parents qui ne les nourrissaient, vêtaient et soignaient que pour le strict nécessaire. Cette situation, compréhensible dans une ferme ou une production artisanale, s’est encore dégradée au moment de la révolution industrielle… Il semblerait que Victor Hugo (comme écrivain et comme homme politique) soit un des premiers personnages publics à avoir défendu en France une autre conception de l’enfance et du traitement à réserver aux enfants. Son grand roman Les misérables (1862) avait cependant été précédé par exemple par le réalisme à peine romancé d’Oliver Twist de Charles Dickens (1837-1839).
  • Question 2 : pourquoi la grand-mère habite un autre village ?
    En effet, la plupart des familles dans les milieux rural et urbain habitaient ensemble, les membres de trois générations se répartissant les tâches. Cependant, après le mariage, l’épouse vient habiter dans la maison familiale de son mari et quitte donc celle de ses propres parents. L’espérance de vie plus importante pour les femmes que pour les hommes, notamment à la campagne, explique que la grand-mère habite seule.
  • Un chaperon « qui lui seyait si bien » (p. 23) = du verbe seoir. (famille d’asseoir, séant, séance, siéger, sis, seyant, surseoir, etc.)
  • Par ce chemin-ci et par ce chemin-là : un jeu, une course, qui fait penser à celle de Le lièvre et la tortue de La Fontaine… qui vient de mourir en 1695 quand paraissent les Contes de Perrault.
  • La progression bras, jambes, oreilles, yeux, dents est une focalisation partant des extrémités du corps vers la tête et la bouche, impliquant un rapprochement, sans doute forcé par le loup.
  • La chute du conte est rapide, sans continuation jusqu’à la libération de l’enfant et de la grand-mère par les bucherons que l’on trouve dans d’autres versions. Perrault suscite ainsi la stupéfaction : « quoi ? Déjà ? Mais… » D’où une meilleure figuration du danger – peut-être.
  • La moralité distingue des catégories de loups, les plus dangereux n’étant pas comme celui du conte. Perrault traite clairement du danger de l’homme séducteur (ou séduisant) pour l’enfant ou pour la jeune femme. Est-ce une allusion à la violence conjugale ? à la pédophilie infantile ? N’oublions pas qu’au XVIIe siècle, le seigneur d’un domaine tout comme le père de famille a encore droit de vie et de mort sur sa maisonnée…
  • Sources et variantes (Charles Deulin, 1879, Wikisource)
  • Version Grimm (le chasseur sauve la fillette et la grand-mère)

La Barbe bleue

  • Question 1 : pourquoi la barbe est-elle bleue ?
    Est-ce un reflet bleuté d’une barbe noire et brillante ? Symbole de force, de virilité et, peut-être, de cruauté… Est-ce un signe extérieur de noblesse, en accord avec ses « belles maisons » et ses « carrosses tout dorés », alors que le sang n’est pas bleu ? Est-ce un symbole de puissance politique ou une référence à une filiation avec la famille royale et ses fleurs de lys sur fond d’azur ? Est-ce une couleur indécise, le bleu n’étant pas un mot unique en latin ? (Cf. Michel Pastoureau et en vidéo) En prenant le point de vue d’une jeune femme, la « barbe » volumineuse d’un homme grand et fort peut inspirer une « peur bleue » ; l’expression « barbe bleue » serait ainsi une hypallage (ellipse et contraction lexicale) où se concentre l’objet de la peur et la peur elle-même… D’ailleurs, après « danses et festins », quand l’homme paraît être « fort honnête » (p. 28), il n’a plus « la barbe si bleue » qu’avant !
  • Question 2 : pourquoi le maître absent revient-il toujours plus tôt que prévu ?
    Dans la Belle au bois dormant comme dans la Barbe bleue (et dans d’autres contes), le maître part, sort du domaine et laisse ses responsabilités à d’autres (régence, etc.), ou à personne, en indiquant une date de retour… qu’il ne respecte pas : il revient toujours plus tôt et découvre un drame en train d’arriver mais qu’il a encore le temps d’empêcher. On peut y voir un avertissement du moralisateur au monarque ; ou la répétition d’une nécessité narrative : si le malheur est arrivé quand le maître revient, il n’y a plus rien à faire et il n’y a donc pas de conte à raconter (mais plutôt une tragédie).
  • Question 3 : pourquoi la Barbe bleue garde-t-il ses épouses mortes accrochées ? (au lieu de se débarrasser des corps, ne serait-ce que par hygiène…)
    • Pour piéger l’épouse suivante, cet homme (en fait, un romantique avant l’heure) désespérant de trouver une épouse qui lui ferait vraiment confiance
    • Pour jouir de contempler ses trophées = un serial killer psychopathe.
    • Pour symboliser le fait qu’une personne a toujours des choses à cacher, des secrets inavouables, que ce soient de petits fantasmes, de moindres méfaits ou de grands crimes… et que l’on ne doit pas se laisser séduire par les apparences de frivolités et de luxe, ni donner son accord et sceller une union avant d’avoir ouvert tous les placards.
    • Question 4 : pourquoi les frères sont l’un Dragon l’autre Mousquetaire ?
      Ils ont ainsi la force et l’habileté pour se battre et vaincre la Barbe bleue. Mais surtout, ils représentent « la force publique », comme on dirait aujourd’hui, c’est-à-dire l’autorité royale et l’application des lois du royaume contre les seigneurs locaux et régionaux, nobles ou non, qui veulent encore faire la loi chez eux… Ils sont des agents de la centralisation et de l’absolutisme auxquels Perrault a assisté durant sa vie (d’Henri IV à Louix XIV).
    • Les « moralités » sont précédées du paragraphe de l’héritage et de son utilisation ; on pourrait même se demander si tout cela n’était pas un coup monté pour capter une fortune : dans cette arnaque, la clef ne serait pas tombée par hasard dans le sang, le retour anticipé du déjà surnommé Barbe bleue aurait été connu, les frères arriveraient selon un plan prévu… Romans et mémoires contiennent de nombreuses histoires d’héritage détourné.
    Éditions de la version de Perrault (Wikisource) Sources et variantes (Charles Deulin, 1879, Wikisource) Le film de Georges Méliès (1901)

    Autres moralités :
    – De la nécessité d’avoir une sœur et des frères.
    – Et qu’il faut risquer gros pour faire un bel héritage…

    Le 15 juillet : Le Chat botté

    Le Chat botté

    • Voir d’abord l’excellent article de Wikipédia.
    • Conte raconté par Henri Dès, avec illustrations.
    • Lecture du conte réécrit et illustré (pour les enfants).
    • Dessin animé japonais, version française
    • L’incipit du texte détaille le partage d’un héritage entre trois enfants. La disproportion des biens transmis correspond, en petit (burlesque), à ce qui se pratiquait au XVIIe siècle pour ne pas perdre un domaine ou un nom. Il ironise également sur la taxation. Le conte a pour but de corriger (inverser) cette injustice = justice, vengeance, les derniers seront les premiers… (Matthieu, 20, 16).
    • Les moyens mis en œuvre par le chat consistent essentiellement à prétendre être ce que l’on n’est pas pour le devenir. Cela commence par les bottes, qui indiquent l’appartenance à une certaine catégorie sociale (VS sabots, sandales) ou qui permettent d’être vu comme quelqu’un de cette catégorie… Cet éloge de la débrouillardise peut aussi être considéré comme une allusion à l’arrivisme mensonger qui pouvait exister à l’époque de Perrault – mais il ne semble pas que Perrault vise des personnes en particulier. On dit que l’habit ne fait pas le moine, ou qu’il ne faut pas se fier aux apparences ; or, si ces proverbes existent, c’est bien pour prévenir et éviter ce qui arrive le plus souvent : l’habit fait le moine et l’on se fie aux apparences !
    • Doubles sens : le chat, donné en héritage, est l’allégorie d’un « don », au sens d’un talent (en anglais aussi, double sens de gift).Comme le double sens de « don », on trouve le double sens de tour : « tours de souplesse » (p. 38) = habileté physique, et jouer un tour = ruser ou tromper par un mensonge pour « être secouru dans sa misère ». Et aussi le double sens de « charmé » (p. 42), appliqué au roi = séduit + victime d’un charme magique…
    • le marquis (puis comte) de Carabas = similitude avec Baccarat (village du N.-E. de la France avant l’installation de la cristallerie) ? Avec abracadabra (mot magique) ou avec carabin ?… Voir l’édition des Contes de Marc Soriano (Flammarion, 1989, p. 426-429) : nom d’abord considéré comme oriental, ou altération du biblique Barabbas, ressemblant aussi à Carabosse (la mauvaise fée), ce nom vient en réalité d’un contemporain de Perrault, Louis-Armand Gouffier, comte de Caravas, marquis de Passavant, lié à la propriété du château d’Oiron, dans les Deux-Sèvres (où la Montespan se retira après l’affaire des poisons, mais c’est en 1700, après les Contes de Perrault…).
    • L’image donnée au roi & son effet direct : faire cadeau de lapins, perdrix (38-39) => être sauvé de la noyade et recevoir de beaux habits par le roi lui-même (39-40) ; prétendre que des terres et un château sont à Carabas (40-42) => mariage avec la princesse (fin).
    • L’ogre est ici l’imbécile trompé, son statut de méchant est détourné et ridiculisé (pour le plus grand plaisir de tous) = semblable à Polyphème dans L’Odyssée d’Homère, cyclope géant et peu intelligent aveuglé par la ruse d’Ulysse, mais aussi à Goliath, touché à la tête par la fronde du petit berger, David.
    • Moralités : bien considérer le sens premier du mot industrie ;  enfin, l’habit fait le prince – antiphrase ironique à visée socio-politique ?

    Le 22 juillet : Cendrillon ; Le Petit Poucet

    Cendrillon Lire la suite...

Printemps 2016 / cours sur « Au revoir là-haut » de Pierre Lemaitre

Calendrier du cours

  1.  Le 8 avril : chapitres 1 à 4
  2.  Le 15 avril : chapitres 5 à 8
  3.  Le 22 avril : chapitres 9 à 11
  4.  Le 29 avril : chapitres 12 à 14
  5.  Le 13 mai : chapitres 15 à 21
  6.  Le 20 mai : chapitres 22 à 26
  7.  Le 27 mai : chapitres 27 à 30
  8.  Le 3 juin : chapitres 31 à 34
  9.  Le 10 juin : chapitres 35 à 40
  10.  Le 17 juin : derniers chapitres 

Informations utiles

Fin de la Première Guerre Mondiale (Wikipédia) Armistice du 11 novembre 1918 (Wikipédia jp) + fr 1919 en France (Wikipédia) Le 14 juillet 1919, défilé militaire et sacre de la victoire VS le 11 novembre 1919, cérémonie discrète aux Invalides (chapitre 17) Sur Au revoir là-haut : page Wikipédia. Edition en bande dessinée fin 2015. Interviews et entretiens sur le livreLa 163e DI à Vrigne-Meuse film d’Albert Dupontel : Extrait de tournage, mars 2016 ; nouvelle interview de Pierre Lemaitre, proposée dans l’émission Entrée libre, avec Laurent Lafitte, le 19 mai 2016. Gueules casséesprogrès de la chirurgie plastique, greffe Dufourmentel

La démobilisation, 1918-1920 Lire la suite...

Hiver 2016 / cours sur « Au bonheur des dames » d’Émile Zola

En 2003, ce cours de littérature de l’Institut français du Japon – Tokyo avait commencé avec l’étude du roman de Zola intitulé Paris, qui venait alors d’être réédité
Session d’hiver 2016, du 8 janvier au 4 mars, le vendredi, de 13:30 à 15:20.
Nous étudions
Au bonheur des dames dans l’édition Gallimard FolioPlus Classiques n° 232 de 2012.

Calendrier des cours

  1. Le 8 janvier 2016 : chapitre I.
  2. Le 15 janvier : chapitre II.
  3. Le 22 janvier : chapitre III.
  4. Le 29 janvier : chapitre IV.
  5. Le 5 février : chapitres V et VI.
  6. Le 12 février : chapitres VII et VIII.
  7. Le 19 février : chapitres IX et X.
  8. Le 26 février : chapitres XI et XII.
  9. Le 4 mars : chapitres XIII et XIV (fin).

Informations en ligne

Notes de cours

1. Le 8 janvier 2016 : introduction, documentation et chapitre 1

  • Rapide présentation de Zola (1840-1902) et de son projet des Rougon-Macquart (20 volumes), dans lequel prend place Au bonheur des dames en 1882-1883…
  • On consultera le manuscrit dans le site Gallica, les premières pages
  • Le plan du quartier Opéra-Pyramides, dans lequel se trouvent les premiers lieux cités (après la gare Saint-Lazare) : la rue de la Michodière, la place Gaillon ou l’église Saint-Roch…
  • Le dossier BnF dans la partie « Décor », avec plan du quartier
  • Premières pages : p. 7-13. Opposition discursive et narrative ignorance VS connaissance : pour Denise, qui arrive de province avec ses frères, nouveauté et découverte de Paris MAIS expérience professionnelle déjà acquise dans un magasin. La vision détaillée, progressive et panoramique de l’extérieur du Bonheur des dames par l’œil d’une experte justifie la précision du vocabulaire ; le narrateur omniscient de Zola passe d’abord par le point de vue de Denise (sans se priver d’autres points de vue). À plusieurs reprises, le verbe « sembler » introduit une perception subjective de la réalité, comparative ou métaphorique (à suivre dans le texte).
    • Les premières paroles de Denise sont des exclamations (p. 7, 11).
    • Les premières paroles de Jean sont exclamatives et comparatives (p. 8).
    • Puis Jean lit le nom du magasin et commente anthropologiquement sur ce qui fait « courir le monde » (p. 9).
    Pages 14-20. Le chapitre commence par deux surprises qui articulent l’opposition sociologique principale du livre : celle du grand magasin, celle du petit magasin juste de l’autre côté de la rue. La vision déformante du grand magasin (énumérations, exagérations, richesse lexicale) fait paraître textuellement le petit magasin encore plus petit, ce qui correspond au sentiment des personnages ; idem pour les évidentes oppositions lumineux / sombre (bâtiments), nouveau / ancien (commerce, 25) et joyeux / triste (humeur, déjà présente dans les noms des magasins bonheur des dames VS vieil Elbeuf – qui oppose aussi, phonétiquement, « dame » à « bœuf », c’est tout dire !), à quoi s’ajoutera bientôt l’opposition foule / vide (clientèle, 26). (Par ailleurs, Zola focalise l’action sur quelques rues de Paris et ne s’intéresse donc pas à l’immensité de la ville, discours qui peut exister à d’autres chapitres ou dans autres volumes des Rougon-Macquart mais qui n’est pas pertinent ici.)
    • Le premier dialogue concerne la recherche de l’adresse de l’oncle Baudu (p. 14-15)
    • Les dialogues suivants sont des présentations et des commentaires, entrecoupés d’explications historiques ou psychologiques du narrateur.
    Pages 20-25. Le premier repas en famille, dans un contexte d’accueil a minima, ambiance de gêne et d’hésitation… Pages 25-27. Le grand magasin vu depuis le petit ; la tentation de Denise VS la rancune des Baudu. Pages 27-32. Chez Vinçard (qui voudrait vendre et partir) et chez le père Bourras (qui ne veut pas partir), conversations professionnelles et informations pour Denise (négatives et positives), multiplicité des tensions dans le quartier, toutes relatives à l’opposition entre les petits commerces et le grand magasin… Pages 32-40. Pendant le dîner, conversation historique et panoramique sur le quartier, les commerces et l’arrivée du grand magasin… Page 40-42. Après le dîner, tropisme du Bonheur, prévision de s’y présenter le lendemain : Baudu déteste le magasin d’en face mais il sait que Denise doit trouver du travail pour ne pas rester à sa charge = fatalité économique. L’opposition statique entre les commerces apparaît déjà de façon dynamique comme une forme d’évolution (regrettable pour certains mais inévitable).

    2. Le 15 janvier : chapitre II

    Pages 33-38. Retour sur : L’histoire d’Octave Mouret et du Bonheur des dames, selon Baudu.
    • Origine de Mouret (voir Dictionnaire Zola, p. 581-582) : né en 1840 (comme Zola, qui a aussi passé son enfance à Aix-en-Provence), son rôle dans La conquête de Plassans (1874, 4e vol.), dans Pot-Bouille (1882, 10e vol.) où il rencontre Mme Hédouin, qu’il épouse en novembre 1865 ; elle meurt accidentellement quelques mois plus tard… (Problème de chronologie entre les romans : le mariage Hédouin-Mouret a lieu en novembre 1865 et le décès de Mme Hédouin quelques mois après, or Denise arrive de Valognes en octobre 1864 et apprend que Mme Hédouin est déjà morte depuis quelques temps. Ces dates sont données hors roman ; si le mariage Hédouin-Mouret avait eu lieu en novembre 1863, il n’y aurait plus de problème…)
    • Zola veut éviter le pessimisme et « exprimer le siècle » du progrès (Dict. Zola, p. 317) : Mouret incarne la vie, par exemple contre son ami Paul, faux schopenhauerien, déçu par le vol de sa belle-mère (Bonheur, ch. XIV, p. 528-529).
    • Mouret permet à Zola d’explorer sa fascination pour le grand magasin (caractéristique de la seconde moitié du XIXe siècle) et d’en montrer les mécanismes sociaux et économiques, promus par un Mouret plus darwinien que fouriériste… (cf. Dict., p. 171-173, et le dossier de notre édition, p. 564-565) Lire la suite...

Automne 2015 / cours sur « Peste & Choléra » de Patrick Deville

Cours à l’IFJ de Tokyo, octobre-décembre 2015, le vendredi, de 13:30 à 15:20.

Calendrier des cours :
chaque séance traitera tout ou partie des passages suivants.

Liens utiles :

Été 2015 / Cours sur les « Lettres de mon moulin » d’Alphonse Daudet

Cours à l’IFJ de Tokyo, juillet 2015, le vendredi, de 13:30 à 15:20.

Calendrier des cours :

  • 3 juillet : L’histoire des Lettres, contexte et paratexte (« Avant-propos » et « Installation »), Le poète Mistral (p. 140-149).
  • 10 juillet : La chèvre de M. Seguin & La mule du pape.
  • 17 juillet : La légende de l’homme à la cervelle d’or & L’Arlésienne.
  • 24 juillet : Le curé de Cucugnan & Les trois messes basses.
  • 31 juillet : Ballades en proseÀ Milianah & Les sauterelles.

Liens utiles :

Notes (références à l’édition Larousse, Petits classiques, n°29, 2010, 301 p.) :

Alphonse Daudet, Les amoureuses, 1857 : recueil de poèmes, première publication d’Alphonse Daudet, peu après son arrivée à Paris. Voir notamment : Trois jours de vendanges,

À Clairette Lire la suite...