Les têtes sur des piques

mardi 23 décembre 2008, à 23:59 par Berlol – Enregistrer & partager

Jour de l’anniversaire de l’empereur, 75 ans. Et toujours aussi inutile. Ce théâtre, tellement vide de pouvoir, se redouble maintenant d’un autre théâtre du pouvoir, celui du politique, lui aussi vidé de sa substance pour ne garder que les simagrées — voyez les Sarkozy au Brésil ! Derrière ces deux scènes de pantomime, colorées comme du kabuki et décorées comme des arbres de Noël, le vrai pouvoir, toujours plus puissant et toujours plus vrai, se cache dans des bunkers invisibles, se déploie sur la surface terrestre, enserre tout et tous dans la crainte comme dans l’avènement de la pauvreté — la pauvreté, ce cancer de l’argent, métastasé dans tous les coins du corps social en précarité, flexibilité, emploi partiel, chômage technique, sans emploi, délocalisation, globalisation, immigration économique, spéculation, krach et curée : Kerviel & Madoff, trimbalés dans les rues, les têtes sur des piques parce que le bon peuple l’opinion publique a besoin qu’on lui désigne des coupables…

Ce matin, j’essaie de comprendre les origines et le mécanisme de la crise, ou Lakriz, selon le résumé par épisodes qu’en fait Léo Scheer. Plus tard, je décortique Tarnac, avec les vidéos de chez Médiapart et les articles du Jura Libertaire.
Pendant ce temps, enregistrement de trois Captives de l’ENSAD, sur le canal des Sentiers de la création, avec Pierre Alferi (28/10/2008), Claire Denis sur Jean-Luc Nancy (9/12/2008) et le dernier, avec Rodolphe Burger (aujourd’hui).

« J’écrivis donc Château en Suède en trois semaines, échangeant avec [André] Barsacq des coups de téléphone éperdus et parfois hilares.  Je découvrais non pas les difficultés mais les facilités du théâtre. Ses rails vous pilotent de force : l’unité de temps, l’unité de lieu, cette impossibilité de quitter l’action sous peine d’ennuyer le public, cette nécessité d’être rapide et de courir vers un dénouement au lieu de s’abîmer dans des rêveries sentimentales ; cet impérieux besoin d’être nerveux et convaincant, tout cela me paraissait correspondre parfaitement à certaine ambition de mon tempérament d’écrivain. Les nouvelles et les pièces ont toujours été considérées, semble-t-il, comme plus difficiles que le roman : relevant, pour les premières, d’un art plus subtil, et pour les secondes d’un métier plus précis. Or personnellement, il m’a toujours semblé que les nouvelles correspondaient chez moi à un manque de souffle, et les pièces, à une facilité de dialogue. Les nouvelles et les pièces partent de caractères que l’on expose tout de suite, ces caractères entraînent une action que l’on déroule très vite aussi et qui arrive à un dénouement tout aussi inévitable et prévu dès les premières répliques. Le roman, lui, va d’incertitudes en incertitudes, de suggestions en suggestions, de changements de caractère en changements de caractère. Bref, le roman a toutes les libertés périlleuses et si fatalement séduisantes, les dérivations, les vagabondages, que l’on doit écarter automatiquement d’un bref récit ou d’un déroulement dramatique. Disons que les nouvelles et le théâtre sont des axiomes, et que le roman, lui, est un immense et complexe théorème.» (Françoise Sagan, Avec mon meilleur Souvenir, p. 119-120)

Quel tissu de banalités ! Quand je lis ça, je me souviens de ce que je lisais tout à l’heure… Attendez que je le retrouve…

« Paradoxalement, j’aime la compagnie des gens qui ne lisent pas. Je les envie presque : comme ce doit être reposant de se foutre de la littérature ! » (Stéphane Beau, « Contingences 11 », in Le Grognard, n° 8, décembre 2008)

Vaut mieux finir et lire un autre Stéphane — ou s’éclater avec le dévédé 5 de Lost 4 : Ben en Irak, Ben à New York…

Oh ! Ça y est ! Olivia est à sa place, pour Viande froide et Les Lois de l’hospitalité… Et encore un peu en 2003

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Publié dans le JLR

2 réponses à “Les têtes sur des piques”

  1. LM dit :

    Moi j’aimerais bien un empereur au-dessus de « notre » président !

  2. Berlol dit :

    Oui, Laurent, pourquoi pas… Moi, je verrais bien des tas de gens au-dessus de lui. Tout le monde, en fait.