Aux tréfonds de notre indésiré sujet

jeudi 18 septembre 2008, à 23:59 par Berlol – Enregistrer & partager

Surprise et rouge au front, ce matin, chez Grapheus Tis qui (me) rend justice. Du quartier d’isolement, je lui envoie un message de profonde reconnaissance :

« C’est l’heure de mon tour hebdomadaire, les gardiens du silence de la cyber prison des blogs me surveillent… Mais bon, sous prétexte d’aller en fumer une, je squatte une ligne… Et quelle bonne surprise en arrivant chez vous ! A la façon, chez Volodine, de ces manuscrits en trois exemplaires dont deux sont déjà détruits, il y a donc encore quelque part, trace, mémoire — et estime — de cet ouvrage Ô combien sulfureux dont j’ai été coupable en 2002.
Mais on peut lui imaginer un destin encore plus fabuleux : en réalité, Assouline a bien reçu ce livre par service de presse des PUF en 2002 et c’est en le lisant qu’il a décidé de s’y mettre, d’observer d’abord posément la blogosphère naissante, d’où les nombreux cafés qu’il a dû avaler, puis de rechercher un appui institutionnel pour se lancer.
Cela expliquerait bien des choses…»

Vous pouvez faire circuler. Pour beaucoup, informer et désinformer, maintenant, c’est la même chose… D’ailleurs, c’est de la littérature.

Au sport pour recommencer à pédaler et suer tout en lisant. Cette fois, c’est la vitesse de lecture, inaccoutumée chez moi, qui entraîne les jambes. Le texte lui-même semble contenir sa propre pente d’accélération, pousser ou tirer le regard de ligne en ligne. C’est un phénomène rare et étonnant auquel je ne m’attendais pas, d’autant que je connais un peu l’auteur, comme je l’ai déjà dit… et me voilà comme un rien dans les pages 70… Vous aussi, pédalez ! Courez ! Achetez-le ! Commandez-le ! Lisez-le ! Ça vous changera des produits formatés de la rentrée.

« Dès qu’on les a suffisamment attaqués, ces bonbons bis libèrent à leur tour un flot raccord, une boue grasse et luisante, anthracite, qui était lovée, cachée, compressée, là. Elle se déploie. C’est intarissable, roboratif plus que de raison, ça s’écoule, ça s’écoule, sans cesse. C’est à peine débuté qu’on est déjà rassasié.
Mais ça ne va pas stopper pour autant. Bien au contraire. C’est un raz de marée. Ça se projette par jets drus, violents par intermittence, comme si on avait des pompiers sous le palais, armés de leurs lances superpuissantes, qui chacun leur tour balancent la pression dans la gorge.» (Christophe Chazelas, Feu l’artifice, Paris : Emblée Éditeurs, 2007, p. 25 — écoutez ou réécoutez l’auteur dans les Mardis littéraires du 26 août ou dans Ça rime à quoi du 14 septembre)

« Toujours est-il qu’aux tréfonds de notre indésiré sujet d’observation, le magma gastri, abîmé dans ses petits jeux esthètes, finit lui aussi par se découvrir la fibre poète… Le style, qui jamais ne réussira à se faire digeste, qui jamais ne coulera de source, confiant, concourt cependant pour le prix de Flore (intestinale). Toi, somnambule au bord du vomissement, héros sans rival, mon seul monde (j’ai tes tripes pour unique horizon), te voici scotché au bruit de tes entrailles.» (Id., p. 30)

« parenthèse
hello
on recommence
inspiration expiration
un point ça se dilate
la masse doit savoir varier aux extrêmes
expansion repli, les deux à la fois
comme un asthmatique sous les eucalyptus
(le texte doit parfois savoir se faire plus gros que le bœuf, alors qu’il va devoir passer par le chas d’une aiguille, il le sait pas, il ne sait rien) » (Id., p. 61)

« Le papier est un pis-aller pour la poésie, non ? » (dans Ça rime ça quoi…)

Retour à Tokyo en écoutant Philippe Katerine (Surpris par la nuit du 2 avril), étonnant personnage à peine caché derrière sa pop foutraque. Puis surtout réécoutant — et très attentivement, cette fois — la fiction du 12 avril tirée de Fonction Elvis de Laure Limongi (alors ? Cette Fête de l’Huma ?). Est-ce à cause de la qualité du texte et de la mise en scène sonore ? J’éprouve pour la première fois une sorte de sympathie pour le king, pour le personnage ainsi construit entre mes oreilles.

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Une réponse à “Aux tréfonds de notre indésiré sujet”

  1. Laure dit :

    Désolée, j’ai un peu de retard de lecture… et de publication de blog ! (mais c’est pour les bonnes causes Laureli et Laure Limongi – dans l’ordre…)
    Oui, j’ai été gâtée avec cette « fiction » Fonction Elvis, quelle réalisation !
    Alors, la Fête de l’Huma… sera toujours la Fête de l’Huma ! Je donne à fond dans l’euphorie bien rouge en m’enfilant des andouillettes/frite (enfin, Emmanuel, surtout, aux andouillettes) et autres kebabs. Et puis on a entendu Bashung ! Côté Village du Livre, je déplore un peu le classement alphabétique qui fait que je me retrouve systématiquement entre deux auteurs politiques – entre un livre sur le chômage et un autre parlant de Dolto, les lecteurs sont un peu désarçonnés d’ouvrir Fonction Elvis… – mais mis à part ce point de détail (faut bien chipoter), c’est un rendez-vous important. Chaque année j’y vois des auteurs avec lesquels je n’ai la chance de papoter que là et j’en rencontre de nouveaux comme Anne Marsella, cette année (ordre alphabétique oblige…) qui publie à La Différence. Élodie Issartel était invitée, également. Elle vient de publier un superbe premier roman aux Éditions Léo Scheer, Festino ! Festino ! et pas grand monde n’en parle pour l’instant, ce qui me révolte pour le moins, comme toujours dans ces cas là, évidemment.