J
ournal LittéRéticulaire de Berlol

Littéréticulaire : néol., adj. (de littéraire et réticulaire), propriété d'un texte où s'associent, aux valeurs traditionnelles et aux figures classiques du texte littéraire, les significations et effets de sens provoqués par les liens hypertextuels au sein d'un réseau (l'internet par exemple), qu'ils aient été voulus ou non par l'auteur.







Mars 2005

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Mardi 1er mars 2005. À Shinjuku, kaléidoscopiquement.

« Au milieu de la plaine, à une distance suffisante pour que nous ne puissions plus voir notre case, il y avait des châteaux. Le long d'une aire dénudée et sèche, des pans de murs rouges sombre, aux crêtes noircies par l'incendie, tels les remparts d'une ancienne citadelle. De loin en loin, le long des murs, se dressaient des tours dont les sommets paraissaient becquetés d'oiseaux, déchiquetés, brûlés par la foudre. Ces murailles occupaient une superficie aussi vaste qu'une ville. Les murs, les tours étaient plus hauts que nous. Nous n'étions que des enfants, mais dans mon souvenir j'imagine que ces murs devaient être plus hauts qu'un homme adulte, et certaines des tours devaient dépasser deux mètres.» (J. M. G. Le Clézio, L'Africain, 2004, p. 26)

« Une seule singularité : dans de grandes clairières, ménagées, pense-t-on, en guise de pelouses pour le repos des yeux, d'énormes champignons, cèpes en terre battue, sont plantés par milliers, régulièrement. On dirait des jouets à l'intention d'enfants : ce sont des termitières.
Lorsque l'un de ces champignons dépasse la taille des autres, je le montre du doigt à mes porteurs en remarquant :
— Dougoutigui boûn. (Case du chef de village).
ils rient, ils désignent une autre grande termitière à leur tour en me regardant pour la première fois très gentiment :
— Case du commandant.
Après quelques échanges semblables, je peux leur demander de renoncer au pas des soldats. Cette fois-ci, ils me comprennent. Il n'a fallu que quelques secondes pour que leur vie prît un autre sens et un autre goût.»
(Lucie Cousturier, le 20 février 1922, « Entre Soudan et Guinée », Europe, n°1, février 1923, p. 38-39)

Pour m'imprégner de l'époque, celle de l'enfance de Claude Simon (né en 1913), je me suis décidé à lire intégralement et attentivement des revues, à commencer par Europe dont j'ai le merveilleux DVD. Dans la littérature aussi, il y a des constructions et des galeries inimaginables au commun des mortels.

Après déjeuner au Saint-Martin avec T., nous allons à Shinjuku. Pour elle, courses au grand magasin Takashimaya ; pour moi, expo Araki et Moriyama sur le thème de... Shinjuku. Je vais à pied jusqu'à Hatsudai le long d'une large avenue ensoleillée pour trouver le Tokyo Opera City et son Art Gallery. Tout ça très beau, très neuf, très monumental, au bord d'autoroutes et d'avenues en travaux un peu au milieu de n'importe où.
L'exposition est conséquente — plusieurs centaines de photographies — et l'installation est assez basique : pas de cadres en bois ou en quoi que ce soit, les tirages de différents formats sont collés directement sur les murs, soit en suites horizontales, soit en grappes thématiques, soit — et c'est le plus impressionnant — en damiers couvrant des murs entiers de bas en haut.
Dans ce dernier cas, les photos mises côte à côte sont de sujets différents, horizontalement et verticalement, mais l'accoutumance fait que l'œil saute directement d'un point à l'autre du damier géant, construisant des séries personnelles par une sorte de chromotropisme : d'un paysage de rue à un autre, d'une femme nue à une autre, etc.
Il s'en dégage bien sûr une sensation de diversité et de complexité de la ville et des relations entre les individus. Mais rien d'oppressant, plutôt une profonde et composite et tranquille humanité.
Certains tirages couleur qui sortent d'une banale imprimante à jet d'encre proviennent visiblement de séries prises en marchant, avec du bougé, des personnes indifférentes ou non consentantes, des interférences de lumières ou du contrejour.
D'autres séries noir et blanc sont de format supérieur, en tirage professionnel très soigné, surtout les portraits de femmes nues. Leur sourire est un peu triste. Elles tiennent une cigarette ou jouent avec un vêtement. Peu de bondage. Un grand portrait de femme douce à cheveux mi-longs et qui a subi une ablation d'un sein. Elle ne cache ni ne montre la cicatrice, c'est là.
Shinjuku, c'est cette femme et cette autre aux paupières tombantes et des clochards et des tours en construction et des panneaux publicitaires et des passants et des devantures de restaurants, avec les plats factices, et des gravats avant reconstruction, dans lesquels traînent toujours de vieux objets. Shinjuku est en soi une ville présente et vivante, qui se renouvelle plus vite que n'importe quel autre quartier de Tokyo, où se croisent toutes sortes de gens parmi lesquels il semble que les deux photographes choisissent plus souvent des gens qui traînent, qui errent, qui souffrent...
Leurs photos ne font aucune ostension de ces errances et souffrances. Bien au contraire, les tristesses sont calmes et semblent plus agréables que les tyrannies auxquelles obéissent les passants pressés, costumés et masqués de leur importance. L'exposition finit par un long mur sur lequel est collée d'un bout à l'autre une bande d'une trentaine de centimètres de haut, rassemblant en petit format et montées bout à bout une grande partie des photos vues dans l'exposition, donnant ainsi une version quasi narrative de Shinjuku, dans le format traditionnel du rouleau.
Comme je connais bien Shinjuku, je n'ai aucune sensation d'exotisme ou de postmodernité. Je ne vois que l'attention, l'empathie et l'humour de deux photographes qui montrent leur époque par un de ses lieux les plus crus et les plus paradoxaux. À Omote-sando ou à Ginza, on verrait du chic et du luxe, à Asakusa ou à Meiji-jingu, du rituel et du traditionnel, à Shibuya ou à Harajuku, de la jeunesse et de la mode. Mais à Shinjuku, on voit de tout, kaléidoscopiquement.

J'ai ajouté quelques-unes de mes photos du jour (sauf la peinture de Cousturier). Elles n'ont rien à voir avec Araki et Moriyama. Yeux, culture, technique, rien n'est semblable entre eux et moi. La première est recadrée dans une photo prise au  travers d'un restaurant fermé. Les autres n'ont subi qu'une faible augmentation des contrastes. Je les destine avant tout à ma sœur qui va bientôt me faire devenir oncle et à ma mère qui souhaite tant savoir pourquoi je continue à rester vivre au Japon.


Mon cher Patrick, rassure-toi : j'ai passé plus de 30 ans de ma vie professionnelle "à l'étranger", disons "ailleurs", et ma mère a passé tout ce temps à se demander ce que j'allais y faire, à espérer que "je rentre" et à desespérer chaque fois quand je lui annonçais que je " repartais".
Je crois qu'une mère a du mal à accepter que ses enfants , d'une manière ou d'une autre, la quittent.
Ta mère a de fortes chances de se demander encore ce que tu trouves à ce foutu Japon, mais se posera la même question
quand tu le quitteras et choisira d'aller " ailleurs"...
Et le plus drôle, c'est que si tu "rentres" en France, elle sera la première étonnée, que tu y "restes".
2005-03-01 23:42:13 de jcbourdais

Berlol a écrit :
« Comme je connais bien Shinjuku, je n'ai aucune sensation d'exotisme ou de postmodernité. Je ne vois que l'attention, l'empathie et l'humour de deux photographes qui montrent leur époque par un de ses lieux les plus crus et les plus paradoxaux »
Je suis plus qu'entièrement d'accord !
Je réagis un peu plus tard sur cet excellent berlol d'hier soir.
2005-03-02 03:18:36 de Arnaud

eh, c'est que plus ça va, mieux qu'il s'en sert, de son appareil-photo (l'a dû lire le manuel de Jean-Ph Toussaint qui s'appelle justement 'l'appareil-photo")
si tu peux nous en dire plus sur le DVD Europe ce sera bienvenu aussi?
2005-03-02 07:19:10 de FBon

Je sais très bien pourquoi tu es parti : parce que le France ne t'offrait pas les mêmes opportunités mais ce qui me fait le plus peur sont les tremblements de terre. Je suis consolée grâce à l'amour que t'apporte T.
Je lirai ton journal en "live" et verrai les photos dès dimanche quand je serai à Lyon chez ta soeur "grosse"
Ta maman
2005-03-02 09:10:12 de Ta maman
Bah tiens, voilà ma maman, via ma soeur ! (Bien sûr c'est "la" France et pas "le" France, on n'a jamais fait dans les bateaux, chez nous). Nouveau phénomène dans mon JLR de 15 mois !
Et confirmation par Jean-Claude que l'inquiétude est chez toutes les mères !
Merci du compliment, François.
Pour le DVD Europe, il n'y a qu'à suivre le lien pour avoir les infos techniques (et passer commande). Il en a été question sur Litor quand H. Béhar a demandé des numéros qui lui manquaient, puis quand il a été publié. Henri en fera le sujet de son intervention à Cerisy.
Ce qui est fabuleux, c'est qu'on consulte l'intégralité des numéros de 1923 à 2000 en fac-simile mais qu'on peut aussi faire de la recherche plein texte et multicritère, et utiliser la fonction OCR (dans les "notes du cours" que j'ai mis en lien lundi, il y a comme ça une copie d'un article sur Segalen, à l'état brut, ainsi peut-on voir le résultat de la fonction OCR...).
Arnaud, tu voulais dire autre chose sur Shinjuku ?
2005-03-02 15:38:58 de Berlol

Sur Europe, le dernier numéro, et sur le DVD (une petite note), on peut jeter un oeil sur Poezibao, mon blog. J'y détaille le sommaire du numéro sur les futuristes russes. La couverture est superbe, avec un dessin de Malévitch.
2005-03-03 18:23:02 de florence Trocmé


Mercredi 2 mars 2005. Entrer dans et en passer par.

Toujours du beau soleil sur Tokyo, on a des bonnes mines !
C'est ce que j'ai aussi, bonne mine, devant mon public d'intellos philo lettreux triés sur le volet (dans mes rêves les plus fous) avec le commentaire d'hier signé « Ta maman ». Pour en revenir à du möbien, c'est une intrusion de l'intime dans l'extime. À considérer que la signature soit authentifiée (un petit malin aurait pu s'amuser à faire ça...). Or elle est authentique puisque j'ai reçu aussi un courriel de ma sœur m'indiquant qu'elle avait tapé elle-même ce que notre mère lui disait au téléphone...
À tous les blogueurs : attention à ce que vous écrivez ! Votre mère peut vous lire !

Pendant que je réponds à des courriels, T. s'isole avec le plus déloyal des concurrents : La Rochefoucauld... Déjeuner ensemble au Saint-Martin (encore) où l'on retrouve des amis en période de pré-dépendance (ils ont dû venir moins d'une dizaine de fois, encore...). Ceux qui les connaissent les reconnaîtront (et si tes laitues naissent mes laitues naîtront). Sinon, voilà ce que c'est que deux Français qui vivent dans le quartier de Kagurazaka, le midi ils mangent pour l'un du petit salé et pour l'autre du poulet-frites, avec un verre de vin, et puis après ils retournent travailler. Enfin, j'imagine qu'ils retournent travailler... Je ne les ai pas suivis.

Dans le train, suite de Deville. Il y aurait une différence à interroger par rapport au Monde cadeau de Jean-François Paillard, puisque je leur trouve des points communs. Moins que des différences, bien sûr. Dans les commentaires dont JFP nous (a) fait l'honneur depuis quelques semaines (et qui sont importants puisque la presse ne lui a pas fait l'accueil qu'elle aurait dû lui faire), on voit que des principes de construction et des idées de formulation, des structures et des formes, donc, préexistaient conceptuellement à l'écriture elle-même. Celle-ci, l'écriture, devait donc, dans le temps de sa production, entrer dans et en passer par ces éléments pré-décidés. Sans doute avec des aménagements, des revers (l'auteur se disant que bon finalement ça c'est pas possible comme ça, faut faire autrement, et puis le sens qu'on donne à l'infinitif, ça peut n'être qu'une idiosynchrasie variable d'un individu à l'autre...), mais assez peu, finalement. Et je le dis d'autant mieux que je pense avoir montré quelques-unes des qualités d'un livre encore riche de sens pour une deuxième lecture : cette rigueur, toute à l'honneur de JFP, n'est pas sans laisser quelque rigidité dans un texte en effet à contraintes. Un certain lyrisme (je me rappelle d'une très bonne lecture des premières pages sur France Culture, presque incantatoires) sous-tendu par une volonté de dénonciation politique animent ces structures et les justifient en les masquant quelque peu, mais pas suffisamment pour que des publics non engagés, littérairement parlant, puissent s'y accrocher facilement.
Je ne sais pas comment écrit Patrick Deville mais l'image que le texte donne de son travail serait plutôt du côté du laisser-faire repris, du glissement recadré, du tâtonnement scriptural motivé dans l'après-coup : ses personnages dérapent et la plume ne sait d'abord pas quoi leur faire faire, et puis ça se trouve, se corrige, devient justement ça... ce qui n'empêche pas qu'à mes yeux Deville et Paillard créent des parcours narratifs qui sont en eux-mêmes socialement critiques, sortis du ron-ron du bien-penser et du bien-faire, sans pour autant appartenir à une idéologie dite de la subversion (et qui n'est qu'un autre conformisme).

« Elle venait à ma rencontre et marchait tout doucement en regardant en l'air une montgolfière. J'ai traversé la rue et je l'ai suivie. Elle a mis le pied sur un hot-dog abandonné sur le trottoir. Une langue rouge a jailli, longue et dépliable comme celle d'un caméléon, et s'est posée sur son pied. On ne se méfie jamais assez des hot-dogs, que l'abandon rend agressifs.» (Patrick Deville, Le Feu d'artifice, Éd. de Minuit, 1992, p. 67 — existe même en japonais)

« La salle d'attente ressemblait à celle d'un cabinet médical et j'ai feuilleté des catalogues en papier glacé. Des mannequins fatigués par le décalage horaire, l'essayage des maillots et les cris du photographe, y entraient à mi-cuisse dans l'eau transparente des lagons. C'étaient des filles d'une beauté longiligne et interchangeable, d'une perfection insaisissable et lisse sans aucun signe particulier, peut-être pas non plus de code génétique, qui brandissaient des poissons exotiques au bout de leur fusil-harpon. Elles remontaient sur le sable et s'allongeaient lascives sous les cocotiers (où un décorateur déposait à la pince des grains de mica sur leur peau, pour la photo du bronzage luisant d'eau salée).» (id., p. 68-69)

« Ils s'étaient séparés et Louis attrappait un pot de miel d'acacia, liquide et doré, sur une étagère du rayon Produits-bio.
Debout devant un mur de téléviseurs allumés, il observait l'image répétitive d'un homme en polo noir un peu penché en avant, qui tenait à la main un pot de miel. Il prit la direction des caisses en jetant par-dessus son épaule un regard vers la silhouette du type qui, au centre de chaque écran, diminuait à mesure.»
(id., p. 89 — pour latter les visions de Jean-Philippe Toussaint...).

« J'expliquai à Victor assis à côté de moi au soleil que, lorsqu'un gaz est enflammé, tout ce que souhaite la chaleur, l'énergie, c'est se disperser le plus vite possible dans l'espace. Mais, si un récipient d'eau est posé sur la flamme, la masse des molécules qu'il contient fait obstacle à cet éparpillement : la chaleur qui les rencontre sur son chemin les bouscule comme des billes dans le chaos le plus total. Puis, dans ce désordre, apparaissent des mouvements de convexions réguliers, des rouleaux, qu'on appelle des cellules de Bénard.
— A partir de ce moment-là, l'énergie se gaspille encore plus vite. Parce qu'elle se gaspille dans l'ordre.
[...] L'attitude la plus cynique consisterait ainsi à mener une vie bien rangée, à mettre le plus d'ordre possible à son échelle en sachant que, ce faisant, on contribue modestement à la course vers le chaos général en ne l'entravant pas.»
(id., p. 103-104 — en baume pour le désordre de Phil).


A propos de livre riche de sens pour une deuxieme lecture, et de pot de miel, relu "Une saleté" dans la nuit, (ne pas repeter, je n'ai pas retrouvé la paranthèse ouvrante de la parenthèse fermante de la page 157 (je donne une page au hasard, n'ayant pas noté sur le coup et renoncant à rechercher à nouveau une parenthese, mais fermante cette fois)), vers 4h ai pensé aux "Ames grises" de Claudel (Philippe) que je n'ai pas aimé, et à Aguéev que j'adore, pourquoi je l'ignore, je veux dire pourquoi y ai je pensé, sans doute y a t il un rapport avec la cocaïne, dont manqe cruellement le jury des "grands" prix litteraires, à moins que je ne m'emballe, d'ailleurs je n'ai pas compris, ce départ, enfin le départ si j'ai compris, mais est-ce qu'Edith meure à la fin? (ne pas le repeter à l'auteur, je m'etais posé la question à la premiere lecture déjà). Je relirai. Comme Agueev. 12 fois. Ca meurt pareil. J'aime quand ca meurt comme ca.
(Pourvu que la manan du livre ne lise pas ce blog ! )
2005-03-02 22:13:28 de arte

Il faudrait que je lise l'interview de Deville dans le mag litt auquel tu fais référence: "je travaille avec méthode et tâtonnement " dit-il. Deville est un moustachu : vingt ans d’écriture parvenue à publication,( c’est-à-dire pendant vingt ans essayer de vivre avec ça, avec ce travail bizarre à faire tous les jours, passer le cap du troisième roman, trouver encore et toujours quelque chose qui justifie de passer une heure de plus devant le papier ou l’écran… et parallèlement trouver un moyen le moins honteux possible de bouffer, à moins, comme on dit, qu’on ait trouvé son public ou gagné au loto) ça commence à compter, ça commence sérieusement à forger un " avis autorisé " (ce qui veut dire, et c’est fondamental, attention ! JFP : vermisseau, grand débutant, encore à faire ses gammes, évoluant sur terrain mou, encore à la recherche d’une écriture, un peu bafouillant sur les bords, susceptible de lâcher à tout moment. (Donc : pas du tout envie d’aller au-delà d’idées en vrac amicalement échangées sur blog avec des gens vrais et c’est fort bien comme ça) Je ressens aussi une grande proximité de pensée avec les extraits ci-dessus. À part ça, restons lucide…
2005-03-03 10:51:12 de jean-françois paillard

Ah, ah, mais si, Arte, maman surveille son petit monde. La parenthèse, oh, las, c'est bien possible. Quant à Edith, à la fin, eh bien, elle meurt, s'en va, disparaît, et on peut comprendre cela comme on veut. Les lecteurs, sur cette fin et son interprétation, auront raison.
Maman.
2005-03-03 14:04:40 de Frédérique Clémençon

Range ta chambre, Arte. Comment peux-tu vivre là-dedans, ce bazar? Et peigne-toi, par pitié.
2005-03-03 14:07:55 de Frédérique Clémençon
J'avais bon alors ! (ma chambre? vous voulez dire ma suite dans le 8eme ?)
2005-03-03 19:45:04 de arte

Ouais, c'est ça.
2005-03-03 21:28:47 de Frédérique Clémençon

On est jamais tranquille dans cette maison, je ne réponds pas bien sur, quand elle est comme ca Frederique, il vaut mieux continuer comme si de rien n'était ...
2005-03-04 08:04:47 de arte

C'est la dernière fois que tu invites tes copains à la maison.
2005-03-04 10:54:47 de Frédérique Clémençon

Bon : les grans moyens :
Si tu me gonfles, je lis pas ton deuxieme bouquin !!!
(la ca devrait faire de l'effet eh eh).
2005-03-04 20:27:49 de arte

Oh, mon chéri, vois comme tu t'énerves, je dis ça, c'est pour ton bien... et puis... cette suite dans le 8ème... c'était quand même pour te faire plaisir... on dirait que tu t'évertues à tout gâcher.
(c'est vil, comme c'est vil, j'ai honte)
2005-03-04 21:51:58 de Frédérique Clémençon

Depuis qu'il est mort, elle en a apres moi. Fais ca. Sois plus clair. Tu t'exprimes mal. Oh misère, que tu es sale. Tu n'y arriveras jamais. Moi. Ne pas y arriver. Et après. Et arriver où? Là où je suis, le 8eme, c'est bien. j'ai une belle étagère. C'est mon héritage. Elle n'y est pour rien. Il me l'a légué. Il a dit tu dois partir. Je crois qu'il se doutait. Je l'aurais étranglée. Etouffée. Par amour. Voila par amour. Pour qu'elle reste belle. Pas comme elle devient quand elle m'ouvre. Je l'entend bien quand elle parle toute seule. Tout ce qu'elle raconte la nuit. C'est moi qui prend. Et puis c'est pas gai d'être son livre. Elle vous balance toute la saleté de sous les tapis. Frout Frout. Puis elle referme. Et le tour est joué. Je suis belle. Douce. Aimante. Comme si de rien nétait. Il fallait que je m'ouvre à d'autres. Il était temps que je parte ... .Que je me publie !
2005-03-05 09:40:58 de arte

Qu'est-ce qui se passe ici ? Vous avez quel âge enfin ?
2005-03-07 03:38:52 de Arnaud

Tiens, Arnaud. On dirait moi !...
2005-03-07 03:45:05 de Berlol

aie, on va encore se faire coller samedi matin !!!
2005-03-09 14:08:16 de arte


Jeudi 3 mars 2005. Avec la première bribe la seconde.

Palote petite journée — fête des filles, pourtant (Hinamatsuri, 雛祭り), mais dont je ne vois rien. Falote journée déjà presque disparue dans mon souvenir. Qu'en sauver ?
— L'écoute d'un entretien avec Henri Meschonnic à la Radio Suisse Romande.
— Quelques pages de Patrick Deville lues durant une réunion.
— De bonnes nouvelles d'Orléans où malgré le froid notre groupe d'étudiants fait merveille, m'écrit David.
— Une discussion autour d'un gâteau et d'un jus d'orange avec une amie, à évoquer Jean Cayrol, avec qui elle avait correspondu, puis Modiano dont elle a tous les livres sauf un (que j'ai, Poupée blonde), puis le film La Marge (1976) que je lui avais prêté en vidéo et qui nous a pas mal déçus, Borowczyk ayant beaucoup édulcoré Mandiargues pour mettre en avant les formes et les poses de Sylvia Kristel et Joe Dallesandro...

Ou bien c'est notre sensibilité qui a changé.

Tout ça est tellement volatil.
Des molécules qui bougent, des ondes qui les traversent.
Nos cellules, nos synapses, nos humeurs : des identités ?

Rien de fixe, tout est sujet à malentendu.

Comme quand Jean-François Paillard prend mal ce que j'écrivais hier. Car nulle idée d'ancienneté ou de leçon n'était dans mon texte. Simplement dire qu'il y a des écrivains qui préparent, planifient, sécurisent leur barque, bétonnent leurs fondations, et d'autres qui font avec la première bribe la seconde, laissent glisser, récupèrent en vol, font le plan en même temps que le mur et l'abandonnent entre les briques. Et que personnellement, je préfère les seconds aux premiers. Ce qui n'exclut pas que j'aime des romans fortement charpentés, de temps en temps et pour d'autres raisons. Mais brisons là !

« Pour en sortir [de ce qui est présenté comme étant la nature des choses], pour faire autre chose que ce que fait le petit poisson dans un bocal qui croit qu'il est dans le grand océan, il faut sortir du bocal. Comment sortir du bocal ? » (Henri Meschonnic dans l'entretien cité ci-dessus)

« Tout se passe, dans notre culture universitaire, comme si depuis 2500 ans on passait son temps — pardonnez-moi si je suis vulgaire — à noyer le poisson. C'est toujours le poisson du petit bocal, évidemment. Mais là, il est noyé. Et qu'est-ce que ça veut dire noyer le poisson ? Ça veut dire : tout faire pour ne pas mettre à découvert les enjeux, et ces enjeux sont énormes. Donc nous vivons dans une conception du langage qui valorise essentiellement la langue [...] quand la langue est conçue comme la seule réalité du langage. Et donc la langue, à ce moment-là, empêche de reconnaître la parole.» (le même, un peu plus loin dans l'entretien).


Mal pris ? Disons que ce 28 janvier dernier, il m'est arrivé une chose étrange, comme si, transformé en ectoplasme, j'avais surpris une conversation où l'on ne disait pas que du bien sur moi et que j'avais eu la possibilité de me matérialiser en diablotin sur la table. J'en ai donc profité. J'ai en quelque sorte simulé un coup de sang, forçant un peu la voix, théâtralisant la chose : façon cavalière et peu urbaine, j'en conviens, de se faire entendre. Il est donc temps pour moi de me confondre en excuses, de tirer ma révérence (en tout cas sur le sujet monde cadeau...) en te remerciant d'avoir fait partager ta lecture attentive - avec ce respect d'autrui qui rend évidemment caduques mes remarques amères et finalement assez injustes...
2005-03-04 12:04:32 de jean-françois paillard


Vendredi 4 mars 2005. L'éloge de la neige.

Tout à l'heure, j'ai vu une affiche publicitaire avec un enfant bronzé aux yeux bridés qui tient dans sa main une plaque de capteurs solaires et un message en gros — Energy Power. L'idée m'est venue alors que, les pays dits du Sud étant majoritairement ensoleillés, contrairement à ceux dits du Nord où la grisaille est pain quotidien, les pays riches (donc, ceux dits du Nord) devraient faire cadeau aux pays dits du Sud de capteurs solaires en quantité suffisante pour leur autonomie énergétique, ne serait-ce qu'afin de pouvoir continuer à brûler leur pétrole tranquilles, si ça leur chante. Et puis ça vous aurait une autre gueule que de leur réclamer sans cesse de la dette !...
On me dira que c'est irréaliste.
Je répondrai qu'on aurait pu y penser avant d'aller sur la lune ou sur Mars.
Début de débat ping-pong.

J'ai encore raté la neige ! Ça fait deux fois en deux semaines. Cette fois, T. m'avait prévenu ce matin qu'il neigeait à Tokyo. Alors qu'il pleuvait à Nagoya. C'est quand même plus beau à voir, la neige ! La semaine dernière, je ne l'avais même pas su. Alors que j'étais parti moins de quarante-huit heures, j'avais vu en revenant un minuscule tas de neige sale dans un coin de ruelle... Pas terrible, finalement. Cette fois, c'est nettement mieux, il en reste plein. Et, traversant vers nord-est un bon cinquième du Japon, j'ai vu nettement où le temps change : en passant l'Abekawa, la rivière Abe... Derrière, du ciel bleu et des nuages blancs et lointains, devant, les noires nuées et la lumière qui passe au reflet aluminium.
C'est vrai que pour des lecteurs de France, et d'Orléans notamment, ce n'est peut-être pas la meilleure chose à faire en ce moment, l'éloge de la neige...

« Nous nous sommes retrouvés au Cap-Horn dans la soirée. Je lui ai demandé ce qu'il allait devenir, par simple curiosité.
— Je ne sais pas.
Il voulait écrire un article.
Au-dessus du bar était accrochée l'affiche de
Fille dangereuse. Jean Gabin et moi regardions les jambes de Silvana Pampanini.
— Sur la disparition de Juliette ?
Louis haussait les épaules :
— De l'apparition nécessaire des formes ordonnées au sein d'un mouvement chaotique.
[...]
Je lui ai dit que j'allais me ranger des voitures et profiter de mon billet Tour du monde, avant d'entrer en clinique pour mes yeux.
— Et moi ?
Il se redressait sur son siège et prenait à témoin les consommateurs du Cap-Horn :
— Le narrateur s'en va et abandonne le personnage principal dans un hôtel minable et sans un rond !
[...]
D'ailleurs je ne comptais pas le laisser sans rien. Je lui ai proposé de reprendre l'appartement qu'Annette venait enfin de libérer, rue Kervégan. Je lui ai dit que la grande époque de Nantes avait le XVIIIe siècle et tout particulièrement la Régence. On y faisait le commerce de la soie, des épices, de l'acajou et la traite des esclaves.»
(Patrick Deville, Le feu d'artifice, p. 152-154)

Tout cela n'est pas sans rapport avec le René Leys de Segalen, auquel je m'attelle tout de suite pour le cours de demain...


Non, bien au contraire, faire l'éloge de la neige n'a rien pour me déplaire. C'est toujours bien plus satisfaisant que la pluie. En effet, quand il en tombe trop de la neige, c'est la panique (un peu comme à Orléans ces jours-ci) et on annule tous ces engagements ; on s'en réjouit comme ceux qui rafolent des divers sports d'hiver (facile, excusez-moi)... ; on la regarde tomber et on devient poète ou philosophe, car elle ne mouille pas les vêtements !
Non, décidément, j'aime bien mieux la neige que la flotte.
Au fait, Berlol, merci d'avoir mis une page de mon site en référence. C'est flatteur, car c'est bien la première fois que cela m'arrive. Tu me feras savoir tes commentaires critiques sur l'ouvrage, n'est-ce pas ?
2005-03-04 15:03:06 de dabichanorleans

Commentaire de "dabichanorleans", alias David à Orléans ! (la signature n'apparaît pas en version calendrier mais apparaît en version commentaires, bizarre...). Salut David ! Je vois que l'internet marche encore ! Bonne continuation ! Finalement, t'avais bien fait d'aller au Mont Saint-Michel le week-end dernier...
2005-03-04 15:16:14 de Berlol

Le mont Saint-michel sous la neige, c'est digne d'un tableau d'Hokusaï !
2005-03-04 20:32:00 de arte

Vous dévoiliez les jambes de Silvana Pampanini et je rêvais de celles d'Anouk Aimée.
2005-03-05 19:05:42 de Grapheus tis


Samedi 5 mars 2005. Ma couronne ne pourra pas me servir de parachute...

Hier soir, j'ai perdu une couronne. Pas de ma royauté (celle-là, elle est bien accrochée...), mais de ma dentition. À cause du pain, de la croute épaisse et un peu molle d'un pain de campagne. C'est ce qu'il y a de pire. Faut-il que je fasse un procès à Kayser ? Depuis, la langue frotte sur une arête et je m'efforce de ne pas appuyer. Comment, alors, faire trois heures de cours sur Segalen, auteur toujours d'actualité, quand seule la langue peut faire passer la passion ? Peut-on mettre sa langue de côté, précautionneusement, et être entièrement à ce qu'on dit, avec cette arête qui menace à chaque mot de couper le fil vivant de la parole ?

Pendant que je partageai vaillamment mon attention entre ma langue et ma parole, T. prenait son téléphone et rendez-vous chez le dentiste pour... lundi. Car à moins d'une terrible douleur, il vaut mieux éviter les urgences. Va pour lundi. Je vais tenir ma langue jusque-là. Ce sera un grand saut dans l'univers dentaire japonais et ma couronne ne pourra pas me servir de parachute...
J'ai quand même pu manger, lentement, un couscous au Saint-Martin. Puis je suis allé me coucher, fatigué. D'autant que la nuit avait été courte...

Quand le narrateur de Segalen cherche partout René Leys pour lui annoncer l'arrivée de Yuan Shikai — on est le 13 novembre 1911, un peu après 17 heures, c'est historique — il le trouve finalement chez lui, ayant mieux dormi que jamais.
Leys : « N'en parlez à personne : je viens d'assister au dépouillement des dépêches confidentielles reçues de Han K'eou : il en est aujourd'hui exactement à dix kilomètres... Ça nous en fait mille de Pei-King...»
Le narrateur : « Eh bien, moi qui n'ai reçu aucune dépêche confidentielle, je vais t'annoncer sous le sceau du secret absolu que Yuan Che-K'ai est dans nos murs... [...] Jure-moi de n'en rien dire aux cinq cents personnes qui l'ont vu arriver tout à l'heure à la gare...» (p. 248)
Leys se creuse la tête un moment avant de nous sortir la meilleure — surtout que tout lecteur du roman sait que Yuan Shikai était bel et bien arrivé à Pékin : « Le vieux Yuan est bien à Pei-King. Mais j'avais raison de vous dire que vous ne l'aviez pas vu monter en voiture : ce n'est pas lui : c'était son sosie, celui qui prend sa place, officielle, par prudence.» Après quoi, il nous fait un petit malaise vagal, comme dirait Patrick Deville.
Au-delà des clichés de roman populaire que Segalen s'amuse à recycler (et que l'on retrouve aujourd'hui, les mêmes, dans les films américains dont nos téléviseurs sont abreuvés), ce qui est pathétique dans ces pages, c'est de voir la décristallisation, le point d'inflexion... Toute l'admiration que le narrateur vouait à ce jeune prodige devenu, croyait-on, chef de la police secrète du Palais et amant de l'impératrice est en train de se fissurer comme un vieux plombage pour faire place à une nauséabonde pitié.


Un dentiste, que ce soit en France ou au Japon, il vaut mieux le rencontrer en dehors de son cabinet! Sans vouloir les offenser bien sur! Quoique, quand j'en sors et que c'est la dernière fois (jusqu'à la prochaine), je suis quand même bien content d'y être allé!
Bonne "réparation"!
2005-03-05 18:47:02 de Bikun


Dimanche 6 mars 2005. Un coussin de médiations.

Ping-pong en matinée, avec Hisae et Katsunori — Manu est devant sa tisane...
Sur neuf manches disputées, je n'ai pu en gagner qu'une. Malgré des smashs qui font frémir. C'est que les coups de force ne font pas une stratégie. D'une part, je suis moins bon que mes deux amis, il faut bien l'admettre. D'autre part, je ne joue pas pour gagner mais pour me... défouler ! J'ai quand même failli gagner une manche contre Hisae. De bons enchaînements service et smash m'avaient amené à 10-8. Puis j'ai raté un service en voulant trop bien faire... et Hisae a aligné les quatre points suivants. Mais quand même, quelque part un colosse — enfin un petit colosse de un mètre soixante — a tremblé sur ses fondations.

Je n'aurais pas cru que des spaghettis fussent une chose si difficile à manger quand  la langue frotte sur une arête vive de molaire...

Courses, retour, bain et repos. Puis j'ai enfin trouvé le temps d'actualiser l'index du JLR avec tous les noms propres de février... Du coup, plus le temps d'écrire. On verra demain.

Le lendemain...
« Il est certain que le public de la littérature a changé. En fait, il est impossible d'en parler avec une précision très grande, parce que l'écrivain a un rapport avec son public qui est assez distant. Il n'a pas du tout la réaction directe que peut saisir un écrivain dramatique quand il fait jouer une pièce. Donc, je pourrais plutôt en parler d'une façon objective plutôt que par une expérience directe.»
C'est par ces paroles, sans doute bien anodines à l'époque, que commence la longue série d'entretiens avec Julien Gracq réalisée en 1968 par Jean Paget (rediffusée en janvier sur France Culture, canal Chemins de la connaissance) que je réécoutais dans le métro. Dans les minutes suivantes, il détaille cette distance avec son public, et les changements d'alors. La double médiation constituée par l'objet livre lui-même (détaché de son auteur, objet commercial en librairie) et par le commentaire du critique (dans les journaux et magazines) fait que l'auteur n'est pas en contact direct, immédiat avec l'ensemble de ses lecteurs (abusivement appelé son public). Les changements de 1968, et de cette période des années 60 plus généralement, étaient l'apparition du livre de poche qui multipliait le public (en divisant la qualité de la réception, selon Gracq et Paget), la popularité acquise par certains auteurs grâce à des médias populaires (radio, télévision, cinéma) et qui les transforme en vedettes (mot négatif dans la bouche de Gracq), enfin l'écho donné à des contenus littéraires par leur reprise dans des films forcément plus populaires (au détriment de la forme spécifique de l'œuvre littéraire, insiste Gracq).
S'il avait à peu près raison sur toute la ligne, Julien Gracq ne s'interrogeait pas sur l'éventuel bénéfice qu'il pouvait y avoir à ce qu'une plus large tranche de la population, grâce à l'école et à l'alphabétisation, accède à la lecture d'œuvres littéraires (et autres créations artistiques), comme ce fut le cas de mes familles d'origine et par suite le mien, alors qu'il valorisait ostensiblement le public ancien, celui du XIXe siècle, dit-il, qui savait le grec et le latin... Mais ce serait un autre débat.
Ce qui m'intéresse ici, par rapport à l'actuel phénomène des blogs dits littéraires, qu'ils soient de création, de lecture ou de critique, c'est de relever que cette attitude en quelque sorte naturelle de l'écrivain mis à distance de son public, qu'il en tire confort ou isolement, est totalement remise en question.
Des vannes se sont ouvertes et personne ne sait encore comment réguler le flux de commentaires qui ne peut pas ne pas arriver à l'auteur, faire retour : l'ego des auteurs, protégé depuis des siècles par un coussin de médiations, est soudain livré au cahot de toutes les routes qu'emprunte son œuvre...


Et les résultats du championnat de ping-pong que tout le monde attend ?
2005-03-07 03:00:08 de Manu

Decallage horaire France/Japon : je lis ta page du lundi alors que mon lundi commence et que je pars au travail. Je ne répondrai donc que ce soir à tes deux derniers paragraphes, qui sont sujets à commentaires et où tu dis deux ou trois choses sur lesquelles je ne suis pas tout à fait d'accord, et j'aimerais apporter quelques réserves ...
A plus tard donc...
2005-03-07 12:20:12 de jcb

Au temps pour moi... Dans ma précipitation (d'aller chez le dentiste) j'ai posté au lundi ce qui revenait au dimanche. Je viens de rétablir les choses et le commentaire de Jean-Claude. Seule l'heure change un peu (je crois que c'était 11:30)...
Bien sûr, il faut réagir. Mes phrases sont autant de bouteilles à la mer...
2005-03-07 12:45:51 de Berlol

Il faut que dent dure et la priorité odontologique est la seule qui soit de taille à rivaliser avec la pulsion littéraire.
Cette histoire de vannes sur les blogs est intéressante, celles-ci sont incroyablement bien astiquées ( japonaises ? nucléaires ?). Oui,la donne change dès lors que les lecteurs ont les moyens de diffuser leurs impressions de lecture de façon non formatée par le filtre médiatique qui écrème et influence. Il y a du brut de décoffrage tout autant que de l'authentique démarche d'appropriation subjective des oeuvres. Cela pourrait nuire à la tranquillité de certains auteurs et bénéficier à d'autres pour qui le dialogue facilité avec le lecteur peut apporter des motivations supplémentaires pour écrire et publier.Personne ne peut prétendre qu'il n'écrit pas pour être lu, même s'il n'a pas de lecteur ou de destinataire attitré dans la tête au moment où il travaille son texte. Mais il s'ensuit , on le sait, de hauts risques de malentendus liés à l'interprétation des mots et des intentions.
Un auteur, idéalement n'a pas à justifier ce qu'il écrit, ni à révéler automatiquement comment il s'y prend . S'il le fait, c'est qu'il le veut bien et là encore, il y a des pudeurs à ne pas bousculer. C'est si facile d'aller gratter la paille que l'autre a dans le regard pour que ça lui démange. Le vedettariat est une invention lucrative, certains auteurs le subissent et s'en lassent, Jean CAYROL qui a été très célèbre en son temps, et que mon libraire se réjouissait de voir redécouvert , ces derniers mois...en parle de manière très drôle dans son Jean Cayrol par Jean Cayrol. S'il avait eu un blog, il est certain qu'il aurait fait exploser une centaine d'ordinateurs sous le harcèlement des lecteurs enthousiastes, ou détracteurs...
Et puis il y a ces histoires de ping-pong.Si je vous croise un jour sur cette planète et que mon arthrose à l'épaule gauche reste discrète, j'aimerais bien savoir si je suis capable de vous filer une avoinée... avec des entraîneurs japonais, ça risque d'être coton...
2005-03-07 14:25:27 de Marie.Pool

Les deux extraits sur lesquels je ne serais pas aussi affirmatif sont:
1-"cette attitude en quelque sorte naturelle de l'écrivain mis à distance de son public, qu'il en tire confort ou isolement, est totalement remise en question."
2- "le flux de commentaires qui ne peut pas ne pas arriver à l'auteur, faire retour"
Je ne le crois pas.Je connais quelques écrivains (mais surtout des peintres), et ai lu la biographie ou interviews/entretiens d'un grand nombre d'autres, qui ne savent absolument pas ce qu'on dit d'eux sur sur les "blogs dits littéraires" (ou ailleurs) et/ou qui ne veulent pas savoir, et/ou que cela n'intéresse absolument pas, et qui n'écrivent pas compte-tenu ou en fonction de ce que les autres, les éventuels lecteurs penseront ou pensent. D'une manière générale je ne pense pas que l'artiste doive tenir compte du regard porté sur son travail, qui n'est toujours de toute façon qu'une "proposition". Son travail sort de lui et non du regard des autres ou de leurs aspirations ou attentes. D'une manière générale (encore) je pense aussi que tous les"bons" n'ont jamais tenu-compte de ce que leurs contemporains pouvaient en penser ou en dire. Ce qui le font ne donnent à manger que de la confiture aux cochons, et ça donne les 700 livres qui s'empilent chaque rentrée sur les tables des libraires ou les rayons des supermarchés . La plupart sont mauvais car accordés au goût de l'époque, des critiques, des maisons d'éditions, des médias, des modes, de la bouillie infâme qu'on nous sert la plupart du temps, ect... Modifierais-tu ton blog (je parle de son contenu, de son style, de ce qui fait qu'on dit justement (je l'entendu) qu'on va chez Berlol...) en fonction de ce que les autres blogs en pensent ou en disent ?
Si oui c'est dommage. L'exemple n'est pas anodin : je connais des blogeurs (j'ai horreur de ce mot) qui passent leur temps à regarder ce que les autres blogs disent d'eux, et à chaque fois qu'ils veulent trop en tenir compte, ils se perdent et, c'est catastrophique car cela aboutit toujours à une uniformisation catastrophique (à mes yeux).
Je pense que le phénomène blog n'est pas ENCORE incontournable même s'il existe, a du succès, s'accélère, est très intéressant et a du sens... peut aussi se montrer d'une grande force et d'un grand pouvoir, pour la bonne raison qu'il n'est pas obligatoire ENCORE d'avoir internet chez soi ni de le consulter, et parce qu'on peut encore vivre ENCORE sans. Je ne crois pas qu'il puisse avoir une réelle influence ENCORE sur ceux que j'appelle les vrais écrivains. Aujourd'hui si un écrivain veut rencontrer un/son public, il peut faire des lectures, des signatures, courir les plateaux, courtiser la télé , les revues, faire un site perso... Un lecteur a toujours pu aussi écrire à un auteur via son éditeur. L'analyse montre que sur un blog, ceux qui répondent et participent au côté "salon littéraire" sont finalement peu nombreux et souvent les mêmes. Je ne conçois pas un écrivain sérieux écrivant aujourd'hui dont l'attitude et le travail seraient influencés par ce qu'on dit de lui sur les blogs. Les rencontres qu'on fait grâce aux blogs sont des rencontres. Point c'est tout. Je ne sais pas si elles ont plus d'importance les unes que les autres. Je ne vois pas, au départ, pourquoi une discussion via un blog entre un écrivain et un lecteur serait de nature différente ou plus influente, ou plus forte de conséquences qu'une vraie rencontre lors d'un atelier, d'une conférence, d'un salon du livre, ou d'un courrier échangé.
En fait, face au "ne peut PAS ne PAS " et
au "TOTALEMENTremise en question" je réponds un PAS FORCEMENT, un timide PAS ENCORE ou C'EST PAS SUR et un tristounet CA DEPEND PEUT-ETRE DE L'ECRIVAIN MAIS DANS CE CAS LA....
Mais c'était intéressant de poser la question (l'inflence des blogs...) qui elle est incontournable, au bout d'un certain temps d'existence de pratique...et de recul.
2005-03-08 00:34:44 de jcb


Lundi 7 mars 2005. Couronne scellée, langue qui faut.

Les températures remontent et T. me ramène une branche de mimosa qui fait merveille au soleil.
C'est le couple à l'envers, chez nous.

J'essaie de parler droit malgré ma langue de travers.

Rendez-vous chez le dentiste de T., dans le quartier d'Aoyama, avec dans une main ma carte de sécurité sociale et dans l'autre le petit sachet de plastique contenant ma couronne chue vendredi. Mon inquiétude est mêlée de confiance puisque T. m'accompagne et qu'elle connaît ce dentiste depuis une dizaine d'années. Quatre radios plus tard, il vient faire le point et donne beaucoup d'explications, pointant les racines saines et les parties à refaire, notamment un bridge à poser et une dent de sagesse à retirer. Pas de nouveaux chantiers que ceux déjà ouverts — et suspendus il y a cinq ou six ans. Pour la couronne, il va la reposer temporairement, le temps du voyage en France, et la refaire complètement au retour. Ses gestes calmes et ses explications détaillées rompent l'image autiste et autoritaire du praticien japonais, jaloux d'un savoir peut-être contestable. Je m'en tire bien pour aujourd'hui. Mais la prochaine séance durera deux heures, sait-on déjà...

Léger, léger, langue agile, sur les boulevards égayés.

Déjeunons au Spiral Building où je ne suis pas venu depuis un pluvieux 27 septembre.

Je laisse T. à Shibuya pour aller retrouver mes amis du GRAAL et débattre une dernière fois du livre d'Alain Fleischer, La Hache et le Violon. Après avoir écouté quelques développements sur le ton monotone d'une narration ressassante et sur des listes d'œuvres et de compositeurs qui n'auraient pas de productivité sémantique, ce que j'appelle une lecture à charge, j'évoque pour ma part la subsumante psychologie du narrateur comme étant celle d'un être moyen, ni génial compositeur ou théoricien (comme son maître Chamansky) ni soliste virtuose. Rien qu'une intelligence moyenne et peut-être légèrement félée, avec sa nièce Esther divisée en trois par ses trois fonctions auprès du narrateur.
Cette triplicité qui revient dans le choix de l'année 1933, dans des séries de neuvièmes symphonies, dans l'ouvrage en trois parties et à divers autres niveaux me fait penser à une œuvre plastique, une installation dans le genre de celles que Fleischer fait avec photos et vidéos : ces trois parties ne sont consécutives que secondairement, elles montrent d'abord d'autres virtualités des mêmes thèmes. Ainsi, à l'intelligence limitée du narrateur de la première partie correspond l'esprit tordu et vicieux du narrateur de la seconde, puis la saturation théorique quoiqu'élucubrante de la troisième partie. À une lecture à charge dont mes amis se défendent mais qui pourrait faire douter de la qualité d'écrivain de Fleischer, je préfère postuler une construction que nous avons du mal à apercevoir et des choix stylistiques qui ne se confondent pas avec les limites propres de l'auteur.
Est-ce la fatigue de la couronne scellée de frais, ou d'une langue qui faut à défendre une œuvre qui échappe encore ? Quoi qu'il en soit, je préfère laisser mes amis dîner sans moi et rentrer tranquillement machouiller une tranche de jambon de Parme...


Berlol-sama
Pour le moment, ton problème de couronne s’est résolu. Yokatta desu ne (Tant mieux) !
Moi aussi, j’ai une dent de sagesse dans la mauvaise condition. Elle pousse horizontal et chaque fois que je vais chez dentiste, il me recommande de la retirer. Heureusement, il n’y a pas de douleur, je la laisse maintenant. Mais un jour quelque chose terrible me frapperait…Ah, je ne veux pas imaginer ça.
A bientôt.
* J’ai changé mon pseudo pour coïncider avec celui de Rakuten.
2005-03-07 18:33:00 de koike1970

Berlol couronné ! Doit-on arroser ça ou trembler du fond de nos chaumières ? :-)))
2005-03-07 23:19:11 de jcbourdais


Mardi 8 mars 2005. Cette moitié de l'humanité.

Shinkansen aux aurores, dernière réunion de la session, une formalité. D'ailleurs, j'ai déjà le nez dans mon agenda pour ma quinzaine française. Ayant remarqué, les années précédentes, que j'avais une certaine propension à peu téléphoner quand j'étais à Paris, comme voulant défendre jalousement le temps de ne rien faire et de ne voir personne — ce que je regrettais dès que j'avais repris l'avion —, je me force cette année (ça prend du temps) à fixer un nombre raisonnable de rendez-vous dès avant mon départ, de sorte que je serai obligé, une fois sur place, de respecter l'emploi du temps que je me serai fixé.
Réfléchir sur place, c'est ça qui tue.

J'ai beaucoup apprécié ce qu'ont écrit Marie.Pool et Jean-Claude Bourdais dans le JLR d'avant-hier. Je ne leur ai pas encore répondu (encore qu'il ne le faille pas absolument), en pensant qu'il y aurait peut-être d'autres avis sur ce problème de réception réticulaire des œuvres littéraires. Moi, je trouve ça très important, au moins aussi important que l'apparition de l'imprimerie. Mais comme ce n'est que le début, la naissance du phénomène, on y est encore peu sensible, ou bien on pense que ce sera une mode passagère. Ce en quoi je pense qu'on a tort.

Après coup, je me suis demandé à quoi me faisait penser ma photo de statues d'enfants d'hier à Shibuya. La faire, avec le flash, très rapidement, m'a semblé une évidence. J'ai pensé aux clones du Manneken Pis dont on a fait les icones de la publicité pour la boisson Dakara et en même temps je me suis souvenu de la pochette de l'album Houses of the Holy de Led Zeppelin... Un croisement des deux, avec ce côté malsain que donne la luisance du flash.

« On le sait bien, qu'on est pareilles. Moi, je me demande : à quoi on nous reconnaît ? Tu m'emmènes à Metz ou même Strasbourg, les comme nous je les reconnais. Celle-ci, ou celle-ci. Mais tu me demandes : comment tu en es sûre, à quoi tu peux le savoir. Une manière du cou, la nuque un peu raide ? [...] On peut faire des efforts, courir les soldes, les démarques, les boutiques qui ferment, tout faire pour éviter les sous-marques des hypers, tu en reviendras au même : une manière des épaules, de tenir les mains ou le sac quand tu marches.» (François Bon, Daewoo, p. 86-87)
Journée internationale de la femme. Fête ou défaite des femmes. Occasion pour médias de se faire bien voir en diffusant des tombereaux d'informations plus ou moins utiles, plus ou moins faisandées. Et des suppléments, des annexes... pour parler de cette moitié de l'humanité. Alors, croisant la couverture Daewoo sur un meuble, l'ouvrir au hasard et tomber sur une phrase de femme parlant de femmes, parce que certains ont voulu les embaucher, elles, des femmes, et les licencier à leur guise.
A-t-on entendu que c'était fini cette condition des femmes ? Moi pas. Alors... Et quand même, ne pas baisser les bras...


Le témoignage de cette femme est-il véridique, ou est-ce une résurgence d'un serpent de mer de la littérature populaire du XIXème ?
« Je passai sans obstacle à la grille ; je me trouvais dans Brest que je ne connaissais pas du tout, et la crainte que mon hésitation sur le chemin que je devais prendre, ne me fit remarquer, augmentait encore mes inquiétudes ; après mille tours et détours, j'arrivai enfin à la seule porte qu'eût la ville ; il y avait là toujours, à poste fixe, un ancien garde-chiourme, nommé Lachique, qui vous devinait un forçat au geste, à la tournure, à la physionomie ; et ce qui rendait ses observations plus faciles, c'est qu'un homme qui a passé quelque temps au bagne tire toujours involontairement la jambe par laquelle il a traîné le fer. » (Vidocq, Mémoires de Vidocq, chef de la police de Sureté, jusqu'en 1827, Tome I, Chap. X)
2005-03-08 22:27:52 de Alix

Petite réaction au sujet de la discussion très intéressante, en effet, sur les rapports entre le phénomène des blogs et les auteurs. Tout à fait d'accord avec J.C.Bourdais : je ne pense pas en effet que les commentaires de lecteurs, quels qu'ils soient, aient une réeelle influence sur ceux que J.C.B. appellent les "vrais" écrivains. Et heureusement ! Si tel était le cas, ce serait un applatissement, une prostitution, bien éloignés de la création. Réfléchissant aux auteurs, contemporains, ou moins, que j'aime, je n'en vois AUCUN qui se soit soucié des réactions de ses lecteurs. Et je citerai Rilke qui disait que la modernité d'un écrivain résidait dans son opposition à ce que représente majoritairement son époque.
Certes, il est possible qu'à l'avenir, ce phénomène encore nouveau du blog puisse modifier ces rapports... Mais là, je laisse la parole aux devins... Je ne suis pas sûr que l'écrivain ait véritablement quelques chose à en gagner, à part dans sa réflexion et sa correspondance avec ceertains lecteurs pertinents.
Par contre, il est certain que le blog offre un nouvel espace et une nouvelle forme d'échanges, qu'ils soient critiques ou créatifs. Mais je pense que ce serait un danger de croire qu'il puisse interférer dans le travail de création d'un véritable écrivain. Ce qu'il offre, en revanche, est un espace de discussion, parfois très intéressant...parfois moins.
Cela dit, ces remarques sont celles d'un béotien en blog.
2005-03-09 12:48:44 de vinteix


Mercredi 9 mars 2005. Du fantasme de la tourdivoirité.

Préparation psychologique pour aller aux Impôts — en faisant le ménage, déplaçant des meubles, passant l'aspirateur — et en écoutant à la radio qu'il y a manif des chercheurs à Paris (d'où photo de la même date l'an dernier !).
Comme il fait doux, j'y vais en vélo. Vingt-cinq minutes après, j'y suis. Je slalome entre deux longues files, celle des piétons et celle des voitures, soit des centaines de personnes qui vont déposer leur feuille d'impôts, en principe assez rapidement puisque les prélèvements sont effectués à la source.
Quinze minutes après, j'en ressors, c'est fini pour moi. C'est que je suis allé dans un autre bureau, dans le bâtiment de derrière, pour les cas spéciaux. Car un étranger qui parle mal la langue est un cas spécial et il vaut mieux vérifier si chaque chose est bien écrite dans la bonne case. Finalement et comme chaque année, je suis bon pour une petite rallonge à payer parce qu'une partie de mes revenus n'a pas été taxée au bon taux...

Alors, pourquoi une préparation psychologique, si c'est si simple ?
— Parce qu'il faut trouver le bon moment, être dans la bonne disposition d'esprit.

Comme pour répondre (en les citant partiellement, voir commentaires d'hier et d'avant-hier) à JCB, Marie.Pool et Vinteix au sujet des écrivains et des journaux réticulaires. Le brut de décoffrage peut nuire à la tranquillité de certains auteurs, et pas seulement s'ils cherchent à s'accorder au goût de l'époque. Ceux qui ne se soucient aucunement des réactions du public ou des critiques sont des sages et je les honore. Mais c'est peut-être une espèce en voie de disparition... Cette tourdivoirité, je peux aussi la faire mienne et répondre qu'au grand jamais je ne modifierai mon JLR selon ce que d'autres en pensent ou en disent. L'artiste n'a pas à, etc. Oui, ça, c'est ce que je dis, et que je pense sincèrement.
Sauf qu'il y a l'inconscient et l'amour-propre. Et que des mots lus ou entendus y laisseront des traces qui travailleront en sous-main à tordre ou forclore de futures expressions. L'auto-censure n'est pas que consciente...
Mais même pas besoin de l'inconscient ! Flaubert s'est mis à Madame Bovary sur le conseil de ses amis qui le voyaient mal barré avec son Saint-Antoine, si je me souviens bien. Certes de bons amis, pas n'importe qui dans la toile qui déverserait sa bile, comme ça se voit. (Je ne me prends pas pour Flaubert, heureusement.)
Ce discours de l'auteur que rien n'influence, et surtout pas les commentaires sur ses ouvrages, c'est aussi un peu le discours de l'autisme, quelque part, non ? Et ça fonde les vrais écrivains, ou les vrais écrivains sont comme ça, de nature ? Et si Frédérique Clémençon ou Jean-François Paillard, par exemple, qui m'ont fait l'honneur (ou qui ont fait l'erreur) de réagir à certaines de mes élucubrations alors que je n'ai pas pignon sur quotidien ni sur magazine, peuvent tirer partie d'une façon ou d'une autre de ces élucubrations (et ils font ce qu'ils veulent, je ne les oblige à rien, et surtout pas à me lire), cela veut-il dire qu'ils ne sont pas de vrais écrivains ? Je sais bien que ce n'est pas ce que vous vouliez dire, mais il me semble que votre raisonnement tient autant des vrais écrivains que du fantasme de la tourdivoirité, ou de la tourdivoirité que certains affichent (et qui se cachent peut-être pour lire ce que la presse dit d'eux...).
Enfin et surtout, nous parlons (je parlais) d'un phénomène naissant. Naissant. Visages indistincts dans des colonnes d'humains. Or les exemples que l'on m'oppose sont des auteurs avertis (aguerris peut-être) ou des références d'avant l'électricité ! Nous avons tous le désir que continuent à exister de vrais écrivains, qui n'acceptent ni l'aplatissement ni la prostitution. Mais ce que je vous propose de penser, c'est une génération actuelle de très jeunes, de jeunes ou de moins jeunes écrivains qui sont nés dans un monde avec l'ordinateur, qui ont fait leurs études avec l'internet et qui travaillent la matière littéraire en étant connectés. Cela peut vous paraître aberrant mais je suis sûr qu'il y en a en ce moment même des milliers à travers le monde, et parmi eux de futurs grands et vrais écrivains, avec des formes d'écritures que l'on n'imagine même pas encore et qu'ils sont en train d'élaborer, de pondre, d'accoucher selon la métaphore que vous voudrez, en tout cas de le faire en fonction du monde dans lequel nous sommes. Et non avec l'horizon d'une feuille de papier posée sur un bureau devant une fenêtre où s'agitent des branches d'acacia. Je n'exclus pas le bureau de Claude Simon, je ne le repousse même pas dans le passé, non, il y aura encore des gens qui feront comme ça. Très bien. Mais il y en aura aussi qui feront autrement et qui joueront à fond la communication, l'internet, avec pseudo, avec plusieurs pseudos pour se faire passer pour différentes instances masquées d'eux-mêmes et de temps en temps qui seront eux-mêmes.
Il y a deux ans, pour moi c'était la première fois, dans le forum du prix de la petite édition de Zazieweb, que je lisais les réactions d'un auteur, je ne sais plus qui, après qu'il avait lu des billets du forum, et plusieurs personnes avaient souligné le courage de l'auteur qui vient s'exprimer, donner son point de vue, courage parce qu'on avait la sensation de la levée d'une inhibition, du bris d'un tabou, et on lui tirait le chapeau. Voyez, je n'ai même pas besoin de le mettre au futur. Alors vous direz que cet auteur ne devait pas être un vrai auteur, un comme vous les aimez... Possible. Mais là aussi, c'est être devin, parce qu'un grantécrivain n'est pas nécessairement reconnu de son temps, je dirai même qu'il n'est pas aperçu, qu'il n'entre pas dans un cadre de perception de l'époque (cas flagrant pour Lautréamont que l'on a vraiment eu du pot de pouvoir connaître). Ainsi Claude Simon dans les années 50 et 60. Ainsi Vasset, Paillard ou Clémençon de nos jours, presque pas connus aujourd'hui mais fourbissant une langue, concoctant des livres dont on n'a pas idée...
Ceci n'est pas dit pour avoir le dernier mot, au contraire. Je relance les dés. Quelqu'un a-t-il vu cette photo dans laquelle j'ai écrit : un coup de pied jamais n'amollira le bazar... ?

Chez moi aussi, c'est des grands chambardements. Bikun va bientôt venir crécher trois mois ici avec ses appareils-photo pour couvrir l'Expo. Heureusement, on n'est plus au temps des bains dans le noir et des tireuses sous ampoule rouge. Ça aussi, ça existera encore, mais ailleurs que chez moi. Fallait tout de même que j'installe une pièce qui servait jusqu'à maintenant de débarras pour lui offrir des conditions décentes. Et son indépendance.


Il est peut-être encore trop tôt pour comprendre quels sont les effets réciproques d'une communication écrite à la fois plus massive et plus directe (plus personnelle?) entre les lecteurs internautes et les auteurs-navigateurs. L'alternance retrait/exposition peut avoir d'incroyables déclinaisons. C'est la gestion du flux des stimulations qui pose d'emblée les limites variables de l'échange possible. Plus il y a d'échanges et plus la dispersion ( la diffraction ) des réactions se fomente. Il est malvenu sur un blog de refuser un certain niveau d'interactivité mais on voit bien que les réponses aux questions sont de type partielles, toujours associatives , ludiques et tangentielles. Cela ressemble un peu à des régates d'agrément où toutes les embarcations sont permises, selon le bon vouloir de l'hôte. JCB ne donne pas d'espace de réponse directe, mais il n'est pas inaccessible et cela fonctionne très bien dans une connivence fluide et féconde. Vous-même vous laissez arraisonner sans a priori et il est rare que vous ayez à savonner le pont pour tester l'équilibre de vos contradicteurs ( un bon nettoyage de temps en temps ne peut pas nuire à la cargaison). J'ai participé au débat zazieweb l'année dernière et suis devenue amie avec l'écrivain "courageuse", mais par la suite les choses se sont délitées : elle intervenait pour régler des comptes qui dépassaient largement l'enjeu de son propre travail. Il faut dire qu'elle était tombée sur des lecteurs coriaces et qui aimaient en découdre. J'ai moi-même commis la maladresse de citer un passage de son livre de "prose" dans l'almanach poétique ce qu'elle n'a pas du tout apprécié ( traiter quelqu’un de poète n’est pas à retenter ?) . J'avais pour autant auparavant donné tous les signes d'intérêt et de respect pour son texte. J'ai donc décidé de ne plus l'importuner en m'abstenant de mentionner des aspects de son travail qui pouvaient lui donner une image d'elle qui pouvait lui disconvenir. Cela m'a rendue dubitative sur l'intérêt de donner un avis sur quoi que ce soit. J'ai été très longtemps une lectrice solitaire ( en ce sens que je lisais sans faire part de mes impressions de lecture, j'ai lu beaucoup de livres en lien avec mon métier et suis revenue à la littérature après avoir élevé mes trois enfants ) . Je me suis donc forgée ma propre définition de l'écrivain . Elle n'est pas figée.
La hasard et une lubie soudaine m'ont poussée à envoyer avant –hier ( insomnie grippale) un message à Jean-Michel MAULPOIX qui m'a répondu aussitôt avant de s'envoler pour le" Liban effervescent ".
Entre autre chose je lui demandais :
"Vous avez écrit ( quelque chose que j’ai compris comme cela) que la plupart des sites sont « des coquilles vides ». Le croyez-vous encore ? Quelle utilisation de la langue et du patrimoine ( je ne trouve pas d’autre mot que celui-ci pour l’instant) littéraires pensez-vous possibles avec cette nouvelle donne ? Les universitaires vont-ils être obligés de se replier dans leurs laboratoires d’analyse sémiotique, sémantique… pour continuer à indiquer les balises de la littérature transmissible à la postérité ? Je me représente mal ce qu’est la situation actuelle et à court terme. Les Ateliers d’écriture fleurissent et tout un chacun tant soit peu débrouillard peut prétendre un jour faire surgir un poème à large spectre… (je prends la métaphore de l’antibiotique) « Quand on a dégusté sa jeunesse au boulot » dit la chanson du poulbot « on peut dire un poème ! » .Les personnes sans domicile , les incarcérés, les hospitalisés,les petits, les grands, les anciens, les populations mises àl’index de la société de consommation sont couramment invités à produire des textes sur leur condition…Nous sommes dans un grand champ magnétique où la hiérarchie des discours se mélangent et se diluent. Qui va se taire pour laisse parler l’autre ? ( Je n’évoque là que la question de la diffusion de l’écrit) Excusez-moi pour cette question saugrenue, mais je la crois importante… Le tour de parole, un enjeu imminent ?"
Et sa réponse ( avec plein de mots chaleureux et son adresse postale...) nette et précise :
"Qui va se taire pour laisser parler l'autre ? Excellente question.
Le premier à se taire sera l'écrivain." (sic)
2005-03-09 18:41:49 de Marie.Pool

Hear, hear !!
2005-03-09 20:33:04 de Dom

Berlol, merci mille fois pour tout.
Moi je "béni" le jour ou l'ordinateur (et internet) est venu (preque) à la portée du commun des mortels car je ne le considère pas uniquement comme un outil de travail mais aussi comme un outil de création (à mon petit niveau bien sur).
Quand "j'aligne les lignes de code php (langage de programmation)", j'en tire un plaisir certain. Quand je travaille sur mon site web et vois le résultat, j'en tire une grande satisfaction. Quand je trie, retouche, stocke et archive mes photos, alors la c'est le pied! Et si je pouvais les tirer (imprimer) je pense que je doublerais mon plaisir!
Tout ca je le considère comme de l'art, certainement pas l'Art avec un grand A, mais simplement le mien.
Ne venant pas d'un milieu très curieux artistiquement parlant voire même pas curieux dutout à tous les niveaux et bien mon ordinateur est devenu la toile du peintre, la feuille et le stylo de l'écrivain ou sa machine à écrire, l'instrument du musicien, la bêche du jardinier, le bistouri du chirurgien, le rabot du menuisier... Nous sommes donc tous des artistes, seul l'outil et ce que nous voulons exprimer change :-)
Et le blog (peut-être) le nouveau salon littéraire, le nouveau...
2005-03-09 21:55:51 de Bikun

c'est quoi et où, le site Bikun ?
c'est bassement intéressé, j'apprends le php !
2005-03-10 05:44:42 de FBon

Tiens, voilà pour la partie visible :
http://www.photosdumonde.com/
Sinon, je ne sais pas ce qu'il est en train de programmer...
(Dis donc, t'es cachement matinal !...)
2005-03-10 06:20:35 de Berlol

Ni faux ni vrai. Ecrivain. Je ne crois pas que la qualité d'écrivain relève d'une quelconque posture. Mefions-nous de ces photos en noir et blanc des lagarde et michard de notre enfance... Génie du "marketing" avant la lettre, Nadard fabriquant clic clac en direct la figure baudelairienne de l'écrivain "moderne" (mode-herne?). Gide le vrai-faux anachorète avec son fichu bizarre sur la tête, masque mortuare de pascal au mur, Breton et ses fétiches, Camus l'intello solaire, clope au bec et imper mastic. Michaud mescaline les yeux ténébreux... Jusqu'à Malraux, un sac de longues mains méditatives abouté à son front oceano-noxien. Ah les beaux! Ah les grands ! Comment ne pourraient-ils pas génifier seul, en leur domaine, dans un face à face hénaurme avec eux-mêmes? En fait on découvre, au fil des journaux tenus par les uns et les autres que c'était tout petit un grand écrivain (cf les Goncourt, Maurice Sachs etc), c'était même un peu crétin, que ça se jalousait sec, ça se copiait ferme (cf Antoine cmpagnon), que ça demandait des assurances par ci, que ça prenait des coups de gueule par là, que ça flippait quand le lecteur n'était pas au rendez-vous et que parfois, ça comptait n à un les sous que ça rapportait ou ne rapportait pas... En fait le truc de la tour d'ivoire est un mythe, un croche patte, une béquille ch't'embrouille, une tricherie facile pour mettre le lecteur d'emblée échec et mat (un peu comme le coup du berger). Chlac: un grand coup de projecteur en pleine nuit sur le lapin ! Un truc de braconnier. Et le pire, c'est qu'au bout du compte, les plus mauvais des hommes, les plus tricheurs, rats, affabulateurs, mesquins, copieurs, menteurs, vaniteux, narcissiques (j'ai dit les plus: tout artiste est forcément narcissique) n'étaient pas les moins bons écrivains... C'était même parfois les meilleurs... Comprenne qui pourra !
2005-03-10 10:42:06 de jean-françois paillard

si je suis "cachement" matinal, c'est que figure toi quand tu te couches moi c'est l'aprem et ainsi de suite
on t'expliquera quand tu viendras
(ceci dit, oui, en ce moment j'aime bien les matins paysans, seul moment où je peux me fiche à l'ordi, ouvrir mon manus et avancer au radar)
quant au mystère que décrit JFP, on n'en sort pas, et le malheur c'est qu'on ne peut en tirer aucune prédiction ou injonction sur soi-même
sauf que peut-être chaque fois dans l'excès y a une chance : perds ton temps sur le Net, perds encore plus ton temps sur le Net, et retourne donc un coup sur le Net, t'auras peut-être une chance que la phrase qui te restera le soir, ou de pas avoir "écrit" pendant 3 jours, ça soit un peu du qui tienne
2005-03-10 12:23:29 de FBon

et bis ter
ah mais fallait le dire que "bikun" c'est olivier g.
vais passer pour un naïf ce coup là encore - on devrait déclarer son pseudo à la naisssance pour n'avoir jamais besoin d'employer un nom civil
2005-03-10 12:25:11 de FBon

j'y reviens
Berlerebol, tu devrais faire payer 1 euro chaque message envoyé ça ferait une supercagnotte à dépenser tous les messagers ensemble 1 fois l'an
question pour Bikun/Olivier, qui donc ne photographie pas que le copain Echenoz:
est-ce que dans le très beau diaporama "Izu" on aperçoit le lieu utilisé par Ozamu Dazaï dans ses "100 vues du Mont Fuji" ? (plus précisément, la maison de thé de Tenka Chaya sur le col de Misaka, près Kofû - depuis 1 an Dazaï me hante littéralement - "route de Kamakura reliant Kôfu à la route du Tokaido", dit-il)
si oui, merci !
2005-03-10 12:38:13 de FBon

Pardon, le "cachement" était un "vachement" qui a dérapé !
2005-03-10 13:06:13 de Berlol

FBon, c'est plutôt moi qui vais passer pour un naif ou plutôt un inculte car je ne connais pas Ozamu Dazai ni ses "100 vues du Mont Fuji"! Bon je vais réparer cela et faire quelques recherches!
En fait cette vue du Fuji est sans doute beaucoup moins connue car c'est le côté opposé que tout le monde connait. D'ailleurs vous voyez sur d'autres photos un énorme cratère, je n'en connaissais même pas l'existence avant d'y aller en décembre! Sur l'une des photos on distingue ce qui ressemble à une maison, c'est en fait, sur le même versan, l'étape finale
en bus/voiture et départ à pied pour la grimpé, que l'on appelle le "gogomé", à environ 2000m d'altitude. Donc je ne pense pas qu'il s'agisse du lieu dont tu parles. Je vais vérifier cependant.
2005-03-10 14:14:48 de Bikun

suite de mon message pour le php, voila quelques infos bien utiles. Je dirais que PHP n'est pas compliqué mais il est bon
de bien connaître le HTML d'abord.
pour débuter: http://thierrylhomme.developpez.com/php/ultra_php/
ou http://php.developpez.com/cours/
ou encore: http://fr3.php.net/tut.php (en anglais mais très bien fait)
pour les bases de données: http://www.w3schools.com/sql/default.asp (en anglais)
La meilleure façon d'apprendre c'est de pratiquer, et pour cela il est préférable d'avoir un environnement permettant de développer sans devoir télécharger directement sur un serveur web. J'ai installé sur mon portable l'ensemble Apache(serveur web), PHP et mysql pour les bases de données. Cela peut se faire TRES facilement en téléchargeant easyphp qui est un condensé de tout cela: www.easyphp.org
Voila en très bref, n'hésitez pas à m'envoyer des questions si vous avez besoin.
2005-03-10 14:26:29 de Bikun

merci pour les liens php, et l'astuce serveur
sur mon site j'ai partie html (via Dreamweaver) et partie spip (alors que remue.net, sous la houlette de notre programmateur Julien Kirch, est tout entier sous spip )
ce qui m'a plu dans le diaporama Fuji c'est justement de le voir par l'arrière, ce qu'avait fait aussi Dazaï quand il était allé s'héberger 3 semaines dans cette auberge
j'en profite pour PS Berlol : tu veux entrée inauguration Salon du livre le jeudi 17 (j'y serai pas, mais il paraît que ça plaît aux touristes - ds ce cas, donne adresse postale)
2005-03-10 21:11:45 de FBon

Merci !
A moi, les petits fours et les coupettes !
2005-03-11 14:47:18 de Berlol

Je m'aperçois, avec un an de retard, que le texte de ma photo ci-haut présuppose que Raffarin a un cerveau.
Or, rien n'est moins certain !...
2005-03-11 14:49:59 de Berlol


Jeudi 10 mars 2005. De mes failles, il est la plus rapide.

Grosses grèves en France, légitimes à mon avis (ça énerve, les entreprises qui « ont fait attention à pas embaucher », JLR du 26 février). Cela me permet de finir tranquillement de ranger, faire le ménage et préparer mes bagages en écoutant beaucoup de musique. Sur France Info. Il y a même eu un morceau avec Chet Baker, artiste qui m'émeut tant que c'en est dangereux. J'évite de l'écouter trop souvent — de mes failles, il est la plus rapide. Et de temps en temps, des bulletins d'information, égrenant les situations dans les transports, les préparatifs des hommes politiques, la formation des 150 cortèges du pays, etc.
Pendant ce temps, des commentaires s'ajoutent à mon billet d'hier, des courriels arrivent, auxquels je réponds. David m'écrit de la source du Loiret qu'après la neige des derniers jours, nos étudiantes stagiaires « découvrent un des aspects les plus épiques de la vie quotidienne en France. Un cours de civilisation appliquée ! Vraiment un succès éclatant, notre stage à Orléans. Plus complet, tu meurs ! »

David, je te donne une mission difficile. Moi, je ne pourrais pas. Dis-leur que くぅ~ちゃん est mort !

J'ai été passablement déçu par l'émission Tire ta langue de mardi avec les deux langues-sauces-piquantes du Monde. Je ne sais pas à quoi ça tient. L'ignorance de l'internet que révèlent les questions d'Antoine Perraud, certes curieux mais non sans mépris ? Les réponses évasives et hésitantes de Martine Rousseau et d'Olivier Houdart, un peu arrivés là par hasard et qui ne modèrent pas eux-mêmes leur blog ? Ou parce que leur langues étaient sans sauce piquante ?...
Quoiqu'il en soit, je ne leur jette pas la pierre. C'est sans doute de ma faute, de mon attente trop pointue. C'était quand même la première émission de la radio publique qui traitait entièrement d'un blog. Qui n'avait pas pour préalable de pointer l'inutilité ou la marginalité du phénomène ni pour objectif de le diaboliser.

« De longues années d'éloignement et de silence, pendant lesquelles il a continué d'exercer son métier de médecin dans l'urgence, sans médicaments, sans matériel, tandis que partout dans le monde les gens s'entre-tuaient — cela devait être plus que difficile, cela devait être insoutenable, désespérant. Il n'en a jamais parlé. Il n'a jamais laissé entendre qu'il y ait eu dans son expérience quoi que ce soit d'exceptionnel. [...] J'imagine que, pour beaucoup de femmes en France, cela a dû être difficile, avec un mari prisonnier en Allemagne, ou disparu sans laisser de traces.» (J.-M. G. Le Clézio, L'Africain, p. 40).

« Je me souviens qu'une seule fois mon père avait évoqué cette période, un soir que nous étions tous les deux aux Champs-Élysées. Il m'avait désigné le bout de la rue de Marignan, là où on l'avait embarqué en février 1942. Et il m'avait parlé d'une seconde arrestation, l'hiver 1943, après avoir été dénoncé par "quelqu'un". Il avait été emmené au Dépôt, d'où "quelqu'un" l'avait fait libérer. Ce soir-là, j'avais senti qu'il aurait voulu me confier quelque chose mais les mots ne venaient pas. Il m'avait dit simplement que le panier à salade faisait le tour des commissariats avant de rejoindre le Dépôt.» (Patrick Modiano, Un Pedigree, p. 28).


Chet.... "I get along whithout you very well"... whouaouH...
Tout ce qui aurait pu être dit encore... vécu encore ... si les choses n'étaient pas comme elles ont été... Bon... On va pas se contaminer... Aller du côté du Daniel Lavoie qui a fait une belle chanson sur Chet... Le Non-Dit dans le murmure suave d'une trompette désemparée grillée par l'alcool et on ne sait quoi d'autre de destin contondant...
2005-03-10 23:41:53 de Marie.Pool

j'avais écouté cette émission en direct et j'avais été déçu aussi. On peut quand même s'étonner (ou sourire si on est gentil) d'entendre des gens qui sont professionnels (producteur d'une émisssion de France Culture, et correctrice du Monde...,) de faire comme si ils venaient de découvrir le mot blog , et s'amuser un peu comme si le sujet n'était pas intéressant ou sérieux...Ce n'était quand même pas sérieux et je dis donc que c'était décevant et dommage...
A tel point que j'avais même hésité à t'envoyer un mail pour te signaler " la chose "...
2005-03-11 00:43:38 de jcbourdais

Comme quoi, les grands esprits se rencontrent... le 22.
2005-03-11 14:46:13 de Berlol


Vendredi 11 mars 2005. Très chics objets de papier et de terre.

Comme hier et avant-hier, il fait un peu tiède. Presque une ambiance de printemps.
Soudainement, il commence à pleuvoir. Dommage, c'est le jour que j'ai choisi pour aller faire des courses...
En fait, choisir la plupart des cadeaux que je vais offrir la semaine prochaine.
D'abord, déjeuner au Saint-Martin avec T., histoire de bien démarrer, puis nous nous séparons. Elle prépare une des dernières opérations de liquidation des possessions familiales de Yokohama, principalement des détails administratifs.
Moi, je vais à Ginza. Encore. Surtout parce que c'est le seul endroit de Tokyo où je sais pouvoir trouver de très chics objets de papier et de terre.
Et puis je voulais voir la photo primée de Bikun au Kodak Photo Salon (que j'ai cherché pendant une bonne trentaine de minutes, sans succès...). Je vais vérifier le plan et réessayer dimanche...

Objets de papier : les célèbres papiers japonais, à la papeterie Kyukyodo, fondée en 1663 ! — sous Louis XIV...
Objets de terre : les célèbres poteries japonaises, au grand magasin Matsuya, toujours très finement achalandé.
À cela, s'ajoutent friandises et chocolats à prévoir pour dimanche, le White Day, jour où les garçons donnent des cadeaux aux filles en remerciement des cadeaux reçus pour la Saint-Valentin. Codes ! Codes ! Quand vous nous tenez !
J'en reviens vers quatre heures, chargé comme un baudet.

Enfant, assembler cubes et autres objets amusait. Les parents lorgnaient : manquerait plus que leur rejeton sache pas faire ça. Maintenant, c'est un peu la même chose avec la valise à remplir. Coton, le jeu ! Et le poids à surveiller. Les compagnies aériennes sont de plus en plus pénibles, sur le poids des bagages. À régler à la livre près. Sinon, supplément (ou délestage dans bagages en cabine, ce qui ne change rien au poids total de l'avion — le savent-ils ?). Bien sûr, celui qui pèse 120 kilos ne paie pas plus cher que moi avec mes 137 livres, mais jusqu'à quand ?

Dans tout cela, je n'ai pas encore préparé mon cours sur Segalen, le dernier. Et c'est l'heure du dîner. Rien dans le frigo. On tombe d'accord, T. et moi, pour une soupe dans notre chinois préféré, le Hong-Kong Shokudo, à mi-hauteur de Kagurazaka.
Faisons le point sur la situation familiale (j'ai des demandes) : demain, la mesure du terrain de la maison de Yokohama par des officiers du cadastre permettra de finaliser la vente de la maison et de toucher l'argent que T. mettra sur un compte qu'elle ouvrira au nom de son père. Afin de sécuriser la procuration qu'il lui a faite, T. a demandé le certificat d'un notaire, un des 547 notaires du Japon, pays où l'on utilise plus couramment les avocats.
Or la mairie de notre arrondissement, Shinjuku-ku, qui valide les procurations en fermant les yeux sur les manœuvres pas toujours très nettes des familles, a prétendu qu'il n'y avait pas de précédent d'un acte notarié pour une procuration et voulait a priori le refuser. Mal lui en prit : le notaire n'a pas apprécié le déni de son autorité, a remonté les bretelles téléphoniquement à quelques huiles de la circonscription et en a informé l'association japonaise des notaires, où l'on en rit encore. Plus étrange, la mairie d'arrondissement a prétendu (sur je ne sais plus quel élément de reconnaissance de l'identité du citoyen) avoir des règles spéciales, plus restrictives que les lois nationales... Une législation accrue pour ce seul arrondissement ?! Autant dire : un État dans l'État !...
Assez atypique et un tantinet joueur, selon T., le notaire va faire remonter l'information. J'espère qu'il nous informera des retombées...
Bref, tout va plutôt bien. Mais, c'est presque un boulot à plein temps. T. n'a eu que quelques heures à consacrer à son XVIIe siècle chéri depuis... juillet dernier.

Allez, dernier acte du théâtre de marionnettes segaleniennes... À suivre demain.


Samedi 12 mars 2005. L'habitat de mes rêves.

À l'Institut franco-japonais, explication de texte des derniers chapitres de René Leys — avec triple looping et sortie du décor...

« Il est peut-être indiscret ou maladroit de se réveiller à cette heure... historique pourtant. Et d'être soudain tout aussi lucide que « le grand Ciel sec de l'hiver ». Je me réveille de très loin. Pour la première fois ce jour n'est pas ce que j'attendais. Pei-King n'est plus l'habitat de mes rêves. Et ma grande mauvaise humeur envahissant et assiégeant le Palais même, j'en arrive à douter de mon désir d'y avoir jamais désiré entrer !
Comme après une nuit trop ivre de mauvais champagne belge, j'ai la bouche et surtout les idées — mauvaises. Je voudrais avoir très mal à la tête, un prétexte à ce nauséeux état des idées... J'écris ceci d'une plume grinchue, et sans risquer une enquête politique, aujourd'hui, je me recouche une dernière fois dans l'aube de Pei-King. Ce soir ou demain, je bouclerai mes malles.
Et d'un geste machinal relisant le seul premier feuillet du manuscrit, je souligne ces mots :
« Je ne saurai rien de plus... je me retire...»
et j'ajoute, d'une tout autre écriture :
et ne veux savoir rien de plus.» (Victor Segalen, René Leys, p. 267-268).

On est le 7 décembre 1911, jour de l'abdication du Régent. C'est la première fin de l'Empire du Milieu. Temps de boucler ses malles. Et boucler le texte en ajoutant une fin au début. Et quelques pages plus loin (277), le relire encore une fois d'un bout à l'autre : un tour supplémentaire.
Enfin, le troisième et dernier tour du narrateur, celui de la remémoration douloureuse, qui le convainc qu'il est, lui, le coupable dans l'enquête qu'il menait (p. 278-279). Dernière pirouette et sortie de scène, non sans une dernière et poignante interrogation sur l'amitié, ce sentiment si rare, si volatil. Fin du cours trimestriel.
Avec l'ombre à porter, quelques années plus tard, sur la sortie de Segalen lui-même, au pied d'un arbre, dans une forêt bretonne, une édition d'Hamlet entre les mains.

Mais il ne faut pas plomber l'atmosphère avec ça : tous les hommes sont mortels. Allez, ripaillons ! Mes étudiants m'invitent... au Saint-Martin (on devait aller ailleurs, mais c'était complet). On parle de beaucoup de choses, dont ce JLR, que quelques-uns suivent. J'en profite, entre la salade, les quenelles et le confit, pour révéler que Katsunori a aussi un blog. Étonnement général, le voilà tout gêné de devoir expliquer ce qu'il fait, mais bien content, je crois.
Enfin, on se quitte sur la promesse de se retrouver le mois prochain avec une autre épreuve à affronter, une autre chimère de papier à vaincre : La Nausée de Sartre...

Coup de téléphone de David, qui reprend oralement et avec des anecdotes piquantes le séjour à Orléans dont la fin approche. Les familles d'accueil sont, paraît-il, dans leur ensemble, formidables. C'est sans doute la dimension essentielle d'un tel séjour, en plus des cours dispensés.
Si les étudiants peuvent vaguement prévoir ce que sera un cours, même à l'étranger, ils ne peuvent en revanche avoir aucune idée de comment on vivra dans une famille de culture si différente de la leur.
Le froid, la neige et les grêves des transports en commun resteront bien sûr comme des empreintes indélébiles sur le label France mais nous avons bon espoir que la qualité du vécu à la maison redore brillamment le blason...
Je vais aller voir ça, sur place, mercredi prochain. En attendant, encore des affaires à préparer, des documents dans l'ordinateur, etc. Et déjà le marchand de sable qui pointe le bout de son nez...


Berlol-sama
Finalement, grâce à toi, des accès à Koikeland ont augmenté. Environs 2 fois plus que d’habitude.
J’ai lu les articles par les étudiantes de Nanzan à Orléans. Ça a l’air très amusant.
Ah,si j’étais plus jeune…
2005-03-13 11:25:47 de koike1970

Osssu !
Berlol, je viens de t'envoyer un link sur ta boîte Gmail. Je voulais le mettre ici, puis… finalement je n'étais pas certain que c'était de très bon ton… je te laisse juge d'abord.
2005-03-13 12:25:55 de Acheron

Vas-y, Acheron, je crois que ça amusera tout le monde !
Eh oui, Katsunori, nos étudiantes à Orléans, c'est un joli spectacle...
Merci à vous deux de mettre un peu d'animation !
2005-03-13 13:04:59 de Berlol

Berlol-sama
Excuse-moi!!
J’ai mis un trackback.Mais mon journal est en japonais donc toutes les lettres ont métamorphosé.
Efface-le, s’il te plaît.
2005-03-13 23:50:30 de koike1970

Alors je n'hésite plus : http://www.ericblumrich.com/idiot.html
Les gars sont mauvais, mais le montage et le refrain de la chanson sont quand même assez marrants je trouves.
2005-03-14 08:21:49 de Acheron


Dimanche 13 mars. La souterraine panique.

Dernier ping-pong de la saison hivernale. Et surprise !, Manu est venu (malgré rhume finissant et charges familiales). Enfin, dois-je m'en réjouir, puisqu'il m'a battu ? (Une fois n'est pas coutume.) Par contre, j'ai réussi à battre Katsunori, non sans un peu de chance, je le reconnais. Hisae, quant à elle, reste inaccessible, quoique toujours courtoise et joviale. Elle fait mine d'avoir peur — de mes smashs, de mes fameuses spoons ou de certaines balles liftées de Katsunori — mais elle finit par gagner.
Une heure plus tard, sortant de l'habituel restaurant de pâtes, le ciel nous gratifie d'un rare spectacle : de la neige fondante en plein soleil.

Fondu comme neige au soleil, c'est peut-être le cas Carrefour au Japon... Je me suis maintes fois interrogé sur la stratégie japonaise de ce groupe réputé fort et intelligent. Son implantation à la française (périphérie des villes, grands parkings supposant grands congélateurs familiaux) semble avoir été menée sans aucune étude psychologique de la clientèle japonaise ; on a dû s'arrêter aux chiffres du pouvoir d'achat. Or la clientèle est d'une part d'une exigence terrible quant à la qualité et la présentation des produits (ce qui n'est pas le fort de Carrefour) et d'autre part persuadée que les produits français doivent être chers et rares, destinés à des occasions spéciales (pour le quotidien, il y a déjà tout ce qu'il faut au Japon, merci). Résultat, Carrefour brade tous ses magasins (lire ici un abrégé en langue de bois économique, qu'il s'agit de « cession d'actifs non stratégiques et insuffisamment rentables », CQFD).
Autre erreur. De communication, celle-là : les messages de pub, de balisage des magasins, des rayons et des produits étaient en japonais et en anglais. Là encore, l'usage de l'anglais a définitivement brouillé l'image du groupe (tout en permettant aux cadres d'avoir l'illusion de pénétrer le marché...). Dans la mesure où il y avait le japonais, l'utile était couvert. le superflu devait alors impérativement être affiché en français, pour que la clientèle se flatte d'être dans un lieu chic. (D'ailleurs, le lieu n'était même pas chic. Bref, tout faux !)
La prochaine fois qu'un groupe français veut s'implanter au Japon, qu'il retire un peu ses gros sabots avant d'entrer : le Japon n'est pas un pays de simples d'esprits juste bons à ouvrir leur porte-monnaie.

Dernière promenade avec T. avant mon départ demain matin — il y a toujours un fond de tristesse que nous taisons dans ces occasions, et il vaut mieux sortir un peu que rester à la maison toute la soirée... Que François et Luis Solo m'excusent, mais je n'ai pas eu le cœur d'aller voir la pièce de Marivaux qu'ils ont montée à l'Institut...
Nous allons à Yurakucho, faire un tour aux soldes de Sun Motoyama pour lesquelles nous avons une invitation VIP (Viens Ici Payer, pour ceux qui ne se la jouent pas), puis à Ginza, à deux rues de là, parcourir les fraîches et lumineuses avenues, nous griser des devantures des boutiques de luxe où nous n'entrons jamais, puis dîner au Saïgon où, par hasard, nous sommes voisins d'une Japonaise et d'un Français qui parlent anglais, auxquels on ne s'adresse pas, tout occupés de nous-mêmes.
Ces détails n'ont d'importance que pour nous, ils resteront à me poigner chaque fois que je relirai ces lignes, ils se sont fixés dans la souterraine panique de nous séparer deux semaines entières...


Patrick,
je te jure que quand on se quittera nous deux, la semaine prochaine, j'essayerai que tu aies moins de peine
mais pourquoi T. ne vient pas nous rejoindre au cassoulet promis des blogueurs réunis ? (chut!)
dis lui bien mes respects amicaux, cependant, et nos excuses franco françaises !
F
2005-03-13 20:53:14 de FBon

Certes le Japon n'est pas un pays simple à pénétrer, parlez en a Séphora qui avait fait son magasin en blanc, morbide pour un japonais... Peut être que carrefour a fait des erreurs... Mais la difficulté de développement était surtout dû au prix des terrains, cela a joué pour beaucoup, l'appel de la Chine a été le plus fort. D'autres cessions sont à venir, le groupe a une nouvelle stratégie.

Je viens de lire, bien en retard, le commentaire sur Carrefour.
Rien à ajouter. Je suis totalement d'accord avec Berlol. Je sais d'expérience (ce qui ne vaut pas une étude statistique, certes) que les gens achètent par petites quantités au Japon, allant plutôt régulièrement racheter ce qui manque qu'acheter d'un gros coup une fois par semaine. Est-ce dû à la taille des frigos ? Je n'en sais rien, mais en tous cas, on le constate facilement (l'un entraîne certainement l'autre ceci-dit).
Une des conséquences (qui est d'ailleurs fort loin d'être limitée à l'alimentaire d'ailleurs) est que les gens, qui se fournissent donc en petites quantités, achètent souvent plus cher rapporté au poids que ce qu'ils pourraient acheter. Ceci-dit, c'est un excellente mode de consommation considéré des vendeurs, à la condition expresse que ces dernies soient capables de fournir du frais et du bon en petites quantités en permanence et également en grands volumes (d'ensemble) absolument tous les jours, de façon très flexible. Et effectivement, les magasins japonais sont capables de faire cela, comme on s'en rend compte dans n'importe quel étage d'alimentaire d'un departement store (qui sont présents à côté de chaque grosse gare, j'ajoute), c'est-à-dire l'antithèse exacte d'un Carrefour. Et ce dernier non seulement n'en est pas capable, mais il tente inversement de faire acheter moins cher de grosses quantités d'un nombre restreint de produits. C'est ici le premier hic, il me semble, et non le moindre
Ensuite, il y a la question de l'image de la langue anglaise et celle de la France, évoquées par Berlol il me semble également à raison puisque la France par définition c'est bon et élégant. Et au Japon le bon et élégant doit être cher. On peut discuter sur les raisons, critiquer x ou y si l'on veut. N'empêche que c'est un fait constatable.
Dans ces conditions, est-ce qu'une grande surface peut s'implanter au Japon ? Peut-être : après tout, il y a des supermarchés de très grandes dimensions en province (même s'ils ne couvrent pas l'extra-alimentaire). Mais là encore, ils fournissent, si mes souvenirs sont exacts, une grande variété de produits vendus en petite quantité, et utilisent toujours la surface pour montrer toujours davantage, jamais pour tenter de vendre moins cher. Autrement dit, jamais comme un entrepôt.
Car une des grandes différences entre le Japon et la France (ou peut-être même l'Europe) est que si en France on peut trouver depuis le pas bon pas cher jusqu'au très bon très cher — on choisit comme on veut —, au Japon ce sont souvent uniquement les meilleurs produits qui sont disponibles (au prix cher). Et si on est malgré tout trop pauvre pour acheter du lait, alors on boit de l'eau. Encore une fois : c'est comme ça.
En Chine, où le pouvoir d'achat est très disparate, cela peut peut-être fonctionner. Mais si l'on prend le cas précis de la côte Est, qui est la région de loin la plus développée, j'avoue que l'on peut se questionner. Car les nouveaux riches achètent rarement bon marché afin de faire des économies. Ce serait, on peut le dire, contradictoire.
2005-03-18 12:57:27 de Arnaud


Lundi 14 mars. Vol AF 275.

Suis dans l'aeroport, avec un clavier sans accent d'un terminal a 100yens/10 min. apres le train Narita Express dans lequel j'ecoutais les Affinites electives de Michel Polac (de septembre 2003, pas dans mon I-river par hasard...)

Tout s'est bien passe jusqu'ici... Aeroport tres calme. L'avion partira a 12h45, en principe, comme prevu...

A moi le ciel !


Bientôt, tu pourras aussi bloguer du ciel !
En fait, je crois que c'est déjà possible mais à un prix exorbitant...
En attendant que cela passe aussi à 100yens/10min, je te fais confiance pour avoir assez à t'occuper dans l'avion !
2005-03-14 06:44:54 de Manu

Et pour être bien certain que tous puissent le voir, j'en remets une couche sur la page de ce jour.
Comme je disais, les gars sont mauvais, mais en même temps le montage et le refrain sont irrésistibles ! O_o;
http://www.ericblumrich.com/idiot.html
2005-03-14 08:23:38 de Acheron

Bon voyage! Gave-toi de fromages! Reviens-nous vite!
2005-03-15 01:03:26 de LePotager

Au même aéroport mais peut-être pas au même endroit, il y a un café avec une "salle" ou il y a le même type de terminal mais aussi des accès wifi payants. Je ne me souviens plus du prix mais probablement proche de ce que tu as payé. Je sais que tu as un portable wifi donc la prochaine fois! C'est très pratique!
Bon voyage.
2005-03-15 08:58:42 de Bikun


Mardi 15 mars. Paris par beau temps. STOP.

Suis bien arrivé. STOP

Ai dormi un peu agité. STOP

Belle journée ensoleillée commence. STOP

Vais à la banque et chez mes parents. STOP

Plus de détails ce soir... STOP

Après visite à la banque pour état du compte (moyen) et visite familiale pour états de santé (bons), une amie me dépose devant les cinémas MK2 de la TGB. J'y achète d'occasion un coffret de "5 chefs d'oeuvre de Max Pécas" (éh oui... personne n'est parfait, mais j'en connais que ça réjouira...) et y ramasse les horaires. Mais pas question de m'y enfermer ! Il fait trop beau ! Au moins 20 degrés, parfait pour la chasse photographique...

De ma vie, pour la première fois à pied, je traverse la Pitié, un grand village, avec, côté boulevard de l'Hôpital, les angles de prise de vue de la fin de "Cléo de 5 à 7"... Émotion garantie.

Retour vers la place Monge et l'inévitable rencontre, celle qui arrive toujours durant le premier jour à Paris. Cette fois, c'est Alain R., déjà présent dans mon journal de l'an dernier et que je ne peux pas ne pas immortaliser !

La vie, c'est de la littérature et du cinéma !


On t'envie !
Si, pendant ton séjour, tu as des émissions à enregistrer, fais-moi signe. Mon nouveau logiciel fais des merveilles (http://www.bitcartel.com/irecordmusic/index.html).
Profite bien des lieux et de ses passants.
2005-03-16 06:27:16 de JFM

Bonjour à tous. Moi, je reviens tout juste de Séoul, où nous avons passé une semaine ma femme et moi.
Un voyage très intéressant, pour beaucoup de raisons, et notamment depuis le Japon. Je préciserai éventuellement cela un peu plus tard ici-même, sans m'étendre trop longuement bien sûr.
2005-03-16 08:18:35 de Arnaud

Merci, cher JFM, j'ai installé mon Total Recorder sur la connexion de l'ami chez qui je réside et je viens, grâce à ton rappel, de programmer l'enregistrement des émissions de la semaine qui m'intéressent... Si je rate quoi que ce soit, je te fais signe.
Salut, Arnaud, content de vous savoir de retour en bonne forme. Tu es le bienvenu pour me donner tes impressions de voyage ! Si tu as un moment, regarde un peu au 13, sur Carrefour et commentaire...
2005-03-16 08:54:17 de Berlol

Dingue, j'y étais, là, ce même jour, tout près des fauteuils rouges et des cinémas, bienvenue, Berlol!
2005-03-16 09:12:38 de Frédérique Clémençon

JFM,
Ce logiciel Bitcartel ne fonctionne visiblement que sous Mac...
2005-03-16 09:21:56 de Bikun

Oui, pour une fois que ce n'est pas le contraire, il faut feter ca, non ?
2005-03-16 20:38:11 de JFM


Mercredi 16 mars. Paris-Orléans-Paris.

Aux aurores, installation de Total Recorder en urgence car il y a rediffusion des entretiens de Bernard Pingaud avec Jean Cayrol. J'entends aussi qu'il y aura une émission en direct du Salon du livre qui lui sera consacrée ! (Radio libre, samedi, 15 heures.)

En route pour Orléans...

Au delà de minuit...
Le voyage s'est passé en écoutant un Concordance des temps consacré au tremblement de terre de Lisbonne et en regardant le paysage de banlieues sinistrées, de friches industrielles et de wagons vandalisés. Les tags géants se succèdent monotonement sur les murs et les bâtiments. Arrivant du Japon, l'impression est souvent celle de la saleté et du laisser-aller, qui correspond, je le sais, plutôt à de graves problèmes sociaux qu'à des choix individuels ou esthétiques.
Le cynisme des hommes politiques baisserait sûrement d'un ton s'ils prenaient tous les jours les trains de banlieue au lieu de leurs voiture de fonction.

David m'attendait à la gare d'Orléans-centre, d'abord pour une rapide et estivale visite de la ville, ensuite pour déjeuner avec notre collègue japonais, sous le regard de Jeanne (qui a, c'est bien connu, un oeil dans le dos). Certaines de nos étudiantes traversaient la place, de temps en temps, avec la surprise de me trouver ici.
Elles n'ont ni froid aux yeux ni l'air de vouloir partir demain. Mes collègues itou (qui ne sont pas les deux personnes de la photo...).
Le pavé de boeuf aux giroles en terrasse, accompagné d'un menetou, nous mène au-delà de 14H30. Quelques perturbations dans le tramway, constatées avant le passage de la Loire, que nous traversons à pied comme des juilletistes, m'empêcheront finalement d'atteindre le campus. Ainsi le mystère restera jusqu'à l'an prochain...
Je laisse David y retourner seul et je reviens vers la gare sous une chaleur accablante. Je me réfugie au salon de thé pâtisserie Les Musardises pour boire un jus de pomme et faire provision de desserts pour le soir : pithiviers fondants et macarons aux fruits.
Train du retour, chaud et bondé, en face d'une jeune femme élancée, jolie, qui lit la biographie de Balthus. Fatigue et fantasme...

Dîner de préparation de colloque, à cinq autour de papillottes de grenadier. Pas d'ordre du jour précis. Des ajustements verbaux sur des détails, sur des subventions à chercher encore...
On rame entre les services universitaires, les éditeurs, divers organismes d'aide, notre indépendance, les besoins techniques, la méconnaissance, le sauternes qui va pas mal du tout avec le Brillat-Savarin... Oui, je sais, ça dépend des goûts...
Tout le monde est parti, la rue est calme, je décompresse en commençant le JLR du jour. L'ordinateur déclenche automatiquement l'enregistrement d'Annie Ernaux avec Alain Veinstein. Je baisse le son car c'est assez pour aujourd'hui.
Autres mots, autres flots, autres courants.


On se croisera sans doute là-bas …
2005-03-16 09:16:30 de Lysp

Etiez-vous dans le train de 10h47 ?
2005-03-17 09:52:53 de Berlol


Jeudi 17 mars. L'entrain le livre.

Des Aubrais, belle inconnue
dans la tiédeur du wagon
et les rideaux tirés
vous lisiez ce gros livre sur Balthus
dont j'admire avec vous les poses
ambiguës
juste une prise dérobée en souvenir
ce matin je vous travaille le pixel
vous passe au noir et blanc
vous éternise
votre tête inclinée
comme pour mieux être cadrée
votre poignet prenant la lumière
dans la diagonale
et cette mèche de cheveux
qui sépare deux hommes arrière-plan
émeuvront des siècles encore
car vous ne m'appartenez pas
comme rien ne m'appartient
de tout ce que je prends

Rendez-vous chez Corti avec mon ami Laurent. J'achète Rêveurs et Nageurs de Denis Grozdanovitch et Vol-ce-l'est (mot et fanfare de chasse) de Caroline Sagot Duvauroux. Puis nous allons déjeuner (assez mal) au Berthoud.
Promenade dans Paris de plus en plus chaud, partout l'instinct touriste reparaît. 

Rejoignant Michel, nous allons tous les trois à l'inauguration du Salon du livre. Dans l'escalator qui mène à un quai de métro, je trouve derrière nous Guillaume Marbot que je n'avais pas revu depuis plus de huit ans. Inchangé, jovial, il vient pour la promotion de ses livres. Il a raison.
Errant de stand en stand, Laurent et moi sentons notre fond misanthrope remonter à la surface. Les visages et les corps n'expriment que bassesse et prétention, vanité et flagornerie. Quand ce n'est pas simplement le goût de se gaver.
Mes impressions se faussent. Une autre déception m'attend. Un ami, que je croyais indépendant. Je le vois, je le crois courtisant gallimardeusement un veule opportuniste. Je déchante. J'attends une explication, un jour, peut-être...
Enfin une bonne nouvelle : les retrouvailles, aux PUF, de Pascal Michon, co-directeur du colloque de Cerisy sur Henri Meschonnic en 2003 (dont la parution des Actes est imminente), qui sort son Rythmes, pouvoir, mondialisation, que nous espérons lire bientôt.
Dînons, Laurent et moi, à la brasserie Lipp. Simple et bon.


Quelle étonnante similitude avec le "nu assoupi" de Balthus ...
http://snapshot.canalblog.com/albums/berlol_balthus/index.html
(provisoire)
2005-03-17 13:07:16 de Arte

Oh, merci, Arte, d'avoir fait cette page comparative !
C'est vraiment saisissant...
(Voilà pourquoi je blogue, parce qu'il peut se passer ce genre de choses !)
2005-03-17 17:53:59 de Berlol

La combinaison de Berlol et Barthus ( Balthazar Klossowski de Rola ).
Ça m’evoque quelque chose….
2005-03-18 00:09:14 de koike1970

Au fait, bonne fête !
2005-03-18 01:18:39 de Manu

Merci !
(Je suis passé devant des pubs bondés où la bière coule à flots, mais aucune envie d'y entrer...)
2005-03-18 01:21:33 de Berlol

bonjour Berlol et bon séjour à Paris. Je repensais à notre rencontre au salon l'an dernier. Je ne suis pas sûre d'y aller et cela me réjouit le coeur de vous voir dire aussi nettement ce que je pense plus secrètement. Je n'aime pas cette ambiance ! Oui, elle est dédiée au livre et cela devrait nous réjouir. Mais que de prétentions, que de vide, que d'affaires, que de cynisme deriière tout cela. Je trouve, allez j'ose le dire, que cela a parfois des petits airs de Star Ac & co. Le couvercle est ouverte et on voit dans la marmite....je préfère ma librairie de quartier ou mon tête à tête avec mon livre (en ce moment le très impressionnant montage réalisé par Todorov à partir des carnets et de la correspondance de Marina Tsvetaeva, ça remet les pendules à l'heure !)
2005-03-18 18:10:13 de florence Trocmé


Vendredi 18 mars. Paris-Bruxelles.

"En vous remerciant d'avoir patienté", nous dit par micro le conducteur du métro alors que nous patientons encore. Et par quatre fois durant le quart d'heure où nous restons coincés entre Pyramides et Opéra, il répète cette étrange figure de style par laquelle l'infinitif passé veut couper court à tout reproche. Puisque c'est fini, dit-il presque, on a fait ce qu'on a pu, semble-t-il ajouter. Certes, j'attends encore, coincé dans un tunnel, alors qu'un Thalys pour Bruxelles m'attend là-haut, mais je suis privé de parole et de mouvement, comme un bateau dans une bouteille d'infinitif passé.

Heureusement, j'ai quand même pu l'avoir !
Et retrouver à la gare de Bruxelles, après un voyage sans encombre, Au-fil-de-l'O. et Jean-Philippe, puis, après un coup de métro et un coup de tram, Madeleine au musée où elle travaille et où elle expose les travaux des frères Bourgeois (non sans rapport avec notre Antonin Raymond japonais...).
Déjeuner très original (salade de crevettes avec artichaut, avocat, endive, puis tiramisu au pain d'épice). Faudra que Jean-Philippe me rappelle le nom et l'adresse...

Passage dans une librairie orientaliste qui met bientôt la clef sous la porte et qui solde à 50%... Un peu triste, à la base, pour les amateurs. Mais philosophe, le gars. J'achète une grande carte du Japon (oui, je sais, aller à Bruxelles pour acheter une carte du Japon quand on y habite, c'est un peu limite... Mais je ne suis pas à cela près...).

Munis de la fille de Jean-Philippe qui sortait de l'école, nous rentrons chez lui pour poser mon sac de voyage avant d'aller nous repromener à pied et en bus dans la ville ensoleillée — on me montre des dizaines de bâtiments en quelques minutes. Puis à une énorme exposition d'art contemporain, au Palais des Beaux-Arts, où nous passons ravis plus d'une heure et pas le temps d'en faire le tour... Un grand pendu couvert de punaises dorées et de longs clous argentés m'impressionne fortement. Une pièce emplie de brouillard multicolore reformule le concept d'oeuvre d'art : l'oeuvre dont on occupe la matière jusqu'à la respirer, la devenir... Une immense pièce coloniale, couverte et jonchée de documents et d'objets divers m'intéresse beaucoup mais ne revêt pas d'intérêt esthétique (à mon avis).

Accélération. A trois salles de la sortie : "Nous sommes fermés", nous répète une jeune fille badgée. "Alors, on peut dormir à l'intérieur...", lui réponds-je.
Décidément, l'infinitif passé a du succès, cette année.

Commence à faire frisquet dans les rues bruxelloises ! Après passage — Pâques obligent — chez le chocolatier Neuhaus de la Grand-Place, on file s'en jeter une à la Mort subite. Blanche pour moi, Cimay pour Jean-Philippe et Au-fil-de-l'O. ... j'ai oublié. Madeleine nous rejoint quand arrivent les dés de fromage et de pâté de tête.
Redéambulation dans les rues éclairées et un peu plus frisquettes que tout à l"heure, passage par le Palais de la Monnaie, par une galerie où renaît ce soir la revue Ça ira et où une connaissance nous recommande d'aller au Pré salé. Là, je le dis malgré tout, je me suis tapé un pavé de cheval comme rarement fondant pavé fut de cheval. Madeleine des moules, Au-fil-de-l'O. l'anguille au vert, Jean-Philippe un tartare — moins bon que chez Lipp, on dirait.
Puis de bar en bière, presque tous à la Maes, la soirée a glissé vers sa fin naturelle faute de combattants tous bons qu'à aliter à peine dents brossées...


le nom et l'adresse du restau : www.fresh-company.be
2005-03-20 11:30:55 de jpt

Petit rafraîchissement de mémoire : Au fil de l'O. et la bière bue etait une Faro (celle que prendra Madeleine aussi après nous avoir rejoints).
2005-03-20 16:19:30 de Au fil de l'O.

Heureusement que vous êtes là !
2005-03-20 16:46:49 de Berlol


Samedi 19 mars. Bruxelles-Paris.

Le lever du jour dans une maison inconnue, et pour peu qu'elle ait du charme, intérieur ou extérieur, est toujours un moment magique. Le rassurant petit bruit des marchands déballant et installant un marché promet un bon petit-déjeuner. Vers huit heures et demi, quand nous y allons, Jean-Philippe et moi, il n'y a presque pas de clients, de la brume sur les étangs. On vient d'éteindre les lampadaires. Du pain, des viennoiseries, des oranges, un journal, et je me dis, comme souvent, que je pourrais tout aussi bien habiter ici que là-bas (et T. aussi, elle me l'a dit). Pendant ce temps, Madeleine a préparé la table et nous mangeons en devisant d'écrivains et d'éditions, bien mieux que je ne l'ai entendu faire au Salon du livre. Cependant mon sac est prêt et le Thalys m'appelle de nouveau.
Tristes quittailles.

Le taxi doit ruser pour approcher de la gare ; une grande manifestation est en préparation, les groupes se forment ce matin... (contre Bolkestein, apprendrai-je bien plus tard... j'aurais pu m'y joindre...). Comme j'ai rendez-vous avec mon père, je ne m'attarde pas sur la question.
Arrivant en avance aux grilles du Luxembourg, j'espérais passer quelques coups de téléphone avec le portable que Bikun m'a prêté mais le crédit d'appel de 15 euros, mis mercredi dernier, est déjà épuisé. Qu'est-ce que ça complique la vie, ces téléphones ! Et puis les gens changent sans arrêt les rendez-vous, les heures, etc. On y passe un temps fou. Presque pour rien.
Déjeuner au Luxembourg. Les asperges n'ont pas été épluchées avant d'être cuites, c'en est ridicule. En revanche, le tartare de bar est excellent. Je serais moins affirmatif sur la cuisse de lapin de mon père, mais bon, il a l'air de s'en satisfaire... Tout comme de mes réserves quant à d'éventuelles visites familiales dans les jours qui me restent à passer à Paris. Après tout, les membres de ma famille qui souhaiteraient me voir (je le rappelle ici) ont tout loisir d'entrer en contact avec moi par différents moyens pour fixer à l'avance un rendez-vous, me montrer leur souhait et voir s'il correspond au mien... Je ne vois pas pourquoi je devrais m'astreindre à une tournée familiale pour dire et entendre des banalités sur les Japonais qui ne sont pas comme les Chinois, sur les saisons qui ne sont plus comme elles devraient être, sur les maladies des uns et des autres, les récriminations entre frères, soeurs, cousins, etc.
C'est bien — en partie — pour fuir tous ces fils sanguins qui coulent à nos pattes que je me suis installé au bout du monde, d'où je peux choisir moi-même mes liens, les serrer, les trancher à ma guise.
Qu'on se le dise.

C'est jour de gazon rue Soufflot.
Curie cotise et l'été l'aide.

À peine le temps de mettre mon père sur son chemin de retour, de recharger mon téléphone et d'ajouter quelques mots au JLR d'hier, c'est déjà l'heure du prochain rendez-vous, lui aussi fort secoué par diverses modifications.
Je retrouve enfin, depuis le temps qu'on veut se voir, Anne et Dom (Arnaud, c'est ton Dom ! en plus, ça fait pas un pli pour moi que vous vous entendriez à merveille...), place Monge. On passe voir le libraire de La Boucherie, Jean-Paul Collet, qui reçoit son ami et collaborateur de Phnom Penh, et là, paf, Anne, Dom et l'ami en question se connaissent déjà ! Il y a des libraires heureux, j'en ai rencontré (un). Pendant ce temps, Laurent arrive du Salon où il a bien profité des Russes (dont il parle la langue).
Pot à 4 rue Mouffetard et dîner aux Délices d'Aphrodite, qui appartient à la chaîne MavroMmatis, servis sous les calorifères de trottoir par une belle Grecque canonique (pléonasme, diront certains).
Bien pour une chute.


J'attendais avec impatience des nouvelles de tes voyages provinciaux : je vois que tu en profites !
Et maintenant j'attends notre rendez-vous pour une tournée lyonnaise...
Bonne semaine.
2005-03-20 14:24:51 de La plus grande de tes soeurs

Quel agenda ! Et la tribu qui réclame... Cet homme n'est pas seul ... Comment va-t-il réussir son épreuve d' ubiquité ? Il est temps qu'il recrute des sosies , non ?
2005-03-20 21:32:28 de Marie.Pool


Dimanche 20 mars. Rues qui m'ont fait et qui sont faites de moi.

De battre mon coeur s'est arrêté
Un temps à chevaucher les baleines

Il arrive que l'association de titres produise un étrange effet de sens... Ici écrits, certes évident. Mais d'abord lus séparément sur deux panneaux différents dans la même rue et la même minute. L'esprit les connecte alors que rien ne les y prédestinait...

Jour de repos. Marché place Monge. Bons légumes. Et épaule d'agneau à mettre au four, à partager avec mes hôtes.
Puis une sieste, même.
Et retrouver Bikun à Convention la veille de son départ pour le Japon. D'abord Tokyo, puis Nagoya d'où il ira photographier quelques semaines durant l'Exposition Aichi 2005.
Mais pour ce soir, sympathique soirée avec deux amies à lui qui ne connaissent ni le Japon, ni trop les milieux littéraires et informatiques. Mais l'esprit ouvert, la question précise, la conversation sans arrière-pensée (sauf d'aller au Tadjikistan, peut-être, pour l'une des amies...).
Je crois que le monde du blog comptera bientôt une, voire deux membre(s) supplémentaire(s)...

Métro jusqu'à Montparnasse, puis... Et non, c'est trop bête, ces deux changements pour Monge ! Il fait beau, pas trop frais, je ne suis pas là si souvent, alors j'y vais à pied. Je reprends les rues, sans m'attarder. Simplement pour marcher. Voir encore une fois ce paysage nocturne et familier, ces avenues prises cent fois avec cent humeurs différentes et pour cent raisons dont jamais le lendemain ne m'était connu. Rues qui m'ont fait et qui sont faites de moi. Ce fallacieux sentiment d'être chez soi, prétexte des racines pour ceux qui ne veulent pas bouger.


On appelle ça des cadavres exquis non ? C'est effectivement une belle manière de détourner la pub. J'essairai.
Pour le reste, je ne répondrai pas aux quelques habiles provocations ou appels à réaction glissées ça et là par l'auteur !
J'observe.J'apprends. Ca a l'air chouette le blog.
2005-03-21 22:40:38 de l'unedesdeux

Exact, chère amie. Mais le terme me gêne toujours : il y a "exquis" mais il y a "cadavre" quand même... Or je ne trouve pas que ce soit si mort que ça. Au contraire.
2005-03-24 11:10:36 de Berlol


Lundi 21 mars. Parmentier - Porte de Versailles - Étienne Marcel.

Que du littéraire, mais oralement.

Avec Denise Brahimi pour parler Sand et auteurs contemporains. Nous nous étions si bien entendus au temps du colloque Hearn de Tokyo que Denise m'avait proposé de déjeuner avec elle quand je serai à Paris. Après le bus 47 qui m'a déposé à Strasbourg-Saint-Denis, j'ai marché sur le boulevard Saint-Martin, vers République. La chaleur me faisant regretter d'avoir un sac en bandoulière, une écharpe et des bottes hivernales, mon oeil s'accroche à une devanture qui propose des chaussures en cuir à 60 euros. J'essaie trois paires de ville et l'une me va plus que bien, noire, assez large, à bout carré, pittari, juste ce qu'il me fallait. Je repars d'un pied aéré mais avec un sac de plus...
Déjeunons bon et simple en parlant peu du XIXe siècle. Plutôt d'auteurs contemporains : Jean Rolin, qu'elle apprécie beaucoup en ce moment, Frédérique Clémençon et Jean-François Paillard dont je vante les mérites, par exemple...
Je la quitte à mon goût trop tôt mais n'ayant sans doute que cette occasion pour retourner au Salon du livre.

Métro pour traverser la ville en moins de 30 minutes. J'erre dans le Salon près d'une heure, sans pouvoir m'intéresser à rien, comme un martien débarqué de frais... C'est qu'après la conversation intime du déjeuner, il est presque odieux d'arriver dans cette sorte d'hypermarché. Enfin Isabelle Aveline m'appelle et l'on peut se retrouver, avec la bonne surprise de rencontrer aussi Constance Krebs et Marianne Pernoo-Bécache avec qui je corresponds de loin en loin depuis plusieurs années. On parle des situations professionnelle et réticulaire de chacun, ainsi que du futur colloque de Cerisy dont je dois faire la promotion au Salon...
Isabelle me fait bénéficier de ses connaissances jusqu'à ce qu'il soit question d'un stand de Google quelque part. Nous y allons, rencontrons une des personnes qui travaillent à ce modeste cube fermé et présentons nos diverses activités. Le monsieur note nos noms, les sites dont nous lui parlons, nous laissant l'impression qu'il entend parler de Fabula, Zazieweb, Litor ou Cerisy pour la première fois de sa vie... En tout cas l'apparence modeste du stand de Google est de bon augure lorsqu'on se souvient des débauches d'argent et de prétention à tout casser qui accompagnaient il y a quelques années les stands de feu quelques promoteurs de e-books (un Attali et un Orsenna y avaient alors perdu une bonne part de leur crédibilité...).

Dîner chez Nicole Savy, avec son mari et Anne-Marie Baron, notamment pour de bons souvenirs du Japon... Roulent toutes sortes de sujets, pleins d'anecdotes et puis ceci : faut-il voter oui ou non en mai ? Eh bien, ces personnes qui font partie des plus intelligentes que je connaisse sont partagées, indécises, tournant et retournant les mêmes arguments contradictoires que moi et que la plupart des Français, voire de nombreux Européens. Comme si on nous avait mis dans une situation inextricable où répondre oui ou non est de toute façon insatisfaisant, insuffisant pour résoudre quelque problème que ce soit en Europe... Comme si la préparation avait été à moitié faite, à moitié pensée, bâclée, de guingois, ouverte à tous les vents de l'interprétation et de la dérive politique.
J'en ressors heureux d'avoir passé un si bon moment dans ces lieux, rue Tiquetonne, d'avoir vu les superbes transformations des immeubles d'où l'un de mes oncles était parti dans les années 60 ou 70, alors que mon grand-père était éjecté de la rue Quincampoix puis de la rue du Jour, avant les grands chantiers des Halles, quand ces mêmes immeubles étaient noirs, pisseux, insalubres... et pas chers.


Ben dis donc !...et ce soir à qui le tour ? :-)
2005-03-22 11:06:49 de jcb

Parmentier tu dis... le mec du hachis, c'est bien ça ? :-)
2005-03-22 11:08:10 de jcb

Comment tu fais pour diriger tes bannières de pub ?
L'autre jour ma mère m'avait filé 100 euros pour m'acheter des chaussures, et le soir la bannière disait : " Ne rendez pas la monnaie!". j'ai obtempéré.
Aujourd'hui elle dit " incroyable ".
C'est incroyable non ?
2005-03-22 11:11:02 de jcb

Ce soir, c'est ton tour, je crois bien... Mais avant, faut que je fasse un exposé au séminaire !
Pour les bannières, je ne fais rien, ça m'est imposé pour cause de blog gratuit...
A ce soir.
2005-03-22 15:18:47 de Berlol


Mardi 22 mars. Du courriel au blog : nouveaux mots, nouvelles pratiques.

Séminaire d'Hubert de Phalèse (où l'on voit que l'énormité et le positionnement des ordinateurs n'est pas ce qu'il y a de plus pratique pour communiquer ; on y arrive plutôt bien cependant).
  1. Vers 1994, apparition grand public (relatif) du courrier électronique et du World Wide Web. Nouveaux mots => mauvaise information, engouement VS résistance, snobisme ou branchitude (au lieu de regarder posément les choses).
  2. Pratiques : possibilité d'envoi de courrier d'individu à individu, mais aussi de listes (de diffusion, de discussion) (Balzac-L, Queatre, etc.). Statut inférieur au courrier normal ou au fax, sauf communautés restreintes. Pas de formations, ni de formations de formateurs. Premier site de Hubert de Phalèse.
  3. Concepts : même pour les littéraires branchés, méconnaissance du fonctionnement technique (étiquetage et routage de paquets d'info dans le réseau) ; regroupements thématiques d'individus sans contraintes d'espace-temps (listes et sites web) (dans les milieux industriels, financiers, bancaires, ces pratiques sous-entendent des concepts qui accompagnent les premiers temps de mondialisation-dérégulation, presque invisible pour le grand public).
  4. Pages et sites web : majoritairement individuels (large éventail de genres), puis groupes de recherches, puis débuts de sites institutionnels.
  5. Vers 1998 : début des associations issues de sites littéraires individuels, développement des moteurs de recherche (à la réticulation de point en point s'ajoute l'indexation massive, première période) (Alta Vista, Yahoo...). Début de la visibilité de la domination de Microsoft (accompagne la nouvelle économie, ses modèles, ses légendes => médiatisation et fracture numérique).
  6. Pratiques : fractionnement des listes trop généralistes, conceptualisation des effets négatifs (publicité indésirable, flame, trolls). Dictionnaires, Gallica, ABU => fiabilité institutionnelle + quantité (problématiques de la -) (recherche dans les grands corpus).
  7. Vers 2000 : imaginaire du grand bug, réalité des programmes d'adaptation, fiabilité globale pour commerce, banque, échanges divers (sécurisation, cryptage). Généralisation du courrier électronique, même officiel. Gouvernements, ministères, etc., ouvrent leur site. Multiplication des adresses personnelles, explosion des forums, des "chat rooms", de la vidéo et de la radio (existaient déjà mais deviennent importants et visibles).
  8. Concepts : effets de globalité (l'"opt-out" accompagne la politique intrusive d'obédience américaine), nuisance (protection, marché des anti-virus). Visibilité des langages web supplémentaires (HTML + SPIP, par exemple, pour mises en page et automatisation).
  9. Vers 2002 : apparition des forums dans les médias ; naissance des blogs ; développement visible des wiki (encyclopédies contributives) ; essouflement des listes de discussion ; médiatisation du commerce en ligne ; début de domination de Google dans les moteurs de recherche. Effets pervers de la quantité conçue indéfinie, de la formation a minima et de l'absence de motivation ou de questionnement devant les médias et devant les contenus (pour étudiants et chercheurs, régression même de la notion d'étude textuelle, à reconsidérer, à reformuler...).
  10. Vers 2005 : médiatisation des blogs dans les médias ; disponibilité de premières pages des livres chez quelques éditeurs ; nouveaux projets d'indexations globale et thématiques de Google. Etc.
  11. Tout ça en dix ans (dans l'absolu). Pour la majorité des individus, moins, voire beaucoup moins de 10 ans => différents effets d'historicité de l'internet ou du courriel dans les représentations mentales et les interactions réelles.
  12. Qui s'occupe de l'avenir ?

J'avais pensé à tout cela pendant que j'étais matinalement voituré par ma sœur qui est monitrice d'auto-école et qui avait fait venir son élève jusqu'à la place Monge pour me prendre, puis pendant que mes parents, après avoir déjeuné chez eux, me ramenaient en voiture de Choisy-le-Roi à la place Monge — d'ailleurs étrange que cette année on me propose presque systématiquement de venir me chercher et de me ramener alors que je ne demande rien et que j'avais toujours eu l'habitude de prendre le train...
Le séminaire s'est bien passé, je crois. J'ai développé à peu près tout ce que j'ai mis ci-dessus. J'avais l'impression de parler très vite et de saoûler tout le monde mais on me dit poliment que non. Sans doute l'habitude de parler très lentement, pour les étudiants japonais... Comme ces films pris à grande vitesse pour observer un phénomène au ralenti — fleurs, nuages — lorsqu'on les passe à vitesse normale.
À la fin, question d'Henri Béhar : qu'est-ce que tu attends des lecteurs de ton journal ? Pertinente, s'il en est... et déjà abordée dans ledit JLR.
Réponse instantanée : rien !
Réponse réfléchie : de la connivence.

Que pouvait-on faire après cela, qui prolongerait le sujet tout en le projetant dans une autre dimension ? Eh bien, justement, un dîner était prévu de plus ou moins longue date, avec Frédérique Clémençon, François Bon, Jean-Claude Bourdais (ces deux-ci auxquels j'ai apporté des DVD du photographe Araki, en souvenir de nos web-discussions), auxquels se sont adjoints les phalésiens du séminaire, Henri Béhar, Michel Bernard, Jean-Pierre Goldenstein — et Laurent dont la curiosité est intarissable et le palais certain.
Indicible joie de les voir tous là, au Physicien, restaurant gasco-béarnais de la rue Monge, de pouvoir les toucher, les entendre, les voir boire du madiran, manger du cassoulet, rire des aventures d'Hubert de Phalèse ou d'épisodes de bloguerie — et parler ensemble sans aucune machine entre nous alors que nous participons tous d'une façon ou d'une autre au monde littéréticulaire...


Microsoft!
2005-03-22 19:47:34 de Arte

Aujourd'hui, l'avenir est déjà demain. Hum ..? Ah oui c'est bien ce que je voulais dire.
2005-03-22 21:49:34 de philippe U

L'avenir ? Je crois bien que ce sont toutes ces entreprises qui travaillent dans la mobilité (le sans-fil (Wi-Fi, WiMax…), les téléphones portables, le tout mâtiné de convergence IP) qui vont, en partie, s’en occuper.
On nous promet plus d’interopérabilité, plus de contenus disponibles (notamment audio et vidéo enregistrés ou en temps réel) sur téléphones mobiles etc…
Bref, tu pourras par exemple écrire ton blog sur ton téléphone, recevoir les commentaires en direct où que tu sois, poster tes photos instantanément (toujours à partir de ton téléphone, soit directement, soit via Bluetooth et ton APN).
Le téléphone fixe et la télévision aussi vont profiter de la toile et de son interactivité.
Mais tout cela expose malheureusement ces différents équipements jusqu’ici épargnés aux menaces du réseau mondial (virus, spyware/espiogiciels, spam/pourriels, spim, phishing…) : pannes et incidents plus fréquents en perspective…
Qui a dit qu’il ne fallait pas mettre tous ses œufs dans le même panier ?
2005-03-23 03:18:36 de Manu

Salut Berlol,
Pourrais-tu, en dépit de ton emploi du temps parisien qui semble bien chargé, trouver 20 secondes pour m'envoyer les coordonnées e-mail de notre nouvelle collègue ?
Merci d'avance et bonnes tribulations !
2005-03-23 04:27:16 de dabichan

Bonjour à tous.
Je fais une petite parenthèse sans rapport avec le blog de ce jour pour vous signaler l'article et la page suivants, demandant l'abrogation de la loi du 23 février 2005 qui tente d'obliger l'enseignement d'une image positive de la colonisation française en Afrique du Nord. Comme quoi, la question de la Guerre d'Algérie — et au-delà celle de la colonisation — ne cesse encore aujourd'hui d'être un problème aux yeux de l'État français.
http://www.ldh-toulon.net/article.php3?id_article=537
Ca pose beaucoup de questions sur la société française d'aujourd'hui, tout de même.
2005-03-23 09:30:25 de Arnaud

Et pendant que JCB boit du Madiran, il n'avance pas son blog et moi, qu'est-ce que j'ai à me mettre sous mes yeux de myope ??? Il ne s'inquiète pas de la santé de ses lectrices !
2005-03-23 15:39:03 de Caroline

Ben et la photo de Frederique Clemencon alors !!! :o:o:o
2005-03-23 16:15:53 de Arte

mais si Caroline je pense à vous.
Quant à Arte vous verrez sur ma page (du 22) une photo où vous pourrez voir Frédérique C en pleine conversation, et j'en remettrai peut-être une demain. Elle est "formidable"...mais je pense que Patrick va en mettre aussi. Laissez-le souffler un peu...Tel que c'est parti je pense que ce matin il avait RV à Avignon, ce midi déjeuner à Lille et ce soir souper ce soir à Biarritz...:-)
2005-03-23 19:30:34 de jcb

Tiens,
vous avez vire C. Delaume de vos liens.
commentaires ?
2005-03-23 19:50:30 de Mot

Ouais, c'était trop nul, comme blog. Pour Frédérique, ça va venir...
2005-03-23 20:03:03 de Berlol

entierement d'accord.
Frederique ?
2005-03-23 21:09:04 de Mot

Encore un petit coup d'avenir (presque présent):
-> INFORMATIQUE ET TELECOMMUNICATIONS
Engouement pour la lecture sur telephone portable
Malgre la taille reduite d'un telephone portable, aujourd'hui des dizaines
de milliers de Japonais lisent regulierement des romans entiers sur l'ecran
de leur mobile. Certains sites Internet dedies aux mobiles offrent plusieurs
centaines de romans des plus classiques aux plus recents, qui peuvent etre
lus directement sur l'ecran du telephone.
Bien que l'ecran soit petit et que seulement quelques lignes peuvent
s'afficher en meme temps, l'amelioration de la qualite des ecrans a cristaux
liquides et des fonctionnalites telles que le defilement ou le changement
automatique de page rende la lecture moins penible. Cette nouvelle culture
emerge devient de plus en plus populaire et permet egalement a l'instar
d'Internet de permettre a des auteurs debutants de publier leurs oeuvres a
moindre cout et eventuellement de
devenir assez celebre pour obtenir un succes en librairie par la suite comme
certains l'ont deja fait. Elle permet egalement une communication facile et
rapide entre lecteurs s'echangeant des critiques voire meme directement
entre les lecteurs et l'auteur.
Sources : Associated Press, 17/03/2005
Redacteur : sebastien.bruel@diplomatie.gouv.fr
355/STIC/2150
Cette information est un extrait du BE Japon numero 355 du 22/03/2005 redige
par l'Ambassade de France a Tokyo et diffuse par l'ADIT - Retrouvez tous les
BE sur http://www.bulletins-electroniques.com - Abonnement gratuit par email
: subscribe.be.japon@adit.fr
2005-03-24 15:02:52 de Manu


Mercredi 23 mars. Avant que mes yeux ne les nagent...

(Après une panne d'une douzaine d'heures, U-blog remarche.)

Ce mercredi, c'était relâche.

Courses pour la beauté de T., au Marionnaud de la rue Mouffetard, puis pour mon déjeuner chez un traiteur grec de la rue Bazeilles, à deux pas du Physicien...

Plaisir de se promener sans avoir de rendez-vous, sans que le téléphone sonne, sans essayer de faire de photos, prenant des bus au hasard, puis une entrée de cinéma.

Je sors de la salle obscure, deux heures plus tard, nuit tombante, transformé en Romain Duris tellement De battre mon coeur s'est arrêté, moi aussi. Ce que c'est que l'identité, tout de même !

Lecture de nuit, au lieu d'écrire. Les billets réguliers (Jean-Claude, François, Élisabeth et les autres), puis Denis Grozdanovitch dont j'avais rêvé les mots avant que mes yeux ne les nagent. Il me donne bon sommeil, me conforte.

Si je m'incline devant la « certitude de l'inanité », j'aimerais cependant faire remarquer que cette mélancolie engendrée par le « triomphe de l'inéluctable » est principalement éprouvée par ceux qui ont cru avec force, un jour, qu'il pût jamais en être autrement.
[...]
N'en demeurent-ils pas, par la suite, irrémédiablement grevés de l'intérieur par une aigre nostalgie mélancolique, et ne commencent-ils pas, sous le coup de la déception, non seulement à éprouver cette « apothéose de l'à-quoi-bon », mais encore à distiller méchamment leur ressentiment désenchanté, se jetant avec une fureur autodestructrice dans les bras de Némésis ? Plus dommageable encore, hélas, ne développent-ils pas bien souvent alors — privés de leur chère transcendance — une funeste propension à vouloir régler sévèrement et de manière
institutionnellement coercitive les choses d'ici-bas, se ralliant tout naturellement, pour ce faire, à des idéologies nettement fascisantes ?
Il y a belle lurette, en tout cas, que je sais pertinemment combien ces athées persifleurs et cyniques, ces Don Juan sarcastiques, ces nihilistes
à la slave, ces thuriféraires de l'absurde, sont intimement (et inconsciemment) les plus intégristes d'entre nous — les plus éloignés, à tout le moins, d'une éventuelle légèreté païenne insouciante ou d'un quelconque stoïcisme fataliste face à l'inéluctable ! Leurs sarcasmes, leurs constats sardoniques, ont toujours sonné à mes oreilles comme des jérémiades. [...]" (Denis Grozdanovitch, Rêveurs et Nageurs, Ed. José Corti, 2005, p. 26-28.)


ah non non et non, pas les "nihilistes à la slave" !!!
Lire Sophie Kovalevskaia : "Une nihiliste" ...
2005-03-25 09:52:14 de Arte

Du "persiflage" à la "jérémiade" une triste trajectoire donnant sa pâture à 'l 'omnipotence inanitaire"...Voir du côté de la psychose aussi ( RACAMIER) dans ses formes les plus pénibles à côtoyer. Il faut dès lors apprendre à nager en eaux troubles , en évitant le plus possible les yeux qui dénaturent et dévitalisent ... Tout le monde n'a pas le scaphandre approprié. Et ce Monsieur GROZDANOVITCH ne semble pas trop démuni pour affronter tout cela avec ses mots.
2005-03-26 00:16:56 de Marie.Pool


Jeudi 24 mars. Nourri de tartares.

Après être allé pour la troisième fois rive droite depuis le début de mon séjour à Paris, avec la prudence qui sied aux rivegauchers dans mon genre et malgré la pluie, dans le seul but, rapidement déçu, de savoir si je pourrais remplacer ma vieille veste de voyage par une nouvelle du même couturier (Bill Tornade), je suis vite revenu vers la place d'Italie pour, par des rues martelées de mes pas anciens, enfiler la rue Bobillot, me glisser dans celle de la Butte-aux-Cailles et retrouver, joviale et dégoulinante, Frédérique Clémençon.
Au Café Fusion, nous avons déjeuné en devisant, affinant la connaissance que nous avions l'un de l'autre, elle par mon journal, moi par Colonie et ses commentaires au JLR. Je me suis nourri de tartares. Celui d'avocat-mangue-betterave (excellent), en entrée, puis celui de bœuf (honorable quoique les frites soient moins bonnes que celles du Saint-Martin de Kagurazaka).
Après une heure et demi de ce régime doublement oral et alternatif (manger & parler), nous sommes convenus de nous taire et d'en écouter d'autres parallèlement, avenue des Gobelins, par exemple ces trois filles qui semblaient bien s'amuser avant que divers problèmes de couple et de travail ne leur tombent sur le dos dans Tout pour plaire. Ce n'est certes pas un grand film. Je pense qu'une dizaine de répliques pourraient en être conservée, notamment parmi celles que Mathilde Seigner assène à son entourage.
Après quoi, distraits de surcroît par le retour du soleil, nous nous rebaladons dans le quartier de la Butte-aux-Cailles, redevisant des éditions de Minuit dont les choix restent élitistes et mystérieux, n'était le refus quasi systématique du deuxième roman (qui pouvait être le second et puis marre) jusqu'au moment de nous quitter, près d'un container de verres usés pour être précis et sans qu'il faille y voir aucun symbole particulier.

Rapide chasse photographique, le temps de regagner le centre commercial et flâner dans le Printemps jusqu'à tomber en arrêt devant la veste que je ne savais pas vouloir mais qui n'était faite que pour moi. Souvent comme ça, avec les habits, avec les gens, les musiques, d'abord une évidence... esthétique, qui rentre comme dans du beurre, et des années à se creuser pour l'analyse du truc.
Encombré de ma housse doublement frappée d'une flèche, je redescends vers les Gobelins. Déjà le ciel s'est lourdement couvert. Électrique ambiance de lumières rasantes jusqu'aux premières gouttes quand je traverse le carrefour de Censier. Grosses, bruyantes, mettant tous les passants en quête d'abri, sauf ceux qui ont un parapluie, dont je suis. Encore quelques dizaines de mètres...

Partant pour un plateau-télé peinard, mon hôte m'annonce d'abord que Litor a enfin l'accord officiel pour installation sur serveur de Paris 3 (ça fait cinq ans qu'on attend...) puis qu'il y a projection de trois courts-métrages de jeunes auteurs dont l'un avec son fils au Forum des Images du Forum des Halles. J'y peux rien, moi ! Je ne vais pas rester ici alors qu'il se passe quelque chose de rare comme ça ! Allez, on y va... Quitte à repasser la Seine, par en dessous cette fois.

Film 1 : c'est l'histoire de deux nanas qui essaient de faire l'amour sachant que l'une vient de recevoir (se faire greffer ?) un pénis. Bonne construction, angles originaux mais pas artificieux, montage narratif sans être trop explicite. Trop de musique.
Film 2 : saynète pour télé basée sur la seule idée qu'un entretien d'embauche préparé puis raté peut être rêvé en inversant les positions. Montage sans originalité et focalisé sur un seul acteur avec une musique qui redonde inutilement l'action.
Film 3 : exercice de style en noir et blanc où la caméra elle-même, par ses mouvements furtifs puis menaçants, finit par terroriser une femme qui met sa voiture dans un garage souterrain. Montage serré, bon jeu entre film et vidéo, musique stéréotypée.
Les acteurs, quant à eux, étaient excellents dans les trois productions. Les problèmes sont donc : la construction (scénario), l'équilibre image-son (musique trop prégnante ou redondante) et l'équilibre entre point de vue et objectif.
J'ajouterai des noms et des titres si j'en reçois l'autorisation...


Ne pas oublier d'aller voir le film de Yolande MOREAU : "Quand la mer monte", c'est bien plus philosophique et original que la nana qui aurait bien voulu être un nono et peste contre le prothésiste...
"Sale affaire" dirait Yolande !
2005-03-25 09:27:50 de Marie.Pool

Ah, que n'ai-je été là, lors de l'acquisition/découverte de cette splendeur!
Régis Debray hier sur France culture proposait l'expression un brin lacanienne "trou fondateur", lequel trou assurerait sa cohésion à la communion du religieux - ne serait-ce pas la signification cachée de cette photo, quoique tu t'en défendes, avec sa petite flèche et son trou bordé de plastique noir ?
(Ai fait le test Troll du 22 ou 23. Vais aller me faire soigner. Ai reconnu quelques énervés du Berlol-blog.)
2005-03-25 09:39:12 de Frédérique Clémençon

Ahhhh, la photo ... merci Berlol !
2005-03-25 09:41:36 de Arte

et moi c'est le Berlol lui-même que j'ai mis en photo
http://www.tierslivre.net/spip/article.php3?id_article=67
mais vraiment le coup du conteneur, même dans la semaine Jules Verne à nous faire croire que c'est un nouveau Nautilus avec hublot, j'aurais pas osé
côté littérature et Minuit, me semble important aussi faire suivre le démenti Chevillard - non mais, quel monde
http://www.tierslivre.net/spip/article.php3?id_article=68
ceci dit, Berlol, l'an prochain pour une vraie séance de travail et qu'on fasse un peu de théorie active, te propose plutôt que ce soit petit-déj'
et bravo à l'équipe Hubert, la mouture actuelle du site est très vivante - ce serait peut-être bien de remonter ensemble à l'assaut côté Tristan Tzara, et repenser à ce que disait Henri Béhar à propos du DVD Europe, qui est une archive de première importance: le nombre d'exemplaires vendus est scandaleusement faible, il faut s'interroger là-dessus (ceci dit, en tant qu'utilisateur Mac je pourrais ne pas me sentir concerné...)
2005-03-25 11:08:19 de FBon

Heureusement que la psychanalyse est (presque) morte, car il ne faut pas lire:
"je suis vite revenu vers la place d'Italie pour [...] enfiler la [...] joviale et dégoulinante Frédérique Clémençon [...],
quoique les frites soient moins bonnes [...]. Après une heure et demi de ce régime doublement oral et alternatif, [...] nous sommes convenus de nous [...] amuser avant que divers problèmes de couple et de travail ne [...] nous [...] restent élitistes et mystérieux, [...] jusqu'au moment de nous quitter, près d'un container de verres usés pour être précis et sans qu'il faille y voir aucun symbole particulier. Rapide chasse [...], le temps de [...] se creuser pour l'analyse du truc. Encombré de ma housse [...], je redescends vers [...] le ciel [...]. Electrique ambiance [...]. Grosses, bruyantes, mettant tous les passants en quête d'abri, [...] projection [...] des Images [...]. J'y peux rien, moi ! Je ne vais pas rester ici alors qu'il se passe quelque chose de rare comme ça ! Allez, on y va... Quitte à repasser [...] deux nanas qui essaient de faire l'amour sachant que l'une vient de recevoir (se faire greffer ?) un [...] montage narratif [...] explicite. Film 2 : saynette pour télé [...] en inversant les positions. Montage sans originalité [...] qui redonde inutilement [...], par ses mouvements furtifs puis menaçants [...], [...] une femme qui met sa voiture dans un garage souterrain. [...]
J'ajouterai des noms [...] si j'en reçois l'autorisation."
Oui, on veut des noms!
Berlol, n'hésitez pas à balancer ce truc à la poubelle,
Cordialement,
Bromius
2005-03-25 12:28:36 de bromius

Seigneur!
2005-03-25 20:21:35 de Frédérique Clémençon

Merci pour "La mer monte", je m'en enquiers demain... et pour le démenti de Chevillard, c'est important.
Le coup de Bromius, c'est plutôt drôle. Si Frédérique n'y voit pas d'inconvénient, ou d'insulte à sa dignité...
En fait, le choix du container, c'était pour accord avec le pull vert et boucher le contrejour (mais personne ne me croira).
2005-03-25 23:11:28 de Berlol

moi je ne trouve pas ça drôle et les rares fois où j'ai eu ce genre de comportement sur mon forum j'ai supprimé
2005-03-25 23:33:45 de FBon

Ah les photos ... merci F. Bon, Berlol a tres bonne tete ,
Pour F.C, j'ai meme trouvé les photos d'olivier Roller quand elle etait petite ... :d
2005-03-26 00:12:11 de Arte

moi je trouve ça très drôle
2005-03-26 00:12:27 de Bartlebooth

Arte, tu me prêteras ton album ?
2005-03-26 00:13:24 de Bartlebooth

je fais faire des posters, et je te les envoies !!!
2005-03-26 00:16:29 de Arte

eh berlol, y a arte en mp qui t'appelles berlolo, que faire ?
2005-03-26 00:18:46 de Bartlebooth

meme pas vrai
2005-03-26 00:19:46 de Arte

Désolé F.B., mais j'ai l'aval de l'intéressée. Le plus à plaindre dans cette histoire (et à l'évidence le plus sportif), c'est d'ailleurs Berlol. Mais je crois que de nous deux, c'est lui qui s'est amusé le premier (et je l'en félicite). En guise d'adieu (car vous me verrez rarement ici), j'enfonce le clou si je puis dire, avec une courte épigramme d'un évêque de Pavie du VIe siècle (Eunodius), moins pudibond que F.B. :
DE CAUCO HABENTE PASIPHAEN ET TAURUM
Blanditur mulier, sentit bos, membra moventur.
Attulit ars formas : quis dedit hic animas ?
(Patrologie latine, t. 63, col. 341B)
2005-03-26 00:52:56 de Bromius

le lien pour les archives d'Olivier Roller, qui est un de nos meilleurs photographes (avec Olivier G, d'accord!):
http://olivier.roller.free.fr/archives.html
après, politesse ou simple tact c'est pas exactement pudibonderie mais on cesse là
2005-03-26 08:55:13 de FBon

Merci François ! Belle galerie en effet ! L'avais découverte pour Modiano, je crois... Pour Frédérique, je préfère mes photos (j'en ai d'autres). Mais il y a des portraits surprenants : Cluzel, Darroussin, Kadare (souriant), Camille Laurens (les deux dernières), Lucot, Onfray (calme), Tarkos...
2005-03-26 09:47:38 de Berlol

L'aval vaut-il mieux que L'amont ?
Please -Il nous manque la traduction de l'évêché.
On est pas tous des érudits.
"mais on cesse là "... FB est peut-être bien inspiré de le proposer.
Envie d'offrir ces mots d'Albane Gellé poète, (Qui n'a rien à voir avec ces virtuades humoristico-intellectuelles)
"il
animal autant que le chien par
terre quand ils se roulent, et alors
qu'est-ce qui la gêne ?"
"elle
de la tête vers le ccoeur, fait le
chemin vers son bonheur, laisse en
route deux ou trois ils, leurs mons-
tres et leurs reproches. "
Albane Gellé, JE TE NOUS AIME,
CHEYNE Editeur, 2004, p.90-91.
2005-03-26 12:06:48 de Marie.Pool

merci MP - avais d'ailleurs eu envie d'en appeler au jugement de la Cause des Causeuses - JC Bourdais, lors de cette rencontre de mardi, m'a même raconté que c'est aussi des vraies personnes réelles, les Causeuses de chez MP...
Albane vient de s'installer avec sa petite "hirondelle" de fille dans le Saumurois, elle est sans ordi pour l'instant - elle est de notre pays, et ça fait du bien à 50 balais de découvrir celles et ceux qui à 1 génération de moins montrent le chemin tout devant
2005-03-26 12:30:19 de FBon

je vote pour un special photo F.C !
2005-03-26 13:01:50 de Arte

La mer monte, la mer monte. Brisons-là et ne nous emballons pas, voulez-vous, les amis? Il n'y a rien dans tout cela, me semble-t-il, tout de même, qui justifie pareils atermoiements. Qu'on me pardonne.
En ce qui me concerne, la bonne grosse blague ne me gêne pas.
J'ajoute que ce ne sont nullement ces choses-là qui, pour ma part, me choquent ou me font penser qu'on manque de tact - ceci dit sans aucune animosité, François.
Pour Marie-Pool, la traduction (approximative) est :
"A propos d'une coupe montrant Pasiphae et le taureau
La femme cajole, le boeuf jouit, les membres s'ébranlent.
L'art a donné les formes, mais la vie, ici, qui l'a donnée?"
(Qu'on apporte une badine en cas d'erreur grossière)
2005-03-26 14:28:46 de Frédérique Clémençon

In connection with a cup showing Pasiphae and the bull
the woman cajole, the ox enjoys, the members shake.
Did art give the forms, but the life, here, which gave it?
( That one brings a photo of F.C in the event of no coarse error )
2005-03-26 17:33:51 de Arte

В связи с чашкой показывая Pasiphae и быка,
котор женщина умасливает, вол наслаждает, пошевелите вверх членов.
Искусствоо дало формы, но жизнь, здесь, которая дала его?
bon là j'y ai droit non :d
2005-03-26 17:46:41 de Arte

Tighten the cheek, young imp.
Aperte o mordente, imp novo.
(quell'porta il cuoio capelluto del Arte in caso di nessun errore di massima)
2005-03-26 18:41:44 de Frédérique Clémençon

O espiègle signorina, al badinage del vostro cuoio, I tighten
the cheek, malicieux.
(то одно носит меня "badine" в случае грубой ошибки)
2005-03-26 20:57:52 de Arte

You, mignon.
2005-03-26 21:55:26 de Frédérique Clémençon
Sapristi, qu'ils sont drôles tous ces Trolls aux langues bien chargées ! F.C donc, pour la jouissance du Taureau c'est toujours les mêmes qui s'y collent... Finalement cette traduction et toutes les falsifications qui s'ensuivent ressemblent à une belle fanfaronnade. Une de plus !
2005-03-27 00:09:11 de Marie.Pool

Euh... Je suis pas de trop, là, sur mon blog ?
Je tourne le dos quelques heures et c'est la foire, ici !
Et les autres jours, vous les avez vus, les autres jours ?
Le coup du pantographe ?... Faut tourner la page, de temps en temps !...
2005-03-27 00:36:59 de Berlol


Vendredi 25 mars. Le coup du pantographe.

Trains...
TGV de 9h00 gare de Lyon, mouvement d'une catégorie de personnel (un vendredi de Pâques, plein d'enfants, plein de bagages...), retard de 20 minutes à l'affichage et dans le train annonce d'une panne de pantographe, comme si tout le monde savait ce que c'est, 20 minutes de plus. Total : lourde chute de la moyenne horaire d'un TGV...
Retour par le TGV de 18h30 qui lambine un bon quart d'heure pendant que je lis Grozdanovitch, arrivée avec 10 minutes de retard, moins 8 % de vitesse moyenne.
Total sur deux TGV pris en 5 ans : près de 20 % de retard.
Même total sur 400 shinkansens pris en 5 ans : moins de 2 % de retard...

Mais le coup du pantographe, c'est très fort. Pas un passager qui bronche. Tout le monde l'air très dégagé, dans les téléphones portables, style : je serai un peu en retard, on est dans le train mais y'a un problème technique (les gens ne répètent pas le mot, comme si c'était un gros mot...). Savent tous que c'est une petite panne, 15 à 20 minutes maxi. Faut s'estimer heureux. On s'en tire bien pour ce coup-là. Rien à voir avec une chute de caténaire.

À part ça, j'ai passé d'excellents moments. Ma sœur et son ami m'ont fait visiter un peu en voiture. Puis on s'est garé quai Romain Rolland pour aller dans un petit restaurant très honnête, Les Adrets, au choix deux entrées et deux plats. Succulente quenelle de brochet !
Pour amorcer la digestion, longue promenade à pied entre Rhône et Saône, au rythme de ma sœur enceinte de 7 mois, mais vaillante et enjouée. Puis chez eux, sur une hauteur de Caluire, au 8e étage dans un immeuble de type HLM bien entretenu dont l'ascenseur est en cours de remplacement. Pour moi, ça va, j'ai déjà habité à des 7e étages dans Paris, et puis je fais du sport, mais pour elle...
Quand même court pour une visite de Lyon.

En descendant la France, quelques pages hilarantes de Grozdanovitch sur une Répliques consacrée à Carl Schmitt (14 avril 2001)...

Selon toute vraisemblance, aucun des analystes en présence n'avait jamais eu l'occasion de rencontrer quiconque dont la logique verbale ne correspondît pas à la pratique dans les faits, ni jamais éprouvé l'usuelle intermittence des facultés intellectuelles, non seulement au cours d'une existence entière, mais encore tout simplement au cours de l'exposé d'un seul raisonnement un tant soit peu complexe. (Denis Grozdanovitch, Rêveurs et Nageurs, p. 33.)

En remontant, des pages poignantes à pleurer sur comment nous sommes avec nos morts...

Nous continuons, que nous le voulions et le sachions ou non, de vivre parmi les structures contraignantes de la « Polis » mise en place par nos lointains prédécesseurs. Ce pourquoi aussi j'ai toujours eu tendance à penser que la seule manière efficace pour nous libérer du poids de certaines conventions ne pouvait commencer que par l'examen minutieux de leur généalogie historique. Car ne faire que briser — comme le tentent régulièrement les rebelles impulsifs — les derniers maillons de la chaîne qui nous lie au passé, n'est qu'une vaine gesticulation sans effet puisque cette chaîne — formée de notre propre physiologie atavique — se reconstitue instantanément après rupture. (Id., p. 45-46.)

Au téléphone avec T.
Elle m'apprend qu'ayant laissé traîner par hasard la montre de son père sur la table — un modèle qui a au moins quarante ans et tourne comme une horloge —, il a vu sa montre au sortir du bain, l'a reconnue et tout naturellement l'a remise à son poignet en disant qu'elle était sienne.
Depuis mai ou juin dernier, il ne la portait plus et ne l'avait pas reconnue quand T. la lui avait montrée ou l'avait portée à son poignet à elle pour en entretenir le mouvement perpétuel.


De fait, Berlol a raison, il faut méditer cette histoire de pantographe qui est, c'est le cas de le dire, pendable.
La remarque de Grozdanovitch sur les "structures contraignantes de la polis" est juste. '"L'examen minutieux" des conventions suffit-il à s'en libérer ? Que ce soit par l'analyse ou la rupture, le propre de l'Homme, c'est bien la "reconstitution", et non la "déconstruction" rêvée par Derrida. Lui, d'autres et nous-mêmes sommes désormais sous le régime d'une "super-convention", celle d'un Occident condamné à explorer et détricoter ses conventions et celles des autres, tout en "reconstituant" (car les bases ne sont jamais rases) d'autres conventions auxquelles il prête immédiatement l'échine.
Tout cela n'est pas encourageant -- ou bien le constat doit être assumé tel quel : nous vivons, comme les autres, de nos ancêtres. Le culte que nous leur adressons n'est peut-être pas aussi révérencieux que jadis, mais son emprise est indubitable...
Allez, bonne nuit Berlol, si vous n'êtes pas déjà couché !
Bromius
2005-03-27 01:05:56 de Bromius

Au moins, le pantographe, c'est une excuse qui peut tenir la route... Lorsque j'habitais encore la banlieue parisienne, il y a de cela déjà un certain temps, parmi les différents prétextes invoqués dans les différents retards qui étaient tout de même monnaie encore plus courante que maintenant, nous avions eu droit un soir de "départ à l'horaire plus qu'indéterminé" (et qui s'évéra plus d'une heure) : "Pour cause de feuilles sur les voies"... Et oui, ma foi, c'était bien l'automne... Mais visiblement les feuilles étaient tombées toutes d'un coup et tout le long de la voie !!!
2005-03-27 22:57:04 de Au fil de l'O.

A propos du culte des ancêtres, une image vertigineuse extraite du fond Gallica : "Nouvelle-Guinée, 1930. Veuves portant au cou le crâne de leur mari défunt"
http://gallica.bnf.fr/image?L=02300428&I=26
2005-03-27 23:09:46 de Bromius


Samedi 26 mars. Chassé-croisé.

Pendant que je me pavane à Paname, Bikun est arrivé à Nagoya pour couvrir l'Expo. Et il a déjà mis plein de photos en ligne...

Ce matin, j'accompagnai quelqu'un à la laverie automatique. Quelle surprise ne fut pas la mienne de voir que la gestion des machines à laver et à sécher était centralisée ! Tout le monde n'est pas moderne ; à tel point que mon amie pestait contre sa pièce qui ne passait pas dans la machine... et qui était une pièce de 10 francs.

Allez, je vais déjeuner avec Laurent... et j'essaie de voir Quand la mer monte...

De retour après minuit, comme si la mer m'avait emporté très très loin. Mais non, en fait...
On a déjeuné à l'Escarmouche, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève (terrine et rognons, bon mais rien d'exceptionnel, d'ailleurs, quand on entre dans ce restaurant, on se demande si on dérange chez les gens, tellement qu'il n'y a pas d'accueil...).
Puis passage à la librairie Galerie de la Sorbonne où j'achète d'occasion Le Roi au masque d'or de Marcel Schwob (Parangon, 2002), La Nue de Michel Bernard (L'or du temps Régine Deforge, 1969, une rareté) et Erotica, Anthologie illustrée d'art et littérature de Charlotte Hill et William Wallace (Gremese International, 1994). La place traversée, neufs, à la librairie Compagnie, Oreille rouge d'Eric Chevillard (Minuit, 2005), Petit Traité de désinvolture de Denis Grozdanovitch (réédition en Points poche 1284 de l'édition Corti de 2002) et l'Alain Robbe-Grillet, Le Voyageur du Nouveau Roman, Chronologie illustrée 1922-2002 d'Olivier Corpet et Emmanuelle Lambert (Editions de l'IMEC, 2005) — très bel album illustré sorti en février, encore passé inaperçu de la presse spécialisée (qui préfère parler du refus de l'habit vert pour entrer sous la Coupole...) et dont Olivier Corpet lui-même nous avait annoncé la publication lors de son passage à Tokyo. J'ajoute que c'est la préparation de cet ouvrage superbement illustré qui se trouve être à l'origine de la publication du candide et irrévérencieux journal de Catherine... 

Regardant quelques illustrations de ce livre, je comprends soudain le trouble qui m'agite chaque fois que je vois Sophie, l'une des amies de ma sœur : elle ressemble à s'y méprendre à Anicée Alvina qui jouait dans Glissements progressifs du plaisir (1974), dans Le Jeu avec le feu (1975), deux films de Robbe-Grillet dans lesquels l'érotisme est finement mis en scène et en question, plus connue par le feuilleton télé Les 400 coups de Virginie en 1979 et dont le dernier rôle semble être dans Ainsi soit-il de Gérard Blain (1999). Je rêve de revoir ces deux films qui ont maintenant 30 ans !
Je rêve aussi d'une édition complète en dévédé des films de Robbe-Grillet qui remplacerait cette introuvable série de vidéos du Ministère des Affaires étrangères. Il y a sûrement quelqu'un qui prépare cela quelque part...

Dîner très drôle chez des amis de mes hôtes, rue de la Justice. Liens à venir, sur Greimas et Searle pour celui qui en a besoin (il se reconnaîtra).
Ajouts du 2 avril. Pour la sémiotique narrative de Greimas : lire article de Dirk de Geest, traduit par Jan Baetens (2003), ou chez Luc Gauthier-Boucher.
Sur Searle : ici sur la naissance de la pragmatique, ici sur Searle, Austin et al., puis l'article sociologie pragmatique de Wikipédia et pour finir : Où va la pragmatique ? de Jean-Pierre Meunier...


Merci Berlol pour cette "publicité". Longue journée aujourd'hui, je publierais les photos demain (une sélection d'environ 160 photos) car...demain sera une autre longue journée!
Exposition intéressante, fignolée comme l'horloge du papa de T.! Rien à dire sur l'organisation c'est nicke, par contre c'est cher comme l'Avenue des Champs Elysées!
Pour le pavillon de la France, hmmm...presque nulle. Déception dans la foule. Beaucoup de pays ont réussi à recréer ce qui me semblait être leure identité. Cela se voyait dans l'architecture, les couleurs, les photos, les matériaux. Le pavillon de la France lui n'a rien. D'ailleurs, lors de ma visite, il n'y avait presque personne, la file d'attente était à côté, pour le pavillon allemand.
Demain notre cher président vient faire son petit tour...je me demande s'il mange les sushis avec des baguettes?!
Si j'ai l'information, vous l'aurez en scoop sur le blog de Berlol!!
...A suivre...
2005-03-26 16:53:25 de Bikun

oh la belle page ...
Bon c'est quoi un panthographe ???
2005-03-27 01:08:15 de Arte

Alors Arte, on se laisse aller ? C'est quoi ce "h" égaré dans le "panto" ? Pour savoir ce que c'est, il y a un lien à la page de la veille... Et croyez-moi, on en a tous besoin !
2005-03-27 12:51:44 de Berlol

le H égaré doit etre lié au changement d'Heure !!!
Quand je pense que je confondais catenaire et pantographe ... mea maximus culpa !
2005-03-27 14:28:10 de Arte


Dimanche 27 mars. Ici, c'est déjà les sakuras.

Passage à l'heure d'été. On en cause depuis deux jours. Je préviens T. au téléphone. Et pourtant, j'oublie de changer l'heure à ma montre et à mon réveil. Ce n'est qu'à 10h30 que je m'aperçois qu'il est 11H30. Peut-être que je ne voulais pas changer, moi, au fond...

Quand la mer monte aux Halles, j'attends (j'ai raté la séance de 13h00 et j'attends celle de 14h50 en me baladant dans un quartier bourré de touristes regrettant visiblement que toutes les boutiques soient fermées). Beau film. Yolande Moreau est aussi fine que d'habitude, dans sa rondeur. Masquée, elle rencontre un poussin collant qui fait déborder le spectacle et tomber les masques. Impasse amoureuse, quand même vécue. Puis qui fera d'elle un nouveau Géant du Nord, autre sorte de masque... Souvent, elle évite de parler, se retenant ou ne sachant pas quoi dire, ce qui en fait le contraire d'un film bavard. Ce qui le rend imprévisible, aussi. La parole ne programme rien, elle accompagne l'émotion au présent, et c'est quand du prévisible advient qu'il faut intervenir.

Sakuras à Saint-Eustache. Un seul cerisier suffit à changer le paysage. Nombreux badauds, couples se photographiant, familles faisant jouer leurs enfants. Les gens touchent, parfois arrachent des fleurs de cerisiers. On sent de leur part un intérêt non formalisé, non sophistiqué. Rien à voir avec la ritualisation japonaise de la promenade, des attitudes, du respect des fleurs. Et même quand les nippons se saoûlent sous les cerisiers, vautrés sur leurs maudites bâches bleues, ils ne touchent jamais aux fleurs. Rien ne doit compromettre la pluie de pétales qui clôt l'exercice des sakuras.

Par les bus et par les rues. Opéra. Rue de la Paix. Place Vendôme. Rue Saint-Honoré. Marché Saint-Honoré. Saint-Germain-des-Prés. Saint-Sulpice. Maubert et retour. Et partout les mêmes touristes visitant une ville morte, une ville qui ne leur laisse que ses monuments. Je me demande si l'Église et l'État sont si séparés que ça, dans ce pays. Sinon, on aurait sûrement trouvé une solution pour respecter des horaires de travail décents le dimanche ET ramasser le pognon des touristes qui ne demandent qu'à dépenser.

Avec mes hôtes, bravons l'orage, qui nous sauce quand même, pour aller rue de l'École-de-Médecine voir Le Cauchemar de Darwin à la séance de 20h. Le sujet est passionnant mais le film est mauvais (nous sommes d'accord tous les trois sur ce point). Mauvais parce qu'au final tout est mélangé et l'on ressort pieds et poings liés, sans aucune solution possible, ne sachant ni qui sont les coupables ni s'il faut ou ne faut pas acheter de la perche du Nil quand nous trouvons du capitaine sur nos étals européens. Si les problèmes évoqués sont terribles et véritables et si le film a tout de même le mérite d'attirer notre attention, je ne crois pas que la démonstration soit éclatante, comme le dit ici Damien Millet en conclusion de son article (ce qui ne change en rien ma conviction qu'il faut annuler la dette, bien entendu).
Le mécanisme de financement des pêcheries reste opaque, les avions cargos russes sont accusés sans preuve d'apporter des armes avant d'emporter du poisson, les enfants et les prostituées sont victimes mais on ne sait pas de quoi, les hommes politiques et les intervenants de l'aide internationale paraissent hypocrites et profiteurs. Tout cela entraîne au mieux une compassion fataliste du type parfaitement résumé par Muriel Robin dans son "je ne vais tout de même pas leur envoyer mon gratin de pâtes !...
La désinformation est toujours dangereuse. J'en veux pour preuve que la plupart des résumés de ce film, souvent copiés les uns sur les autres, mentionnent le trafic d'armes comme une certitude, comme si le film en apportait la preuve alors que ce n'est pas le cas : l'auteur répète cette possibilité, comme rumeur ou comme fantasme, mais n'en obtient jamais la preuve.

Velouté de poireaux et artichauts vinaigrette, pour un petit dîner tardif. Quelques images de Chirac à l'Expo d'Aichi. Depuis que je suis ici, j'ai vu trois ou quatre fois des images de cette exposition, toujours exclusivement au sujet de la France et du pavillon français (dont Bikun dit pourtant qu'il ne casse rien). En voilà encore, de la désinformation !


me souviens à Stuttgart en 93 d'avoir vu les managères souabes, de pelouse à pelouse, balayer l'herbe avec leur balai de cuisine pour enlever les pétales de cerisiers
chez moi à Tours fleurs au prunier depuis avant-hier, et les toutes premières aux branches basses du cerisier ce matin sous la pluie
bel échange sur les questions traitement de texte et histoires des sites sur ma page
http://www.tierslivre.net/spip/article.php3?id_article=69
à noter : le site archive.org signalé par PhilDesordre, où on retrouve les anciennes pages d'accueil classées par dates de tout l'Internet
as-tu jeté un oeil en librairie à Philippe Adam avec trad de Fumio Chiba sur les derniers jours de Dazaï (chez Verticales): culot d'un livre bilingue français/japonais chez un éditeur parisien, ça devrait quand même rebondir chez vous...
2005-03-28 09:54:52 de FBon

Heu, ben j'y crois pas !! J'ai eu la même chose que toi !!! C'est vers 10h30, en allumant mon ordi' que je me suis rendu compte qu'il était 11h30, puisque ces gentils bêtes sont réglées pour changer d'heure toute seules !!!
2005-03-28 09:59:49 de Au fil de l'O.

Berlol-sama
Hier Moriso et Kikkoro. Aujourd'hui les fleurs de sakura.
J’ai pansé que tu étais revenu au Japon....
2005-03-28 13:55:09 de koike1970

Eh oui, ta remarque est tout à fait juste... Encore à Paris, mais déjà la tête dans le retour... On va se voir bientôt !
2005-03-28 14:34:16 de Berlol

pour une fois qu'on était débarrassé du ping-pong (heureusement qu'il ne s'est pas aperçu qu'on savait y jouer en France aussi)
2005-03-28 14:59:53 de FBon

Eh Eh... le ping-pong va revenir en force ! D'autant qu'on m'attend à Tokyo ET à Nagoya...
J'ai bien repéré le "Canal Tamagawa" de Philippe Adam quand j'étais à la Hune la semaine dernière, et noté que Fumio Chiba en avait assuré la traduction. En ai feuilleté quelques pages qui m'ont paru bien intéressantes, méritant lecture attentive. On va le faire savoir et commander !...
2005-03-28 19:03:38 de Berlol

Débarassé ? Du ping-pong ! Mon cher FBon jamais de la vie ! Disons qu'il était de relâche (comme mes muscles d'ailleurs), en attente de Berlol, en somme !
On attend ce dernier à Tokyo, ça je n'en doute pas, mais encore plus à Nagoya ! 67 kg et x g au compteur... Il est grand temps de faire quelque chose.
Concernant les remarques sur le pavillon français de l'Expo Aichi 2005 (de grâce ! prononcez A-ï-tchi et sachez qu'Aichi est le nom d'un département et non d'une préfecture ; en français, ce n'est pas tout à fait la même chose me semble-t-il)... Donc, quant à notre pavillon national, je dirai, pour y être allé en avant première - pistonné que je suis - qu'il peut effectivement paraître vide d'attractions dysneylandesques. Face aux humanoïdes rappeurs et au New Orleans Band des robots de Toyota, aux jeux d'images 3D (devrais-je dire 4D au point où on en est rendu) du pavillon japonais, à la saucée tropicale à laquelle nous convie le pavillon singapourien, sans parler de Hitachi, du Shinkansen prototypique roulant (?), glissant, fusant, lévitant à plus de 500 km/h etc etc, inviter les visiteurs à méditer sur l'état de la planète et à se sentir concerner par le Sommet de la Terre de 2002... c'est perdu d'avance ! Donc, c'est vide, mais conceptuel... !?
En définitive, ce n'est peut-être pas si mal comme ça. Le pavillon espagnol est certes plus coloré, mais c'est une paëlla de Don Quichotte, de feria, d'huile d'olives et d'oranges. Un peu court !
En tout cas, allez-y voir de vos yeux propres bien à vous. Vous ferez au moins marcher l'économie locale et éviterez à moi et au Berlol une augmentation l'année prochaine de nos impôts locaux. Merci de vot' bon coeur M'sieurs Dames.
2005-03-29 04:58:14 de dabichan


Lundi 28 mars. Mars n'a plus qu'une poignée d'heures...

Mars n'a plus qu'une poignée d'heures pour nous refiler de ses giboulées — et il ne se gêne pas. Rien que cet après-midi, j'en ai essuyé trois. En ricanant.
De sous la capuche étanche de mon imperméable, j'admirais les courses d'humains simplement vêtus, sortant de plus en plus vite des jardins du Luxembourg. D'autant plus que c'était moi qui courais comme eux, hier soir. Et j'en avais aperçu un ou deux qui riaient sous cape...
Entré chez le soldeur de dévédés de la rue Soufflot, je secouai gentiment mes gouttes entre les boîtes de plastique, à la recherche de Monsieur Hire (mais il n'est peut-être pas (encore) sorti...) ou du Coup de torchon (trop cher en neuf). Même mon sac plastique ramené d'une heure de tourisme à Saint-Michel et contenant mes achats de petites Tours Eiffel dégouttait.
J'ai pris quelques films dont Le père Noël est une ordure, avec un livret de 80 pages illustrées, et le Moby Dick de John Huston avec Gregory Peck (1956), le clou étant un coffret de quatre films de Peter Weir...

18h30. Ce soir, c'est mon dernier dîner littéraire à Paris. L'opéra est déjà dans la boîte...

Le lendemain.
C'était surtout un dîner intime (déjà) chez Frédérique Clémençon et avec son mari, enseignant-chercheur. L'opéra était un gâteau qui se révéla fort bon, point trop sucré.
Toujours difficile de résumer une conversation qui part dans quinze directions différentes. On peut dire que c'est un peu comme une salade : un fond de vie au Japon battu avec de la carrière universitaire, des voyages et des rencontres, une bonne dose de JLR assaisonné de ses commentaires, une rasade d'Éditions de Minuit et un zeste d'autres écrivains, une pincée d'histoire du recrutement dans l'enseignement supérieur français pour pimenter le tout. Servez ébouriffé.
Vraiment un bon moment.
Mais qu'on ne s'y méprenne pas : je n'écris pas un journal littéréticulaire dans le but de me servir du réseau comme d'un filet de pêche où se prendraient des écrivains. Sur cent-cinquante dont j'ai dû parler (voir index), dont une bonne moitié de vivants, je pense en avoir rencontré grâce au JLR... deux ! Frédérique Clémençon et Jean-Claude Bourdais, et sans doute par des affinités où l'internet joue peu.


"[...] J'ai préféré me marier, voilà mon tort. Les femmes ont causé ma perte. Et pourtant je n'ai jamais fait le premier pas, c'est toujours elles qui commençaient. Ma grande faiblesse est de n'avoir pas su leur résister, je ne sais pas dire non. Je voulais leur bonheur, les faire rire, c'est tout. Je ne voulais pas aller plus loin. Je ne suis pas porté sur la bagatelle.
Je voulais en rester là, mais à chaque fois je me laissais entraîner. Elles ont toutes perdu la raison. Aucune n'a voulu se contenter de cette complicité légère, elles voulaient que je les épouse. Je suis un bourgeois, je tenais à ma respectabilité, je devais protéger ma famille, respecter l'honneur de ma femme. A la limite, j'aurais pu être leur amant. Dès la première rencontre, je leur disais que j'étais marié et père de famille, je ne voulais pas divorcer, mais elles insistaient. A chaque fois qu'elles décidaient de disparaître, je me sentais mieux.
Je suis faible. Savez-vous que je n'ai jamais voulu d'enfant ? C'est ma femme qui a choisi, comme ma mère. Un jour mon père m'a dit que, si ça n'avait tenu qu'à lui, je ne serais jamais né. Ma mère voulait un fils. Comme mon père n'avait pas d'autorité, ma mère est tombée enceinte. A la maison, je n'avais le droit de ne rien dire. Dehors, je me sentais libre.
J'ai fait ce que je devais. Hier soir, j'ai rêvé que j'étais mort : sur ma tombe, il était inscrit : "A Landru, les femmes reconnaissantes". Je me suis réveillé et dans le noir, j'ai eu peur comme un enfant.
J'aime séduire. Gilbert et la police l'ont compris. Je suis cabot, je l'avoue. C'était inespéré, on m'invitait à faire rire tout Paris, jusque-là j'avais gaspillé mon talent avec quelques femmes. Vous ne pouvez pas savoir comme j'étais fier lorsque Colette notait mes pointes, Sarah Bernhardt souriait de mes bons mots, j'ai oublié que ce n'était pas un jeu.
Landru."
Landru, précurseur du féminisme, Correspondante inédite Henri-Désiré Landru - Jean-Baptiste Botul, Mille et Une Nuits, 2001.
Spéciale dédicace à la chose des choseuses.
2005-03-28 22:23:51 de Bartlebooth

Bartlebooth, t'es encore plus troll que moi. Je connais une Pool qui va pas du tout aimer la plaisanterie.
2005-03-29 00:53:56 de Bromius

bon, et bien là, moi, je me tais, parce que les heures de colle vont voler sec, et j'ai RV avec Ginette samedi prochain (je sais pas leur dire non :d ) !!!
2005-03-29 09:20:27 de arte

Berlol , dernières giboulées pour le fun ? Je l'espère pour la tranqulité des chaumières. C'est çà la grande dépendance au blog ?
Ah, au fait :
De ne point rire mon foie s'est persillé ! Il a la vie dure le Romain DURIS, pathétique ... récupérable ?
2005-03-29 13:08:27 de Marie.Pool

« Landru, précurseur du féminisme » ?
En lisant le passage cité plus haut, j'aurais plutôt dit « Landru, précurseur du masculinisme » (excusez le néologisme, mais il est révélateur qu'un tel mot ne soit pas autorisé aujourd'hui !) et du droit à l'homme à ne pas se faire empiéter en permanence par la femme ? Aurais-je mal lu ? ^-^'
2005-04-01 02:00:26 de Arnaud


Mardi 29 mars. Emballements du dernier jour.

Courses rue Mouffetard pour le dîner (dont un kilo d'haricots verts que je mettrai une heure à éplucher). Déjeuner en famille. On ouvre déjà le calendrier pour l'été, l'anniversaire de la sœur cadette à fêter juste après Cerisy. Un chiffre rond, en plus, ça se fête !
De retour à Paris, je me mets à la recherche, après repérage dans un magazine féminin, du parfait cadeau pour T.
Tout du moins est-ce ce que je pense. On verra dans deux jours si j'ai eu raison... Mais il m'a fallu galérer un peu pour trouver la boutique (qui se trouvait finalement mitoyenne du Michel Axel où j'achète souvent chemises et cravates). Puis dernier tour dans le quartier des Halles (jolies petites cuillers chez Bodum).

Recommencer le puzzle de la valise avec d'autres pièces qu'à l'aller.

Dîner avec mes hôtes, notre ami Jean-Paul Collet, libraire de La Boucherie, et un collègue japonais qui vient juste d'arriver pour une année sabbatique. Encore un peu dans le décalage horaire, il peut trouver de quoi se caler sur un rythme français dans ce dîner typiquement parisien !
Alors que moi, je suis déjà projeté dans mon départ...

Mes excuses à celles et ceux de mes connaissances et ami(e)s que je n'ai pas eu le temps de voir. Ainsi qu'aux récents commentateurs auxquels je n'ai pas le temps de répondre.
Les prochains jours risquent d'ailleurs de voir le JLR devenir lapidaire. Cure d'amaigrissement post-Paname...



Mercredi 30 mars. Vol AF 276.

Départ de la rue Monge vers 10 heures...

Décollage prévu à 13h15...

Le lendemain.
Tout s'est bien passé que c'en est déconcertant : rien à raconter. Même pas le plus petit incident mettable en scène !
J'ai vu trois films d'affilée, histoire de passer le temps sans me prendre la tête (36, quai des Orfèvres, d'Olivier Marchal, pour détester en toute quiétude le pourri que joue Depardieu, Tu vas rire, mais je te quitte, film de Philippe Harel à la gloire très surfaite de Judith Godrèche et Lolita malgré moi, pour se repaître de jeunes plastiques gonflantes).
Puis j'ai lu, pour justement me prendre un peu la tête sérieusement, après l'avoir remplie de n'importe quoi. Et ça a donné que je suis tombé sur un passage de Grozdanovitch absolument merveilleux dont je parlerai dès que j'aurai un moment.

Sans que je sache exactement quand, puisque ça se chevauche, on était le 31...


Moi déjà rentré, toi, bientôt rentré, tout va progressivement rentrer dans l'ordre. La vie normale, en somme ! Enfin, presque... Les cours aussi vont reprendre, et là ça craint ! Parce que pour les nouveaux, tout est encore en chantier, étape du terrassement...
Enfin, bon voyage de retour. Et surtout garde bien ta ceinture attachée en toutes circonstances. Les passagers d'un vol Taipeh-Narita sur EVA s'en souviendront longtemps des montagnes russes qu'ils ont eu à emprunter avant d'atterrir en urgence (49 personnes blessées, le plafond de la cabine effondré par endroit...) De quoi me dégoûter de l'avion pour des lustres ! Mais il paraît que ces turbulences intempestives sont fréquentes en cette saison à l'approche du Japon.
A +
2005-03-30 04:11:11 de dabichan

Bon voyage.
L'opéra continue.
2005-03-30 09:17:06 de Frédérique Clémençon

O temps, suspends son vol! et vous, blogs propices
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours!
2005-03-30 09:53:07 de jcb

13h39: on en profite, les copains ? 14h sans lui!
(à part ça: "la chance" comme disent mes gosses - l'étirement de la Sibérie avec les fleuves qui brillent dans la neige, le soleil tout rouge qui se lève sur les nuages, et le Japon tout hérissé qui se profile..)
2005-03-30 13:50:03 de FBon

Pourvu qu'il atterisse, pourvu qu'il atterisse !
2005-03-30 17:01:39 de arte

A tes risques ?
2005-03-30 23:32:54 de jcb

Bien arrivé à l'autre bout du monde... Merci de vos messages.
Reprise normale ce soir peut-être, après repos mérité...
2005-03-31 11:15:46 de Berlol

"à l'africaine" : Bonne arrivée !
Nous allons goûter à nouveau aux saveurs extrêmes !
2005-03-31 15:18:50 de grapheus tis

et pourquoi, mérité, le repos ? fallait dormir dans l'avion en se disant que le blog attendait!
(dit-il de l'adorable iMac acidulé de la salle des profs de l'IUFM Paris, avant atelier d'écriture à partir Claude Simon)
2005-03-31 16:55:13 de FB

oui, l'album promis !!!
2005-03-31 18:18:00 de arte


Jeudi 31 mars. Premiers coups de manivelle à Tokyo.

Précisément à une heure du matin, heure de Paris, je mets en plein vol ma montre à huit heures du matin, heure de Tokyo. L'opération dure environ trente secondes, ce qui veut dire que j'ai tourné mes aiguilles pendant huit kilomètres...

Aéroport de Narita. Devant le tapis tournant de réception des bagages, j'aperçois un collègue japonais, tendance philosophe et connaissant bien T. mais ignorant sa situation depuis un an, en ce qui concerne son père notamment. Je le mets à jour en deux minutes. C'est fou comme on peut varier dans le choix des mots et des formulations pour exprimer en bref tout ce qui a concerné T. et sa situation familiale dans le JLR depuis près d'un an !
Cela doit n'avoir à peu près aucun sens pour lui. Sauf qu'elle est méritante, si j'en juge à son approbation résignée.
Il serait d'ailleurs tout fait impoli d'entrer dans les détails après onze mille kilomètres enfermés dans un tube de vibrations et devant un tapis qui crache trente valises à la minute.

Après le Narita Express, je retrouve T. à la maison, très en beauté et fort contente de la montagne de cadeaux que je lui rapporte, pour me faire pardonner, un peu, si c'est possible, de mon absence... et aussi parce que c'est son anniversaire demain !

Plus tard, je redémarre l'ordinateur, j'accuse réception de 150 courriers (dont aucun par la poste), puis je redémarre Litor. Les premiers coups de manivelle font entendre du grippage dans les automatismes de l'interface logiciel-homme. Et puis ça revient.

T. m'a enregistré le Men in black II pour accompagner le nabé au poisson blanc du soir. Dérision, quand tu nous tiens !
Promis, demain je redeviens sérieux et je finis de préparer le cours sur La Nausée !


Cher Berlol, juste une phrase pour tirer chapeau bas devant la prouesse de maintenir le fil du JLR, quoi qu'il arrive et quelle que soit la direction du vent !!!
2005-03-31 22:58:42 de Au fil de l'O.

Ah le chien de Men in Black II !!!
Bon anniversaire T.
2005-03-31 23:42:22 de arte

Puisqu'il est encore temps de rire et de plaisanter, je pense que FBon, après nous avoir appris que Berlol ne jouait pas au ping pong, va nous apprendre que ce n'est pas lui qui écrit son blog, mais un de ses étudiants, au mieux qu'il le dicte et le donne à taper...
Alors au boulot, mais je dois dire que j'attends la nausée avec un peu d'appréhension...
Bonne arrivée donc, et content d'avoir rencontré "en chair et en os " le phénomène en chair et en os. Bien à vous tous.
2005-04-01 00:57:21 de jcb

Salut Berlol ? Bien rentré ?
Je t'ai entendu hier midi en rentrant d'un running assez pénible (il faut dire que j'avais arrêté depuis plusieurs mois, mais là je reprends doucement).
A peine rentré que tu repars à Nagoya peut-être ? En tous cas, à bientôt.
2005-04-01 01:42:51 de Arnaud

Berlol-sama
Okaérinassaï!!
Et bon anniversaire à T-san.
Euh….Sartre nous attend à l’Institut franco-japonais.
2005-04-01 13:29:55 de koike1970

Merci pour la liste récente, sur Litor, des expos et manifestations concernant Jean-Paul Sartre en ce moment.
Difficile de résister à l'aplatissement idéologique généralisé, visant la tête de l'intellectuel fâcheusement démodé, et ayant comme mot d'ordre : "En joue !".
Sartre a fait des erreurs, c'est évident ; mais tout le monde n'a pas les mains pures de Kant...
Amitiés.
D.H.
2005-04-02 14:19:42 de Dominique Hasselmann

©Berlol, 2005.