Journal LittéRéticulaire de Berlol
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Littéréticulaire : néol., adj. (de littéraire et réticulaire), propriété d'un texte où s'associent, aux valeurs traditionnelles et aux figures classiques du texte littéraire, les significations et effets de sens provoqués par les liens hypertextuels au sein d'un réseau (l'internet par exemple), qu'ils aient été voulus ou non par l'auteur.







Août 2008

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Vendredi 1er août. Oui, mais sans code-barre.

Enfin, j'ai réussi ! Après des semaines d'interrogations et d'essai divers, sur fond de pannes et d'aléas du service Netvibes, j'ai réussi à récupérer l'ensemble des articles sélectionnés dans la page des Flux Litor, parmi la centaine de flux RSS qui la constituent, pour en faire un courrier Litor, le premier du mois. Soit la prouesse suivante : faire entrer du web 2.0 dans du web 1.0. Parce que sur les centaines de personnes inscrites à Litor, beaucoup restent concentrées sur la littérature et la recherche dans leur domaine et n'ont pas (encore pris) le temps de changer de paradigme — ce qui demande tout de même un certain investissement, en temps, donc, mais aussi en lectures techniques, en concentration, en installations diverses, etc., sans parler du stress.

Parenthèse. Au Japon, où on parle déjà de sekuhara, pawahara, akahara, dokuhara même, on devrait pouvoir dire tekuhara. Qwatès-ce ? Sekuhara, abréviation devenue terme officiel pour harcèlement sexuel ; pawahara, pour harcèlement hiérarchique (ça se dit ?); aka- sera pour le domaine académique et universitaire (prof abusant d'étudiant — ou l'inverse, oui, possible) et doku- pour le domaine médical et hospitalier. Alors, mon teku- ?
Pour le harcèlement technique, bien sûr ! Vous savez, ce petit pincement, cette petite humiliation répétée, ce stress qu'on ressent ou cette pression qu'on se met tout seul quand on constate qu'on ne maîtrise par une technologie, surtout dans le domaine informatique et de réseau, et qu'on voit les autres s'en sortir très bien, ouvrir des sites, faire des trucs... Fin de la parenthèse.

Et heureusement que j'ai fait ça ce matin, parce qu'après c'est, avec T., des tas d'affaires à ranger, microscopiques ou énormes, mais toujours accompagnées de questions : ça, est-ce qu'on le garde ? entre deux choses, laquelle on préfère ? Et des notes dans un cahier pour la traçabilité des livres, de sorte que si T. veut tel livre qui sera dans mon bureau elle pourra me dire dans quel carton il est. Judicieux, oui, mais sans code-barre.

Ce qui fait que pendant deux ou trois jours, je ne vais guère avoir le temps de suivre la blogosphère. Mais, je garde un œil...


Samedi 2 août 2008. Le sacre aura lieu au lit.

Après une absence qui nous fut difficile à supporter, Éric Chevillard nous revient en grande forme. Qu'on en juge plutôt :

« Un carnet d’Emmanuel Kant récemment découvert a permis de faire un sort à la légende de son éternelle virginité. Non seulement le célèbre philosophe n’est pas mort puceau mais, à en croire cet agenda, il tira son coup tous les jours que Dieu fit entre 1742 et 1804, à 21h33, y compris le 14 juillet 1789.» (L'Autofictif, 297)

Aujourd'hui, notre couple sera proclamé empereur du 4e étage. Le sacre aura lieu au lit, dès ce billet posté.
Préalablement, il aura fallu que nous montions et descendions une bonne centaine de fois (ça fait les mollets), bras chargés de petits et de gros paquets (ça fait des biscotos) qu'il faut évidemment soulever et reposer (ça fait les cuisses et les abdos) dans une ambiance de 33°C de moyenne (comme au boulevard Bourdon, et ça fait beaucoup suer). Nous aurons été aidés deux heures durant par un ami (bien baraqué) pour les objets encombrants et lourds (cadre de lit, matelas, canapé) après le déjeuner au Saint-Martin (pour ne pas déroger) — restaurant presque vide, on voit que c'est août.
Et puis on a reçu les sièges de bureau de Kokuyo (trop mignons !), un bureau de Bisley (très bien) et deux meubles à tiroirs métalliques, avec un tiroir faussé, la peinture de celui de dessous déjà grattée, bref, à renvoyer. Pénible ! Et puis en voulant charger le nouveau téléphone Conof, très design, je me suis aperçu qu'il n'y avait pas de branchement pour le réseau. Mea culpa ! J'ai commandé un poste secondaire sans fil. À renvoyer (on suit la procédure Amazon, ça partira demain) puis commander le poste primaire (boîtier réseau + poste sans fil primaire).

J'ai pris un bain vers 18h30. J'avais le dos cassé, mal aux doigts. Et dès 21 heures, j'ai commencé à bâiller ostensiblement. T. me dit que j'ai de petits yeux. Alors j'y vais, sans attendre la fin de la Carte aux trésors, émission que je déteste et que je ne regarde d'ailleurs jamais.


Dimanche 3 août 2008. Disparaître une à une les pages.

Entrelacs d'allées et venues entre l'appartement qui se vide et celui qui se remplit, d'enregistrements d'émissions de France Culture quand je passe devant mon bureau (Mythographies, Correspondances de Manosque, Années 70...) — même si pas beaucoup de temps pour la littérature lecture — et de corrections de copies à finir pour mardi...
Pendant ce temps-là, je vois disparaître une à une les pages administratives du blog JLR, les stats, déjà en panne depuis une semaine, le filtre de spam, puis l'interface des commentaires et des billets eux-mêmes, enfin la page publique du blog à son tour s'évapore. Tentative de log chez Globat vers 22 heures mais ce n'est pas possible — ce qui est rassurant, dans un sens, si je puis dire, le problème venant de chez eux plutôt que de chez moi. Et ce, juste après que Globat m'avait envoyé un de ces courriels commerciaux commençant poliment par le souhait que chaque client puisse tirer le meilleur du service dont il a le privilège... Il faut croire que le début août n'est pas des plus faciles pour tout le monde.

Découverte ce soir d'un excellent restaurant italien. Nous étions sortis pour du papier-toilette, c'est trivial, en nous demandant ce que nous allions manger, c'était l'heure. Puis nous nous sommes proposé d'aller voir un restaurant d'unagi. C'est de saison, dit-on. Mais il était presque plein et ça sentait la cigarette dès l'entrée. Nous avons alors traversé le carrefour d'Iidabashi et sommes remontés vers la poste, cherchant vaguement un restaurant recommandé par quelqu'un il y a quelques mois. Nous revenions sur nos pas, n'ayant rien trouvé, quand nous l'avons aperçu, une simple porte, dans un renfoncement d'immeuble, bien éclairée mais pas de fenêtres sur la rue. La Trattoria Toy a les mêmes dimensions que le Saint-Martin, à peu près. C'en est la sœur italienne, avec ses deux cuistots qui alternent tous les trois jours cuisine et salle. Dès les premiers mots, nous avons su que ce serait bon. Une façon d'en parler comme quelqu'un qui le fait, qui le fait bien. Qui plus est, copieux. Un service one-plate avec des pâtes, de la salade verte, quelques antipasti. Pour 1600 yens. Quand nous en sommes sortis, toujours notre énorme paquet de papier-toilette à la main, nous savions que nous tenions notre deuxième meilleure adresse du quartier.


Lundi 4 août 2008. La poubelle ou la route.

Ce qui rend notre manip difficile, et plus encore pour T. que pour moi, c'est que nous essayons de mettre le contenu utile d'un appartement dans un autre appartement, dont la surface est d'un tiers réduite et doté de moins de placards. De mécanique en apparence, l'exercice devient ontologique lorsqu'il s'agit ni plus ni moins que de changer de mode de vie. Et ce, en extrayant une à une les choses nécessaires à une bonne vie de la masse de celles soudain jugées superflues par la nouvelle contrainte.
L'accumulation des choses dans le temps, chacune étant relativement petite, souvent issue d'un achat d'impulsion où le plaisir momentané a fait nécessité, rend en effet, à la longue, l'espace saturé et invivable. C'est une expérience banale mais l'on n'en prend conscience, soudain, qu'à l'occasion d'une impérative sélection — comme si l'on mettait des lunettes spéciales et que tout changeait de couleur valeur (et ça me fait penser à la scène burlesque de Cléo de 5 à 7). L'opération est facilitée, dans notre cas, par l'idée que certaines de ces choses ne vont pas disparaître. En effet, nous avons le choix : c'est la poubelle ou la route de Nagoya. Dans ce second cas, ça reste dans l'appartement en fin de bail mais il faut le mettre de côté et ne pas confondre avec ce qui n'a pas encore été traité par la question.

Pendant ce temps, les enregistrements continuent. Les corrections de copies aussi. Et puis T. a rendez-vous avec une personne de l'entreprise de numérisation des Mazarinades, qui nous apporte le dévédé avec, nommées et indexées selon nos ordres, toutes les photos des pages, une à une, de la collection de Tokyo. T. teste ça sur son portable, ça marche. On remercie poliment mais on s'extasiera un autre jour, pardon. D'ailleurs la personne a aussi à faire.
Pour ma part, c'est shinkansen. Je dors et j'avance dans le polar. Sans le citer beaucoup, vous aurez remarqué. Pas parce que c'est mauvais, ce qui n'est pas le cas, mais parce qu'il n'y a pas de saillies dans l'écriture ni dans les sujets abordés, pas de digressions anthropologiques ou politiques comme chez Fred Vargas ou chez Dominique Sylvain. Peut-être aussi parce qu'à la différence de ces deux-là, Hervé Claude a choisi un narrateur à la première personne, moins regardé par l'écriture que regardant son enquête brumeuse, et un narrateur suffisamment flegmatique, qui ne se fait pas d'illusion sur le pouvoir de ses commentaires concernant la marche du monde.

Arrivé, je photographie deux meubles de cuisine pour donner le choix à T. Ça ira aussi dans l'autre sens...
Au bureau, je continue les corrections. Puis je vais travailler au secrétariat avec David sur un document rassemblant les notes des différents enseignants, leur attribuant chacun une couleur, et mettant en rouge les cas litigieux. Du temps gagné pour la réunion de demain.
Quand j'ai l'occasion de la joindre, T. me répond par le nouveau combiné téléphonique (voir avant-hier). La livraison a été très rapide, mon erreur est réparée et tout est prêt pour l'installation dans le nouvel appartement le 8.
Côté serveur, les blogs de mes cours, des Mazarinades et de Mérimée sont revenus, mais pas le JLR... Le sort s'acharne. Y'aurait de la censure déguisée là-dessous, que ça ne m'étonnerait pas ! Encore un coup de IOA|AOI.


Mardi 5 août 2008. Notre délice en binôme.

C'est le jour où l'on sort de l'entonnoir. Avec 37°C annoncés dans nos rues. La réunion de 10 heures met fin, en 38 minutes, à une semaine de stress des correcteurs. Pour les 1ère et 2e année. La salve suivante viendra dans moins de deux semaines, avec les rapports des 3e année, sur le cinéma.

Déjeuner avec David, Florian et Jonathan au Downey. C'est incidemment, en parlant de séries télé que la différence de génération devient criante. David, plus jeune que moi, n'y est pas encore habitué. Nos deux vis-à-vis sont nés vers 84. Quand j'allais faire mon Service national, c'est dire. Quand ça existait encore. Je pourrais largement être leur père. Je revois très bien leur mère potentielle... Mais ils ne connaissent pas Amicalement Vôtre, ni Chapeau melon et Bottes de cuir ni Dallas (série que je n'aimais pas du tout), et à peine Ma Sorcière bien-aimée. Pfuuu...

Pendant que la chaleur se démène ici, T. me dit qu'il pleut très fort à Tokyo. Des employés de la voirie ont été emportés dans des canalisations. L'un est mort après avoir parcouru trois kilomètres, son corps repêché dans la rivière Kanda. Les alertes d'inondation se multiplient et le tonnerre gronde orange. D'où je suis, sous le soleil, c'est un peu difficile à croire, même si j'entends très bien les grondements dans le téléphone. Mais c'est pas ça qui va m'empêcher de partir la rejoindre !
Prévoyant, je mets quand même une bonne dose de thé chaud dans mon mug et je fais un énorme sandwich avec le saumon fumé qui reste. J'ai (toujours) une mini-torche électrique et un couteau de poche, le tout pour le cas où mon train resterait coincé des heures. Je m'imagine planqué sous un siège, dans le noir d'un wagon sans électricité, en train de grignoter mon sandwich au saumon... Quoiqu'a priori ça arriverait plutôt en France qu'au Japon, cette mésaventure-là, non ?
En fait, tout se passera très bien. Je finis le roman d'Hervé Claude, je sirote mon thé au caramel et je garde le sandwich pour la maison où il fera notre délice en binôme.
Quand j'arrive à la sortie d'Iidabashi, j'entends déjà gronder l'eau dans le déversoir. Je me penche et je vois passer tout un torrent de montagne, sa mousse blanchâtre dans le coude de béton. Soudain l'angoisse pour les tortues, de l'autre côté de la passerelle de Ramla. Dans le noir, en contrebas, impossible de rien voir. Ont-elles eu le temps de se protéger ? Ont-elles un sens qui les a alertées du danger ? Les reverra-t-on jamais ?


Mercredi 6 août 2008. Le monde était entièrement analogique.

Maintenant, l'appartement où nous avons habité depuis 7 ans n'est plus qu'un hangar où s'entassent, pas encore pêle-mêle, les affaires majoritairement destinées au voyage de Nagoya. Pas encore parce que la configuration des meubles correspond à ce que notre mémoire a connu vivant. Mais d'ici une semaine, il n'y paraîtra plus. Nous rendrons l'espace à son anonymat, sa disponibilité, ce qui lui a permis d'être l'habitat de cinq, sept, dix locataires successifs — ? — depuis la construction de l'immeuble dans les années 60.
Cependant, nos ordinateurs y sont encore. J'y suis donc venu ce matin travailler une heure, répondre à des courriers, constater que Globat n'a toujours pas retrouvé le chemin de mon blog. Ai reçu réponse après mon dernier courrier, on me dit qu'il y a un problème, qu'on y travaille, qu'on est désolé pour moi — traduction :  un méga problème parce que ça fait quand même quatre jours entiers.

Après le déjeuner, quand la batterie de la perceuse est chargée, je fais deux beaux trous l'un en face de l'autre de chaque côté d'une cloison — j'ai bien mesuré et me suis quand même planté de sept centimètres à cause d'une plinthe cachée, donc second trou de ce côté-là — pour passer le câble réseau qui ira à l'imprimante dont on a bien l'intention maintenant de se servir aussi comme fax. Le trou étant juste, il faut scotcher la prise réseau pour qu'elle ne s'accroche pas comme un hameçon quand on voudra la faire repasser et lui mettre un guide fait d'un trombone déplié pour qu'elle atteigne le trou d'en face et ressorte de la cloison... Est-ce assez clair ?

Enfin, profitant de ma pause sieste, je paramètre Acrobat Reader pour lire des pdf sur deux pages, plein écran, et découvrir les autres paramètres ajustables d'Adobe, ce que je n'avais jamais fait, l'utilisant toujours au minimum nécessaire. Bien installé, je peux enfin apprécier les trente premières pages du recueil d'Olivier Rolin intitulé La Chambre des cartes (Publie.net, 2008).
Celui qui commence son ouvrage en saluant Julien Gracq et Claude Simon ne peut pas m'être indifférent ! Surtout quand j'ai déjà grandement apprécié son Tigre en papier de 2002, pour ne citer que celui-là, commenté au Graal en 2003, et eu l'honneur de l'entretenir plus d'une heure devant le public de l'Institut franco-japonais en juin 2003, comme cette mauvaise photo en témoigne. Ah, les numériques de ce temps-là !... Je l'avais asticoté un peu, me faisant l'avocat du diable, sur l'aspect témoignage, ainsi que sur la misogynie dont certains l'accusaient du fait d'une jeune femme un peu trop silencieuse dans la voiture de son narrateur. Mais il s'en était très bien sorti.

« Sur d’autres cartes du même Atlas, celles du « Grand archipel d’Asie », par exemple (l’Indonésie), on voit  des lignes qui ne se referment pas sur elles-mêmes, n’enclosent aucun espace : comme des fêlures sur le verre de l’océan, des rides du vide. Derrière, il doit y avoir des îles, qu’on suggère par une ombre grisée, une sorte de fantôme, mais on s’astreint à ne plus dessiner que ce qu’on a observé, mesuré. Le monde est lacunaire, incohérent, mais assuré. Les terres de fantaisie disparaissent en quelques années. Sur les cartes qu’emporte La Pérouse, et dont Louis XVI, qui ne s’intéressait pas qu’à la serrurerie, gardait les doubles, la Nouvelle Guinée est flanquée d’une île aussi grande qu’elle : vingt ans plus tard, cette chimérique « Terre des Arsacides » s’est brisée en multiples éclats, l’archipel des Salomon. Rien de plus émouvant que de suivre cette constitution graduelle du monde.» (Olivier Rolin, La Chambre des Cartes)

Plus tard, j'en suis sûr, on parlera aussi de notre époque en disant « vingt ans plus tard »... Le monde était entièrement analogique, avec la télé, la radio, le livre, les voyages, etc., et vingt ans plus tard, la révolution de l'internet, plus encore que celle de la micro-informatique, avait intégralement changé le monde, recartographié tous les usages, tous les chemins des gens, des objets, des idées et des désirs.

Sortons enfin, quand il fait moins chaud, pour aller au magasin Muji de Yurakucho commander des boîtes de rangement. Puis dîner chinois au RenRenRen — d'où tout le personnel chinois a disparu. Un serveur à qui T. s'en étonne répond qu'ils sont tous partis, soit du fait de problèmes de visa, soit pour participer à l'aventure des Jeux Olympiques... Ça nous laisse perplexes.


Jeudi 7 août 2008. Vissera, dévissera, revissera, jusqu'à perfection.

Les jars poussent et toujours pas de lirnal en jougne.
Je crois que ça va être l'occasion de redémarrer le JLR avec WordPress, plateforme plus paramétrable et communautarisée que Dotclear... Un JLR 2.0, du coup. Ce ne sera jamais que son 4e déménagement (la cohésion globale étant assurée par la version mensuelle). Mais ce n'est ni pour aujourd'hui ni pour demain (on installera téléphone et connexion réseau dans le nouvel appartement...).

Un peu plus de temps libre, aujourd'hui. Pour lire Rolin, notamment. Au moins jusqu'à ce que je reçoive deux brouillons de rapports d'étudiantes. Deux heures de correction pour chaque, à reprendre à la base (déterminants du nom, temps verbaux, etc.), à croire que tout l'enseignement de la 1ère année s'est évaporé...

On reçoit un meuble métallique de rangement Bisley en remplacement du défectueux. Mais il a aussi un problème, à peu près au même endroit, et un éclat de peinture. Cette situation me rappelle à la fois les armoires métalliques d'Alain et la porte du Planétarium... Mais bon, on a le droit d'en avoir pour son argent. T. téléphone au magasin. Le vendeur qui s'est occupé de nous à la commande va passer après le déjeuner. On apprendra qu'il fait aussi le service après-vente, et qu'il le fait bien (c'est aussi ça que l'on paie en choisissant une marque sérieuse — on croirait un slogan d'infopub !).
Il intervertira des tiroirs, vissera, dévissera, revissera, jusqu'à perfection du mécanisme. Puis la retouche de peinture, absolument invisible, je n'y croyais pas. Un gars qui aime son boulot. Après, on discute de la clientèle en prenant le thé. Il y a toutes sortes de gens. Hier, il a été appelé chez une cliente, elle voulait faire changer la serrure d'un tiroir, ça semblait en rapport avec un problème de couple. En même temps il faut rester discret. La moitié de sa clientèle est composée de particuliers, généralement plus exigeants que les bureaux (voir nous).

Se mettre à la fois dans le sillage de Gracq et de Simon, c'est, de la part d'Olivier Rolin, s'engager dans la voie d'un grand écart. Entre celui qui imagine, invente, ne parle jamais de soi, et celui qui n'imagine pas, ressasse son expérience — les deux se rejoignant toutefois dans la précision parfois obsessionnelle des lieux.
Avec sa Chambre des cartes, Olivier Rolin veut nous dire que, littérairement, des lieux imaginaires doivent être crus (« Mes Ruines », « Le Roi des taupes ») tandis que des lieux réels sont incroyables ou menacés de doute (la Kolyma, Khatanga, dans plusieurs des nouvelles (?) ou chapitres (?) suivant(e)s). Il y excelle, à la façon dont, selon moi, Patrick Deville excelle avec l'Amérique centrale : en rencontrant des personnages locaux (locos), un peu au hasard, et en tissant avec de l'histoire plus... historique, mais sans que l'un prenne le pas sur l'autre.

À suivre — si connexion...


Vendredi 8 août 2008. Jusqu'au frisson, la connexion.

À la bonne fortune du 888, nous aussi...
T. sort en matinée, rendez-vous chez un médecin et courses pour diverses bricoles. Ici, c'est le déménagement de l'informatique :  deux étages à franchir avec deux ordinateurs, deux écrans, deux claviers, deux souris, un routeur, un téléphone et TOUS les fils qui vont avec. Démonter, nettoyer, déplacer, remonter... Au total, presque trois heures — et pas trop vite dans les escaliers, autant pour la chaleur que pour éviter toute casse.

Mais par dessus tout, ce qui fait question, c'est, jusqu'au frisson, la connexion. Il n'y a pas eu de ligne téléphonique dans cet appartement depuis plusieurs années (au moins depuis la réfection totale de 2004, pour ce que nous en savons). On nous a dit qu'en principe, nous garderions le même numéro et que la fibre optique devrait fonctionner. Et pourtant... Le doute subsiste.
Quand l'ingénieur NTT arrive, vers 15 heures, on n'en mène pas large. Lui non plus (il le dira après). Il a déjà eu affaire à cet immeuble, à ses fils téléphoniques sans gaine qui se perdent dans les murs, d'antiques installations bricolées et de normes obsolètes. Il s'installe par terre près de la prise et commence ses étranges rites chamaniques à l'aide d'un Thoughbook CF-19, engendrant parfois de petits bruits, s'absentant deux fois plusieurs minutes pour aller trifouiller on ne sait quoi dans un placard téléphonique au bout du couloir. Temps que je mets à profit pour photographier le trou derrière la prise, le vide sanitaire mis en place lors des derniers travaux et qui nous bouffe l'espace d'une pleine armoire de livres, soit dit en passant.
De retour devant son Panasonic tous terrains, les gestes incantatoires reprennent de plus belle, la mine sombre, concentré, presque bourru, T. et moi encore figés dans nos positions d'origine. Et puis soudain, comme un bruit de modem dans ses appareils, des grésillements de fréquences qui s'ajustent à la façon du dernier millénaire, ou du fax. Il sort un téléphone portable, compose un numéro et... ça sonne chez nous.
Dès cet instant, il change de figure, devient souriant, et même bavard avec T. qui lui demande ce qui se passait. Il explique, volubile maintenant. De mon côté, j'ouvre Firefox et Thunderbird, aperçois les pages web et les courriers qui déboulent sur l'écran, clique même sur TV5 Monde pour tester le flux vidéo, qui marche. Il a bien mérité le verre de jus de raisin not from concentrate que T. lui tend.

Le temps maintenant de reprendre les enregistrements de France Culture. La Mythophonie sur Paris Hilton est particulièrement savoureuse, et sans acharnement. Pour le reste, j'y reviendrai demain.

« Parce que le corps virtuel n'est pas un corps absent. Il est présent-absent. Et il s'agit plutôt d'un corps « augmenté » : il augmente ses capacités, transforme ses perceptions. Il n'y a qu'à voir les enfants jouer sur ordinateur ou console. Outre qu'ils développent une coordination œil-main sans commune mesure avec la nôtre, ils acquièrent un sens de l'organisation de l'espace. Nous qui travaillons sur écran, conduisons des voitures et regardons la télévision n'avons pas les mêmes facultés physiques et cognitives que nos ancêtres, qui travaillaient dans les champs et se déplaçaient en charrette. C'est l'évidence.
Quant aux échanges relationnels, là aussi il y a l'ordinaire et la pathologie. Des jeunes qui perdent le lien avec le monde en s'enfermant dans l'imaginaire, cela a toujours existé : la lecture a rempli cet office, la télé, les jeux de rôle, maintenant Internet. Certes, les possibilités de faire fluctuer son identité sont décuplées par les sites de rencontre, les Second Life et autres. Mais avant, rien n'empêchait personne de truquer son identité ou sa photo en passant une annonce. Alors oui, on tend vers une dématérialisation des échanges, oui, les jeux avec l'identité sont démultipliés, oui, avec les téléphones portables, le rapport de notre corps à l'espace, au temps, à autrui est bouleversé. Mais cette révolution ne signifie pas la disparition du corps. [...] » (Isabelle Quéval, « La prodigieuse révolution du corps », entretien publié dans Télérama le 7 août 2008)


Samedi 9 août 2008. D'un déménagement l'autre.

La sélection qui s'effectue progressivement parmi nos affaires est l'occasion toute naturelle, l'air de rien, d'un changement radical de paradigme. D'un déménagement l'autre : on range et arrange drastiquement nos propres affaires, l'immédiat, mais on arrange aussi salement le médiatique. La grande télévision n'a plus de place, elle partira. Un petit poste de télé de T., avec lecteur de vidéos, restera le temps de visionner les cassettes qui nous restent à voir (4 ou 5). Les informations seront vues à la volée avec le téléphone portable. Tout le reste, l'essentiel de notre information provenant de l'extérieur passera maintenant par l'ordinateur : TV5 et France 24 en direct, les infos de France 2 et France 3, France Culture et France Info, etc. Et les dévédés de films seront vus sur l'écran large de l'ordinateur de T., ce que nous inaugurons dès ce soir avec le film Zodiac (Fincher, 2007).

Aller-retour à Korakuen, au magasin de bricolage, pour 10m de fil téléphonique et quelques autres bricoles.
Déjeuner au Saint-Martin — où l'on reviendra quelques heures après pour donner notre fax à Yukie. Pour cela aussi on va passer uniquement par l'ordinateur. C'est fou la place que ça fait gagner !

Toujours pas de blog du JLR. Et un message laconique d'un Julius de chez Globat qui m'écrit : « We are now reimporting a copy of your database backup. Please do check your site in a few hours.» Pas une formule d'excuse, pas un mot gentil, le strict minimum du biznès-biznès. Et quand je regarde le résultat, je vois, quelques heures durant, des pages du blog comme si on était en juin 2006, avec une partie des à-accent grave convertis en icones de points d'interrogation... Et après un temps, plus rien, ce qui n'est pas plus mal.
Il va vraiment falloir que je fasse quelque chose...

En attendant, je m'attelle à l'installation du fil téléphonique le long des plinthes et des baguettes. Ça prend une bonne heure pour que tout soit bien droit et bien fixé. Le pire, c'est les petits coups de marteau à ras de terre. Mais dites-vous que maintenant quand vous me lisez ou m'écrivez, tout ça passe in fine entre les jambes de 40 cavaliers blancs dont le pré-plantage m'a bousillé la pulpe d'un pouce et d'un index.
J'ai attendu la fin d'un des épisodes de l'histoire de la NRF, celui avec Angie David et Philippe Sollers, pour débrancher le petit fil qui traversait la pièce jusqu'au routeur et connecter le nouveau, fixé et surveillé par la troupe, par quoi tout passe, pour enfin enregistrer le dernier épisode, qui n'était pas le moins intéressant.

Dînant et après, donc, Zodiac. Film quand même moyen pour retracer une histoire somme toute assez banale. Hélas. Mais avait-on besoin de nous prendre plus de deux heures et demie pour ça ? Un bon point, au moins, c'est qu'après on dort bien.

commentaires

  1. cgat

    longue vie au JLR tout nouveau tout beau !
    2.0 c’est pour faire comme son webmestre : gagner 2 étages ?

  2. cgat

    comment ça ? modérés les commentaires ? pas très 2.0 ça …

  3. Berlol

    Merci de tes bons vœux !
    Modérés, oui, pour le moment. Le temps de bien faire le tour de l’installation… Mais tu sais que ce n’est pas dans mon esprit.

  4. Philippe De Jonckheere

    Je ne suis pas certain, en bon râleur contre ce genre de choses, que j’apprécie beaucoup le papier peint du nouveau logis ni la couleur des placards, mais je suis content de te retrouver, même avec modération.

    En tout cas voilà un déménagement rondement mené (et j’avais écrit dans un commentaire disparu dans le déménagement justement) que je me félicitais presque que pour une fois je ne sois pas invité (car c’est souvent que l’on pense à moi pour ce genre de sport, je ne vois pas pourquoi d’ailleurs).

    Amicalement

    Phil

    PS: j’ai béni ton nom tout l’été, en utilisant ton appareil-photo, notamment dans les Cévennes, sans toi je n’aurais pas eu de photographies de cet été, merci mille fois.

  5. Berlol

    Oui, pour la déco, je ne suis pas 100% satisfait, c’est un peu fade, j’ai des idées de customisation mais ça va prendre un peu de temps…
    Quel destin pour cet appareil-photo ! Je suis sûr que tu en fais un meilleur usage que moi. On pourra en profiter, j’espère !
    Pour le déménagement, je pourrais encore t’inviter le 22, voire l’année prochaine, mais au prix du billet d’avion, avec tout le respect que je te dois, je ne suis pas sûr que la qualité de ta main-d’œuvre…

  6. brigetoun

    grand est notre plaisir.
    quelle que soit la déco (un peu piscine tout de même, mais avec ma paresse suis mal placée pour juger)

  7. Berlol

    En effet, un côté fond d’étang même, n’ayons pas peur de le dire. J’essaierai quelques autres thèmes, à l’occasion. Mais l’essentiel pour moi est qu’il soit en français. Je bous (de bouillir) quand je vois des textes en français entrelardés de dates, d’horaires et autres informations de commentaires en anglais…



Dimanche 10 août 2008. La muse n'est pas muselière.

Ayant déjà un dossier de la dernière version de WordPress, il ne m'aura fallu que quelques heures pour mettre en place le JLR2 parce que, comme l'affirme Olivia Rosenthal, On n'est pas là pour disparaître (performance avec Robert Cantarella diffusée hier dans les Correspondances de Manosque).
Amusante coïncidence, comme une complicité, puisqu'Olivia était la cause, le motif, la muse, devrais-je dire, du premier billet du JLR, le 19 novembre 2003 — ce que je rappelais déjà le 12 septembre dernier, pardon de me répéter (c'est que la muse n'est pas muselière), avant de citer largement son livre (par exemple le 21) tandis que Laure évoquait Manosque en commentaire le 30. Sans oublier le 11 octobre...
J'ajoute que l'émission d'hier contient la performance de Manosque suivie d'un extrait du Tout Arrive du 10 septembre (avec Florence Noiville).
Bref, pour dire que la mémoire est un terrain qui se prépare et qu'à défaut d'avoir un back-up des dernières semaines du blog sous Dotclear (en m'excusant pour les commentaires que je n'avais pas encore recopiés dans les versions statiques des derniers mois, et qui réapparaîtront sans doute quand un informaticien de Globat aura remis la main sur leur back-up), j'ai soin d'entretenir la version mensuelle — ce que je conseille à tous les blogueurs consciencieux, indépendamment des back-up des bases de données, dont on ne sait pas très bien comment ils réapparaissent quand ils sont injectés dans un autre système ou lieu...

Sinon, encore du rangement. Des tas de petites choses, accumulées sur quinze ou vingt ans, parfois plus, et pour lesquelles, une par une, il faut décider : garder et jeter. Et chaque chose jetée est un allègement, sachez-le. La satisfaction d'une décision prise — alors qu'il est si facile de garder, même en vivant dans le bordel. Mais garder pour quoi, pour qui ? Pour l'inusage, contre l'amnésie ? Ça ne marche pas, j'en suis sûr.
L'appartement du 2e étage n'est déjà plus le nôtre (il ne l'a jamais été, nous le louions, mais ce n'est pas ce que je veux dire), nous habitons pleinement le nouvel, au 4e — deux étages au-dessus, d'où le JLR 2.0, comme disent les amis dans les commentaires d'hier. Malgré tous les livres et documents qu'elle a encore à trier, ranger, jeter, T. ne veut pas y rester plus de deux heures d'affilée, c'est comme être dans une tombe alors qu'on est encore vivant. Je lui dis de faire de l'apnée, par tranches d'une heure, avec masque (contre la poussière) et sans sentiment (contre la nostalgie).

Au moment de sorti chercher du pain, vers 20h30, la pluie commence. Faisons cent mètres puis rebroussons chemin. D'abord, on a laissé des chaussures à sécher sur le balcon, il faut les rentrer, ensuite si on va jusqu'au supermarché on va revenir trempés et de méchante humeur.
Tant pis pour demain matin (on finira des céréales).

Une des cassettes vidéo qui restent : Pola X (Carax, 1999). Encore un long film, Carax amalgamant l'histoire perso de Guillaume Depardieu avec des bribes d'Herman Melville (Pierre ou les Ambiguïtés). Mais je ne le trouve pas aussi convainquant que dans Ne touchez pas la hache de Rivette, en 2007. Huit ans plus tard, il a mûri. Il est mûr. À moins que ce soit le style de Carax contre celui de Rivette... Ou Balzac contre Melville...

commentaires

  1. cgat

    « chaque chose jetée est un allègement, sachez-le »
    certes, mais pour être moi-même encore (transhumances tous les 2-3 ans) en train de faire des cartons, je peux ajouter qu’à force de devoir choisir quoi garder, on en vient à se demander à quoi bon garder encore quoi que ce soit : pourquoi tant de livres ? pourquoi tant de choses ? tout jeter et le bébé avec l’eau du bain ? et le moral très vite s’en trouve coulé lui aussi …

  2. F

    ah non, alors, pas toucher le moral de cgat - oui, les transhumances régulières ont leur positif : et les livres, on peut progressivement les échanger pour leurs versions numériques - ou faire comme Alberto Manguel, reconstruire une grange près de Chatellerault ?

  3. ms

    ça fait un peu drôle de lire le JLR avec ce papier peint pompes funèbres sur les côtés (qui ne doit quand même pas être obligatoire puisque j’ai échappé à ça tout en ayant du français partout chez moi - mais il faut dire que c’est minimaliste chez moi et faut que je pense à changer votre lien quand j’irai)

  4. pat

    Ne serait ce pas un “lifeting” ce jlr 2.0. Enfin cela fait plaisir de voir que les absurdités du temps ne sont rien et qu’ils n’ont surtout aucun pouvoir sur la pensée. Vive la pensée libre dans ce monde sclérosé ou la liberté de penser vont devenir deux mots incompatible mais surtout impossible à associer. Les JO de pékin déteignent sur le monde libre.
    Il est vrai que le tri de ses petites affaires est une douleur une agonie puis un soulagement avant quelque fois d’en avoir les regrets habituels. Soit! la mémoire a, pour cela, ses avantages. Un classement unique, ou la valeur des choses n’est pas forcément celle qu’on lui donne. Et oui l’apparence que l’on donne n’est qu’une image “virtuelle-réelle” ou l’irréalité prime souvent sur l’être. Error syntax du temps présent.
    Amitié, a+ pat

  5. Dabichan

    O-tsukare-sama!
    J’ai râté le lancement du JLR2.0 … Impardonnable.
    Scotché que j’étais à la version mensuelle. J’en avais presque oublié la disparition de Dotclear (ou Globat). Enfin, peu importe.
    Connivences ? A Nagoya aussi, on trie et jette. Beaucoup !
    Au 22 !

  6. Berlol

    Chaque jour voit ses petits changements. Hier, j’ai atteint le code couleur des titres. Aujourd’hui, l’image de fond, qui passe du gris (quelque peu funèbre, en effet) au pourpre, comme dans une bibliothèque à tentures…
    Mieux adapté à la lecture, peut-être ?

  7. B G-B

    en apprentissage moi-même des rudiments d’une page css, vous fais compliment… (et un grand merci pour les 580 pages de Claude Simon en revues qui me sont parvenues cet après-midi)

  8. vinteix

    “Balzac contre Melville” ?! je ne sais pas… et n’ai pas vu le film de Carax… en tout cas, passé le début du livre, qui peut ennuyer ou donner une fausse image, plus ou moins édulcorée, de la suite (mais c’est aussi un des ressorts dramatiques du livre), “Pierre ou les ambiguïtés” est un des romans les plus EX-TRA-OR-DI-NAIRES que je connaisse…



Lundi 11 août 2008. Quelle que soit la couleur de la barricade.

Des fois, je me dis tiens je vais voir dans mon journal ce qui se passait à pareille date les autres années, c'est toujours instructif. En 2004, c'était la préparation du colloque de Cerisy sur l'Internet littéraire francophone, en 2005, on arrivait à Paris, pour aller au colloque deux jours après, justement, en 2006, visite d'une expo puis discussion sur les e-books, enfin en 2007, en pleine préparation sur Mérimée...
Sinon, ailleurs dans le monde ou dans le temps, c'était quand même le jour de naissance d'Enid Blyton ! Mais si, rappelez-vous, Oui-Oui...

On n'a presque rien mangé, les céréales étaient un peu collantes, avec du yaourt ça allait... Aussi, on est prêt à 11h30 pour aller déjeuner au Saint-Martin. Et on fait bien : le chef a concocté des keftas de toute beauté, sur confortable lit de taboulé !
Je vous passe la chronique des aménagements chez nous, c'est un peu comme hier et demain. On est dedans, c'est tout. Avec à côté des brouillons de rapports qui arrivent, s'entassent et qu'il faut que je corrige jusqu'à minuit. Et même pas vingt minutes à lire avant de passer dans l'autre monde...

« Et puis il y avait un autre motif de clore la discussion : en marchant nous étions entrés dans le centre de la ville et sans nous en rendre compte nous nous étions engagés à l'intérieur d'une barricade.
« Attention, c'est sérieux », a dit Astvo.
Nous nous sommes immobilisés tous les deux, les mains derrière le dos, la mine violemment provocante. En cas de danger, autant avoir l'air sûr de soi : c'est une manière de se défendre.
Les autres nous ont entourés et le plus petit a écarté le bas du foulard noir qui lui couvrait le visage.
« Le mot de passe ? il a demandé.
— Aigre bibiche », a dit Astvo.
Et aussitôt les autres ont commencé à nous taper familièrement sur l'épaule.
« C'est des nôtres ! » a crié quelqu'un depuis une fenêtre.
« Hourra ! » a repris une voix, sur une note qui m'a semblé un peu mélancolique.
Je ne sais pas comment Astvo se débrouille, mais il connaît toujours les mots de passe, quelle que soit la couleur de la barricade. [...] » (Antoine Volodine, Biographie comparée de Jorian Murgrave, p. 66)


Mardi 12 août 2008. C'est à se pisser dessus, cette convergence.

Alors, vous avez eu la curiosité de cliquer sur le lien d'Antoine Volodine d'hier ? Et d'écouter les morceaux expérimentaux avec Denis Frajerman ? Et la page MySpace de Frajerman ?
Dans ce cas, vous connaissez ma joie et la coloration du jour.

D'autant que le JLR sous Dotclear a réapparu, complet jusqu'au 26 juillet, sans doute la date du dernier back-up chez Globat. Avec un petit courrier de leur part, toujours très minimaliste. La conclusion, c'est qu'on doit mieux gérer ses propres archives. Ne pas compter sur les autres. De même qu'il faut copier ses documents importants en dehors de son disque dur...

Apparemment, il n'y a pas que nous qui déménageons : chez Danièle Momont aussi on a de ces petits soucis. Ça relativise, ça soutient.

Ce soir, grosse surprise : l'interdiction d'accès aux infos de France 2 et France 3, au nom de l'EBU ! Comprenez : European Broadcasting Union, dont le site est en Suisse, ce qui laisse comprendre que cette appartenance européenne est plus commerciale qu'institutionnelle (et ne pas confondre avec le European Board of Urology — c'est à se pisser dessus, cette convergence terminologique...).
Sans annonce, sans explication, juste un écran noir au démarrage de la vidéo. Qui s'impose despotiquement sans se nommer (EBU, franchement, faut chercher...). Qui me remercie hypocritement pour une compréhension que je n'ai pas accordée. Et déjà des réactions courroucées sur les forums... Évidemment, tous ceux qui sont sur le territoire français ne s'en rendent pas compte, n'en sont pas victimes et il y a peu de chance que les médias nationaux s'emparent de l'affaire — puisque derrière ce n'est évidemment qu'une histoire de pognon.
Heureusement que nous sommes abonnés (payants) à TV5 Monde pour le Japon...
Est-ce un méfait de plus des JO ? (À l'heure où l'on révèle les trucages de la cérémonie d'ouverture et de la chanson officielle...)
Le plus grave serait cependant au niveau politico-épistémologique : que la censure commerciale des images sportives (qui ne sont tout de même que des jeux) autorise je ne sais quel lobby à interdire l'accès libre à l'information sur ce qui n'est pas du jeu, par exemple la Géorgie, l'Irak, les Philippines, le retard des secours aux victimes de la tornade dans le Nord de la France, etc., etc.

Dans ces conditions, amusant de relire mon sentiment du 7 août 2007 !

commentaires

  1. Bikun

    Très belle présentation. Sobre, claire et efficace. Bravo au jlr 2! Par contre je trouve dommage d’être obligé de renseigner obligatoirement son email dans les commentaires m’enfin, ce n’est pas une cinécure non plus.

  2. Berlol

    Merci ! J’ai l’impression que le rouge et le bleu jurent un peu ensemble, mais on verra… Pour ce qui est de l’adresse de courrier, elle n’est de toute façon pas publiée, tu peux aussi en mettre une bidon…

  3. Berlol

    Voila la reponse de France2 [le 14, ici]:

    Bonjour,

    Vous vous interrogez sur l’impossibilité de visionner les différents journaux télévisés sur le site Internet de France 2.

    Je vous remercie d’avoir pris le temps d’écrire à la chaîne pour faire part de votre réaction.

    En raison des Jeux Olympiques, France Télévisions a suspendu la diffusion, à l’étranger, de ces journaux sur Internet.
    En effet les droits acquis ne permettent pas aux chaînes du groupe, une diffusion en dehors du territoire français.
    Vous retrouverez les différentes éditions du journal de France 2 à compter du 25 août 2008.

    Je vous remercie de votre fidélité et reste à votre disposition pour toute information complémentaire.

    Bien cordialement,

    Franck Vautier,
    Chef du service relations téléspectateurs de France 2



Mercredi 13 août 2008. Les oreilles avec des tortues.

Matin. Encore cinq brouillons d'étudiants arrivés sur mon écran de travail. (Deux jours avant la date limite des rapports achevés...)

Torts tuent. Donc raisons font vivre.
Déjeuner au Saint-Martin. Malgré la mi-août, c'est plein, on doit attendre au bar. Poulet-frites 2.0 pour moi et choucroute pour T. À côté de nous, une tablée de cuistots français. L'un a, ou travaille dans, un restaurant à Aoyama depuis plus de dix ans, je crois, marié avec une Japonaise, à sa droite, et avec leur fils, qui gambade autour de la table et dont il s'occupe beaucoup. L'autre doit travailler en France et être en visite à Tokyo, ce sont ces deux-là qui parlent ensemble, presque exclusivement et assez fort, l'accent du sud, la conviction, on s'en fout que tout le monde entende, on dit ce qu'on pense, nous... Le quatrième est plus jeune et ne parle pas du tout (un marmiton ? un cousin ?). Ça tourne autour d'un chef cuisinier du Majestic (à Cannes ?) qui serait un peu caractériel et dont les investisseurs aimeraient se défaire. Nos deux gaillards s'expriment de manière châtiée, cherchent à bien choisir les mots pour faire avancer leurs propos sans s'opposer...
Ça me rappelle de très intéressantes paroles de Camille de Toledo autour du vêtement pré-usé dans les Mythophonies d'hier. On se demande juste pourquoi ces deux-là parlent si fort. De loin, on les prendrait pour des beaufs.

Juste après, on va se reposer les oreilles avec des tortues, au déversoir. L'eau est très verte, pas trop profonde. Il y a aussi des bancs de petits poissons. Sept tortues nagent, sans s'occuper de rien dans cette cacophonie urbaine. Trois autres personnes les regardent puis s'en vont discrètement, sans nous regarder, sans doute des membres de notre club très fermé, qui s'ignorent. Le Club des Admirateurs des Tortues du Déversoir d'Iidabashi, le CATDI.

Texte amusant de Denis Grozdanovitch sur l'éventualité d'un marathonien tibétain.

Poésie Action directe, texte important de Christophe Hanna de 2002 chez Al Dante, à télécharger sur le blog Al Dante — Questions théoriques (merci à Laure pour l'info).

Soir. Horreur ! Revenant de promenade à la fraîche avec T. et me demandant pourquoi la page des Flux Litor n'arrive pas à conserver l'adresse du flux rss du JLR 2.0, je découvre que toute la colonne de droite ne s'affiche pas dans mon Internet Explorer ! Faut dire que je ne l'utilise presque jamais et que ça fonctionne très bien dans Firefox...
Du coup, j'ai essayé illico deux ou trois autres thèmes et me suis arrêté (temporairement) sur une déco boisée, parfaitement francisée (là aussi, j'avais fini le boulot pour le blog des Mazarinades parce que ce qui était prétendu francisé laissait plein de chevilles anglophones) et qui, de plus, affiche l'heure du billet. Faudra que je pense à réjouir les couleurs.
Pour le graphisme, vous me direz. Mais pour le flux rss, ça n'a absolument rien changé ! Alors que dans Bloglines, il n'y a aucun problème. Bizarre, ce Netvibes...

*
*   *

Et copie ici du message ajouté au JLR 1.0 pour orienter vers le 2.0, avec le titre suivant :

Après le coma réticulaire, le JLR change d'état-je...

« Moyen jeu de mots, ou je de maux, pour annoncer qu'à la suite de la semaine de panne, le Journal LittéRéticulaire renaît de ces cendres électroniques en JLR 2.0, à une adresse plus simple et dans une enveloppe modernisée (nouvelles fonctionnalités et archivage plus aisé).
En me demandant ici aussi si l'écriture elle-même deviendra 2.0 ? — Ce qui, au passage, pose aux esprits sagaces la question cruciale : qu'est-ce qu'une écriture 2.0 ?

Nota Bene : les billets du 26 juillet au 2 août ont bien été publiés ici mais le fournisseur n'ayant pas pu les rétablir (les retrouver dans ses archives), ils sont maintenant sur le nouveau site qui n'a ouvert que le 10 août, pour être précis. Hélas, sans les commentaires qui avaient été donnés ici.
Ce billet sera repris dans celui du 13 août du JLR 2.0. Pour d'éventuels commentaires, y aller...»

commentaires

  1. brigetoun

    oui bien aimé les frusques faussement pré-portées, sauf qu’il me semble que comme tout snobisme c’est à contre courant du bon ton. Il s’agissait d’être confortable et discret pour être élégant, il s’agit de se faire remarquer.
    De nouvelles tortues ?

  2. Manuzik

    Même sanction sur ma page Netvibes, mais je crois que ce n’est pas propre à ton site, car il me semble avoir déjà eu ce problème. J’ai finalement réussi à enregistrer le fil des billets, mais pas ceux des commentaires. J’ai utilisé Explorer pour faire les modifications au lieu d’Opera. A moins que ce ne soit le fait de faire un sign out qui force la sauvegarde, ce que je ne fais jamais sous Opera car la page reste ouverte dans les onglets de départ ?

  3. Berlol

    Tout cela est très variable, en effet. Pour l’instant, le JLR2 tient dans Netvibes… Mais d’autres disparaissent : l’adresse du flux n’est plus dans le widget quand on l’édite, on peut l’y remettre et ça remarche quelques minutes ou quelques heures…
    L’explication doit être du côté de la lourdeur de l’ensemble des codes derrière, avec, comme disait François l’autre jour, une très forte augmentation du trafic chez Netvibes (et comme d’habitude très peu de communication sur les problèmes pour ne pas entacher l’image de marque…).

  4. Manuzik

    Ça y est, les fils semblent enfin stabilisés malgré “les vibrations de la toile”.



Jeudi 14 août 2008. Une pompe d'un autre âge.

La météo annonce 36°C (dehors), à l'intérieur on climatise à 29-30, on reste en short et maillot de sport. Dans la torpeur de l'été, pendant que T. trie, range et jette parmi des kilos de documents (les siens), moi je reste devant l'écran à corriger les brouillons des rapports sur les films vus au premier semestre du séminaire. C'est un moment difficile. On pense aux plages, aux dunes, aux chemins de montagnes, à des cascades bruyantes et odorantes, à des pêches melba sur des transats, des petits marchés régionaux, des sardines grillées.
Et au lieu de cela, ce sont des pages et des pages de phrases malformées, de noms sans articles et de verbes à peine conjugués. La moitié des consignes sur la ponctuation a été avalée et je clique et sélectionne des centaines de fois pour mettre du rouge, du vert, du jaune, tenter de suggérer des reformulations, d'inviter à regarder dans le dictionnaire, etc. Et tous les textes ne sont pas mauvais. Pour un bon que je traite en une petite heure, deux mauvais qui en prennent chacun deux et demie...

Pause après le déjeuner (T. a préparé des somens [fines nouilles de riz] froides et on a des crèmes caramel achetées hier au Miura-ya). Avant de replonger dans le charabia, trente minutes de lecture allongé sur le côté, le portable posé perpendiculairement au lit — très agréable.
Olivier, emporte-moi au Pôle !

« Il y a quelques petits paradoxes spatio-temporels attachés à cette position mythique, 90° Nord. À peine est-on au pôle qu’on n’y est plus, on est sur un immense radeau de glace qui glisse sans cesse, et dans quelque direction qu’on aille on va vers le sud. On est si près du pôle, à quelque minutes de latitude, que notre mouvement invisible nous fait faucher quarante-cinq méridiens dans une journée : un huitième de tour du monde en six kilomètres ! On commence la journée par 150° Est, au large de la Sibérie, on la termine par 166° Ouest, au large de l’Alaska, on a franchi sans bouger la ligne de changement de date, on a gagné un jour, mais il n’y a pas de jour. Les Russes font leurs petites expériences, ils recueillent des échantillons de neige pour y déceler les traces de pollution, mesurent les radiations, le taux d’ozone, font des prélèvements d’eau des couches profondes de l’océan : par un trou percé à travers le mètre cinquante de glace que mesure en cet endroit la banquise, ils laissent descendre, au bout d’un filin d’acier, une sorte de grosse éprouvette à ouverture réglée sur la pression. La remontée de l’engin, à l’aide d’un treuil manuel, peut prendre des heures.» (Olivier Rolin, La Chambre des cartes, « La vie au pôle est d'une triste uniformité », p. 98-99)

En fin d'après-midi, n'y tenant plus, j'annonce que je sors. C'est ça ou je tue le chien.
T. a justement des classeurs à me faire acheter à l'Office Depot d'Ichigaya. Je cours les lui rapporter. Enfin, courir, c'est une façon de parler...
Une belle fin d'après-midi.
Des nuages contrastés dans le soleil déclinant.
Une pompe d'un autre âge sur un pont désaffecté.

L'Institut serait-il à vendre ?
Ou n'est-ce qu'un effet de perspective ?

Sur TV5 Monde, Stavisky (Resnais, 1974), déjà vu. Je continue mes corrections. De temps en temps, je passe voir l'état du blog, les stastistiques, je remets un thème classique, compatible partout, dont je change les couleurs de titre, en attendant d'avoir le temps de préparer une image. J'attends minuit pour lire. Lire vraiment.
Antoine, fais-moi basculer dans l'autre monde !

« On a contourné le comptoir, on a poussé un rideau et on est entré dans l'arrière-boutique qui n'était pas enfumée comme le magasin lui-même. Tout d'abord, Astvo a cherché en vain l'interrupteur ; puis il a grommelé quelques vilaines choses contre l'univers entier, et la lumière s'est faite. Peut-être à cause de ses jurons.
L'arrière-boutique était une petite pièce à présent bien éclairée, peinte en blanc, sans la moindre ouverture ; au milieu trônait un énorme poêle. On a un peu cligné des yeux pour se réhabituer à la lumière. Puis on a senti que notre sang se retirait loin à l'intérieur de notre corps, dans des creux et des grottes qui étaient autant de pièges. C'est vrai que maintenant il n'y avait plus d'ouverture pour sortir ; les murs étaient lisses comme la paroi inversée d'un œuf. Quant à la direction d'où nous venions, il était déjà impossible d'en avoir la moindre idée. On appelle cela un traquenard et tout le monde sait que l'on n'en ressort jamais autrement que sous forme de poussière. [...]
Nos beaux élans révolutionnaires s'étaient embourbés dans un domaine annexe, le trafic des peaux et des visages ; nous n'en sortions pas, nous tournions en rond. Nous ne suivions plus la direction définie autrefois par Zver, ce ne pouvait plus être maintenant qu'une glissade hasardeuse, et, pour terminer, un naufrage sans gloire dans un des multiples culs-de-sac de la révolution. [...]
— Au fait..., j'ai dit.
— Oui ? » a dit Astvo.
Il a suivi mon regard, qui se concentrait sur le poêle. Je venais en effet de remarquer quelque chose.
« Ce poêle est gothique », j'ai dit.
Astvo s'est redressé brusquement, comme si derrière lui s'était manifestée une bête dangereuse. Mais il avait une sorte de grimace complice sur le visage. Un sourire entendu. Nous avons échangé un signe de tête et j'ai marché jusqu'à la porte du poêle.
J'ai retire la targette qui la maintenait fermée.
« On y va », j'ai dit.
c'était à mon tour d'être le chef et Astvo me cédait sa place sans rechigner, puisque lui ne connaissait pas le gothique. J'ai ouvert la porte du poêle. Un champ de suie s'est étalé devant nous, à perte de vue.
« On peut y marcher ? a demandé Astvo.
— Il n'y a qu'à essayer, j'ai dit. Vas-y le premier, toi, et donne le sabre.»
Astvo m'a transmis le sabre, et pendant que je le passais à ma ceinture il a commencé à marcher dans la suie, en vacillant.
« On peut », il a dit.
Je me suis engagé à sa suite.
« On va tout droit ? a demandé Astvo.
— Oui, j'ai dit. Tout droit, jusqu'à l'extrême-limite.» » (Antoine Volodine, Biographie comparée de Jorian Murgrave, p. 74-77)

commentaire

  1. brigetoun

    36° ! nostalgie- je n’ai jamais eu vraiment tropchaud cette année, et je ne suis bien que quand je peux me plaindre de la chaleur.
    Très envie de lire “la chambre des cartes”.
    Robbe Grillet je ne le supporte plus (France Culture) pasé l’amusement d’apprendre que rien n’aurait été créé sans lui



Vendredi 15 août 2008. Frénétique violence, à l'échelle planétaire.

creux de l'été
creux de l'écriture
vasque souvenir

« Pas de répit et pas de repos dans ce combat féroce d'un seul contre l'univers, dans cette lutte entre une âme de plus en plus torturée et un cosmos de plus en plus invincible. La succession d'images mentales désolantes, de paysages terrestres couverts de ruines, de civilisations armées, a déjà abouti chez des caractères plus faibles à une confusion psychique définitive ; on peut raisonnablement penser que c'est pour surmonter l'émergence de chaos que Jorian Murgrave se lança dans la voie d'une frénétique violence, à l'échelle planétaire.» (Antoine Volodine, Biographie comparée de Jorian Murgrave, p. 89)

Si la Vierge Marie, et Dieu, et tous les saints, et toutes les religions étaient d'une quelconque utilité pour la paix du monde, il y a longtemps que ça serait fait, vous ne croyez pas ?

Même au plus noir du trou, du langage se crée.

commentaires

  1. Manuzik

    Belle photo !
    Une seule critique, le J du titre est difficilement visible. Tu pourrais:
    -glisser la photo sur la gauche (ou l’agrandir ?)
    -pousser le titre vers la droite
    -changer la couleur du titre

  2. pat

    Lors de la contemplation de la fleur de lotus, des fleurs en général, il n’est de plus apaisant que de contempler la nature. Pas de mensonges ni d’hypocrisie. La méditation permet d’acceder à un monde de sérénité que le monde moderne tente en vain d’effacer. Ouvrez les chacras, ouvrez l’oeil et si une quelconque divinité devait oeuvrer sur notre bonne vieille planète terre, elle serait morte de fatigue au vue du travail qu’il y a à faire pour que ce monde reste le monde des vivants et non pas le monde de l’Homme. L’homme, ceux de pouvoir, ne cherche à atteindre que le monde de la démagogie.
    Demain le soleil se lèvera à l’est

  3. Berlol

    Merci à vous deux ! Pour le soleil, Pat, dès que je le vois, je te l’envoie !
    Tu as raison, Manu. En fait, je vais intégrer le titre dans l’image en retravaillant la forme et la couleur des lettres. Dans un premier temps, j’avais besoin de voir si la photo s’adapte bien (code) et si elle rend bien… Ce qui semble être le cas.
    A+

  4. ArD

    Ah oui, nettement plus gai (l’entête, pas la Vierge).
    Du point de vue lisibilité, rien ne semble justifier un alignement à droite de “de Berlol” sous le 2.

  5. Berlol

    Merci ! Pour l’emplacement à droite, je voulais que “Berlol” soit sur la pierre mais c’est vrai que l’alignement à droite est arbitraire. D’ailleurs le “de” devrait être plus fin. Je vais faire évoluer ça.

  6. Philippe De Jonckheere

    Quitte à attribuer ma contribution sur le sujet, pour commencer il serait préférable de ne pas utiliser une autre typo (surtout celle-là, on peut difficilement faire pire) que celle déjà présente sur la page, donc verdana pour le titre aussi.

    Ensuite le “de” détaché et le “Berlol” itou, là c’est la catastophe, ces deux là s’ils doivent absolument être dans le titre, doivent figurer sur la même ligne sinon nous serons tous hantés dans nos nuits par le fantôme de Jan Tschichold pour les sept années à venir.

    Et dernière possibilité, tu m’envoies tout ça et je te le règles.

    Amicalement

    Phil

  7. Berlol

    Super, Philippe ! J’accepte ta proposition. Je suis sûr que tu as des outils plus puissants que les miens, sans parler de leur maîtrise ! Je t’ai envoyé le fichier image sans typo…

  8. Manuzik

    Bon, je ne vais pas être gentil sur ce coup-là, mais je préférais presque la version avec le titre vert fluo. Peut-être si le bandeau traversait toute l’image et était un peu plus transparent ?

  9. Armelle Domenach

    Ah oui, je n’avais pas osé trahir le fond de ma pensée pour une première intervention, histoire de tester la réceptivité du rédacteur. Je serais même tentée de compléter la dernière contribution (de Phil) sur le “de” du titre qui me semble inutile, voire inapproprié. Si l’auteur tient à signaler l’appartenance, ne devrions-nous pas avoir un “par Berlol” (sur la même ligne) ?
    En attendant d’aller hanter les lieux de Maximilien Vox la semaine prochaine,
    Armelle

  10. Berlol

    Et bah voilà ! Faut pas hésiter. Merci, Armelle et Manu ! Je n’ai jamais prétendu être graphiste et j’accepte tous les conseils. Pour l’instant, on attend de voir ce que Phil va proposer demain… (En espérant qu’il ne dira pas que ma photo ne va pas…)

  11. christine

    perso, puisqu’il ne faut pas hésiter, je ne suis pas emballée non plus par cette présentation là … il faut dire qu’en général je n’aime pas les bannières avec une image : toujours la même image, c’est lassant
    et pourquoi est-ce que tu tiens tout soudain à préciser “de Berlol” au fait ?

    en dehors de la bannière, je trouve dommage que lorsqu’on arrive directement sur un billet via le fil rss il n’y ait plus du tout de colonne de droite pour rebondir ailleurs que sur les billets suivants / précédents (d’ailleurs il faudrait que je complète un peu la mienne)

  12. Berlol

    Eh oui, moi non plus je n’aimais pas ça du tout, cette colonne manquante en billet simple. Du coup, te lisant, je me suis souvenu que j’avais un autre thème tout prêt qui posait moins de problème et dont le titre était extérieur à l’image d’en-tête !
    Du coup je viens de faire la manip et viens d’insérer ma vasque de fleurs (non négociable) dans le thème Natural Essence !
    Encore merci !

  13. christine

    je ne suis pas une spécialiste comme Philippe, mais je confirme : c’est beaucoup mieux pour la bannière … en revanche je n’aime pas du tout le fond, qui donne un côté un peu mortuaire à l’ensemble, surtout avec son côté faux bois : pourquoi pas une couleur plus franche, une de celles présentes dans la photo “non négociable” ?



Samedi 16 août 2008. Couine sans cesse à la frappe.

Je me décide enfin à retourner au centre de sport à Iidabashi, tout près de chez nous. Et ça se passe très bien. C'est que j'appréhendais beaucoup, et je préférais d'abord y aller seul. On a tous de ces blocages idiots. Ce centre de sport d'Iidabashi, j'y allais dans les années 90, avec mon ex, quand on habitait le quartier, avant de rencontrer T. Après aussi quand j'habitais à Ochiai, à cinq stations de métro sans changement. Mais dès que T. et moi avons pu habiter ensemble dans ce quartier, à nouveau tout près de ce centre de sport, donc, il est devenu impossible d'y retourner, par rupture d'époque. Et nous avons alors privilégié celui de Shibuya, où T. avait ses habitudes et auquel il faut reconnaître bien des avantages : sur sept étages au lieu d'un seul, piscine deux fois plus grande, quatre salles de machines au lieu d'une, service plus poli, vestiaires plus spacieux, etc., la liste serait longue. Et depuis sept ans, combien de fois nous sommes-nous dit qu'il faudrait tout de même retourner à celui d'Iidabashi, ne serait-ce que pour gagner du temps ?...
Bilan : toutes les machines ont été remplacées et sont maintenant ultra-modernes. On utilise le bracelet reçu à l'entrée (et qui contient une puce) pour ouvrir et fermer la porte du vestiaire, ainsi que pour s'identifier sur les machines (si on le souhaite) pour que toutes les données soient archivées (permet de suivre les performances). Ainsi j'ai fait 15 km de vélo, puis soulevé en une centaine de mouvements divers l'équivalent de 3 tonnes.
Mais ça ne nous dit pas combien j'ai sué, ni que j'ai beaucoup apprécié les premières pages de Madman Bovary !

« Je n'arrive pas à laisser entrer ce nouveau dont je sais tout et n'espère rien. Mon verrou bloque encore. Je prends la branche pour son manche et l'astique jusqu'à l'irruption florale. Je dois emporter avec moi un gri-gri et veiller à ce que ses vibrations ensorcellent ma énième lecture. Oui. Je ne vais pas végéter tout l'âge adulte dans ce chapitre introductif que je connais sur le bout des doigts. Acquérir de la vitesse, tout est là. Laisser le vent familier du roman vous caresser les mèches, tandis que vos yeux bovins laissent filer l'indolente loco.» (Claro, Madman Bovary, Paris : Gallimard / Verticales / Phase deux, 2008, p. 22)

Déjeuner au Saint-Martin, classique poulet-frites. À Akihabara pour acheter un clavier, le mien a des touches effacées et d'usure le cadre couine sans cesse à la frappe. J'avais l'espoir de trouver un clavier AZERTY mais ni Yodobashi ni Laox n'en avaient et c'est la tempête de pluie qui m'attendit à la sortie. Dix minutes après, je m'engouffrais dans le JR direction Yurakucho où un vague souvenir me faisait croire à des claviers français chez Bic Camera. Mais non. J'essaie donc tous les QWERTY en testant le bruit des touches, leur écartement, la largeur de la touche espace, les boutons supplémentaires, le design, etc., pour finalement prendre un LOAS blanc qui rendra T. jalouse — et d'un prix tout à fait raisonnable.
Et puis je rentre faire la ratatouille ; T. compte là-dessus pour se requinquer après sa journée d'archivage — dont on voit, cette fois, enfin, le bout, pas tout de suite, mais un peu plus loin, là, dans quatre ou cinq jours...

Hier soir, Vive la République ! (Rochant, 1997), ce soir, les Filles du botaniste (Sijie, 2006). Encore deux films passés sur une des chaînes de la TNT et vus grâce à Wizzgo. Le premier très intéressant pour sa déconstruction de l'exercice quotidien de la démocratie, le second d'abord un peu façon Bilitis avant de tourner au tragique, mais les deux sans innovation, ni artistique ni technique. Ce qui n'empêche pas d'apprécier un Hyppolite Girardot en grand dadais et des cartes postales chinoises que Segalen n'aurait pas désavouées...


Dimanche 17 août 2008. Glaçons qui moururent dans l'heure.

Je nous croyais hier dans le creux du creux de l'été, au sommet de la vacuité, couronné par ce bel orage, mais j'avais oublié qu'il pouvait être dimanche, et pleuvoir continûment, et même que le supermarché Miura-ya pouvait être fermé alors que les coupons de réduction qui nous y ont été donnés la semaine dernière étaient valables entre le 15 et le 18 !

Bon, c'est sans importance, me dira-t-on, et le fait que Philippe se propose gentiment pour m'aider à régler mon en-tête (cf. commentaires d'hier) est beaucoup plus intéressant et humainement remarquable que cette histoire de supermarché fermé. Car il ne suffit pas d'avoir des logiciels, encore faut-il avoir quelque talent en arts graphiques, ou à défaut quelques compétences — ce qui n'est pas mon cas, quoiqu'il m'arrive de réussir...

Et quand je parle de sommet de la vacuité, ça semble s'appliquer aussi au web littéraire et à l'actualité mondiale. La plupart des auteurs sont en vacances (Éric Chevillardrevient, c'est déjà ça...) ou postent moins. On nous abreuve, d'une part, de l'hypocririe russe (comme si c'était nouveau), du ridicule des pourparlers menés par la présidence européennes (ça étonne qui ?), et d'autre part de records mondiaux dans un pays cyber-bouclé — alors que, oui, la meilleure nouvelle c'est qu'il y a une jeune femme déçue, désemparée mais humaine, pas robot surentraîné, pas machine téléguidée, et qui fait face à la meute des ignobles commentaires journalistiques. Elle s'appelle Laure et je lui souhaite toute la tranquillité qui est la mienne (au moins de la part des médias).

Philippe Vasset parle d'écrire dans Libé Labo.

Les sacs poubelles s'emplissent, les livres se calent dans les cartons, des coins deviennent vides : sommet de dispersion dépassé, et tout se réorganise pour le futur. Pour ma part, j'ai passé trois heures à un nettoyage complet d'un réfrigérateur de près de 500 litres. J'ai pu profiter un temps de la fraîcheur du tiroir congélateur et des glaçons qui moururent dans l'heure...

commentaires

  1. Philippe De Jonckheere

    Ah mais là cela va déjà nettement mieux. Au niveau des couleurs cela tient bien la route. Pour chipoter un peu je dirais que pour la couleur du fond de texte, plutôt que #fbf9f3 , #faf8f3 serait peut-être meilleur. Pour la photo du bandeau, je pense qu’il faudrait foncer sa partie droite, je m’en charge dès que possible (là pour en faire rager certains je n’ai pas le temps parce que je vais aller déjeuner avec Philippe Didion, c’est vrai en plus!).

    Il reste l’association des typos qui n’est pas très heureuse entre le Times de base et le verdana de base, en bon puriste je dirais qu’il faudrait que l’ensemble soit tout en Times ou tout en Verdana.

    Mais avec cette dernière mouture, tu as fait un immense bond en avant, qui plus est dans la bonne direction.

    Amicalement

    Phil

    PS je t’envoie ta photo légèrement prise ce soir.

  2. Manuzik

    Oui, c’est bien mieux, mais on dirait que la photo est déformée, à moins que ce ne soit simplement la largeur du bandeau.

  3. Berlol

    Ah, ça fait plaisir d’avoir des lecteurs attentifs ! Oui, Manu, la photo était déformée parce que la largeur du bandeau n’était pas la même que pour le précédent thème. C’était un essai. Mais comme l’ensemble me convient (y compris le fond de bière qui nous fera penser à la vanité d’ici-bas), je viens de la retailler aux bonnes dimensions à partir de l’original (mars 2007, fleurs coupées dans un pot rond au cimetière d’Aoyama).

  4. Armelle Domenach

    Bon, ça va mieux ! Et puis pour le pot, il suffit d’envisager qu’il est ovale si nécessaire.
    Le nom de l’auteur du journal a sauté… Pourquoi pas, mais on ne sait plus que le Berlol qui répond aux commentaires en est le rédacteur (pourquoi pas? je signale juste).

  5. pat

    ce jlr2 est bien plus chaleureux et convivial. C’est une invitation aux conversations soutenues sur les thèmes aussi divers et variés.
    Ou est donc cette chaise ce fauteuil pour que l’on se laisse à commenter, disserter ou parler. Merci aux pro de l’informatique et des logiciels, bon travail



Lundi 18 août 2008. Démocrates comme moi vizir.

Comme il est doux de se souvenir de l'an dernier.
Nous arrivions en Corse et nous sentions devant nous, vaguement, des plages, des figuiers, des sentiers, des fromages, des tomates et tout ce que nos amis allaient nous enseigner entre Bastia et Saint-Florent.
Nous y retournerons — l'an prochain peut-être — pour une plus large découverte. 

Le quartier reprendrait-il vie ? Revenant du Saint-Martin où nous sommes allés déjeuner et récupérer les cartons que Yukie nous donne pour y ranger les livres de T., nous avons croisé plusieurs collègues de l'Institut. Institut où je suis allé moins d'une heure après pour y signer mon nouveau contrat et rendre des livres à la médiathèque (sur Modiano et Robbe-Grillet). J'y ai aussi trouvé un beau programme du colloque Butor qui aura lieu dans un peu plus d'un mois, avec Butor lui-même. Je félicite ses organisateurs pour être parvenus à cette belle affiche, et sur deux week-ends. Hélas pour moi, qui en étais informé depuis deux ans, je n'y interviendrai pas. En avril j'y réfléchissais encore, en mai j'y renonçais, en prévision du déménagement. Je me suis d'ailleurs creusé la tête des mois durant pour savoir quoi dire, et rendu compte, avec un peu de dépit et encore plus d'étonnement, qu'ayant bien apprécié certaines de ses œuvres, j'avais toutefois peu d'inclination à en faire un objet de recherche. J'espère tout de même y être un auditeur assidu (et équipé d'un enregistreur, évidemment).

Ai réussi grande prouesse technique : finaliser un envoi de photographies à ma sœur. Copier des photos numériques sur un disque, graver, jusque là tout va bien, mais ensuite mettre ce disque dans une enveloppe par avion avec plastique à bulles, écrire les adresses de destinataire et d'expéditeur, ajouter dedans une carte postale sympa et des bisous, coller le rabat de l'enveloppe et, le plus fort, porter l'enveloppe à la poste pour peser et timbrer. Ça fait au moins un an que je n'ai plus fait ces gestes...
De son côté, T. continue à sélectionner, dépoussiérer et ranger. Ce soir, on peut de nouveau circuler dans l'appartement du deuxième. Mais on ne peut plus dire qu'il soit habité. Nous nous en détachons sans difficulté.

Sur TV5 Monde, adaptation d'Une Vie de Maupassant (Élisabeth Rappeneau, 2004)... On reconnaît bien l'histoire, décors et acteurs font bonne impresssion mais c'est quand même très moyen.

Le premier ministre français vous l'a dit : la crise ne touchera pas la France. Je n'ajouterai qu'une chose : elle ne touchera pas la France, à l'instar du nuage de Tchernobyl... Je crois que ça suffit.
Cette classe politique vit tellement dans le mensonge — et du mensonge — que ses membres sont dans l'incapacité de se rendre compte du degré de visibilité de leurs affabulations. Certains conseillers — marionnettistes démocrates comme moi vizir — leur disent que plus c'est gros, plus ça passera. Alors dans le brouillard, face aux journalistes, ils prennent l'air sûrs d'eux, souriants, et balancent leurs salades irradiées et leur solutions débiles (au sens propre).

commentaires

  1. Bikun

    La Gauche bien pensante, la Droite malfaisante, cessons de croire que, dans la classe politique ACTUELLE, ils y en a de VRAIMENT meilleurs que d’autres. Ou alors si, peut-être, mais ou sont-ils?

  2. Berlol

    C’est toi qui les as nommées, Bikun, La Gauche et la Droite ! Moi, je ne faisais que relever l’hypocrisie générale, et surtout de ceux qui sont ACTUELLEMENT au pouvoir (ce sont eux qui nous nuisent le plus, forcément, puisqu’ils “exercent”).
    Parfois, je songe que ça pourrait être Ségolène et son équipe, si les urnes s’étaient exprimées différemment, et c’était mon souhait. Mais je me demande aussi où on en serait…

  3. Philippe De Jonckheere

    Il faut se souvenir que le coup du nuage scrupuleux dans son respect des frontières était un coup de cette crapule d’Alain Madelin, alors ministre de l’industrie d’un gouvernement Chirac rempli d’enfants de choeur de droite de la trempe de Pasqua et Pandraud. Et se dire qu’aujourd’hui, ils sont même pires.

    Amicalement

    Phil

  4. Philippe De Jonckheere

    Au fait, en postant mon commentaire ci dessus, je remarque qu’il est écrit:”Les commentaires ne sont pas modérés mais il y a un filtre lexical qui peut en mettre certains de côté pour modération…”, j’aurais bien envie de rejouer avec ce truc-là et de te voir aller rechercher mes cochonneries dans le filtre. C’est vrai ça, il faudrait peut-être le tester un peu le filtre du nouveau JLR.

    Amicalement

    Phil

  5. brigetoun

    ils ne sont nulle part, en gestation quelque part peut-être, pourvu que les idées régnantes ne les abiment pas avant qu’ils atteignent une possibilité d’agir - par contre pour la crise, Fillon a raison, elle n’atteindra pas la France, elle est déjà là.
    Pour l’envoi des CD de photos moi c’est au moment de faire la queue à la poste que je coince.

  6. Berlol

    C’est vrai, Brigetoun, elle est déjà là ! Et partout (la paupérisation est en marche au Japon et la jeunesse sous-employée & sous-payée commence à grogner).
    Phil, c’est moi qui ai écrit ce message au sujet du filtre. J’ai retouché dans tous les fichiers de code pour déplacer les marges, réintroduire les tags, etc., et bien sûr définir la liste des mots du filtre, à partir de la liste que j’avais déjà (principalement des troncatures d’anglais et des noms de médicaments…).

  7. Manuzik

    En te lisant, j’ai imaginé que le contenu de ton filtre était sans doute un bon reflet de notre monde et de ce qui le préoccupe.

  8. Philippe De Jonckheere

    “des troncatures d’anglais” et donc pas de solutions miracles pour l’agrandissement des pénis (juste pour voir)

    Amicalement

    Phil

  9. Berlol

    Comme tu le vois, c’est passé direct ! Mais si ça venait à venir en flux tendu, je serais obligé de sévir…

  10. Armelle Domenach

    « Sévir »… Alors même que le flux tendu est un début de solution miracle en soi ?



Mardi 19 août 2008. Disparition des préjugés.

« Mon père me disait que sur le marché des amants, un Noir vaut moins qu'un Blanc...» — fil rouge du nouvel Angot.
C'est elle-même qui le dit.
Et vous, avez-vous jamais été « grugé [...] sur la marchandise » ?
Mais qu'en sera-t-il, effectivement, de la « disparition des préjugés » ?...
(Et pour les abonnés à Mediapart, les premières pages ici.)

Retour à Nagoya, c'est la dernière ligne droite. À la route tortueuse des rapports d'étudiants et des tris de documents, où nous allions à trop faible vitesse depuis deux semaines, succède la longue dernière ligne droite de l'été : l'autoroute en camion pour le déménagement vendredi.
T. voudrait accélérer, en finir, mais elle a les doigts en compote, son rythme se ralentit et le moral en prend un coup.
De mon côté, je fais de la place pour les meubles qui vont arriver dans l'appartement de la fac (avant que tout ne soit redéplacé l'an prochain dans la maison qui n'est pas encore trouvée...).
Et je cherche du réconfort dans les livres — eux qui sont cruellement si volumineux, lourds et précieux.

« Lorsque je sors, j'y pense. Mes affaires rangées dans ces pièces, contre ces murs, dans ces placards. Marchant au matin sur le boulevard, l'immeuble dans mon dos, les voitures me dépassent et me dépassent. L'immeuble est dans mon dos et dans l'immeuble est mon appartement. Là-haut, un lieu qui me donne droit à un sentiment de propriété. Un lieu où les objets de ma vie sont réunis. Quatrième étage, porte gauche. Mes affaires en suspens dans l'air de la ville. Que choisiriez-vous si vous aviez trois choses à sauver des flammes ? » (Lise Benincà, Balayer fermer partir, Paris : Seuil, 2008, coll. Déplacements, p. 24-25)


Mercredi 20 août 2008. Roulant le diable devant nous.

À l'instant, je viens de voir, par hasard, à la télévision japonaise, la finale du 200 mètres hommes. C'est très impressionnant. Ah ! s'il n'y avait que l'esprit olympique, dans ces Jeux, j'aimerais et je regarderais plus souvent.
Mais... au fait, — je ne m'étais jamais penché sur la question — comment peut-on courir plus vite sur 200 mètres que sur 100 ? Je ne me trompe pas : 9,69 s aux 100 mètres et 19,30 aux 200 mètres. C'est bien ça ? Or, 9,69 × 2 = 19,38 ! Sans doute la lancée des cent premiers mètres permet-elle à Usain Bolt de courir plus vite les cent suivants, quelque relâchement qu'il puisse y avoir dans les dernières foulées.

J'en aurais bien besoin, moi aussi, d'une telle lancée ! Sans parler de T. qui me dit, au téléphone, ce soir, qu'elle a été encore moins productive qu'hier. Je la rassure : on n'emporte pas tous les livres vendredi et si on les pose en piles quelque part, il sera encore temps que je m'y mette à partir de samedi... J'imagine son air un peu rassuré, tandis qu'elle se frotte doucement les doigts avec une crème de massage musculaire.
Notre propriétaire (de l'appartement que nous quittons) me disait cet après-midi au téléphone qu'elle serait bien incapable de refaire aujourd'hui un déménagement comme le dernier qu'elle a effectué il y a seize ans. Elle est septuagénaire, maintenant, et tout effort de ce type fatigue et énerve, même quand on se raisonne.
Après, c'est l'ami Alex que nous avons eu en vidéo par Skype, et qui est lui aussi dans les cartons d'un proche déménagement. David m'a appelé dans son bureau pour discuter à trois. Qu'est-ce que nous sommes heureux pour lui ! Je ne peux pas en dire plus...
Ici, on s'est bien débrouillé, David et moi, pour la première partie de nos olympiades. Après ma matinée seul à jeter et nettoyer dans les pièces qui vont accueillir des meubles, puis le déjeuner ensemble au Downey, nous avons procédé au déplacement de 650 mètres d'un canapé trois places. On a attendu 17h30, qu'il fasse moins chaud. On avait monté dans mon bureau un petit diable du sous-sol, pour que personne ne nous le pique (précaution sans doute inutile puisqu'il n'y a quasiment personne dans les bâtiments et les bureaux de la fac). À l'heure dite, roulant le diable devant nous, nous avons franchi les deux cents mètres pour sortir de la fac, les trois cents mètres de descente jusqu'à la rue passante, puis toujours tout droit les cent mètres avant l'entrée de ma résidence, enfin les cinquante mètres de dure montée jusqu'à l'immeuble. La descente des escaliers avec le canapé, moi devant, sous le poids, David derrière, soutenant, s'est rudement bien passée. C'est que ça fait au moins soixante kilos, cette bestiole en cuir ! (Maintenant, je vois des perchistes qui passent les leurs à 5,55 mètres...) On l'a posé debout sur le diable et nous voilà partis pour le chemin inverse, d'abord dans la descente en marche arrière, précautionneusement, puis tout le reste en marche avant, poussant tous les deux dans la montée en regardant sur le côté pour les voitures — ceci dit, je n'imagine pas qu'avec un tel engin jaune d'un mètre quatre-vingts une voiture pourrait ne pas nous voir...
Dans mon bureau, j'avais justement passé deux heures à tout déplacer, y compris débranchement et rebranchement de tous les fils de l'ordinateur, pour faire la place du canapé. Il a quand même fallu pousser encore un peu le bureau pour qu'il rentre, ce bazar moutarde !

« Le corps est un espace avec des portes d'entrée les yeux les oreilles et une porte de sortie la bouche. Le corps est un espace dans lequel on se tient. Par la bouche, on crie. Le corps est le premier lieu et le corps est changeant. Il a des fissures des brisures qui apparaissent, à l'intérieur et à l'extérieur. Il se laisse envahir effriter racornir il fait signe il se tait il obéit ou pas. On le lave on l'habille on l'entretient on s'en occupe mais quoi qu'on fasse il nous fait la grâce de vieillir en même temps que nous.
Le notaire a téléphoné. C'est Jean qui le dit : La maison vient d'être vendue.
Le plus étrange est ce lieu qui m'entoure. le parquet sombre figure la terre, les lattes brunes les racines des grands pins. Le bleu du plafond représente bien évidemment le ciel.
Par l'art de la métaphore, je pourrais tout aussi bien n'être qu'un arbre. Les pieds ancrés dans la boue, les bras tendus mains écartées s'agitant sous la houle. J'imagine, sous l'eau comme bulle soulevée, frottement du silence contre les oreilles, un bruissement régulier tout atténué compter jusqu'à vingt, trente, quarante bulles d'air remontent à la surface, surnagent au milieu des lys.
J'ai regardé le jaune des jonquilles en bouquet posées à côté du lit.
J'ai dit : C'est bien que la maison soit vendue. Il y aura des enfants pour dessiner sur les murs de la chambre des bonhommes avec un gros ventre et une bouche qui sourit.
Puis le calme m'est revenu.» (Lise Benincà, Balayer fermer partir, p. 88-89)

commentaires

  1. brigetoun

    Écho ? plus de déménagement pour moi (le dernier avec ma maigreur emballant ma vie dans des cartons accumulés dans 20m2 m’a suffi - pleine sympathie) mais peut-être penser à commander “balayer, fermer, partir”

  2. Manu

    Effectivement, c’est surtout le départ qui fait baisser la vitesse moyenne. Il faudrait faire un 100m lancé pour comparer.

  3. la bacchante

    Le déplacement du canapé en 9,69×6,5 ?

  4. Berlol

    Si 9,69 est en minutes, oui, c’est à peu près ça ! Merci d’avoir souligné la prouesse !

  5. karl

    À moins que ce ne soit de la poésie, c’est la partie de l’accélération du début de la course. Sur un 100m ou un 200m il ne faut toujours que 20m pour accélérer. ;)

    Les livres… À chaque déménagement cela représente 70% de mon volume et surement 95% du poids et le volume augmente à chaque fois

  6. Berlol

    Oui, la poésie de l’accélération !
    Sur 400 m on voit bien que c’est différent, il faut prendre un rythme de croisière, déjà…



Jeudi 21 août 2008. Âge de l'envol, de l'arrachement.

Résultat de plusieurs semaines de travail dans la cuisine et dans le matériel informatique : trois gros sacs que je descends au tas de poubelles à huit heures. Suit une quarantaine de mètres-carrés aspirés à fond, puis deux ou trois kilos de documents littéraires déchirés — pour environ un kilo conservé. Cinq ou sept ans après avoir imprimé des articles ou photocopié des pages de revues, on est apte à décider si ça vaut le coup de garder ou pas.
David et moi retrouvons un collègue japonais pour déjeuner. Rhubarbe ayant décidé de fermer le jeudi — on le découvre — nous allons au Bamyan, family restaurant chinois très moyen.
Pause lecture au bureau.

Au sport, trente minutes de pédalage dans l'ambiance automnale de Modiano. Étrange impression... Quand j'ai lu rapidement les premières pages du dernier Modiano, il y aura bientôt un an, je suis passé complètement à côté. J'en ai gardé une impression poussiéreuse et désolée — comme s'il traitait d'une banlieue abandonnée. Faut croire que ça n'était pas le moment, je n'y ai rien compris, pas réussi à y pénétrer.
Alors qu'aujourd'hui, aucun problème, le sens se forme vite, clair, l'installation des personnages est ultra rapide, je ne rate pas la topographie (du côté d'Odéon), je perçois le feuilleté temporel d'emblée proposé, et tout le premier chapitre y passe tandis que je sue à grosses gouttes. Bien sûr, il y a toujours quelque chose de mélancolique dans la remémoration et la reconstruction, mais il faut croire que je n'avais même pas compris le titre...

« Cette clientèle, un passant qui aurait jeté un regard furtif de l'extérieur — et même appuyé un instant son front contre la vitre — l'aurait prise pour une simple clientèle d'étudiants. Mais il aurait bientôt changé d'avis en remarquant la quantité d'alcool que l'on buvait à la table de Tarzan, de Mireille, de Fred et de la Houpa. Dans les paisibles cafés du Quartier latin, on n'aurait jamais bu comme ça. Bien sûr, aux heures creuses de l'après-midi, Le Condé pouvait faire illusion. Mais à mesure que le jour tombait, il devenait le rendez-vous de ce qu'un philosophe sentimental appelait « la jeunesse perdue » Pourquoi ce café plutôt qu'un autre ? » (Patrick Modiano, Dans le Café de la jeunesse perdue, Gallimard, 2007, p. 16)

« Ce Caisley n'avait pas simplement souligné le prénom de Louki. Chaque fois qu'était mentionné dans le cahier « le brun à veste de daim », il y avait deux traits de crayon bleu. Tout cela avait beaucoup troublé Bowing et il avait rôdé rue Saint-Benoît dans les jours qui suivirent avec l'espoir de tomber sur ce prétendu éditeur d'art, à la Malène ou au Montana, et lui demander des explications. Il ne l'avait jamais retrouvé. Lui-même quelque temps plus tard avait dû quitter la France et m'avait laissé le cahier, comme s'il voulait que je reprenne sa recherche. Mais il est trop tard, aujourd'hui. Et puis si toute cette période est parfois vivace dans mon souvenir, c'est à cause des questions restées sans réponse.» (Id., p. 27)

Outre les dix mois passés entre ces deux lectures, quatre ou cinq pages en octobre et les trente premières aujourd'hui, je me demande ce qui pourrait expliquer l'impression radicalement différente d'aujourd'hui. Peut-être parce que je suis retourné à Odéon entretemps et y ai vécu de nouveau, même si ce n'était que cinq jours.
C'est que j'ai aussi un lourd passé — (dis)continu — dans ce quartier (à la différence de la plupart des quartiers précédemment traités dans les livres de Modiano). Arrivé de banlieue à quinze ans pour aller à l'école rue Pirandello, secteur Campo-Formio Gobelins, j'allais à 17 ans à Jussieu puis l'année suivante à Censier, et n'ai jamais quitté cette partie de Paris jusqu'à 32 ans, âge de l'envol, de l'arrachement vers le Japon.
Mais il faut aller au lit, j'y reviendrai sans doute.


Vendredi 22 août 2008. Chargé et déchargé.

[Samedi, 5 heures du matin.] Sommes toujours vivants.

Avec David, sommes allés prendre le camion 2 tonnes avant 9 heures à l’agence Nippon RentACar de Kanayama, avons fait l’aller-retour Nagoya-Tokyo-Nagoya (plus de 700 kilomètres), chargé et déchargé le camion, avec des aides. Et même dîné au Saint-Martin ! Fin complète vers 4 heures du matin, et rendons le camion dans la foulée…

Total : vingt heures dans la peau d’un déménageur.

Un grand grand merci à David pour l’ensemble de son œuvre. À T. et Komiya-kun pour avoir tout préparé à Tokyo. Et à Andreas pour être venu nous aider à 1h45 du matin à Nagoya.

[Complément, après quatre heures de sommeil]

En fait, le retour a été plus difficile que l’aller. Comme toujours, me dira-t-on. D’abord pour ce qui est de la route : selon nos habitudes encore assez françaises, nous pensions qu’il y aurait plus de trafic de jour que de nuit. Au contraire, nous avons été confrontés à une quantité phénoménale de camions, dont nous étions nous-mêmes pour une fois un des éléments, tous lancés à 100 ou 110 km/h, se doublant les uns les autres avec des coups de clignotants autoritaires, des passages tortueux sous la pluie et des tunnels où ça continue à doubler (trafic évident pour les Japonais sur ce segment centralissime de la vie industrielle). J’ai conduit la première moitié de chaque trajet, soit près de deux cents kilomètres à chaque fois, David les secondes portions, s’adaptant vite et bien à la boîte de vitesse quelque peu rugueuse (il utilise quotidiennement une boîte de vitesse automatique). Ensuite pour ce qui est de la manutention : quatre marches à descendre à Tokyo pour être dans la rue et charger le camion, tranquillement, dans le creux de l’après-midi. Mais à Nagoya, deux étages et demi à monter entre deux heures et trois heures et demie du matin, après dix-huit heures d’aventure dans les pattes et des organismes pas mal sollicités. Le pire, ça a été sans conteste le frigo. D’ailleurs, c’est la seule chose qu’on a montée à trois.

Je peux le dire maintenant avec tranquillité et certitude : c’est le dernier déménagement que je fais moi-même.

Avons découvert la redoutable efficacité des bâches munies d’élastiques. Il y en avait deux dans le camion, chacune d’une surface d’au moins cinquante mètres-carrés, permettant d’envelopper et séparer les meubles, de les stabiliser par des fixations en sens contraires.

Un temps, à l’aller, comme nous étions lassés des crachotements des radios indigentes, Modiano a été l’hôte de notre camion littéraire. J’ai lu à haute voix, assez pour couvrir le moteur, les vingt premières pages de Dans le Café de la jeunesse perdue. David a été très intéressé. S’en est suivie, dans la grande descente vers la plaine du Kanto, une discussion sur la valeur littéraire et la façon de personnellement l’apprécier.
Une des idées principales était que les gens qui rejettent, dénigrent ou démolissent un livre précisément parce qu’il les a laissés perplexes avec plein d’incertitudes et de questions pas résolues, tant par les personnages, aventures et circonstances, que par l’expression, le point de vue ou l’ordre de la construction ne sont peut-être pas faits pour aimer la littérature (ou n’en n’ont pas encore trouvé la clé ou la porte). Mais ils n’en ont pas moins identifié, en creux, sa spécificité au sein des activités humaines : c’est du construit textuel qui sape ou désorganise à l’intérieur de l’identité du lecteur et dans son rapport direct avec le monde. Ça déménage, non ? comme définition…

commentaires

  1. brigetoun

    découvert de la douce vie des routiers ?
    est ce que le fait de dénigrer ou déprécier ce que l’on n’arrive pas à comprendre est spécifique à la littérature ? bon, ça devait être un spectacle épatant votre cabine

  2. Didier da

    Pas mal du tout, cette définition. Il y aurait un Eloge de la perplexité à écrire…
    (être lu à voix haute, la nuit, sur une autoroute japonaise : le rêve secret de tout écrivain !)

  3. Berlol

    Merci, Didier. Pour le rêve de tout écrivain, je comprends… Oui, ça peut être un but dans la vie…
    Question centrale, Brigetoun, en effet. Dénigrer & déprécier, c’est dans la nature humaine. Après, tout dépend de ce qu’on en fait. Si on le convertit en graphisme et couleurs, c’est la peinture; en texte, c’est la littérature; en mélodies et couleurs d’instruments, c’est la musique, etc.

  4. Dabichan

    Quelle journée épique !
    Voila bien de ces moments rares, car impensables dans nos quotidiens respectifs, et qui surgissent, un peu comme ce diable que nous avons poussé, et déposent assez de matière pour composer un souvenir bâti pour la durée.
    En tout cas, l’arrivée en camion à boîte manuelle (of course) avec une 4ème fuyante sur l’autoroute urbaine qui, plus que dominer semble s’enfoncer dans cette molle (=plastique) urbanité à laquelle m’a toujours fait penser Tokyo…, quelle sensation ! C’est comme le camion-littéraire, il faut le vivre !
    Que les fans se rassurent, bien dormi, bien récupéré, pas de méchante surprise articulaire, mais comme prévu le YOGA !
    Un très très grand merci à T. pour le trésor brillantissime qui a ravi la petite. Plus efficace que bien des cadeaux sophistiqués.



Samedi 23 août 2008. Le confort du train (bébé ou pas).

Lever difficile, thé au jasmin et fruits à finir. Mon cerveau se remet en marche dans cette nouvelle configuration lieux et objets. Malgré tout ce qui a été apporté dans cet appartement, j'y circule assez bien pour la vie quotidienne.
Il pleut toute la journée, à Nagoya comme à Tokyo. Je me félicite que ça n'ait pas été le cas hier !
J'espère que David a bien dormi.

Déjeuner avec Benoît quelques jours avant son départ définitif du Japon (il sera à Besançon à la fin de la semaine). Andreas se joint à nous, bien remis des frasques de la nuit (j'ai actualisé le billet d'hier). À Motoyama, excellent plateau déjeuner japonais avec dorade grillée. Sous la pluie battante, on traverse le carrefour pour aller prendre un café, le dernier ensemble ici.

Dans le shinkansen, une femme laisse son bébé brailler, et même se traîner à quatre pattes dans le couloir central. L'énervement se lit sur bien des visages nippons, comme sur le mien. Il faudrait un wagon spécial pour groupes riants et couvées pleurantes. Déjà, on se demande ce qu'une femme avec deux enfants en bas âge fait dans le wagon sans réservation... Je m'endors souvent — entre les cris — et me réveille en sursaut avec des images de voiture en travers de ma route, de somnolence provoquant un accident, etc. La concentration et l'excitation passées, les peurs liées à la conduite dangereuse resurgissent avec la fatigue. Il va sans dire que j'apprécie mieux le confort du train (bébé ou pas).

J'ai bien fait de parler de point de vue, hier. Le deuxième chapitre de Modiano est en effet écrit par un personnage différent du narrateur du premier chapitre. Les premières lignes en sont déroutantes — mais... comment peut-il dire ça, lui ?... C'est parce que ce n'est pas le même, et on l'identifie assez vite. Mais surtout, le système temporel augmente d'un étage, amenant un autre éclairage, radicalement différent. On avait un jeune homme des années 60 écrivant beaucoup plus tard, peut-être dans les années 80. On y ajoute des activités louches vingt ans avant, et c'est la guerre ou la collaboration qui sont suggérées.
Ce sera donc une mosaïque, chacun apportant sa série de vérités et de mensonges, où chaque lecteur construira sa compréhension, un avis sur chacun...

« Éditeur d'art. Cela m'est venu sans y réfléchir. Si l'on m'avait demandé, il y a plus de vingt ans, à quoi je me destinais, j'aurais bredouillé : éditeur d'art. Eh bien, je l'ai dit aujourd'hui.  Rien n'a changé. Toutes ces années sont abolies.
Sauf que je n'ai pas fait entièrement table rase du passé. Il reste certains témoins, certains survivants parmi ceux qui ont été nos contemporains. Un soir, au Montana, j'ai demandé au docteur Vala sa date de naissance. Nous sommes nés la même année. Et je lui ai rappelé que nous nous étions rencontrés jadis, dans ce même bar, quand le quartier brillait encore de tout son éclat.» (Patrick Modiano, Dans le Café de la jeunesse perdue, p. 33)

Autre illustration éminemment contemporaine, littéraire et humaine du point de vue : deux écrivains, Emmanuelle Pagano et Marc Pautrel, par ailleurs blogueurs, travaillant des mois durant en secret à un roman épistolaire, vivant dans le mouvement de l'écriture une réelle histoire d'amour et se séparant pour des raisons qui ne nous regardent pas. Mais que devient le projet littéraire ? Quel statut acquiert leur blog respectif ? Leur couple comme leur rupture sont-ils autre chose que des fictions pour les lecteurs réguliers de leurs billets ? Ce roman-là n'est-il pas au moins aussi intéressant que tout ce qui déboule dans les librairies ?


Dimanche 24 août 2008. Terrain vague et hors-sujet.

Après dix heures de sommeil bien mérité, carcasse débranchée, le réveil n'est pas facile. L'ankylose traduit les excès du bloc veille et avant-veille, grosse masse d'heures à la fois éprouvantes et drôles. Mais c'est dimanche et l'on s'octroie un repos sans passage par l'appartement du 2e, dont le nettoyage commencera demain.
Il pleut toute la journée. Mais pas dans mon cœur, donc.
J'enregistre l'avant-dernière des émissions sur les années 70, consacrée hier à 1978, année de la mort de Claude François. Année durant laquelle Tony Duvert — disparu le mois dernier — publia Quand mourut Jonathan, dernier livre que j'avais lu de lui dans les années 80, sans qu'il parvienne à me plaire plus que les autres. L'écriture m'intéressait mais les histoires et les personnages m'indifféraient passablement. Son prosélytisme, comme tout prosélytisme, en l'occurrence pédophile (mais ça pourrait être n'importe quoi), a littéralement étouffé l'écrivain. Comme si l'opinion, la prise de position instrumentalisait la littérature. Toujours dans ma bibliothèque, jamais rouvert.
Il est amusant de voir que le chroniqueur dont l'arrêt public délivre souligne positivement l'œuvre et la personne de Duvert (nécro consensuelle d'un journaliste top de liste qui veut faire bien son boulot sans s'aliéner de lecteurs) presque dans le même temps qu'il exècre à nouveau Christine Angot (exercice également consensuel, attendu).

C'est la fin des JO, je m'en réjouis. Les médias sont laudatifs. Presque laxatifs. On botte en touche vers London qui aura à relever le défi de la perfection technique et esthétique... Et puis les Français sont bardés de médailles, ça calme, forcément.
Tiens, Marie Drucker est passée au 20-Heures de France 2 ! Elle ne s'assied plus nonchalamment sur un coin de bureau...

Pour parfaire le repos, soirée avec enfilade non préméditée de trois films. Le Chemin des écoliers (Michel Boisrond, 1959, d'après Marcel Aymé, vraiment intéressant sauf l'improbable réconciliation finale entre père et fils), 88 Minutes (Avnet, 2007, Al Pacino véritablement excellent dans une intrigue efficace, anti-James Bond quand même entouré de belles filles), Camping à la ferme (Sinapi, 2004, gentiment drôle, sur le principe du choc des mondes, ici banlieue contre campagne).

Et pour finir, un petit clin d'œil à Christine. Je suis passé par les pages 49 et 50 du Modiano et ai aussi souligné la co-présence des mots liens et lignes de fuite — terrain vague et hors-sujet tellement parlant pour nous...

« Décidément, j'étais encore prisonnier de mes vieux réflexes professionnels, ceux qui faisaient dire à mes collègues que, même pendant mon sommeil, je poursuivais mes enquêtes. [...] sur ce banc, maintenant qu'il faisait nuit, j'avais l'impression d'être dans un rêve où je continuais de suivre à la trace Jacqueline Delanque.
Ou plutôt, je sentais sa présence sur ce boulevard dont les lumières brillaient comme des signaux, sans que je puisse très bien les déchiffrer et sans savoir du fond de quelles années ils m'étaient adressés.» (Patrick Modiano, Dans le Café de la jeunesse perdue, p. 65-66)

Commentaires ramassés avant disparition du JLR2 :

commentaires

  1. brigetoun

    jolie malice de votre lecture des blogs vedettes, du monde et des livres - coeur léger

  2. karl

    cela veut dire aussi que l’on va pouvoir avoir de nouveau accès au JT depuis le Japon.

  3. Berlol

    Oui, et que cesse ce scandale du sport dont les “droits” interdisent l’accès aux autres types d’informations contenus dans les JT !
    Sans doute France 2 et France 3 n’ont-ils pas eu les moyens — ou n’avaient-ils pas prévu (…?) — d’employer quelqu’un à simplement mettre un écran noir sur les images sportives, comme TF1 l’a fait.
    Par ailleurs, il suffisait d’être abonné à TV5 Monde pour avoir “normalement” le JT de France 2…
    N’importe quoi !

  4. christine

    merci pour le clin d’oeil !

    je te trouve très injuste avec Tony Duvert
    (à moins qu’il ne s’agisse que de prendre le contrepied de Pierre Assouline, dont pour ma part j’ai trouvé le billet très nuancé, et pas du tout convenu)
    le terme de prosélytisme ne lui convient pas vraiment et son écriture est vraiment intéressante (j’ai reparcouru tous ses textes)
    son seul tort est d’avoir voulu préserver une sorte de pureté ou de radicalité quasi enfantine, et d’avoir refusé de composer avec les médias, comme un Robbe-Grillet, plus roublard et qui a su faire accepter une thématique tout aussi stigmatisée par notre époque puritaine

  5. Berlol

    Tu prends souvent sa défense, à Passou ! C’est louche…

    En revanche, tu sembles laisser de côté que je parle d’une impression de lecture, y compris pour le prosélytisme, qui date des années 80. Je n’ai pas (encore) “reparcouru ses textes”, moi !
    Un Pinget ou un Ollier n’ont pas été plus amènes avec les médias, tu sais, et ils n’en ont pas moins préservé intégralement leur “radicalité” exclusivement littéraire.

  6. christine

    je triche, car j’ai une grande bibliothèque sous la main pour reparcourir, moi (mes quelques exemplaires sont au fond d’un carton - et je te concède que mes impressions de lecture des années 80 n’étaient pas très bonnes non plus)

    quant à passou (tu lui as donné un petit nom très mignon pour quelqu’un qui ne l’aime pas) je ne le défend que chez toi, parce que tu l’attaques systématiquement, et que j’aime démonter les systèmes !

  7. Berlol

    C’est le sobriquet donné par ses lecteurs-commentateurs…

    Suite à un problème de base de données, je n’arrive plus à poster (et en plus, c’est de ma faute). Prière de passer par la version mensuelle.

  8. vinteix

    Si la “radicalité” n’est qu’”exclusivement littéraire”, alors, c’est presque une fin de monde… pardon, pour cette manière expéditive - en écho à ton expression non moins condensée - de simplifier tout en provoquant un peu, mais on pourrait alors, à juste titre, reprendre ce poncif récurrent et évidemment imagé d’une mort de la littérature… qui est néanmoins quasi palpable si elle n’est justement qu’”exclusivement” “littérature”… A cet encontre, je dirais alors, en signe de “bonne nuit”, comme Dewaere et Depardieu dans “Préparez vos mouchoirs” : “Merci Mozart”, ou “Merci Verlaine”…
    Amicalement.
    V



Lundi 25 août 2008. Parler de bogues ou de pelures.

Éloge des petites journées, celles qui laisseront peu de souvenir, durant lesquelles il ne se passe rien, ni rencontres ni activités, et qui vont s'agréger à un fonds déjà épais et translucide pour former une part non négligeable de notre identité — ce qu'on est au naturel, quand rien ne requiert de nous une attitude ou un déploiement de ressources particuliers.

T. recopie enfin dans son ordinateur les notes paginales des membres de son jury de thèse, dans le but de se débarrasser de ces encombrants exemplaires. Moi, après quelques travaux d'écriture et pendant divers enregistrements de France Culture (1979 année pas érotique, la série inégale sur les collections littéraires, etc.), je descends à l'appartement du 2e où il faut commencer le ménage à fond avant restitution aux propriétaires — mais il y a encore beaucoup de livres que T. doit trier, référencer et mettre dans des cartons pour les envoyer à mon bureau. Référencer permettra par la suite de me demander tel ou tel ouvrage — comme dans une bibliothèque, oui...

Sortons  vers 18h30 (troisième jour avec parapluie) pour acheter du riz et déposer des journaux au Saint-Martin. Changeons d'avis en chemin et y dînons, ce qui nous économise de faire la cuisine. T. prend la brandade, moi l'agneau, comme David vendredi. Yukie s'inquiétait du voyage en camion, notre présence la rassure. Avant de partir, elle nous donne une citrouille, de ces petites citrouilles vertes du Japon qui font un kilo ou un kilo et demi, et du miel de châtaigner de chez ses parents. Finalement, on n'a pas de riz mais on a une citrouille — comme quoi, même une petite journée peut réserver des surprises.

Deux films, ce soir. Pulse (Sonzero, 2006, remake du film Kaïro de Kiyoshi Kurosawa en 2001, fantasme d'une intelligence du réseau auquel je ne suis pas loin d'adhérer ces jours-ci...) et La Fonte des neiges (piètre téléfilm sur TV5 Monde, tragi-comédie dans laquelle Robin Renucci est plus que moyen...).

Je parlais de mosaïque, à propos du livre de Modiano. Quelqu'un parlait de kaléidoscope. Mais je me demande s'il ne faudrait pas parler de bogues ou de pelures d'oignon, enlevées une à une, un chapitre puis un autre, protégeant le plus fragile, le plus émouvant, le témoignage de Jacqueline elle-même. Comme ce nom, Louki, qui la protégeait — à l'instar des cultures asiatiques où l'on dissimule le nom d'un enfant en lui attribuant une lecture rare voire inventée des idéogrammes, ceux qui leur voudraient du mal ne pouvant le leur destiner puisqu'ils ne peuvent l'adresser au vrai nom de la personne.

« Un jour, à l'aube, je me suis échappée du Canter où j'étais avec Jeannette. Nous attendions Accad et Mario Bay qui voulaient nous emmener à Cabassud en compagnie de Godinger et d'une autre fille. J'étouffais. J'ai inventé une excuse pour aller prendre l'air. Je me suis mise à courir. Sur la place, toutes les enseignes lumineuses étaient éteintes, même celle du Moulin-Rouge. Je me laissais envahir par une ivresse que l'alcool ou la neige ne m'aurait jamais procurée. J'ai monté la pente jusqu'au château des Brouillards. J'étais bien décidée à ne plus jamais revoir la bande du Canter. Plus tard, j'ai ressenti la même ivresse chaque fois que je coupais les ponts avec quelqu'un. Je n'étais vraiment moi-même qu'à l'instant où je m'enfuyais. Mes seuls bons souvenirs sont des souvenirs de fuite ou de fugue.» (Patrick Modiano, Dans le Café de la jeunesse perdue, p. 95)


Mardi 26 août 2008. J'efface et je recrée — comme dieu...

Journée pourrie par ma propre crédulité. Je m'étais pris à croire qu'il serait possible — et simple — d'intégrer le JLR (depuis 1995 sous Dotclear) dans le JLR 2.0, avec la fonction Importer de ce dernier. En apparence, la procédure a seulement échoué. Mais quelques heures après, quand j'ai voulu poster le billet d'hier, je me suis aperçu qu'il était devenu impossible de le poster, de poster, que tout le blog fonctionnait normalement, de l'extérieur, y compris les commentaires, mais que, simplement, l'éditeur refusait d'enregistrer le texte que je lui copiais-collais. J'ai attendu (ayant d'ailleurs d'autres choses à faire, comme nettoyer une salle de bains du sol au plafond), puis suis passé de WordPress 2.6 à 2.6.1, ce qui ne mange pas de pain, ai posté sur le forum WordPress pour obtenir quelques conseils, remis en ligne le back-up du 24, que je garde précieusement, ainsi que les commentaires d'hier. Mais rien n'y a fait : le blog a fonctionné de mieux en mieux, sauf précisément l'éditeur, c'est-à-dire l'enregistrement du contenu de l'éditeur dans la table de la base de données... Ce qui est quand même le cœur du système, m'aperçois-je.
Demain, j'efface et je recrée — comme dieu... Mais pour ce soir, je replonge dans le Modiano.

Ah oui, le soir, avons regardé I Am Legend (F. Lawrence, 2007). L'intrigue, reprenant encore une fois le roman de Richard Matheson (titre éponyme, dont j'avais entendu parler mais que je n'ai pas lu), assez bien mise au goût du jour, me fait aussi fortement souvenir du Dernier Monde de Céline Minard, lu l'an dernier. C'est que le thème me (nous) parle, hélas, maintenant qu'il est passé du statut de science-fiction à celui de scénario plausible.

commentaires

  1. christine

    et voilà … à trop se prendre pour Dieu … on fait tout planter !
    de là à y voir le doigt ou les foudres d’icelui, il y a un pas … que je ne franchirai pas

  2. karl

    Alors il ne faut surtout pas s’arrêter en si bon chemin et poursuive avec « The Las Man On Earth » par Ubaldo Ragona et librement télécharge sur Internet Archive parmi de nombreux autres films.

    http://www.archive.org/details/last_man_on_earth_ipod

  3. Berlol

    Merci, Karl. Je vais essayer…

    J’aime souvent bien vos billets mais n’ai pas trouvé l’espace commentaires pour vous le dire.



Mercredi 27 août 2008. Le temps perdu sign(ifi)e la défaite.

Ménage, encore et toujours.
Et quand, dans l'appartement à rendre dans quelques jours, je suis en face des faïences de la cuisine et que je les brique pour les ravoir, je me sens nettement mieux que devant mon clavier et mon écran, à partir desquels je n'arrive plus à rien faire avec mes bases de données — effacer, recréer, importer, exporter, mot de passe, etc., ai tout essayé, tout raté, tout laissé en plan. Tout s'embrouille et me gave. Et dire que si ça se trouve, c'est encore un coup de l'hébergeur !

J'ai décidé de ne plus stresser avec ça. Si je n'ai plus de blog pendant trois semaines, eh bien je n'aurai plus de blog pendant trois semaines, ou trois mois. Mais qu'il soit bien clair que l'empêchement vient des problèmes techniques — et non de ma volonté à continuer. D'ailleurs je continue, pour l'instant dans le JLR mensuel. Je me dis que les bons lecteurs sauront me trouver.
On ne sait pas toujours contre quoi on se bat. Cependant, et surtout, le temps perdu sign(ifi)e la défaite.

Peu de littérature, aujourd'hui. Les méchants programmes informatiques l'ont mangée.
Pourtant, ce ne sont pas les lectures qui manquent. Je vois plein d'informations sur la rentrée littéraire. J'avais déjà repéré les vidéos sur Médiapart. Et ce soir, cet intéressant billet de Léo Scheer sur Duvert.

Dînant et après : Lions for Lambs (Redford, 2007). Un film assez bavard, parce qu'assez fin, une sorte d'essai politique filmé. Il faut suivre attentivement, ce n'est pas du grand spectacle. La folie politique américaine s'y montre dans sa récurrence (historique et donc pas seulement américaine), essayant toujours de dissoudre la liberté d'opinion dans la peur sécuritaire et dans la soi-disant mission de défense collective. Une journaliste chevronnée et scrupuleuse, d'un côté, un charismatique professeur d'université, de l'autre, résistent chacun à leur façon, et sans doute sont-ils comme des milliers d'autres, espérant que la folie n'emportera pas tout sur son passage. Mais à la fin, rien n'est moins sûr...

Dans le JLR1, on en est là :

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  • 2000 - MySQL : 1030 - Got error 127 from table handler

commentaires

  1. vinteix

    “la rentrée littéraire”, comme tu y fais allusion…
    Comme d’habitude, au final, une impression plutôt pathétique… à pleurer ou à rire, selon l’humeur…
    En tout cas, quand par exemple on lit ça dans “Le Monde”, comme partout ailleurs :
    http://www.lemonde.fr/livres/article/2008/08/28/un-peu-moins-de-titres-toujours-plus-d-editeurs_1088770_3260.html#ens_id=1089099

    une suite de chiffres et de titres de romans dans le grand fast-food littéraire (même si, bien entendu, là-dedans, il y a évidemment du bon)…
    L’impression, une fois de plus, que l’époque actuelle résume décidément (mais c’est désormais un fait établi, bien ancré et quasi synonyme) toute la “littérature” au “roman”…

    Je relève malgré tout en effet l’intérêt de ces entretiens vidéo, repérés sur lignesdefuite…

  2. vinteix

    … et surtout Régis Jauffret, qui “sauve la face”, si je puis dire, et m’évite de désespérer dans cette avalanche d’histoires romanesques, en parlant du “comble du ridicule” qu’il y a à être écrivain…

  3. Berlol

    Pardon, cher Vinteix, de ne pas avoir répondu à tes récents (et non moins pertinents) commentaires. J’étais occupé tantôt à briquer des carreaux dans une vraie salle de bains, tantôt à remonter les murs virtuels du blog — qui semble maintenant tenir debout.
    En ce qui concerne la rentrée littéraire, je t’ai retrouvé un petit article de derrière les fagots (2001) :
    “Mondialisation de la rentrée littéraire” (dans la revue Histoires Littéraires, n°5) :
    http://www.histoires-litteraires.org/les%20articles/artrebollar5.htm

  4. vinteix

    Je suis à peu près au courant, même si je les suis un peu en pointillés, de tous ces travaux de (re)construction… mais tel le phénix, je vois que malgré tous ces aléas, les choses renaissent…
    Bref, merci pour ce derrière les fagots, qui par un drôle de retour en arrière, chronologique, éclaire d’un jour en effet différent, “mondialisé” et web-alisé (bof, tu as sans doute mieux comme adjectif ?), ladite “rentrée littéraire”…

    Mais ce que je pointais le plus du doigt (pas nouveau non plus, tu me diras) était, au-delà du commerce évident et du “jeu” éditorial qui tend à modeler un certain lectorat (sa part la plus importante, sans doute), l’équivalence, tacite mais patente, du moins dans le discours de la doxa, entre “littérature” et “roman” (même un certain nombre d’auteurs, comme certains présentés en vidéo sur le site de Gallimard - C.Cusset pour n’en nommer qu’une - n’ont pour seul discours quant à leur dernier travail d’écriture : une narration ou des bribes narratives sur l’histoire qu’il vienne de nous pondre… affligeant !)
    “ROMAN” est en effet le terme, renvoyant à un “genre” littéraire, quasi exclusif que l’on peut généralement trouver dans ces pages d’éditoriaux consacrés à ladite rentrée.
    C’est bien ce besoin symptomatique d’”histoires” à tout prix qui m’écœure un peu… et me rappelle la verve avec laquelle Céline fulminait déjà quant à cela (”tout le monde a des histoires, y’en a plein les commissariats des histoires, etc., bref, tout ça c’est de la connerie”, etc.).
    Pourtant, sans faire ici de l’”histoire littéraire”, tel n’a pas toujours été le cas… en même temps, ce règne, du moins commercial et généralement admis, du “roman” me semble un peu surranné, en rapport notamment aux résonances même du terme…
    Qu’on le veuille ou non, c’est l’époque, qui, au-delà de cette seule “rentrée” et des prix (littéraires) qui lui sont indexés, dont je me moque pas mal en soi, qui se complaît dans ce déluge de “romans” dont la plupart sont bien avant tout des “histoires”, comme si la littérature consistait à se vautrer dans la consommation divertissante d’”histoires” (je force à peine le trait)…
    J’arrête là, même si il y aurait évidemment beaucoup à dire, notamment sur des “genres”, hybrides ou inclassables (ceux qui retiennent plus mon attention, en fait), que j’appellerai simplement “textes”… ou encore sur le recueil de nouvelles, qui semble (?) devenu un peu marginal… alors que bien souvent, 20 ou 40 pages d’une nouvelle sont largement préférables à 300 pages de certains “romans”…
    sans parler de certains textes classés par les partisans des genres dans les “essais”, textes critiques qui sont bien évidemment, dans le meilleur des cas, de la littérature (je ne parle pas là des essais “universitaires”, quoique…)
    (mais tout cela n’est pas très vendeur…)

    Alors, quant à la poésie (comme tu y fais allusion dans ton article, en référence à Meschonnic), n’en parlons même pas ! la “petite” ! ça me rappelle toujours cette anecdote, rapportée par M.Deguy, quand à la fin d’une émission de Pivot, celui-ci se tourne vers J.Roubaud et lui lance dans un franc sourire, presque en le tapant du coude : “Alors maintenant, Jacques Roubaud, un p’tit poème ?”
    Amen… paix à son âme, et encore !

  5. Berlol

    “comme si la littérature consistait à se vautrer dans la consommation divertissante d’”histoires”” — en effet, l’être humain semble avoir un besoin irrépressible d’histoires, comme de manger ou d’aller pisser. Ayant comme toi une noble considération pour la littérature, j’ai tendance à repousser ce besoin-là vers le cinéma… Pour ça que je n’en suis pas un bon “critique” alors que je fais nettement mieux, je crois, dans le domaine littéraire.
    La poésie, c’est un peu pareil, comme un iceberg, pour un petit nombre dans la lumière, quelle médusante quantité sous la ligne de flottaison !

  6. vinteix

    Pour l’iceberg poétique, oui, tu as évidemment raison… en même temps, il y a une différence d’échelle énorme : le filet de lumière qui élaire les poètes “élus” n’est en rien comparable aux projecteurs qui illuminent les idoles du roman.
    Quant au besoin de poésie (sans entrer avec Meschonnic dans les batailles de “définitions”, au fond, assez vaines), je le tiens pour aussi irrépressible que celui d’histoires, voire plus, en tout cas aussi irrépressible que celui de manger ou d’aller pisser - et il n’y a pas 36 besoins de cet ordre. C’est d’ailleurs ainsi que Chalamov, reprenant aussi Mandelstam, qui affirmait en la vivant la grande égalité de droit entre la ration de pain et la haute poésie, définissait le besoin vital de poésie, le cinquième besoin humain, disait-il, après la faim, la sexualité, la défécation et le plaisir d’uriner.
    Et comme F.Bon rappelait hier ce texte revigorant, “Conseils aux jeunes littérateurs”, Baudelaire ne dit pas autre chose : “le besoin le plus impérieux”…

  7. Berlol

    Certes, oui, je suis bien d’accord. Mais nous faisons partie d’un petit groupe humain. Il faut le constater avec dépit plutôt qu’avec fierté. Car comment expliques-tu alors que des centaines de millions de gens se passent très bien de poésie, et te ricaneraient au nez quand tu la mets “haute” ?!…
    Et ne va pas me dire que certains trouvent de la poésie dans un match de foot, une soirée en boîte ou une réunion de cadres le lundi matin.
    Non, parlant toujours et presque uniquement d’écriture, il faut assumer faire partie d’un groupe qui n’a pas tout à fait les mêmes besoins que “tous” les êtres humains.
    Mais rien ne dit que ce groupe est moderne ou plus avancé que les autres. Depuis la nuit des temps, certains humains sont sensibles à la poésie et d’autres pas. Et si l’enseignement peut révéler ou aider certains, en revanche tout prosélytisme et toute tentative d’englobement de tous (type: “vous ne le savez pas mais vous avez besoin de poésie”…) sont voués à l’échec et au ridicule.

  8. vinteix

    Oui, bien sûr, et loin de moi l’idée de faire du prosélytisme…et quand je la mets “haute”, en fait, je ne fais que citer Mandelstam qui la met “haute”…
    Donc, j’aurai tendance à conclure comme Spinoza : “tout ce qui est très précieux est aussi difficile que rare”. En même temps, nul snobisme ou élitisme là-dedans, car je reste persuadé que la poésie, comme la philosophie, s’adresse à tout le monde, et je ne suis pas du tout sûr que certains soient sensibles à la poésie et d’autres pas… et si “ridicule” il y a, non moins “ridicule” que le besoin d’histoires…



Jeudi 28 août 2008. Excelle dans les flous d'humidité.

Calme plat dans les bases de données, plus aucune ne répond. J'ai envoyé à Globat l'expression de mon courroux, avec copie des messages d'erreur, mais je crois que je ferais mieux de commencer à chercher un autre hébergeur.
Heureusement, tout va bien du côté des Flux Litor ! Sauf que rien ne nous permet de savoir si il y a même un seul lecteur par jour ! Pourquoi Netvibes ne propose-t-il pas de widget de stastistiques ?

Un voisin français vient prendre la machine à laver du 2e. Elle marche encore bien. Je l'aide à l'installer chez lui, au bout du couloir. Il me donne une boîte de magrets de canard au foie gras de l'Aveyron, il en revient. Je lui montre les autres meubles et appareils dont nous souhaitons nous débarrasser. Rien d'autre ne le tente. Il se ravise et souhaite emporter la télévision, avec magnétoscope intégré. Il va la donner à sa petite amie. Aujourd'hui que les boutiques de location vidéo revendent les cassettes et ne louent plus que des dévédés, on se cultive pour pas cher... Moi, je suis content que ce téléviseur reparte en cadeau à une petite amie. Je l'avais offert à T. en 96, avant son divorce, quand elle s'ennuyait ferme dans un appartement divisé en deux camps...
Depuis plus d'une semaine déjà, on ne regarde plus du tout la télévision japonaise. Quelquefois TV5 Monde. T. dit que son esprit est plus disponible comme ça pour traiter les informations du journal Asahi. J'ai constaté tout à l'heure que les JT de France 2 et 3 étaient de nouveau en ligne. Les JO finis, le droit à l'information est rétabli. Pendant ce temps, la Géorgie, la Russie, etc. Mais qu'est-ce que ça change, d'ailleurs, que je sache ou pas ?...

Après un décrassage de sol, je sors pour des courses à Seijo Ishii, à la station Korakuen, espérant passer entre deux averses. Manqué, il pleut dès que je sors.
Occasion de réveiller mon appareil-photo, qui excelle dans les flous d'humidité.
Dans le métro, pour une station, je reprends Dora Bruder, étant sorti cette nuit du Café de la jeunesse perdue — abattu de tristesse, j'ai eu du mal à m'endormir... Pfff... Petite nature...
Allez. D'un café l'autre. Il est temps de me mettre au cours de l'Institut. C'est dans trois semaines !

« Le dernier café, au bout du boulevard Ornano, côté numéros pairs, s'appelait « Verse Toujours ». À gauche, au coin du boulevard Ney, il y en avait un autre, avec un juke-box. Au carrefour Ornano-Championnet, une pharmacie, deux cafés, l'un plus ancien, à l'angle de la rue Duhesme.
Ce que j'ai pu attendre dans ces cafés... Très tôt le matin quand il faisait nuit. En fin d'après-midi à la tombée de la nuit. Plus tard, à l'heure de la fermeture...» (Patrick Modiano, Dora Bruder, Paris : Gallimard, 1999, folio 3181, p. 9, rééd. de 1997)

Film loué pour ce soir : No Country for Old Men des frères Coen (2007, d'après le roman de Cormac McCarthy, titre pris à Yeats). Impressionnante maîtrise de l'image, du mouvement et de la narration. On retrouve, comme dans Fargo, un policier peu expressif suivant de près l'enchaînement des crimes, liés à la drogue et à l'argent, avec encore un amateur dépassé par les événements, pris dans l'engrenage de crimes d'un niveau qui le dépasse. La leçon serait que si on veut être criminel, il faut l'être complètement, ne pas faire les choses à moitié, sur un petit pied, ni garder des sentiments d'humanité...
On ne se perfuse pas le sang-froid d'un dur à cuire.

commentaires

  1. brigetoun

    a y est ! pudiquement le journal met des siècles à s’afficher et se déplier, mais il est là

  2. Dominique Hasselmann

    Dès que je vois les frères Coen cités, je ne peux m’empêcher d’envoyer un mail : en l’occurrence, “No Country for old men” est excellent (un peu exercice de style), mais je pense que rien n’égale ce polar dans le froid et qui met en scène la ténacité d’une femme qu’est l’admirable “Fargo”.

    Dès la première séquence on sait que ce sera un chef-d’oeuvre : les bons films se jugent immédiatement (comme “Into the Wild”).

    L’image incipit ou précipite…



Vendredi 29 août 2008. Déjà de l'autre côté de la pensée.

Avant le petit déjeuner, petite vérification des bases de données — calme plat, rien en ligne.
Vers 11 heures, en revanche, j'aperçois, à l'adresse du JLR2, un blog nommé Tate... Imaginez ma surprise. Tate, comme la galerie ? Et par qui ? et pour quoi ? Et sans information ? Je vérifie ma boîte à lettre... Non, rien. Est-ce un essai de quelqu'un en train de réparer ? qui tâte le terrain numérique ? Sans m'en informer. Je vais voir dans l'interface MySQL et j'y trouve l'adresse de courrier de l'administrateur —  un Lou arobase quelque chose, une adresse au Japon !...
Je réfléchis en prenant ma douche. Et décide d'y mettre la mienne, d'adresse. Comme ça, je peux obtenir le mot de passe d'administrateur. Ce que je fais. Parce que la question essentielle, cruciale, ce n'est pas de savoir si je peux ou pas créer ou faire fonctionner une base de données. Au-delà des aléas de la semaine, c'est évidemment possible. Mais de savoir si le backup de WordPress du 24 pourra être réinstallé dans une nouvelle base de données, sans perte ni transformation si possible. Car selon quelques forums où je suis passé ces derniers jours, il y a bien une question récurrente, et problématique, certaines plateformes de blog proposant des backups qui, à l'usage, s'avèrent totalement, ou partiellement, inexploitables.
Donc, ayant repris le contrôle de la Tate, que je rebaptise derechef Journal Littéréticulaire 2.0, j'importe la sauvegarde du 24 et... Ça marche ! Impeccablement. Tout est là, bien à sa place : billets, titres, commentaires, tags, horodatages. Il n'y a plus qu'à remettre le design et les commentaires gardés au frais.
J'aurais presque envie de remercier quelqu'un parce que c'est très appréciable, ça, de savoir que la sauvegarde, en effet, sauvegarde. Mais qui ?

Tout ça se fait par petites touches, en fait, parce qu'en même temps, je suis avec T. sur le problème de l'enlèvement des meubles dont on veut se débarrasser. La mairie ou le privé. Avantage de ce dernier, il vient tout de suite pour estimation et peut enlever dès le lendemain. On l'appelle. À 13h30, il est là. L'air bonhomme, le gars qui fait son boulot, réglo. Il soupèse du regard chaque objet, table, étagère, bureau, tansu, etc. Il fait ses calculs et nous annonce 38.000 yens. Je manque m'étrangler. Pour plaisanter, je demande à T. si c'est 38.000 yens qu'il nous donne pour emporter tout ça. Mais non, me répond-elle, et je le savais, c'est 38.000 yens qu'il nous demande de payer pour que son entreprise consente à nous débarrasser de toutes choses dont nous ne voulons plus. OK, avec T. on ne s'énerve pas, on ne se salit pas en protestation ou dispute inutile, on lui dit qu'on va y réfléchir, formule très pratique en japonais pour dire non sans le dire, et on le laisse partir. Mais quels escrocs !
Peu après, T. appelle la mairie de Shinjuku-ku et une personne très efficace lui fait détailler les objets et lui dit combien pour chaque, puis récapitule. Total 6.000 yens, enlèvement le 3 septembre. Plus de six fois moins cher que l'escroc !

À 15 heures à l'Institut pour récupérer mon nouveau contrat et être enregistré à la pointeuse. Un cran de plus dans la gestion du parc humain. Soi-disant suite à inspection du travail et pour mise aux normes du droit du travail japonais. Sauf que je n'ai vu de pointeuse nulle part ailleurs, mais bon... Je ne suis pas allé partout, non plus.
La pointeuse, c'est un écran tactile où taper son identifiant mais aussi un appareil de lecture de l'empreinte digitale. Comme à l'aéroport pour le contrôle des étrangers. J'allais en discuter avec le responsable qui m'explique la procédure, mais j'y renonce. C'est comme pour le charognard de tout à l'heure. Pas la peine de se salir avec quelqu'un qui est déjà de l'autre côté de la pensée. Tout le poids de son entreprise, de sa hiérarchie et de son bon droit rendrait mon effort inutile et ridicule — comme une patate qui voudrait attirer une planète. Hein, Newton !

« [...] Dépit de lecteur. Où est passée la voix de Christine Angot ? [...] On n'a pas la musique d'Angot. Et je le regrette. Je n'ai pas envie d'ajouter ma voix aux loups qui entourent ce livre, comme si on allait assister à une mise à mort, je n'ai aucune envie de participer à ça, mais je ne peux pas non plus ne pas voiler [sic] mon dépit.» (Michel Crépu, plutôt pro-Angot, dans le Tout Arrive d'hier, également consacré à Philippe de la Genardière, Céline Minard et Eugène Green).

La soirée baigne dans l'orage, les pluies torrentielles. Nous, on regarde Volver (Almodovar, 2006, repris du titre de la chanson de Carlos Gardel, 1935). Émouvante variation spiralée sur le thème de l'inceste père-fille. Belle énergie almodovarienne et actrices impeccables, Carmen Maura, bien sûr, mais aussi Pénélope Cruz qui se montre bien autrement que dans les fades films à grand spectacle américains — et si c'est bien elle qui chante, eh bien, bravo !, ça vaut presque l'interprétation d'une pro comme Estrella Morente.
Et plus tard, toutes lumières éteintes et rideaux ouverts, minuscules dans la nuit, allongés sur le lit et sans télévision, nous y repensons en admirant une heure durant la succession délirante des éclairs et des tonnerres roulants au-dessus de Tokyo.

commentaires

  1. Philippe De Jonckheere

    Pour ce qui est des remerciements et à qui les adresser, je vois bien ce que tu veux dire. Tu as affaire là à une chaîne humaine d’informaticiens méticuleux qui ont bien fait leur travail de programmation de sauvegardes, de vérification de leur intégrité et de tests fréquents de leur employabilité, et quelques veilleurs de nuit pour s’assurer que tout tourne rond. Cependant, la plupart du temps, ces mêmes informaticiens n’ont aucune idée des données qu’ils manipulent de la sorte, ta database étant encapsulée dans une sauvegarde générique plus importante, tout au plus, la personne qui s’est occupée de tout ça, suite à un message d’erreur très impersonnel, aura remarqué que tes données étaient dans une langue qu’elle ne comprenait pas, et s’est peut-être dit, amusé, sans plus, tiens c’est drôle c’est un Français que je suis en train de dépanner, une autre fois cela l’amusera tout autant que ce soit un site avec de nombreuses photographies de femmes opulentes et pas très habillées, n’en prends pas ombrage.

    J’aurais bien envie de transmettre tes remerciements à une foule de mes collègues informaticiens, qui font cela tous les jours sans même savoir exactement à qui ils rendent service vraiment, tout encapsulé que tout ceci est, mais je ne suis même pas certain qu’ils comprendraient le caractère assez diffus de tels remerciements.

    Amicalement, et naturellement heureux d’avoir des collègues méticuleux au Japon.

    Phil

  2. Berlol

    T’as raison, évidemment. Mais ce matin, j’ai écrit, très personnellement et gentiment, au Lou en question, dans mon anglais de base pour lui expliquer que j’avais hacké son essai et repris les rennes, et que ça serait bien si on avait un peu plus de communication “person to person”…
    Mais voilà qu’à l’instant je reçois un mail d’un lecteur de Kyoto qui me dit que c’est lui qui avait initialisé le blog en le nommant “Tate”, vertical, en japonais… Pensant peut-être à une nouvelle procédure d’inscription…
    Donc quand même pas très sérieux de la part de l’encapsulé de chez Globat qui a dépanné a minima, laissant les clefs sur la voiture !

  3. Philippe De Jonckheere

    Non pas très sérieux effectivement. Quels incurables amateurs, singes habillés et petits joueurs de la restauration de bases. Donc remballe tes remerciements et au contraire fends-toi d’un mail d’insultes (est-il seulement possible de s’insulter en japonais, et y a-t-il des gros mots?)

    Amicalement

    Phil

  4. Berlol

    On peut, oui, s’insulter en japonais. Mais je ne le ferai pas ici.
    Pour ce qui est de la base de données, j’ai bien compris ton explication et j’imagine aisément le mode de vie des dépanneurs (ingénieurs système ? ou comment les appelle-t-on ?), mais tu avoueras que réparer une base sans (penser à) prévenir l’utilisateur que c’est fait témoigne tout de même d’un faible penchant pour (la communication avec) son prochain.

  5. Philippe De Jonckheere

    Oui, tu as raison. Mais que le premier informaticien qui n’a jamais laissé une database ou un serveur sur le flanc, lui jette un caillou! Et ce n’est évidemment pas moi (surtout moi!) qui vais commencer cette lapidation, je serais très mal placé.

    Les dépanneurs comme tu les appelles portent toutes sortes de noms suivant leur spécialité, dans le cas présent c’est probablement un DBDA (ou administrateur de base) qui a œuvré, dans le cas d’un serveur, ce sera plutôt un pilote.

    L’ingénieur système lui voit tout cela avec bien davantage de hauteur et on ne le réveillera pas la nuit pour une seule base ou un seul serveur. C’est quand vraiment tout est par terre qu’on a le droit de l’appeler.

    Amicalement

    Phil

  6. Stubborn

    Je vous avais perdu (pas/plus? de redirection sur votre ancien blog). Ça ajouté à l’hallali des ricaneurs de la place autour du dernier Angot, et à d’autres fatigues face à d’autres perles de perversités, petit début de rentrée ma foi. Heureusement, Lignes de fuite m’a remise sur la piste ! Merci à elle.

  7. Philippe De Jonckheere

    C’est vrai ça, cet acharnement collectif contre cette pauvre Christine Moije Angot finirait presque par me la rendre sympathique, mais encore insuffisamment pour que je lise son dernier torchon. Encore un petit effort messieurs Assouoine et consort et je vais finir par devenir lecteur d’Angot.

    Amicalement

    Phil

  8. Berlol

    En fait, il vaudrait mieux que tu lises “Interview”, par exemple. Avant de te lancer dans les amours avec Doc Gynéco ou ses prédécesseurs… Là, ça pourrait te faire un vrai choc, et un vrai regret de ne pas avoir lu ça “en son temps”, source d’une forme d’admiration pour Angot qui peut durer même si on aime moins ou pas du tout les derniers livres.
    Je dis ça, je dis rien, c’est toi qui vois…

  9. Stubborn

    @Philippe De Joncheere. Interview ou/et Léonore, toujours. Mais aussi Une partie du coeur. Enfin moi j’ajoute ces deux textes fondateurs, mais c’est vous qui voyez…

  10. Stubborn

    Oublié votre k si joli. Sorry.



Samedi 30 août 2008. La nageoire et le goudron peuvent venir !

« Thü s'empêtra légèrement dans les rayons d'une roue de bicyclette et en profita pour sentir sur sa peau le contact grisailleux du métal. Agréable, non ? Désagréable ? Ce qui comptait : se baisser lentement et arrêter son choix. Avec précaution il dégagea une mitraillette de sa gangue d'obscurité, la soupesa.
« Tu as saisi ? Avec ça, on va se payer une bonne insurrection, hein ? »
La rue lui répondit par son silence touffu. Il y avait bien, de-ci de-là, le clapotement pathétique d'une nageoire interrogeant, sans réponse, le goudron. Mais dans l'ensemble c'était plutôt le silence, le dur silence.» (Antoine Volodine, Biographie comparée de Jorian Murgrave, p. 101)

J'aimerais pouvoir dire, sans être lourd, long ou pédant, combien et comment un passage comme celui-ci m'émeut et m'enthousiasme. Cela explique d'abord pourquoi je lis si lentement. Déjà un mois que j'ai commencé, par bribes de quelques pages ou lignes, ce premier livre de Volodine. Tous les jours, j'y pense, je baigne dedans en même temps que dans mes activités quotidiennes. Volodine est toujours dans un coin de moi. J'écrivais hier à Didier Da Silva qu'il n'était pas obligé de lire vite. Bien sûr, je respecte son mode de lecture, surtout s'il en jouit vraiment, comme il me l'a répondu. Au sens propre, on pourrait dire que chacun a son idiorythme de lecture. Si l'on excepte les gens qui se forcent parce que ça fait bien d'en dévorer trois dans la semaine ou la soirée... Ça reprend aussi la discussion avec Vinteix sur l'humain besoin d'histoires qui sape la littérature de l'intérieur.
Car dans ces quelques lignes de Volodine, comme avant et après, d'ailleurs, la vraisemblance, comme construction interne ou comme rapport à notre réalité, est bien peu possible. Et apporterait bien peu de satisfaction. J'imagine le désarroi de certains lecteurs de la collection Présence du futur, dans la seconde moitié des années 80, et après ; surtout ceux qui sont friands de constructions de mondes intergalactiques, de guerres télépathiques, de voyages dans le temps ou dans le corps, toutes histoires qui doivent tenir debout dans leur extraordinarité même. Ici, un être dont la forme n'a pas été précisée entre en contact d'une manière incompréhensible avec une bicyclette. S'empêtrer légèrement est quasi oxymorique. L'étincelle que ça me fait n'est pas réaliste, mais seulement émotion de langage, et une vague image amusante. Plusieurs correspondances sensorielles sont proposées : contact grisailleux, silence touffu, dur silence, et, au-delà de la relation adjectif-nom, la nageoire qui interroge le goudron — matière dont la récurrence étrange chez Volodine pourrait faire route à un article tout à fait universitaire. Dans toute cette invraisemblance, il a une peau — tout de même, dirais-je. On peut sauver sa peau, même si c'est elle qui devient gangue d'obscurité d'où sort une mitraillette — là, on se fout de nous, et encore une fois, Lautréamont n'est pas loin, il y en aurait d'autres... Et puis, éminemment humains, les thèmes de l'insurrection et de la corruption, liés comme les deux faces d'une feuille de papier dans l'expression se payer une insurrection. Comme si la motivation insurrectionnelle, sacrée pour tous les insurgés de la Terre, était ravalée d'emblée à un amusement (s'en payer une tranche) et à une marchandise (se payer ça, payer pour avoir ça).
La rue qui répond est une expression figée dans laquelle rue renvoie généralement au peuple qui l'occupe ou qui en a la capacité (la rue a parlé, la rue gouverne ou ne gouverne pas) mais le silence détruit cette image langagière et ramène la rue à son sens physique, et absurde parce qu'une rue ne répond pas quelque chose à quelqu'un. D'ailleurs, c'est vrai, elle ne répond pas — les mots sont piégés. La nageoire et le goudron peuvent venir !

À part ça, il y a eu la surprise du jour, comme je l'ai évoqué dans la réponse à Philippe, en commentaire. Un courrier reçu d'une personne que je connais à Kyoto, appelons-la S., et qui me dit que voyant cette invitation à démarrer un blog à l'adresse même du JLR2 avait, croyant peut-être à une procédure d'inscription, initialisé un blog Tate, non pas du nom de la galerie mais du japonais vertical. Pourquoi vertical, ça, il ne le dit pas.
Ce qui veut dire que je ne sais pas qui a réparé la base de données, laissant ensuite le site ouvert au premier venu  — qui heureusement n'était pas n'importe qui, puisque nous écrivions dans la revue Les Voix dans les années 90 (faudrait que je remette en ligne mes chroniques Le Mot de Jason puisque toutes les pages du site des Voix ont disparu...).

Tiens, j'ai remarqué qu'on peut se copier la grille interactive de FC. Permet d'accéder plus vite aux émissions.


La grille interactive de France Culture




Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi   Samedi   Dimanche
6h00 L'éloge du savoir  6h00  Une vie, une œuvre 6h00 Carnet nomade
7h00 Les matins de France Culture
7h00     Journal de la rédaction 7h00 Journal 7h00 Journal
7h15      Les enjeux internationaux  7h05 Terre à terre 7h05 Vivre sa ville
7h25     Chronique
7h35     La revue de Presse Européenne
7h55     Chronique d'Alain-Gérard Slama
8h00     Journal de la rédaction 8h00 Journal 8h00 Orthodoxie /
Foi et tradition
8h15      Chronique d'Alexandre Adler 8h10 Masse critique
8h30     Chronique d'Olivier Duhamel 8h30 Service protestant
8h55     Le portrait du jour de Marc Kravetz
9h00     Journal de la rédaction 9h00 Journal 9h00 Journal
9h06 La fabrique de l'histoire 9h10 Répliques  9h10 maison d'études
9h42 pensée cont.
10h00 LES HUMANITES 10h00 Concordance des temps 10h00 La messe 
Les lundis de l'Histoire Les mardis littéraires Métropolitains Une vie, une œuvre Les vendredis de la philo.
11h00 QUESTIONS D'EPOQUE 11h00 Le rendez-vous des politiques 11h00 L'esprit public 
L'économie en question La suite dans les idées Le bien commun La société des Nations Place de la toile
L'œil du Larynx
12h02 Tout arrive ! (partie1) 12h00 Questions d'éthique 12h00 A suivre
12h30 Journal de la rédaction 12h30 Journal 12h30 Journal
12h50 Tout arrive (partie 2) 12h45 La rumeur du monde 12h45 Des papous dans la tête
13h30 Les pieds sur terre 13h30 Proj. privée
14h00 LES SCIENCES 14h15 A quoi pensez-vous ? 14h00 Carnet nomade
Continent Sciences Avec ou sans rendez-vous Planète terre Sciences et conscience Science publique
Le salon noir
15h00 A plus d'un titre 15h00 Commission Ad Hoc 15h00 Tout un monde
16h00 Sur les docks
16h30 Equinoxe 
17h00 Les nouveaux chemins de la connaissance  17h00 Jeux d'épreuves
17h30 fiction / Enfantines
17h50 Le regard d'Albert Jacquard 17h55 Lignes de fuite
18h00 LE 18-20 18h00 Journal 18h00 Journal
Journal de la rédaction 18h10 Magazine rédac 18h10 Culture d'Islam
18h30 Du grain à moudre 18h30 Jusqu'à la lune…
19h15 Le rendez-vous 19h00 Jeux d'archives 19h00 For intérieur
20h00 A voix nue 20h00 fiction / Drôles de drames 20h00 fiction / gds textes
20h30 Le feuilleton
20h50 Le choix des livres
21h00 MAGAZINES CULTURELS 21h00 Mauvais genres 
Comme au théâtre Décibels L'Avventura Affinités électives Peinture fraîche
22h00 Journal de la rédaction 22h00 Journal 22h00 Journal
22h15 Surpris par la nuit  22h10 fiction / contemp. 22h10 Atelier de Créa. Radio.
23h00 Les vivants et les dieux
23h30 Du jour au lendemain  23h30 Ca rime à quoi ?
0h10 Minuit Dix 0h00 Chanson
boum !
0h00 Mauvais genres 
1h00 Les nuits de France Culture 
Légende émissions infos magazines nouveautés

Et hop !

commentaires

  1. Didier da

    Merci de me reconnaître un idiorythme, je préfère ça qu’être accusé de suivre un rythme idiot ! (pardon pour le jeu de mots facile) (billet du jour chez moi continuant le dialogue)

  2. Berlol

    Ai vu la suite, oui. Très bien, l’idée d’un saint graal. Le mien serait alors de la première à la dernière ligne (pour les textes qui me plaisent) et rien ne m’obligerait à me presser… — au contraire, pourquoi pas faire du surplace, reculer, sauter, revenir, etc. !
    Je ne connais pas Sebald mais ça donne envie.

  3. Didier da

    Les deux attitudes ne se contredisent pas, je crois. Aller, venir et traîner dans un texte est un grand plaisir, mais il est décuplé pour moi quand j’ai d’abord, comme je disais, une vision d’ensemble de “l’architecture” (ou de son absence), des échos et des rimes, etc.

    (Quand j’ai découvert Claude Simon, en avril, j’en ai dévoré sept d’un coup en très peu de temps - jusqu’à l’indigestion. Mais la jouissance de chaque livre n’avait d’égale que la jouissance de les mettre en rapport, de prendre la mesure de l’oeuvre et de son évolution… (et puis il y a quelque chose de l’ordre du galop chez Simon, et j’avais envie de tenir la vision à bout de bras, si on peut dire))

    (”Les émigrants” est vraiment un livre somptueux, de ceux qu’on a envie d’offrir autour de soi. Vais lire d’autres Sebald, c’est certain.)

  4. Didier da

    (Mais quand je dis très peu de temps, c’est relatif, car ç’avait été trois semaines dans la compagnie exclusive de Simon, du matin au soir, dans l’ivresse et l’oubli de tout : j’ai la chance de pouvoir libérer de grandes plages de temps, sans aucune obligation, justement)

  5. PhA

    Merci de décomplexer les ralentis de la lecture (dont je suis), et content de vous voir sorti vainqueur de votre combat contre vous ne saviez quoi.

  6. karl

    Problème avec les caractères :) et le codage de la page.

  7. Berlol

    Merci, Karl, c’est rétabli. Ne manquez pas de m’en signaler d’autres… Je croyais que les billets avaient bien été remplacés (rétablis) lors de l’importation du backup mais ce n’était pas le cas pour tous. Encore une preuve que c’est loin d’être fiable…



Dimanche 31 août 2008. La titanicité de l'édition française m'étonnera toujours.

Un beau dimanche, bien calme, avec de beaux nuages, quelques brèves averses. Restés à la maison, nous avons travaillé à l'ordinateur, chacun le sien. Je me suis installé une petite heure sur le balcon pour lire quelques pages de Volodine. Sublimes ! En face, des voisins français finissaient de déjeuner sur leur terrasse. Au-dessus, d'autres jouaient au ping-pong. Un dimanche, je vous disais.

Décidément, Constance (ici à droite, à côté de Nathalie Jungerman, à la terrasse du Mauzac le 13 mai) est toujours à l'avant du bateau de l'édition. Là où les vents soufflent en premier (00h00.com, mythique entreprise...), là où les grains s'abattent (Zulma) — alors même que l'arrière du bateau coule et que tous les margoulins éditeurs essaient encore d'en profiter. La titanicité de l'édition française m'étonnera toujours. À la différence d'entreprises radicales, comme Publie.net qui, comme son nom l'indique, publie sur le net, Constance tente encore l'alliance de la carpe et du lapin en proposant à des éditeurs classiques une dynamique web qui serait autre chose que des bribes de textes ou de vidéo données en pâture aux internautes, comme le font de plus en plus les sites des éditeurs. Alors que je ressortais humblement de derrière les fagots ma Mondialisation de la rentrée littéraire de 2001, qui me paraît tout de même encore bien valide, je voudrais rappeler qu'une paire de livres a été lancée ce printemps d'une manière radicalement différente de tout ce qui s'était fait jusqu'alors, à ma connaissance. Et sans vision marketing. Avec site web intriguant, traîne de blogs photographiques et, in situ, collages sauvages et autres blogs ou pages MySpace déviantes et musicales... Il s'agit des deux ouvrages de Lutz Bassmann, Avec les Moines-soldats et Haïkus de prison, avec l'accord de Verdier et l'amical soutien de Volodine, mais sans qu'on sache officiellement qui en est / en sont le ou les artisan(s). J'aimerais bien que Constance nous donne son avis éclairé sur cette opération. Et que leurs concepteurs s'expriment aussi, s'ils passent par ici.

Oublié de dire que j'écoute assidument La Conscience de Zeno, d'après le roman d'Italo Svevo, en feuilleton depuis lundi. Lu dans les années 80, après avoir découvert Freud, ce livre m'avait beaucoup amusé. Par dessus les bouleversements littéraires que mon jugement a connus, j'ai gardé une grande estime pour Svevo. Sans doute parce qu'il était le premier — dans l'historique de mes lectures — à parler le langage de la psychanalyse sans le sérieux souvent affecté par les psys pour se donner de l'épaisseur. Pour Freud, je ne sais pas, après tout, c'était traduit et j'étais fort débutant, mais j'ai l'impression qu'il avait de l'humour...

Le beau et mystérieux film Crops, de Fred Griot et Philippe Rahmy, m'a fait souvenir que T. et moi sommes, depuis notre passage à Carnac l'an dernier, en possession de « graines de menhir ».
En une année, ont-elles poussé ?
Dans un million d'années, il y aura de plantureux menhirs dans les ruines d'une ancienne capitale des îles japonaises et les araignées qui tiendront alors le haut du pavé humain s'interrogeront sur cette présence étonnante en un lieu si peu celtique — jusqu'à ce qu'elles trouvent ce billet de mon journal, bien sûr.

commentaires

  1. christine

    ouf ! le contrechamp n’est pas mis en ligne : merci !

  2. Berlol

    Attention ! Ça pourrait venir !… Et Philippe a des photos, lui aussi…
    Merci de la reprise du débat sur l’idiorythmie (avec un “r” ou deux, les deux sont attestés).

  3. PhA

    On passe, on pense encore à Lutz Bassmann et, tiens ! un visage familier…

  4. christine

    j’aurais plutôt tendance à préférer idiorythmie avec un seul r, mais Barthes, que je citais la dernière fois que nous avions parlé rythmes de lecture en met 2 dans “Comment vivre ensemble” (dont j’ai relu des passages la nuit dernière grâce à vous deux!)

  5. christine

    sait-tu que quand on clique sur “13 mai”, on obtient cette belle variante de “la vérité est ailleurs ” :
    “Introuvable
    Désolé, ce que vous cherchez ne se trouve pas ici.”

  6. Berlol

    A y’est, c’est réparé ! Faut que je fasse gaffe aux adresses, avec tous ces changements…
    Sinon, oui, pour Barthes, je me souvenais bien. Content que tu aies passé la nuit avec lui…

  7. christine

    … c’est toujours un plaisir de passer la nuit avec ce cher Roland, en tout bien tout honneur, bien sûr !

  8. Lutz Bassman et Le Titanic « amontour

    [...] Autant de modes d’édition. Mon avis, Berlol, sur qui est Lutz? M’enfin, tu le dis toi-même : “… lisant Volodine sur la [...]

  9. Berlol

    Merci, Constance, de cette réponse développée sur ton site, et bien sentie. François a raison de souligner qu’à trop s’échiner sur les éditeurs qui ne veulent ni ne comprennent (tout en espérant une panacée facile et gratuite, pour eux, et qui rapporterait beaucoup, autant dire : l’impossible) tu perds un temps précieux que tu pourrais passer sur les boulevards littéraires du réseau. Ceci dit, il faut ajouter que tout le monde n’a pas la même assise pour lancer et faire tourner un projet.
    Ce que François réussit, même s’il n’accepte peut-être pas ce que je vais dire, est quand même bâti, reposé, garanti, sur l’envergure littéraire acquise dans le “milieu”.
    D’où l’intérêt de renforcer les liens et activités professionnelles à partir des affinités réticulaires.


© Berlol, 2008.