Journal LittéRéticulaire de Berlol
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Littéréticulaire : néol., adj. (de littéraire et réticulaire), propriété d'un texte où s'associent, aux valeurs traditionnelles et aux figures classiques du texte littéraire, les significations et effets de sens provoqués par les liens hypertextuels au sein d'un réseau (l'internet par exemple), qu'ils aient été voulus ou non par l'auteur.







Septembre 2006

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Vendredi 1er septembre 2006. On a été débordés, je vous cache pas que.

10h50, appel du service Bagages de British Airways pour me proposer livraison de valise entre 16h et 20h. Voix jeune, ne s'excuse pas, boulot boulot, reconnaît juste qu'on a été débordés, je vous cache pas que, et donc pas répondu au téléphone... Pas la peine d'insister. On verra après. En tout cas... Youpi ! (Sauf que ça me bloque l'aprem.)

Faut que je sorte, morbleu !
Mes pas me portent sur la montagne Sainte-Geneviève. Festival de nuages au-dessus du Panthéon.
Et la chaleur...

Déjeuner aux Fontaines, rue Soufflot. Seul. Une carte avec des choses qui sortent de l'ordinaire, comme ce succulent fondant d'artichaut au foie gras. Après, un tartare classique, c'est comme ça qu'ils l'appellent sur la carte, et il est classique, et bon. Et des frites qui, là, malheureusement, ne sont pas des frites mais des quartiers de pommes de terre frits (la frite doit être peu épaisse pour que l'intérieur et l'extérieur soient à peu près à la même température ; si on coupe gros, l'intérieur reste longtemps très chaud, et c'est un peu comme de la purée...).

Caniculaire voyage en deux bus pour arriver au Jeu de Paume, musée où je vais voir l'exposition de photographies de Cindy Sherman. L'unité de mesure, dans le travail de CS, c'est vraiment la série. Son principe, c'est l'utilisation de soi pour des mises en scène photographiques dans lesquelles réside toujours une part plus ou moins grande d'humour, d'exhibitionnisme et de détournement d'un modèle ou d'un stéréotype (cinéma, peinture, scène de crime, pornographie, etc.). Forcément, ça m'a fait souvenir de Claude Cahun.

Retour rapide pour être à la maison à 16 heures et attendre la valise... qui arrive un peu avant 19 heures. Apparemment en bon état. Mais... tiens... une roue pétée. Enfin, pas la roue elle-même mais le socle de la valise, fendu sur une vingtaine de centimètres en suivant le contour de la base de la roue... Quand on appuie, ça baille un peu... J'ouvre avec ma clé. La serrure n'a pas été abimée ni forcée... Tout est là, bien rangé, mais... trempé ! Pas à tordre, pas dégoulinant, mais imbibé. Maillots, T-shirts et chemises sont un peu comme des éponges. Un costume, un polo et un pull sont humides mais avec des taches de moisissure. C'est-à-dire depuis plusieurs jours dans cet état d'humidité (T. me confirmera plus tard qu'elle a lu quasiment la même description de contenu imbibé sur un blog d'un voyageur japonais). Bon, allez, une machine à laver de tout ce qui peut l'être. Photos de moisissures et du socle fendu. Des pièces à conviction pour le dossier, puisqu'il va falloir en faire un. Demain matin, le reste ira chez le teinturier. Je n'ai que deux chemises et une laine polaire d'utilisable...
Voilà, fin de la première semaine de mes vacances. Demain sera un autre jour.

Commentaires

1. Le vendredi 1 septembre 2006 à 09:59, par caroline :

Bravo !

2. Le vendredi 1 septembre 2006 à 17:15, par dino :

md, 10 années :
pampakampa.canalblog.com/...

3. Le samedi 2 septembre 2006 à 04:36, par cg :

ouf ! titiller du contentieux a finalement été efficace !
seul point positif : le feuilleton de la Valise a animé cette semaine de JLR d'un suspense insoutenable ...
bonne idée d'aller visiter l'expo Cindy Sherman (qui ferme demain je crois) : humour et détournement, certes, mais aussi une bonne dose de critique sociale et de désespoir
peut-être d'ailleurs les femmes (pour qui l'effet miroir de ces avatars du corps féminin joue à plein) y sont elles plus sensibles car obligées au quotidien de se prêter à une mise en scène de soi moins extrême mais souvent pesante

4. Le samedi 2 septembre 2006 à 09:18, par brigetoun :

mais vous vous consolez avec des pauses restaurants ou cafés de belle engeance.
pour encourager les femmes dans cette mise en valeur du moi, j'ai l'impression que les jeunes (30-40 ans et moins) hommes s'y mettent

5. Le samedi 2 septembre 2006 à 18:55, par Alex :

Quelle aventure !
Une valise au socle brisé et tes affaires trempées... Aurait-elle traversé la Manche à la nage ?

6. Le dimanche 3 septembre 2006 à 12:47, par Berlol :

Oui, chère Christine, je suis bien sûr maintenant que Cindy Sherman est une grande photographe, doublée d'une grande humoriste dans la veine de La Rochefoucauld ou Chamfort. Je crois bien l'avoir découverte par Philippe De Jonckheere...
Chère Brigetoun, je ne suis plus dans la tranche que vous dites, mais quand même fervent féministe...
Salut Alex. En effet, on peut se poser la question... Mais tu ne crois pas qu'il devrait y avoir des poissons et des algues... Enfin, l'essentiel est qu'il n'y ait pas d'attentats et que je survive...



Samedi 2 septembre 2006. Haute en couleurs et métaphores narration.

Même pas le temps d'écrire ma journée
Que déjà son lendemain m'emporte...
C'est comme ça (à trop vivre) que les diaristes se font avoir !

Au menu :
Déjeuner familial avec sacre du neveu de 15 mois sur fond de rosbif
Batobus par beau temps avec sœur et beau-frère
Glaces, crêpe et boissons aux environs du Champ de Mars, avec slalom entre les touristes
Reprise du Batobus jusqu'à l'arrêt Saint-Germain-des-Prés (en fait, sous le Pont des Arts)
À pied à trois jusqu'à la République pour retrouver Samantha, une amie de ma sœur
Les quatre au Troisième Bureau pour deux heures de dîner comme un film
Menu dans le menu : gelée de saumon au céleri et rognon de veau sauce échalotte
Et haute en couleurs et métaphores narration du tournant de la vie de Samantha...

Suspense... Si si, vous verrez...
Et au temps pour moi, l'espèce de dinosaure à l'entrée du Jardin des Plantes côté Mosquée de Paris n'est pas nikidesaint-phallesque, il est une œuvre de Niki de Saint-Phalle ! (voir ma photo de dimanche dernier ; ici détail de la mosaïque en verre de Murano)

Véritable histoire de Samantha de Boulogne.
Samantha, qui a fait des études d'histoire de l'art ou les beaux-arts je n'ai pas très bien entendu quelqu'un a ri derrière nous et de toute façon je ne connais pas ces filières, s'est retrouvée on ne sait à la suite de quel concours de circonstance dans la direction de la pub d'un quotidien sportif. Elle s'en est accomodée d'autant qu'elle gagne correctement sa vie. Côté amour et quoique bien de sa personne elle semble s'être ramassée pas mal de fois et s'est donc caparaçonnée qu'on ne l'y reprendrait plus. Pourtant, un gars sensible déjà muni d'une fillette d'une précédente union réussit à la convaincre de se débarrasser de son armure et de lui laisser déborder la tendresse, sans qu'elle calcule trop que ça allait un peu vite pour être vraie confiance ou profond amour. Après trois mois de composition familiale, grosse marche arrière du gars trop sensible finalement pas prêt à recommencer quelque chose, et Samantha rien que sa peau directe la douleur des semaines comme mourir. Intermède à New York avec une amie à qui un appartement était prêté, et moult dépenses compensatoires. Retour et déprime, je ne sais plus l'autre derrière a encore ri grassement et on n'est pas rue de la Folie Méricourt pour rien. Mais... Une bonne conseillère l'avait dirigée sur un psychiatre psychanalyste, moi qui ne savais pas qu'il y en avait qui faisaient les deux j'en suis resté coi. Où elle est allée un peu méfiante mais bien contente de déballer son sac à quelqu'un payé cent euros les quarante cinq minutes rien que pour ça toute la journée et qui a des cas habituellement plus... prise de tête que celui de Samantha. L'ayant flattée qu'elle était bonne analyste elle aussi et bonne raisonneuse mais en système fermé où elle avait toujours raison, il lui enseigna la mœbiale inversion ou comment voir l'envers de soi (un bout) et que croyant bien mener sa vie elle ne vivait en réalité depuis toujours que selon des principes disons ici doxiques qui n'étaient pas ses choix profonds, ses désirs pour aller vite, et que justement elle avait peut-être accepté trop vite l'homme et l'enfant d'une autre. Alors Samantha, ou l'amie de ma sœur dont le désir est de s'appeler Samantha, commença à reconsidérer toutes sortes de choses, comme la détestation de Boulogne où elle n'était venue habiter que pour être près de son travail, un travail qui n'est pas non plus son choix, et d'autres choses, des cascades, des enfilades de choses. Alors, depuis quelques jours seulement, Samantha qui n'est pas du genre à tout plaquer subitement, modifie et ajuste des petites choses dans sa tête, dans ses propos et dans son emploi du temps professionnel. Et il y a déjà de grandes répercussions qu'elle essaie de bien contrôler avant de changer d'appartement, de travail qui sait. Et se confier à ma sœur et mon beau-frère ce soir en présence d'une dangereuse chambre d'écho dont elle ignore tout, car elle ne sait rien de moi, fait partie de ces changements.
Cette véritable histoire de Samantha m'a intéressé et ému parce que Samantha a su la bien narrer tout en souriant buvant et mangeant comme nous au Troisième Bureau et rebondissant sur nos incises et nos jeux de mots comme celui de son instinct grégaire dans ma psychanalyse à deux balles vous ne pouvez pas comprendre, mais aussi parce qu'elle est symptomatique de l'aveuglement et du fourvoiement qui sont les deux mamelles de notre humaine condition.
J'espère, lecteur, que toi aussi tu apprécieras à sa juste valeur l'histoire de Samantha plus pour longtemps de Boulogne et pourras en tirer enseignement pour toi-même te bien conduire.

Commentaires

1. Le dimanche 3 septembre 2006 à 01:50, par brigetoun :

tiens si je reviens à Paris en touriste il faudra que j'essaie le bateau bus

2. Le dimanche 3 septembre 2006 à 02:06, par Dominique Fromentin :

que vous mangez bien...
moi qui me demandais toujours qui c'était tous ces gens qu'on voit tout le temps dans les restaurants à Paris comme s'ils n'avaient que ça à faire
et je suppose que c'est valise à la main pour ne plus la perdre ? et la photo d'Angot à l'intérieur pour votre table de chevet, pas trop esquintée ?

3. Le dimanche 3 septembre 2006 à 12:30, par Berlol :

Bah voyez Dominique, des fois, j'y suis. Et dans la vie, je n'ai pas que ça à faire. Ceci dit la vie, hein, pour quoi faire d'important ?, dites-moi un peu... écrire des livres ? allons allons, ça ou autre chose, ce n'est pas à vous que j'apprendrai qu'aveuglement et fourvoiement sont les deux mamelles de notre humaine condition... Quant à la valise, elle va aller à la poubelle : elle pue et elle est pétée du socle... et aux frais de la reine d'Angleterre, encore.

4. Le dimanche 3 septembre 2006 à 12:51, par Dominique Fromentin :

Invisus invisum divisit : c'est ça ou je me trompe ?
Allons relire Racine plutôt que se lover aux (chères) mamelles de la psychanalyse.

5. Le lundi 4 septembre 2006 à 05:29, par dino :

"rien que sa peau directe la douleur des semaines comme mourir" j'aime cette phrase, je peux vous l'empreinter, j'aimerai la mettre dans mon blogmachin truc.................

6. Le lundi 4 septembre 2006 à 14:18, par Samantha :

A la lecture de ma propre petite histoire ici narrée, je ne pouvais resister à l'envie, voir au besoin, d'y répondre! Comme il est curieux de "se lire", comme il est intéressant de constater l'analyse que les autres font de vous et de l'image que vous envoyez...et comme il est dangereux de raconter sa vie à sa vieille amie en ne se méfiant pas de son frère!!!
Lecteurs, notez ceci dans vos tablettes, et pensez à prendre renseignements sur les convives qui partagent vos tables. Un lien de filiation avec un ami n'est plus un gage suffisant! lol
Mais pour finir plus sérieusement, je suis très impressionnée par ton analyse, sa retranscription...et je suis au final, fort flattée d'avoir ainsi gagné une petite place dans ces pages!
Et si cette tranche de vie fait quelques émules, je promets de donner quelques nouvelles des trépidations de Samantha..plus de Boulogne pour encore longtemps.

7. Le lundi 4 septembre 2006 à 15:36, par Berlol :

Chère Samantha, merci de ta compréhension. Et tu es toujours la bienvenue pour donner de tes nouvelles, ou autre chose. Bonne continuation !
Dino, autorisation accordée (avec lien vers ici, comme il se doit).

8. Le lundi 4 septembre 2006 à 16:37, par dino :

Si vous passiez vous auriez vu qu'il y été déjà
le lien,
cela va sans dire, evidement,
vous me prenez pour qui

9. Le lundi 11 septembre 2006 à 08:27, par Berlol :

François Bon propose une surprenante continuation / réponse à la Véritable Histoire de Samantha de Boulogne...



Dimanche 3 septembre 2006. Elles étaient là, les chaussures de sport.

Chez mon père, déjeuner rapide. J'y suis pour tri d'affaires m'appartenant. Cinq ou six cartons, plus quelques babioles. Deux heures plus tard, grand sac pour la poubelle, et trois cartons à conserver. Je repars avec des chaussures de sport (elles étaient là, les chaussures de sport que je cherchais dimanche dernier) et une photocopie intégrale de la Corde raide de Claude Simon (1947), ce qui va me permettre de retrouver les italiques (personne ne s'étant manifesté depuis mon appel...).

Soir. Titine me demande de lui photographier une belle de nuit bicolore sur le balcon. En attendant le retour de Michel, on s'est loué Ring 2 (film japonais de Hideo Nakata, 1998, à ne pas confondre avec les remakes américains). On s'endort l'un après l'autre ou en même temps. On n'en voit que des bouts et ça ne fait pas du tout peur.

Lu dans le train de banlieue, cet après-midi, avec peut-être un début de réponse à mon questionnement de jeudi.
« Nous nous retrouvions au Mazarin, à l'ouverture duquel Simon avait participé et dont il faisait bon nombre de fermetures. Nous commencions à boire et à manger à deux ou trois pour finir à quinze et plus.
— À boire, ou je tue le chien.
— Bistrotier, apporte-nous ton mauvais vin.
— Francis, sers ta belle clientèle, elle a soif, disait Simon.
— Francis, t'occupe pas des touristes, ils ne reviendront pas. Ta nourriture est trop pitoyable. Sers-nous. Nous qui sommes là hiver comme été.
[...] Simon savait boire et il m'apprit. Il vivait en seigneur, travaillait par périodes, disposait de grandes plages pour boire avant de s'y remettre. Tony le retrouvait donc là, accompagné d'amis qu'il nous présentait par le prénom, ou embarquait tout le monde. Je suivais. Cette compagnie me satisfaisait ; je disposais de peu d'argent mais je ne m'en parlais pas. Tous me semblaient très adroits en reparties et faits d'amour, tenant bien l'alcool et vivant sur des revenus mystérieux ou de rentes.
[...] La compagnie du Mazarin, plutôt masculine, ne se renouvelait qu'en poivrots et Tony se targuait de filons de fiancées dans des quartiers capitaux où les gens faisaient des vraies choses avec plein d'énergie. C'était son mot.»
(Alain Sevestre, Le Slip, p 55-56.)


Lundi 4 septembre 2006. Ni question goût ni question solidité.

C'est la rentrée et on a plein de choses sérieuses à lire. Par exemple Christophe Bourseiller, qui bloguédite un article de 2001, et c'est très intéressant : Guy Debord, les situationnistes et l'extrême droite : récupération à tous les étages (initialement paru dans Archives et Documents situationnistes).
Parce que si on n'avait que les nouveaux auteurs, les primo-publiants ! Mais non, il y en a d'autres ! On en découvre derrière, dessous, à rebours, par des chemins tordus et des amis aussi lointains que proches... Comme ce Théo Lésoualc'h chez Grapheus Tis.
Je recommande aussi la nouvelle émission de Monique Canto-Sperber, Question d'éthique (France Culture, le samedi, 12h30-13h). On en avait besoin.

Mais la matinée passe vite. Et c'est déjà l'heure d'aller déjeuner à l'Industrie, rue Saint-Sabin, avec Dominique Meens qui me dédicage amicalement son Choucas, canard, pouillot (aux éditions Contre-Pied, 2004). Il fait partie des auteurs entendus à la radio, lus suite à bonne impression puis cités dans le JLR — et qui ont eu la bonne idée de se manifester. Spécifiquement, pour Dominique Meens, en me citant, parce que me fréquenter ne sert à rien (JLR du 12 août). Et ça se confirme. Et c'est très agréable. La conversation tourne autour de deux populations incomparables, celle des oiseaux, celle des auteurs. Je ne donne pas le contenu. Derrière nous, à une autre table, Charlotte Rampling...

Marchons jusqu'à Izrael, boutique d'épices rue François Miron, que Meens recommande, hélas fermée pour vacances jusqu'à demain. On se quitte. Passage rapide au BHV rayon valises, rien de bien, ni question goût ni question solidité, ou c'est que je ne suis pas prêt...

La bruine matinale a fait place à de la grosse chaleur. Bus et RER jusqu'à la BnF, Tour des Lettres, où j'ai rendez-vous pour la mise en place d'un projet auquel j'aurai l'honneur de participer. On en reparlera, comme dit Alain Sevestre.

« Je pars sans attendre, grille tous les autres feux, regarde les voitures dans les yeux, fonce, me faufile entre le bus et le trottoir. Rue de Richelieu, dans le couloir des bus, je force les taxis à me doubler comme un véhicule motorisé. À l'angle de la rue Montpensier et de la rue de Richelieu, je freine brutalement au nez d'une Zastava plus obstinée qui s'engage à contresens et se gare en double file. Je repars, jette un œil derrière moi, vois le type descendre de son véhicule et s'engouffrer aussitôt dans l'armurerie qui fait l'angle.» (Alain Sevestre, Le Slip, p. 68)

Angle, c'est un angle, oui. Celui d'un intersection entre deux livres, l'autre étant son Double Suicide Villa Godin (1987)...

Commentaires

1. Le mardi 5 septembre 2006 à 02:31, par caroline :

Bravo Miss Tic !



Mardi 5 septembre 2006. Guacamole, taboule et carpaccio — assurément trois bons copains.

Recherche de valise, I. C'était hier.
Recherche de valise, II. Aux Galeries Lafayette de la place d'Italie vers 11 heures. Pas de vendeuse dans le rayon, ce jour, avant 13 heures ! Un peu d'hypoglycémie à cause du café et de la rage de l'irresponsabilité dans les services, achat de petites pâtes d'amande.
Retour à la base pour prendre des informations sur les valises via les sites web des fabricants de valise (sera utile par la suite, les vendeurs ne sachant même pas le poids des valises vides alors qu'on nous demande de plus en plus dans les aéroports d'être exact à plein au kilo près).

Odéon. Déjeuner italien et cinéma allemand avec Marguerite. Mon Dieu, mais quelle nullité, ces Particules élémentaires ! Du très très mauvais cinéma, un docu-fiction tellement plat qu'on en dort et regarde sa montre toutes les cinq minutes... Je ne dirai pas que le livre était mieux parce qu'il m'avait pesé aussi mais le film est nettement pire. Il y a une fatalité qui s'acharne contre Houellebecq, son style est pauvre, son image est ruinée et les produits dérivés de ses livres sont condamnés (projets avortés de films en France, film allemand pesantissime, etc.).
De quoi choper une bonne colère.

Recherche de valise, III. Au Bon Marché vers 17h30, en bus par la rue Saint-Sulpice où il y a un chemisier JLR...
Chaleur partout et la climatisation ne fonctionne pas au rayon bagages. La vendeuse Samsonite ne renseigne pas sur les autres marques (comme Rimowa ou Delsey, par exemple), elle n'a pas tous les modèles, elle les attend pour jeudi ou vendredi. Mais je ne peux pas rester dans l'incertitude. J'en réserve une (dans les 75 centimètres de haut, juste comme celle qui... que... enfin, bon, l'ancienne) et prends sa carte pour me dédire en cas d'achat ailleurs. Je suis franc. Elle comprend.
Au moins, ça, c'est fait. Bus vers Saint-Germain puis Odéon mais pas le temps pour attendre le 96 qui n'arrive pas.

En métro jusqu'à Jourdain pour attendre Cécile, prendre un café devant l'église et monter dîner chez Constance. Où l'on devisera jusqu'à onze heures et demi, avec guacamole, taboule et carpaccio — assurément trois bons copains.

Commentaires

1. Le mercredi 6 septembre 2006 à 01:05, par cg :

petit conseil pour ta quête du graal (je ne me prends pas pour la fée qui conseille le preux chevalier, rassure-toi, mais suis moi-même toujours en quête de la valise idéale) :
il y a beaucoup plus de choix dans les grands magasins de la rive droite : galeries lafayette ou printemps hausmann
à essayer aussi, dans le même quartier, la maroquinerie parisienne (30 rue tronchet - tout près du printemps en redescendant vers la madeleine) ou les prix sont cassés (mais pas les roulettes)

2. Le mercredi 6 septembre 2006 à 03:08, par brigetoun :

mais le 96 n'arrive jamais ! quoique le 69 ou le 61 c'est pire ! les bus c'est un luxe d'oisif

3. Le mercredi 6 septembre 2006 à 09:57, par Berlol :

Brigetoun, on a parlé de vous aussi, chez Constance, forcément...
A cause du mot "roulette", le message de CG était coincé dans le filtre. Je l'ai libéré. Merci pour le conseil. J'allais y aller demain. Mais il y a du nouveau, surprenant, vous verrez ce soir...



Mercredi 6 septembre 2006. Qu'on déballe, qu'on ouvre, qu'on teste et qu'on soupèse.

Chez le teinturier, place Monge, qui s'est occupé de mes affaires détrempées et moisies dans la valise. Impeccable. Et facture pour le dossier. Voilà que je peux enfin m'habiller. Ça tombe bien !

Train pour Orléans à 10h47, bien climatisé, il faut y garder sa veste.
Quand j'arrive, au bout du quai, Antoine Volodine m'attend. Je le reconnais, d'après photos. Jusque là tout va bien...
Le début, les premiers mots premiers pas, on ne sait jamais comment faire, ni comment ça devrait être, l'impro, et la crainte de tout plomber, de tout mal orienter par un propos aussi anodin que mal pris. Je crois que ça va, je m'en tire avec les gros travaux de construction de la nouvelle gare qui sont bien entamés alors que c'était la ruine du précédent bâtiment en mars. Antoine Volodine m'emmène dans un restaurant de la place du Martroi où, déjeunant, nous nous racontons divers éléments de nos vies dans le désordre des reparties et des associations d'idées, comme tout le monde à notre place. Je l'admire mais ne suis pas dans la révérence. Sauf que de temps en temps, je me frotte intérieurement les yeux en me disant que je suis en face de l'auteur de Bardo or not bardo et du Nom des singes (etc.), que c'est incroyable ce qui m'arrive et que c'est moi qui l'ai voulu — pour évoquer la préparation d'une éventuelle venue au Japon, elle-même reliée à un projet de traduction en japonais. Je m'aperçois assez vite que, comme je l'avais espéré et vaguement prévu, il n'est pas la personne sérieuse et sombre à laquelle des médias et des critiques ont voulu faire croire. Lui aussi doit comprendre encore plus rapidement le charlot que je suis.
On élargit la discussion au stage de mes étudiants à Orléans, à des sujets de thèse, à d'autres visiteurs du Japon, en toute liberté. Et lui ne trouve pas un bon prétexte pour se barrer vers 14 heures comme il en aurait parfaitement eu le droit. Au contraire, on attaque des pans massifs, la littérature de quelques littérateurs, des émissions de radio qui se passent plus ou moins bien, le mépris des services culturels pour ce qu'écrivent leurs invités, etc. On fait une petite balade à pied, circulaire sous le cagnard, et puis on se remet à une terrasse pour boire un coup, emportés par une foisonnante discussion partie de... Kill Bill et continuée sur le thème des films... de karaté, de Hong Kong, de Kitano, etc. Parce qu'il a pratiqué les arts martiaux. Parce qu'il a fait du chinois (et pas seulement du russe).
Du temps passe, de la franche rigolade, même, et après la sympathique dédicace de son Post-exotisme en dix leçon, leçon onze dont je m'étais muni ce matin, j'en reviens par hasard à ma valise...

Recherche de valise, IV. Chez Badinier, rue Royale à Orléans.
... j'en reviens par hasard à ma valise (merci, Jean-Claude, pour la suggestion) et Antoine Volodine me dit qu'il connaît tout près un bon magasin de bagages, qu'on peut toujours y faire un saut, ou bien ce sont mes mots mais bon à peu près, et on y va. Là, au sous-sol, caverne alibabesque, il y a tous les modèles que j'ai cherchés dans les grands magasins de Paris, et une vendeuse tout à fait à jour sur les articles. Et vas-y qu'on déballe, qu'on ouvre, qu'on teste et qu'on soupèse. Craignant d'abuser de l'amabilité d'Antoine, je lui demande si ça ne le dérange pas, suggérant que je peux continuer tout seul avec la vendeuse, toujours dans l'idée qu'un grand écrivain a forcément autre chose à faire que rester avec moi pour choisir une valise... Mais non, tout ça l'amuse beaucoup. Et le concerne aussi, visiblement. Car il voyage pas mal de son côté et que de bonnes informations sur les bagages ne sont pas à négliger. Bref, j'achète une Samsonite grise à quatre roues (même prix qu'à Paris, je précise).
Puis on remonte vers la gare tout doucement, moi roulant la valise dont, sauf nous, tout le monde ignore qu'elle est vide.
Retour en train en retard et non climatisé, une étuve dans les 45 degrés. Je dégouline de partout. Je reste debout. Dans le wagon voisin, il fait quelques degrés de moins, la transpiration s'arrête, la vie redevient possible... Pourtant il y a moins de monde. Les gens n'essaient pas, croient qu'il fait aussi chaud partout. En général, les gens n'essaient pas, ils sont quelque part et ils n'ont pas la curiosité d'aller voir ailleurs s'il fait moins chaud.

« Hein ?... Je vais répondre. Nous avions appelé cela le post-exotisme. C'était une construction qui avait rapport avec du chamanisme révolutionnaire et avec de la littérature, avec une littérature manuscrite ou apprise par cœur et récitée, car parfois pendant des années l'administration nous interdisait de posséder du matériel de papeterie ; c'était une construction intérieure, une base de repli, une secrète terre d'accueil, mais aussi quelque chose d'offensif, qui participait au complot à mains nues de quelques individus contre l'univers capitaliste et contre ses ignominies sans nombre.» (Antoine Volodine, Le Post-exotisme en dix leçons, leçon onze, Gallimard, 1998, p. 17)

Commentaires

1. Le jeudi 7 septembre 2006 à 01:19, par brigetoun :

on trouve tout en province : des valises et Volodine - pour les places de train comme pour beaucoup de chose : oui vive l'instinct grégaire

2. Le jeudi 7 septembre 2006 à 09:59, par alain :

Mince, à quelle heure suis-je parti ? Avais-je un bon prétexte pour quitter le lieu ?
Vite, une réponse, je t'en prie.

3. Le jeudi 7 septembre 2006 à 13:33, par timide :

c'est vrai, alain, que berlol est complexant à toujours raconter que sa rencontre avec untel ou une telle a été enrichissante grave et pleine de connivence et si tellement tout ... forcément lorsqu'on le rencontre on compare et, si on est un tant soit peu conscient de ses propres insuffisances, on déprime

4. Le jeudi 7 septembre 2006 à 16:47, par Berlol :

Pour Timide, je ne sais pas, mais je ne me vois pas en train de complexer Alain...

5. Le lundi 11 septembre 2006 à 05:33, par janu :

(J'ai une passion folle pour "dont, sauf nous, tout le monde ignore qu'elle est vide", qui aurait aussi fait un titre).

6. Le lundi 11 septembre 2006 à 08:06, par Berlol :

"Passion folle", comme vous y allez ! En tout cas, je suis bien content que ça plaise... Et puis maintenant que ladite valise est arrivée à Tokyo, ça lui fait déjà toute une histoire.



Jeudi 7 septembre 2006. Nos croisements et accointances webiques.

Impressionnant article de Jérôme Pintoux sur Alain Bashung, Un Dandy fuligineux. C'est tout ce qu'il est resté de mes lectures matinales. Et puis je l'avoue, j'ai beaucoup de retard dans l'agrégateur. Et tellement d'émissions de France Culture à rattraper... Puis courses et téléphonages de fin de séjour qui commence, hélas.

Aux Tuileries, d'étranges touristes sur d'étranges machines arrivent par la place de la Concorde. Les grilles m'empêchent de les photographier quand ils sont encore perchés dessus. Ils en descendent pour entrer dans les jardins, leur machine à la main. N'y voyant que deux roues, je me demande comment cela tient debout. Quelqu'un connaît-il ces engins ?

Déjeuner avec Nathalie Jungerman chez Véry. Le tarama n'y est pas mauvais, même s'il n'arrive pas à la cheville de celui que je prends chez Sitia (5, rue de Bazeilles). Que Cerisy nous semble proche, dans ce cadre végétal ! Nous faisons le tour de nos lectures. Elle boucle une Florilettres ces jours-ci, toujours passionnée — et passionnante — de poste et de correspondances. Elle me fait regretter de ne pas être en France pour Grignan et Manosque.

Détour par le Bon Marché pour la réserve de thé Kusmi que j'emporterai à Tokyo dimanche.

Puis, pendant qu'on travaille, Michel et moi, la soirée s'ordonne (par téléphone) autour du rendez-vous que j'avais pris avec Philippe De Jonckheere : Constance peut venir, puis Nathalie, Michel aussi.
L'un après l'autre, à trente minutes d'intervalle, ils arrivent à la terrasse du Monge où Constance nous offre des exemplaires vintage de 00h00.com — et ne nous offre pas le premier pdf jamais réalisé en littérature française, en 1997 si j'ai bien vu, celui de Candide, qu'elle garde dans sa collection personnelle.
Le temps s'est nettement rafraîchi, on ne dînera pas en terrasse.

Michel nous emmène à l'Huître et demie, rue Mouffetard. La carte est axée poisson, mais je n'ai pas la tête à la marée, j'opterai pour le rumsteack au poivre vert (tout à fait acceptable, avec un gratin dauphinois de bon aloi).
Il est beaucoup question des activités réticulaires de chacun, de nos croisements et accointances webiques (il y a très très longtemps, sur la liste Balzac-L, si je me souviens bien, j'avais appelé ça la post-webance, aujourd'hui encore nullax de Google, c'est dire le peu d'influence que j'ai, et c'est très bien comme ça).
Ces discussions, en relation pour moi avec une actuelle réflexion sur la nature ontologique de l'intimité, m'ont fait prendre conscience d'une forme de réserve ou de complexe dans mon rapport à l'image de l'autre. Par respect de celles et ceux que je photographie mais aussi pour m'éviter certains effets pervers de la mise en ligne, j'en suis venu à presque proscrire de mes pages les photos de portrait, au détriment de détails, de silhouettes, d'à-côtés comme les plats des restaurants (dont je sais qu'ils énervent bien des lecteurs). J'ai ainsi des centaines de photos sublimes de diverses personnes (ou des photos de diverses personnes sublimes) mais je ne les diffuse pas, sauf au coup par coup, en envoi privé.
Ma thérapie commence donc aujourd'hui, après accord dûment demandé à Nathalie et à Constance (et obtenu, je les en remercie). Je ne demande pas l'accord de Philippe, on en a parlé. Ni celui de l'écrevisse, pourtant ici morte et obscène.

La bouillabaisse que propose le restaurant est en effet, de l'avis d'une Marseillaise, loin d'en être une. Ce que nous pouvons vérifier par la charte (à comparer avec la photo).
Philippe, tu n'as donc toujours pas mangé de véritable bouillabaisse ! Mettons cet objectif à notre prochaine rencontre, en novembre, si tu veux bien.
En revanche, Constance le savait. Mais d'autres propos nous ont tellement portés ailleurs qu'il n'en a nullement été question pendant.
Et puis j'ai très bien dormi.

Commentaires

1. Le vendredi 8 septembre 2006 à 05:40, par Philippe De Jonckheere :

Ah tu me bats d'une fraction de seconde, je suis vaincu j'enrage: www.desordre.net/blog/blo...

2. Le vendredi 8 septembre 2006 à 06:16, par Berlol :

Hé hé, c'est de ne pas être à jour du 5 et du 6 qui t'a retardé... Mais ce que tu apportes de réflexion sur l'intime est très précieux. On va y travailler. Pour la bouillabaisse, je vois que tu avais compris tout seul.

3. Le vendredi 8 septembre 2006 à 07:07, par caroline :

Je saute de ce pas sur le Désordre pour avoir l'autre version !!

4. Le vendredi 8 septembre 2006 à 07:30, par brigetoun :

ma foi, une bouillabaisse même fausse ! d'ailleurs les chartes n'ont rien à y faire, et il en est de multiples.
certain turban a fait des incursions dans notre sud

5. Le vendredi 8 septembre 2006 à 07:39, par brigetoun :

j'aime bien le "nul ne gagne à être connu" - mais vous avez encore un coté peut être intimidant ou lointain géographiquement.
j'ai du accepter deux déjeuners que je n'aurais pas souhaités, et je ne tiens pas un blog visible ou à contenu marquant

6. Le vendredi 8 septembre 2006 à 11:00, par Dominique Fromentin :

que ce mot "webique" est un triste néologisme : j'espère qu'il ne reflète pas vos amitiés, lorsque par hasard vous vous retrouvez loin de vos écrans
avez-vous au fait passé une fois le périphérique, hors dans le Corail d'Orléans ? (ah oui, j'oubliais Boulogne)

7. Le vendredi 8 septembre 2006 à 11:02, par joao :

les drôles de machines à deux roues :
www.segway.com/

8. Le vendredi 8 septembre 2006 à 12:46, par Berlol :

Merci, Joao ! Ne connaissant même pas leur nom, je ne pouvais pas les chercher...
DomFrom : "webique" n'est pas pire que "blog", à moins d'insister pour le prononcer "ouais, bique !" (et puis ça doit dater de 95-96, comme post-webance). Sinon, je suis allé à Choisy-le-Roi, à Yerres et à Saint-Denis, déjà pas mal pour une petite quinzaine, non ! (En revanche, je ne crois pas être allé à Boulogne, vous avez dû confondre avec Samantha...)

9. Le vendredi 8 septembre 2006 à 15:49, par Lionel :

Bush a offert un Segway à Koizumi qui a fait une démo dans l'enceinte de la résidence du PM devant les caméras, parce que à l’extérieur, l’engin n’est pas autorisé au Japon.

10. Le dimanche 10 septembre 2006 à 01:12, par pintoux :

Merci, Monsieur, pour votre commentaire bienveillant sur mon article (Bashung, dandy f). Je l'ai écrit pour essayer de recontacter mon vieux pote jean Fauque, que j'ai perdu de vue (on est allés en classe ensemble, à Niort), mais, pour l'instant, il ne s'est pas manifesté...
jerome pintoux

11. Le vendredi 6 octobre 2006 à 05:49, par Philippe :

A propos du Segway, il existe un site qui donne plein d'info. sur cette machine : www.toutsurlesegway.com/



Vendredi 8 septembre 2006. Sur le marchepied, ça sirène.

Thérapie, étape 2, trouvée grâce à l'homme qui marche cette étonnante illustration de ce qu'on pourrait appeler le culot ou le cran.
Test de Lulu.com (auto-édition) par le blogueur de La Littérature, intéressant.
Plus grave, l'avalage complet du patrimoine. Déjà l'an dernier, il y avait des rumeurs sur la finalité politique (in fine, hein, ou cybernétique, c'est pareil) de Google, eh bien voici que des choses se précisent : Google veut tout bouffer et ne laisser aucune miette de quoi que ce soit à personne. Ne ricanez pas de la métaphore, lisez attentivement Affordance et La Feuille (et d'autres, ça va rapidement faire tache d'huile). Pendant ce temps-là, les pépères européens...
Moins grave et en images, un chanteur qui aurait mieux fait de rester devant la télé. Et pour rester dans la trépidante francitude préélectorale, on centralisera l'info avec Presse 2007.
Le matin, ça dope de lire tout ça...

Rangement dans les affaires et l'ordinateur. Repos des jambes aussi, après avoir beaucoup marché depuis près de deux semaines. Je ne l'ai pas dit parce que je ne savais pas quoi en faire (et je le mets ici pour ma mémoire en cas de reprise de la chose), mais pendant quatre jours, j'ai eu une rotule, celle de droite, qui claquait un peu. Je marchais normalement et quatre pas sur dix environ, ça se déboîtait un peu et claquait pour reprendre sa place. Et puis avant-hier une sorte de douleur un peu au-dessus du genou, à l'intérieur, en accompagnement. Qui m'a fait boîter un peu pour compenser. Hier, je marchais précautionneusement et ça ne se produisait presque plus, Nathalie n'a rien remarqué, par exemple. Et aujourd'hui plus rien. Comme c'est aussi avant-hier que j'ai racheté une valise, mettant un terme momentané à l'ensemble du problème, j'ai pensé qu'il pouvait y avoir un rapport. Une forme de somatisation. Mais comme je ne trouve pas de sens, je laisse tomber. Ce sera une fatigue passagère...

Dernier rendez-vous de la quinzaine, qui était aussi le premier pris, il y a plus d'un mois. Avec François Bon, au Select, et assez brièvement du fait de son emploi du temps, entre un enregistrement et son re-Tours à la maison. Comment ai-je pu ne pas donner d'autres rendez-vous au Select ? J'adore cet endroit, surtout la salle, à l'intérieur, côté rue Péguy. Et je le connais depuis longtemps.
On se retrouve facilement maintenant, il n'y a plus de minutes de glacis comme les premières fois. Notre échange d'aujourd'hui est verbal et matériel. Verbalement, c'est inrendable, en une heure tout y passe, mais matériellement c'est un Tumulte dédicacé contre un T-shirt Tous les jours, c'est l'enfer en japonais, directement importé de Beppu via Heathrow. Je peux bien le dire maintenant puisque je les ai tous distribués, j'en ai ramené une dizaine, un peu de toutes les tailles, pas mouillés dans la valise parce qu'ils étaient bien emballés, et les ai offerts à mes ami(e)s. Le rêve, ce serait qu'ils se rencontrent par deux et par hasard un jour qu'ils l'auraient mis, voire d'organiser une rencontre où ils l'auraient tous. Philippe suggérait hier soir qu'alors, ainsi habillés, on aille dans un endroit de Paris où l'on serait sûr de croiser des Japonais, et de voir leur tête, leur surprise.
 
L'une des choses qui caractérise François Bon, c'est l'investissement, l'implication, parfois l'urgence, jamais l'hystérie ni l'exagération. Dans l'écriture, dans la lecture, dans l'internet, dans le fait de vivre des activités du domaine de la littérature, d'y trouver ressources et statut social, quitte à enrichir la SNCF.
Le mérite de cela est grand, très grand, surtout quand on ne veut pas entrer dans les combines médiatiques mais que l'on voudrait quand même être reconnu, juste pour le boulot fait, pas pour soi en tant que star mais pour l'œuvre, dans un temps où ça serait plutôt le contraire qui serait vrai.
On avise l'heure, il est 17h40. Déjà ! On paie et on sort. Fin du chic parisien et du temps sans compter.
On marche vers la gare Montparnasse. On fend difficilement la foule, dense à cette heure.
On monte des escaliers, des escalators en continuant à discuter littérature et littérateurs et littératrices. On serait à l'article qu'on en causerait encore.
On arrive en vue du quai et ça sonne. François se retourne de temps en temps pour voir si je suis, puisque j'ai voulu venir jusque là.
On s'avance vers le dernier wagon, le contrôleur est déjà sur le marchepied, ça sirène. François me salue et court. Je m'arrête pour prendre une photo avec l'heure, 17h55, l'heure du départ. C'est lui, en noir, près de la porte du wagon.
Il monte dans le train, il y est. Je m'avance et arrive à mon tour au niveau de la porte.
Il me voit et ça le fait rire que je sois aussi venu là devant. Je le prends en photo. Une jeune femme monte, pour Poitiers, mais ce n'est pas le bon train, et la porte se ferme, retenue par le contrôleur pour qu'elle puisse redescendre. Voilà, des mots que je n'entends pas, mais je vois le sourire, c'est fini. Le train est parti.

Commentaires

1. Le samedi 9 septembre 2006 à 01:02, par brigetoun :

vous et l'amitié, pas mal - vous, l'homme qui marche et les genoux, pas mal aussi - je m'en vais voir comment fonctionnent les miens

2. Le samedi 9 septembre 2006 à 13:52, par k :

ouai, c'est pas raisonnable,
mais rien de ce que je fais est raisonnable
c'était pas le moment de claker
20 euros dans le rdv,
mais c'était ainsi.........................

3. Le samedi 9 septembre 2006 à 15:08, par cg :

rotule qui claque et roulette éclatée c'est pourtant limpide ... je souhaite un très douillet voyage retour aux roulettes toutes neuves de la provinciale valise nantaise (ainsi qu'aux rotules pleines d'empathie de son propriétaire)
(je vais encore avoir droit au filtre)

4. Le samedi 9 septembre 2006 à 16:32, par Berlol :

Pour le filtre, ça n'a pas raté. Tu veux un abonnement, un forfait ? La valise est... orléanaise, mais bon, c'est la direction. Merci, pour le voyage. Je suis prêt.



Samedi 9 septembre 2006. Chic si toc.

Peu
voire rien
à dire de cette journée
déjà entre deux uni
vers

D'abord rien
puis peu
puis quelque chose
qui prend son temps
pour se faire taper

Ai pris des bus
mon présent repasse
sur des séquences
de mémoire
mortes

Dans un 24
de Madeleine à Saint-Michel
un couple se sert
du champagne
chic si toc

« Et alors les freux débarquent et les corneilles et j'ose croire que vous ne les aurez pas malgré les toxiques dont vous aspergez vos labours industriels, j'écris troupe et régiment, grande armée pacifique certainement, d'un pacifisme écœurant comme ces 20 millions de pinsons du Nord déboulés un hiver dans le Jura, nous autres c'est Verdun l'empilement des cadavres nous autres c'est perdu et remplacé pour reperdre encore un coup d'autres millions de corps avec de la poésie tout autour pour s'arranger avec les mauvaises odeurs, nous autres avec un peu de musique un peu de chanson un peu d'art d'artiste pas choucas des tours pour arrondir les angles du galetas pour hypnotiser mieux pour croire que rien n'est perdu tout remplacé.» (Dominique Meens, Choucas, canard, pouillot, Éditions Contre-Pied, 2004, p. 7)

Dominique Meens est reparti à la campagne. Il s'y est installé pour volontairement n'avoir plus de connexion et écrire. Je recevrai de ses nouvelles un de ces jours par le facteur.
Et puis, changeant de bus, je change de livre.

« Qu'est-ce que c'est qu'ça ? me murmuré-je.
Une sorte de chiffon en caoutchouc bleu ciel jauni, peut-être translucide à l'origine, froncé d'un élastique distendu. J'identifie une odeur synthétique à forte charge sexuelle, me souviens des protège-cahiers en plastique, non, renifle encore et récupère un très ancien souvenir de barboteuse en plastique que ma mère me mettait par-dessus ma couche et dans laquelle, même, me changeant, m'ôtant ma couche, elle me laissait nu et les fesses mouillées le temps de je ne sais plus quoi. Là était le bon de l'affaire car je profitais de ce moment pour ramper sous les chaises, sous la table, ramassais et enfournais dans ladite barboteuse les sous-vêtements que je trouvais sur mon chemin, les chaussettes, les culottes de toute la famille abandonnées en se déshabillant la veille. Me frottant, ils me séchaient, faisaient paquet contre moi et me laissaient peu à peu dans une impuissance ravie, enivré de leur odeur de sale. L'entassant contre moi, le linge s'imbibait d'urine et exhalait ensuite des relents suaves, et je refaisais le tour encore des meubles dans l'aurore, portant aux fesses le parfum du jour précédent, la mémoire familiale dûment taxée.
Bah, c'est un bonnet de douche, dit mon ex-beau-père.
Je jette le bonnet.»
(Alain Sevestre, Le Slip, p. 83)

Moi qui ai très mauvaise mémoire, je suis à la fois incrédule et bluffé par de telles — vraisemblables (outre le romanesque et la provocation du thème) — occurrences de mémoire olfactive involontaire. Même si l'objet (l'ob-jeu) n'est pas le bon, le souvenir, lui, remonte bel et bien. Il m'arrive parfois de capter des odeurs qui me rappellent quelque chose de très lointain, ressens-je, mais je ne peux jamais déterminer précisément quoi. Je hume, je hume, comme l'autre jour avec T. sur le chemin d'Akasaka, mais aucune image ne vient.
Justement, le chemin d'Akasaka, je le reprends demain matin...

Commentaires

1. Le dimanche 10 septembre 2006 à 01:13, par brigetoun :

les souvenirs : des bus parisiens oui mais sans champagne - d'enfance : étant donné la perplexité de mes jeunes soeurs je me les recrée sans doute - olfatiques : me restent les gares du temps des trains à vapeur - l'ail sauvage - les bateaux un peu rouillés au fond de ports mais cela n'amène aucun souvenir précis juste une ambiance, une aura.
et je vous maudis de me donner autant d'envies de lectures



Dimanche 10 septembre 2006. Mes mesures de représailles.

Tout se passe à peu près bien à Roissy. (En arrivant avec près de quatre heures d'avance, c'est quand même normal.) Quand je demande si le vol British Airways partira normalement, on prend l'air mi-étonné mi-courroucé pour me demander ce que je veux dire par là... Plus pertinente, l'explication sur les bagages : on me dit qu'il reste des bagages du mois dernier non encore restitués, qu'ils sont traités à part, mais que les nouveaux sont traités normalement (sous-entendu, en temps réel et à vitesse normale).
Et alors après, que faire pendant les deux heures qui restent ? Des achats (avec les restrictions connues sur toutes les formes de liquide...) ? Se plonger dans un livre, avec le risque de ne pas entendre d'importants messages concernant mon vol, la sécurité, etc. ? Je fais bien un peu de sociologie des voyageurs mais je suis vite dégoûté. Non, il vaut mieux s'abstraire. À moins d'être un homme d'affaire qui révise ses contrats ou envoie des courriels au prix de la wifi d'aéroport, il convient de se laisser glisser dans un mode d'existence atonique. Les droits acquis ne le sont plus vraiment (n'importe quel individu badgé peut vous donner des ordres), les services ne sont plus garantis (retards, dysfonctionnements, discourtoisie proche de la soldatesque), la temporalité devient arbitraire (et même quand aucun horaire n'est respecté, il est possible que l'avion arrive à l'heure) et l'espace se réduit (aéroport, puis zone d'enregistrement, salle d'embarquement, couloirs et place d'avion). Une fois la ceinture bouclée, le corps ceinturé à quoi je suis réduit (comme tout un chacun, ici) n'a plus aucun pouvoir de décision — cette vérité n'est pas nouvelle mais la façon de la ressentir s'accentue du fait des menaces et des mesures de sécurité. Dans ces conditions, même faire une photo des nuages survolés est au-dessus de mes forces...

J'achète quand même deux disques. Une double compilation de Christophe (à cause des bandes-annonces de Quand j'étais chanteur qui m'ont rendu l'émotion première des Paradis perdus... et fait regretter de partir trois jours trop tôt) et le dernier disque de Jean-Louis Murat, Taormina (dont je lisais une bonne critique, hier, au crépuscule, à la terrasse du Barnum, devant la Mutualité — car une journée n'est jamais complètement racontée...).

Je déambule morose
Le crépuscule est grandiose
Mais...

À Heathrow, tout le temps passe en queues et contrôles. Dans le calme et l'obéissance. Le calme. L'obéissance. Des panneaux préviennent d'ailleurs que tout acte de protestation sera interprété comme une menace (sous-entendu, un acte terroriste). La ceinture aussi. Bientôt tout nu, passer le seuil...
Ça tombe bien, je n'avais pas l'intention d'acheter quoi que ce soit dans les boutiques duty free de ce p... d'aéroport. Mes mesures de représailles.

Films vus dans l'avion Londres-Tokyo : Da Vinci Code, lourd et lent. Nacho libre, excellent, aucune réserve, à diffuser mondialement. Confidence (2003), trop bavard. Wah-wah (2005), émouvant et très original. Tout cela, vu en mode atonique, donc peu fiable...

À compléter... Complété.

Commentaires

1. Le lundi 11 septembre 2006 à 07:55, par pintoux :

le Christophe, je l'ai commenté. Je pourrai vous envoyer ma chro si vous le voulez
cordialement
jerome pintoux

2. Le lundi 11 septembre 2006 à 08:10, par Berlol :

Volontiers. J'allais commenter votre autre commentaire, d'ailleurs, pour dire que j'avais pointé sur Bashung mais qu'il y en avait bien d'autres qui m'avaient plu dans vos pages... et que ça allait me faire réécouter, voire acheter des disques... et que ça nous change des articulets promotionnels sur les disques qui sont hélas devenus la "norme"...

3. Le lundi 11 septembre 2006 à 14:16, par pintoux :

Envoyez-moi votre courriel, s'il vous plaît, et je vous ferai parvenir mes deux pages sur Christophe. J'essaye d'écrire un petit ouvrage sur la chanson française, une série de monographies. J'enseigne le français en collège mais j'ai un vieux rêve de pigiste rock
amitiés
jerome



Lundi 11 septembre 2006. À l'heure et... vivant, parce que, hein !

Bien arrivé (valise itou). Fatigué mais à l'heure et... vivant, parce que, hein ! J'y reviendrai.

Dans le couloir de sortie, sur un panneau d'affichage, un mot pour moi, et une personne qui me passe un document à remplir pour dédommagement du retard de la valise et remboursement de la valise (total 70.000 yens, soit 470 euros, l'affaire sera officiellement réglée dès demain — que British Airways France en prenne de la graine !). Narita Express de 12h16 pour Tokyo et à la maison avant 14 heures. Bain, sieste et dîner japonais dans un restaurant de poulet (le Saint-Martin est fermé pour... vacances.)

Vivant, oui, disais-je.
Et T. qui voulait profiter de mon absence pour peaufiner sa soutenance n'a guère avancé. Démotivée, dit-elle. Or, d'où peut venir la démotivation, en comptant la part que peut y prendre l'achèvement d'une décennie de recherches, sinon du risque de mort qui pèse plus que d'habitude sur le vol en avion. Non que nous craignions la mort plus que d'autres, nous croyant ainsi plus important que d'autres... Non. Nous n'avons d'ailleurs aucune peur à l'idée de mourir ensemble, dans un accident, si possible rapide et violent. C'est même ce qui pourra nous arriver de mieux, mais pas tout de suite (sous-entendu juste avant que nous soyons grabataires et privés de notre libre arbitre). En revanche, mourir seul serait une trahison, un abandon de l'autre en rase campagne, le monde...

À compléter... Complet.

Commentaires

1. Le lundi 11 septembre 2006 à 22:26, par brigetoun :

bonne nouvelle mais.. intriguée suis

2. Le mardi 12 septembre 2006 à 09:15, par brigetoun :

un très joli complément -



Mardi 12 septembre 2006. Pas que du crabe.

Il faut croire qu'on aime ça ! Nous venons, T. et moi, et après comparaison des sites web, de réserver deux billets d'avion pour la fin novembre. Ainsi que choisir nos places et payer, le tout sans sortir de chez nous — ça tombe bien, il pleut toute la journée. Deux billets pour Paris, oui. Nous volerons ensemble, sans soucis, sur ANA. J'aurai une journée de travail et T. ira revoir ses compagnons de mazarinades. Autour, on brodera.

Sinon, la reprise n'est pas évidente, alors que j'ai encore la tête pleine de Paname... Il faut ranger des affaires dans les placards et des informations dans les ordinateurs. De plus, les tâches à finaliser s'accumulent (un article, une conférence, un cours, un livre...). Et en même temps, j'essaie de suivre d'un œil et d'une oreille la rentrée littéraire, via les blogs et la radio.
Jeux d'épreuves tient superbement la route, alors que les Mardis littéraires du 5 tournent au règlement de compte avec Chloé Delaume (du 12, on appréciera le hors-sujet), et que Du Jour au lendemain est systématiquement amputé de dix minutes du fait du changement d'horaire qui n'a pas été répercuté...

On ne sort pas. On ne regarde que la moitié d'un film idiot en finissant de déjeuner (nous ne connaîtrons jamais le sort final de Kim Basinger dans The Gateway... (à ne pas confondre avec The Getaway de Peckinpah)).
Mais quand même, après le coucher du soleil, on se prépare pour sortir faire des courses, on marche en parapluie et on finit par dîner en tabehoudai de crabe à l'hôtel Edmont (il n'y a pas que du crabe, heureusement, mais c'est du très bon, de Hokkaido).

Attention : message à l'attention des tokyoïtes amateurs de fringues chics et pas chères, tendance british et pêche à la truite. Le magasin Avon House de Iidabashi brade tout, et c'est vraiment vraiment intéressant (du coup, j'ai acheté une veste d'hiver...).

« Comme je déballe des momies de couteaux et de fourchettes et de cuillères et de petites cuillères (3 couches de papier kraft chaque fois bridées de 3 bouts de ficelle que multiplient 12 couverts que multiplient 4 = 432, plus 9 pour la louche de tout à l'heure, = 441 bouts de ficelle pour la ménagère), je me retrouve devant de grandes plages à ne pas devoir réfléchir à ce que je fais et, sous le regard de son père, c'est très longtemps que je pars en souvenir autour de Marie-Agnès au cours de ces quelques quatre cents bouts de ficelle à trancher délicatement.» (Alain Sevestre, Le Slip, p. 92)
Quelqu'un recompte ?



Mercredi 13 septembre 2006. Nouvelle économie, mêmes crabes.

Journée boulot. Ça roule... Dehors, il pleut obstinément et copieusement. Ça aide à la concentration. Ou à l'évasion vers une bulle de bleu, de l'autre côté de la terre (où j'ai entendu qu'il pleuvait aussi, maintenant).

Pause blogs dans l'après-midi. Étonnement à découvrir un peu par hasard combien le sort de Netizen est proche de ce que j'avais imaginé en mars après lecture du premier numéro. Officiellement en suspens, officieusement mort après 3 numéros, site bloqué, employés non payés, dispute entre les cadres et avec le personnel, etc., et aucune nouvelle depuis mai. Nouvelle économie, mêmes crabes. Ils ressortiront du panier, et il y aura de nouveaux imbéciles pour les suivre...

Radio : à signaler deux beaux épisodes du Carnet nomade, sur Tarquinia et ses petits chevaux, entre archéologie et durassie. Intempestifs et nécessaires : Maurice Scève et le Cardinal de Retz dans Une Vie une œuvre de ces deux derniers dimanches. Pour moi, ça suffit.
Sauf à dire — manière d'anniversaire — que ça fait un an que le JLR tourne sous Dotclear, un an que j'ai quitté la galère publicitaire de U-blog et que mon indépendance s'en porte très bien.

Commentaires

1. Le mercredi 13 septembre 2006 à 12:35, par brigetoun :

j'ai un peu abandonné France Culture (la lecture est plus absorbante que le travail) pour la musique que j'entends souvent sans l'écouter, et grace à vous je ratrappe les émissions négligées (j'aime bien durassie pour les carnet nomades, c'est tout à fait ça) mais j'ai écouté avec un mélange de plaisir et d'agacement celle sur Scève

2. Le mercredi 13 septembre 2006 à 18:28, par Manu :

Content que tu fasses un meilleur usage de DotClear que moi !



Jeudi 14 septembre 2006. Un concombre reste un concombre.

À la pause blogs, je me promène dans les nouveautés littéraires et je trouve, via La Feuille, ce post polémique de l'auteur masqué du blog La Littérature. Il y a déjà une vingtaine de commentaires et j'y vais de mon premier (ci-dessous).

« On écoutera avec attention la volée que se prend Chloé dans Les Mardis littéraires du 5 septembre. Elle fait moins la fière, là ! »

Il faut attendre la modération pour la mise en ligne, ce qui devrait n'être qu'une formalité pour mon commentaire. Et puis, pendant le dîner, ça me turlupine, cette histoire de liste d'auteurs innovants de moins de 40 ans... Alors je regarde dans mon index du JLR, et j'en trouve un bon nombre qui doivent être en deçà de l'âge de la décrépitude selon Delaume. Donc, je me fends royalement d'un deuxième commentaire, pas spécialement méchant, je pense.

« Rien qu'en regardant dans mon index, je trouve au moins une trentaine de noms d'auteurs dont l'écriture est innovante, disons, selon les critères de Chloé Delaume (de Frédérique Clémençon à Olivia Rosenthal, en passant par Laure Limongi, tiens, pour ne citer que des jeunes auteures). Et je crois qu'à plusieurs on pourrait facilement doubler ou tripler ce nombre. La question est : pourquoi Chloé réduit-elle la liste à 20 ? (et corollairement, pourquoi notre hôte la réduit-il à 3 ?)
Sans doute pour, sans y paraître, occuper elle-même beaucoup plus de place dans le panorama qu'elle nous propose (et notre hôte lui servant la soupe en rajoute dans le zèle).
Sur ce coup-là, et par son absence d'argumentation devant Thomas Clerc dans l'émission que je citai tout à l'heure, elle m'a beaucoup déçu, Chloé. Et la vulgarité n'arrange rien. Savez-vous ce qu'elle répond à Thomas Clerc sur l'accusation de ne pas avoir su exploiter la valeur poétique de la télévision ? Elle lui demande quel est son livre préféré de la rentrée, comme quoi ça éclairerait bien des choses... Le questionnement esthético-littéraire de l'un se réduit ainsi à un hit-parade des dernières nouveautés. Lamentable, non ? »

Eh bien, aucun de ces commentaires ne sera publié. Le concombre masqué de La Littérature nous sort quinze minutes après le commentaire suivant : « Petite précision sur les commentaires qui sont postés sous ce billet : SVP arrêtez de taper sur Chloé Delaume. Si vous avez des trucs à lui dire, allez lui dire en face directement sur son blog.
(obligé de refuser plusieurs commentaires trop critiques et parfois injurieux contre elle) »

Il est drôle, le concombre masqué ! Il lance un pavé dans la mare, et puis il s'étonne que la mare se rebiffe ! De plus, il essaie de nous faire croire que Chloé Delaume accepte les commentaires sur son blog. Arrfff, lol ! Ça se saurait ! (ce que je lui ai répondu, d'ailleurs, mais ça non plus n'a pas été publié, ce qui n'empêche pas qu'il se soit tout pris dans les dents, le blogueur mystère — voir mon principe de l'anonym@t non protecteur contre les blessures narcissiques).
Nouvelle question : qu'est-ce qui, dans mes deux commentaires, serait trop critique ou injurieux ? Je ne vois rien. Rien qui soit moins injurieux, en tout cas, que de dire qu'il n'y a que trois bons auteurs vivants ayant moins de 40 ans. Je crois surtout que ce blogueur novice censure parce qu'il ne souhaite pas que tout le monde soit informé de l'existence d'une émission de radio qui risque de ternir un peu celle qu'il veut faire briller... Voire de brouiller l'image de son blog.
C'est bien beau de mettre un masque, le feu et de se prétendre La Littérature, mais un concombre reste un concombre. Moi, je dis.

Après ça, quel beau moment j'ai passé avec Yves Simon !
Non, il n'était pas à Tokyo (je ne l'y ai pas vu depuis 1996), mais à la radio, dans le précis et intelligent Hasards, rencontres et création des Histoires d'écoute d'hier.

Oublié de dire (ça m'a mis dans le désordre, cette censure masquée), que j'ai déjeuné avec Christine, à la crêperie Le Bretagne de Kagurazaka, en face de Bisha Monten. Entre deux averses, il faisait plus frais et j'ai enfin pu m'habiller décemment (autre chose que short et polo). Je lui ai passé le cadeau que Marguerite m'avait donné pour elle et Thomas ce même mardi 5 (dans la matinée duquel je n'avais pas pu écouter en direct Gailliot, Delaume et Limongi chez Pascale Casanova puisque j'allais aux Galeries Lafayette pour ne pas trouver de valise...), avant que nous allions voir cette daube, disais-je, tout à l'heure en substance à Christine, cette daube de Particules élémentaires, film aussi plat qu'un épisode de l'Inspecteur Derrick, à quoi Christine me répliqua en finesse, je résume, que c'était sans doute en accord avec du Houellebecq, ce derrickisme.
Ah, j'ai oublié de te dire, Christine, Marguerite m'a dit de te dire que tu me le passes après l'avoir vu, ton cadeau... (et que je te le rendrai après, bien sûr).

Commentaires

1. Le jeudi 14 septembre 2006 à 08:38, par vinteix :

"Hisashiburi"... "Okaerinasai"...
Je ne suis pas au courant de tous les débats et discussions que tu évoques... notamment autour de C.Delaume, et de plus, tu connais beaucoup mieux que moi les "jeunes" (on s'en fout d'ailleurs) auteurs contemporains...
mais parmi les femmes, je te suggères le nom de Laure Fardoulis (la fille de Michel Fardoulis-Lagrange), publiée chez Joelle Losfeld...

2. Le jeudi 14 septembre 2006 à 08:43, par vinteix :

je vais jeter un coup d'oeil aux liens que tu indiques... mais de toute façon, je ne lis pratiquement aucun roman contemporain... et en général, on parle avant tout de ce que l'on appelle "roman"... enfin, je ne sais plus trop ce que je voulais dire à l'instant...
Bon, bonne nuit.

3. Le jeudi 14 septembre 2006 à 08:48, par Berlol :

Bon retour, cher Vinteix. Encore un peu brouillon... Ça ira mieux demain. Merci d'être passé. J'ajoute, tu y réfléchiras demain, que ce qu'on appelle "roman" est aujourd'hui très large, empiète largement sur l'essai, le journal ou la poésie.

4. Le jeudi 14 septembre 2006 à 10:58, par brigetoun :

lu tous les commentaires et pas trouvé le vôtre, je comprends pourquoi. Je me suis amusée, je n'y connais rien ne lisant guère de romans sauf des policiers anglais. Fait une liste de noms à tout hasard - et si je trouve que j'aime assez Emmanelle Pagano

5. Le jeudi 14 septembre 2006 à 18:06, par Berlol :

Chloé, dans la nuit, fait une mise au point et recadre, plus pour les zélotes que pour les antis, à mon avis. Et franchement, ça va mieux en le disant soi-même qu'en laissant je ne sais qui broder. Attention, son billet est beaucoup plus long que ce que j'en cite ici :
« Quand je dis : il n’y a que vingt auteurs de littérature contemporaine dont le travail m’intéresse vraiment, profondément, c’est vrai. J’aurais dû préciser : dans l’expérimental. Je parlais d’écrivains qui font œuvre, qui commencent leur œuvre. Je ne parlais pas des confirmés. D’ailleurs les confirmés qui font de l’expérimental, on les assimilent [sic] souvent aux poètes. Genre Lucot. Chez les confirmés, les très confirmés et les archi confirmés en littérature, il y a beaucoup d’auteurs dont j’aime suivre le travail. Mais il est évident que c’est davantage Salvayre, Guyotat, Surya, Desbiolles, Marie Nimier ou Jauffret que Catherine Cusset et Alexandre Jardin. Désolée.
Si j’ai un infini mépris pour les produits issus de la littérature industrielle, je n’ai aucun dédain pour les écrivains narratifs. Il y en a de très sérieux, avec une écriture brillante, singulière et tout le tralala, je ne suis pas bornée ou idiote. C’est juste que ça ne m’intéresse pas, en tant que lectrice, de retrouver des données ancestrales, de croiser du néoclassique, du néoréalisme, des vieilles recettes qui marchent, même très bien maîtrisées. Chez les très confirmés je préfère François Bon ou Antoine Volodine aux vieux de chez Grasset. Parce qu’un Marcel Moreau ou un Schuhl, c’est quand même autre chose qu’une histoire rondement menée. Je n’aime pas les histoires et je connais mes classiques. Je n’éprouve rien si la phrase se contente de transmettre des informations, si dans chaque interstice, adjectifs ponctuation il ne se passe rien, que de l’encadrement. C’est physique, depuis longtemps. Gamine déjà ça me tombait des mains.»

6. Le jeudi 14 septembre 2006 à 18:33, par Chloé :

J'ai répondu sur mon site, Berlol.
J'ajoute deux points en semi-off, ici :
1) Il n'y aura jamais de commentaires chez moi. Si tu avais une idée des problèmes que j'ai eu avec des lecteurs officiellement dérangés ces dernières années, je pense que tu comprendrais mieux le pourquoi. Je ne tiens pas à provoquer des situations communiquantes qui s'achèvent au commissariat et à l'Hotel Dieu pour moi, et à l'HP pour eux. C'est aussi perturbant que désagréable.
2) "Sans doute pour, sans y paraître, occuper elle-même beaucoup plus de place dans le panorama qu'elle nous propose ". Si je ne me bougeait pas autant le cul pour transmettre des manuscrits de jeunes auteurs ci et là, si je ne participais pas très activement à la défense d'un tas de gens méconnus du grand public, voire des initiés, le doute serait peut-être possible. Pendant que chacun défend exclusivement son petit bout de terrain, je fais partie des rares cruches qui ont un rayonnage de leur bibliothèque consacré exclusivement au dépôt de catalogues de petites maisons d'édition. Ces exemplaires me sont confiés pour que je les donne systématiquement aux journalistes et aux professionnels que je croise dans le cadre du travail, et qui seraient succeptibles d'y être attentifs. Quand je fais une lecture quelque part, j'ai toujours dans mon sac un ou deux livres de poésie ou d'expé méconnus et mal diffusés, afin des les donner au libraire en lui expliquant lourdement combien c'est important et combien il est nécessaire qu'il prenne le risque d'en commander au moins une poignée d'exemplaires. Donc si je tenais à m'imposer, à réécrire le "panorama" à mon profit, je pense que je me contenterais de parler exclusivement de mon boulot au lieu de prendre l'option sauvons le monde quand on a la taille d'une fourmi. Je passerais moins pour une emmerdeuse auprès de mes interlocuteurs. Je me fâcherais avec moins de gens, aussi. Ce serait beaucoup plus lâche mais bien plus confortable.
Jamais je n'ai tenu de propos, ou mis en place un dispositif sournois, qui laisserait sous entendre que je me place ou souhaite me placer sur le haut du panier. Je suis parfaitement lucide, je ne suis pas importante, j'intéresse peu de monde, mais ce n'est pas ce que je cherche. Je veux juste travailler en paix. Arlix, Pireyre, Noui, Bouvet, Limongi, pour prendre des exemples concrets, font un travail nettement supérieur au mien, infiniment plus intéressant, tout comme Gaillot ou Bertina. Non seulement je n'aspire pas à feindre une occupation de terrain en les occultant, mais même si j'étais animée par une telle vanité, je ne le pourrais pas. Leurs textes suffisent à la démonstration.
Je trouve ta réflexion vraiment, mais alors injuste. Et je ne le dis pas sur le ton de Caliméro. J'en tire néanmoins une leçon : il semblerait qu'il y ait un profond décalage entre ce que je fais et ce qui en est perçu. A moi d'y prendre garde.

7. Le jeudi 14 septembre 2006 à 18:38, par Chloé :

Et oui, effectivement, comme j'écris au kilomètre, je fais des fautes partout et y compris ici.

8. Le jeudi 14 septembre 2006 à 19:00, par Berlol :

Bien vu que tu avais répondu puisque je te cite ci-dessus, pour te rendre justice. Dont acte, Chloé. OK pour les (absences de) commentaires, puisque les tarés sont ce qu'ils sont. Ton "l'option sauvons le monde quand on a la taille d'une fourmi" me paraît à la fois comique et bien réel. Le problème du décalage est aussi celui de la récupération (de tes propos) par de soi-disant professionnels de la profession qui font caisse de résonance (et peu de raisonnance).

9. Le vendredi 15 septembre 2006 à 00:33, par vinteix :

Naturellement, suis bien d'accord avec ta définition large ou "élargie" du "roman" contemporain... mais c'est vrai que moi aussi, les "histoires" m'emmerdent un peu en général... Cela me rappelle Céline qui fustigeait déjà les raconteurs d'histoires, disant que des histoires, y'en a plein, plein les journaux, plein les commissariats, etc., tout le monde a une histoire.

10. Le vendredi 15 septembre 2006 à 00:40, par Berlol :

Ben, si tu veux, vue ma fréquentation intense du Nouveau Roman, je suis plus que d'accord, et sur ce point Chloé a totalement mon assentiment personnel (au cas où ça ne serait pas clair). Il y a longtemps que je ne m'intéresse qu'aux aventures des écritures (pour paraphraser Ricardou encore une fois).

11. Le vendredi 15 septembre 2006 à 01:20, par vinteix :

Joliment dit, "les aventures des écritures".

12. Le vendredi 15 septembre 2006 à 02:18, par jean-françois paillard :

Pour aller dans le sens de Berlol, publier une liste de 20 auteurs et dire : ceux-là je les suis, je les couve, et pas les autres, na. Franchement. On a envie de faire marcher la machine à claques du bon vieil Henri, non ? Excusez-moi, mais ça me fait bondir. Sapristi. D’abord cette évidence : comment peut-on tout connaître de la production des écrivains actuels, ou prétendre y parvenir, ou même prétendre vouloir y parvenir (prétendre, quoi, toujours prétendre, comme si le métier de lire et d’écrire devait être forcément d’aruspice, faisait pousser le cou et arrachait la tête de l’océan des millions d’écritures qui nous submergent en permanence. Or, tout le contraire : lire, c’est choisir de s’enfoncer dans l’angoisse de l’ignorance, c’est évoluer dans un monde de plus en plus opaque, fourmillant, riche, inconnu, plein de découvertes ahurissantes ! Plus on lit, plus on est sûr de rien, non ? Alors prétendre ne s’attacher qu’à vingt jeunezauteurspasundeplus : d’un bête ! ), même si l’on n'affecte de ne s'intéresser qu'aux écrivains expérimentaux, aux jeunes, aux femmes, aux chauves, aux borgnes : absurde, complètement absurde. Il y en aura toujours un, le vrai, le seul, qui manquera, c'est évident. On en découvre tous les jours : ici, là, derrière, des oubliés, sans parler de ceux qu'on ne " découvrira " (quel mot détestable, hein ?) jamais. Tiens, au hasard, une " découverte " que j'ai faite, tout récemment : Gwenaëlle Stubbe. Il y a six mois, j’aurais escamoté cette pépite de mon petit panthéon perso de christophe colomb des lettres, bêtement, si j’avais publié sur quelque blog ma liste. Quelle honte aujourd’hui. Ah ! Prétendre… Prétendre et juger en taupe qu’on est au centre du monde… C’est Berlol, un des intérêts de ton site de ne point tomber dans ce troula-là. Pour finir, s’agissant de ce blog Littérature dont tu parles, je suis tombé sur le même hic que toi : il y a quelques jours, une intervention mienne (il est vrai une autopromotion sauvage de mon bouquin avec renvoi sur des blogs qui en parlent, façon de dire et moi les gars, oh, j’existe aussi, comme des centaines de gars et de gates qui se jeunezautorisent à écrire ) n’a pas été publiée par le modéraptor. Il manque sûrement d’une bonne dose d’humour, celui-là. A moins qu’il n’ait lu, lui aussi, tous les livres…

13. Le vendredi 15 septembre 2006 à 05:52, par Berlol :

Merci Jean-François. S'il y a d'autres recalés des commentaires du blog "La Littérature" qui passent par ici, signalez-vous, on poura bientôt faire une "class action", comme disent les Ricains...



Vendredi 15 septembre 2006. Moi-même dans le filigrane.

Pâlot, mais quand même un peu de soleil, aujourd'hui. Matinée de travail à la maison. Déjeuner itou.
Puis travail à la médiathèque de l'Institut (je n'ai pas encore de catalogue en tube permettant de tout faire à la maison...), avec dans les oreilles, alternativement et pour comparaison, le Radio Blog Club et le Blogmusik...
Afin d'éviter de prendre racine sur nos fauteuils, nous allons marcher une bonne heure, et dîner à Jimbocho, au restaurant italien Buona Maia, qui n'est pas mal et sert de la bière blanche.

« Je ne suis toujours pas Chloé Delaume. Je suis encore plus que son corps et j'ai des choses à ajouter. Des choses comme. Si j'ai perdu le foie j'ai conservé la langue. Quinze centimètres carrés de tissus musculeux nervures volontaristes. Quinze centimètres carrés c'est tellement peu pour me défendre. Ma langue râpeuse papier de verre est isolée dernier bastion de résistance. Et puis. Surtout. J'ai peur de perdre mes mots. Les miens. A moi toute seule.» (Chloé Delaume, La Vanité des somnambules, Ed. Léo Scheer / Farrago, 2002, p. 77)

« L'os
de ma langue »

(Dominique Meens, Eux, et nous, Ed. Allia, 1996, p. 125)

Ah, oui, j'oubliais. Nathalie m'a dit qu'elle travaillait maintenant à Florilettres avec Corinne Amar, dont elle savait qu'elle avait habité à Tokyo. Je me souviens, oui. Je ne la connaissais pas vraiment, mais je me souviens d'elle, de l'avoir croisée, d'avoir échangé quelques mots.
Dans la médiathèque de l'Institut, je trouve son livre...

« En rentrant chez moi, je longe le canal d'Iidabashi. Je passe devant Kagurazaka, mon Mouffetard à moi. Il y a toujours du monde. Des groupes, des couples, des groupies, sur les trottoirs, dans les brasseries, les bars à sushi, les boui-boui à saké... Toute la vie nippone est là, rouge aussitôt d'ivresse tranquille, et bruyante, et moi je me sens toute noire...» (Corinne Amar, L'Acte d'amour, Gallimard / L'Arpenteur, 1999, p. 12)
Plus loin dans le texte (entre dépouillé et romantique, qui me rappelle un peu le style d'Yves Simon, justement), sentiment étrange d'être moi-même dans le filigrane de l'histoire... En effet, elle évoque le Salon du Livre de Tokyo de janvier 1998, où la France était invitée (et où j'ai fait travailler mes apprenants d'une formation sur les outils informatiques), puis le colloque Genet de mars 1998 (pour lequel j'ai fait des pages web et du graphisme).
De même pour le vol ANA 206, je l'ai déjà pris et je le reprendrai, mais ça, c'est déjà beaucoup plus courant....

Hier soir, avant de dormir, je m'interrogeai encore une fois sur ce qui me fait apprécier Le Slip. Je me suis rendu compte qu'avec son air de rien, ce que je prends pour une politesse supérieure en littérature, Alain Sevestre avait tantôt du Sarraute, tantôt du Pinget, sans qu'on sorte du Sevestre, car c'est ça le but du jeu, bien sûr. Je me demande combien de lecteurs, voire d'éditeurs aperçoivent ça. J'y reviendrai.

« Dans leur appartement tout frais acheté, la moquette coquille d'œuf se révélera cache-misère à un plancher pourri, taché, troué, aux lattes disjointes mais, en attendant dans la cuisine, ils s'enflamment pour ce placard d'une joie non partageable. Leur enthousiasme dépasse, selon moi, l'objet qui le provoque. J'ai du mauvais en moi, je suis difficile mais vraiment ce placard, comment l'encenser ? Bricolé autour du conduit d'évacuation des eaux usées qui, avec bruit, traverse de haut en bas la pièce, il ne calfeutre pas, on s'en rend compte au cours de la soirée, le fracas des chasses des niveaux supérieurs. Bien au contraire, il fait guitare. C'est un assemblage de planches peintes et repeintes pour masquer. Rien de plus, je vous assure. Oh non, même pas ça, ils me font bénéficier d'une complicité alors que nous ne sommes pas amis et que je suis amoureux de Sandrine. Déjà, ce placard, ils se ravissent de l'ouvrir un jour et qu'il sente les confitures et les fruits, les herbes ou les épices, et toute une ribambelle d'aliments vomitoires à destination commémorative (quatre-heures gourmands, repas fins, crème d'amis) et de provenance littéraire. Ou plutôt je me sens mal. J'entends même Sandrine répondre à la question de ce que j'ai.
— Oh ! tu sais, Alain se vexe pour un oui ou pour un non.»
(Alain Sevestre, Le Slip, p. 119)



Samedi 16 septembre 2006. Fragmentaire, partial, frustré et interrompu.

Vingt-trois heures et déjà un peu difficile d'arquer. Et même assis pour taper, avec les épaules douloureuses, ce n'est pas évident. Mon retour au sport a été magnifique et j'ai l'impression que je vais le payer cher. Donc, le plus tôt au lit sera le mieux.

Ce matin, reprise de contact avec Patrice Julien, en poste à l'Institut quand j'arrivais au Japon, aujourd'hui exerçant un métier indéfinissable... et fascinant. En quelque sorte, professeur de vie. Mais je ne dis pas cela pour me moquer de lui, au contraire. J'ai de l'amitié pour lui et de l'admiration pour sa ténacité dans une voie pas évidente il y a dix ans. Hier, 4 pages dans le journal Asahi, sur lui et son épouse ; T. me les a données. Sorte de publi-reportage où l'on associe conseils culinaires, art de vivre et... publicités pour les produits et les instruments (kitchen design shop, services à thé, Alaska Seafood, moutarde Pommery ou grossiste de viande de porc).
La plupart des magazines font ça, me direz-vous. Avec une personnalité à qui on fait endosser tous les rôles moyennant cachet. Mais avec PJ, c'est différent, car c'est assurément à partir du mode de vie qu'il s'est créé et qu'il enseigne que s'est construit le publi-reportage. Après quoi, j'ai visité son nouveau site web, puis son blog. Il est un peu plus loin sur la voie où je l'avais laissé la dernière fois, il y a deux ou trois ans... et ça m'a fait très plaisir. On va se voir.

Après le déjeuner, achat de champagne Mumm à Yamaya de Shibuya, bouteilles que je porte au restaurant Lever son verre en prévision de mardi...

Puis au sport, où je transpire beaucoup en pédalant 40 minutes et en continuant Le Slip, avant d'aller déplacer des poids dans divers sens durant une petite heure. Pas trop de monde, moins en tout cas que sur la bretelle suspendue au-dessus du carrefour devant les baies vitrées — bien que ce soit samedi, il y a toujours autant de trafic sur cette avenue.
Dans les pages que je lis, je retrouve plusieurs exercices sevestriens de soirées trop arrosées. Même si je n'ai pas d'exemple à l'esprit (de bonnes âmes en apporteront peut-être), je suis sûr que c'est un topos littéraire (avec déroulement de soirée, entrées et sorties, attitudes, conversations, disputes, dénombrement de bouteilles, de nourritures et autres substances, fins de parties). Alain Sevestre s'en tient toujours à la subjectivité de son narrateur : un récit fragmentaire, partial, frustré et interrompu par la sortie brutale ou la perte de mémoire... L'Affectation  et Revolver offraient aussi ce genre de scène, avec pas mal de similitudes.
C'est tout de même paradoxalement la difficulté de communication du personnage-narrateur qui est toujours au centre de l'écriture : il ne trouve pas les bonnes personnes, ou les bons mots au bon moment, il est ivre et maladroit, ou déconneur à contretemps, et il souffre souvent de voir les autres fusionner. Mais globalement, c'est quand même quelque chose qui semble lui plaire, où il croit toujours pouvoir réussir ce qu'il a raté la fois précédente. Je ne suis pas psychanalyste — de l'auteur et du personnage, je ne sais d'ailleurs pas qui devrait passer sur le divan. Mais c'est dans ces scènes que le ton et le phrasé me rappellent ceux de Robert Pinget.

« Randall fouille la poubelle, renverse tout, mange des sushis poissés de marc de café et de grains de riz raclés dans les assiettes débarrassées. Sur chacune de ses chaussures, un petit terril de café est tombé. Simon lui demande de ne pas bouger, bouge pas, donne-moi tes chaussures, et les lui passe sous le robinet. Maintenant, il a les pieds trempés. Bien fait. Quelqu'un sonne à la porte. Simon descend ouvrir, remonte sourcils en vrac, suivi de Tony et Roberte, le pas pompeux. C'est une entrée. Fiévreux, sarcastique, Tony rejoint un bout de la table, sort un carnet de chèques en tremblant d'un énième cartable en Nylon.
— À combien tu estimes la location de ta chambre du bas ?
— Arrête, Tony, dit Simon.
— J'ai dit à combien tu estimes mon séjour ? Voilà, je suis entré en novembre et je suis parti en avril. Ça fait six mois ?
Tito lui dit d'arrêter, qu'il est lourd.
— Toi, le turfiste, j't'ai rien demandé, fait Tony. [...] »
(Alain Sevestre, Le Slip, p. 172-173)

Commentaires

1. Le samedi 16 septembre 2006 à 09:52, par Dominique Fromentin :

rien compris au blog de votre ami : vous pourriez nous en traduire un ou deux singuliers ?

2. Le samedi 16 septembre 2006 à 14:16, par Frédéric :

Oui, oui, j'ai connu comme ce il, dont vous parlez chez Sevestre , hier soir, la même gêne.
Signature du dernier livre de Jacques Roubaud à la huppée librairie Michèle Ignazi (dont les sacs portent le nom, c'est dire et colporter). De beaux amis anciens de Jacques Roubaud étaient là pour sourire et rire de la lecture d'extraits. Puis lecture achevée, des petites conversations entre amis excluaient ceux (dont moi) qui aimaient de loin et depuis longtemps l'auteur, conversations qui s'occupaient de comment va ta jambe ? on dîne un de ces quatre. Comme il se fait entre amis après tout. Cependant, il y avait dans le regard de la libraire un sourire froid à ceux qu'elle ne reconnaissait pas (dont moi), un soupçon qu'ils ne profitent pas du monde pour piquer un bouquin par exemple ou extorque un souvenir à l'auteur (parce que je lui ai parlé quand même). C'était la deuxième fois que je venais là pour Roubaud. La signature a duré trente minutes et tout le monde s'est cassé. La rue semblait vide et Paris aussi. Jacques Roubaud transpirait énormément. Chemise trempée sous sa veste de lin. Bon.
Pourquoi je suis allé là-bas aussi ?

3. Le samedi 16 septembre 2006 à 14:33, par brigetoun :

j'aime bien le commentaire de Frédéric et sa conclusion. Au fond vive mon faux monastère, avec la fenêtre internet.
Pensez vous que pour lire Sevestre il faille tremper ses lèvres dans un verre ?

4. Le samedi 16 septembre 2006 à 20:39, par Berlol :

Ah, les mondanités, Frédéric, comme je vous comprends ! Mais Roubaud lui-même est très agréable, gentil, sans même parler de la qualité de son oeuvre. C'est l'accaparement des autres qui est pénible...
Chère Brigetoun, pour lire Sevestre, rien n'est requis, mais si l'on a trop bu, je crains qu'on passe à côté des finesses... Essayez ! Prenez "Les Tristes", c'est pas triste du tout !

5. Le dimanche 17 septembre 2006 à 01:22, par vinteix :

Ah ces mondanités parisiennes ! De la pisse ! ou comme disait Napoléon à propos de Talleyrand : de la merde dans du papier de soie.
Marrante coïncidence : L. F. vient de m'envoyer une petite nouvelle, encore inédite, dont un des personnages central est xx xxxxx de Xxxxxxx Xxxxxxx (mais je trahis peut-être un secret en disant cela... ? ) qui (cette femme), d'après cette histoire (vraie), sorte de petit conte de la folie ordinaire, se montre particulièrement imbuvable, profil de parisienne intello mesquine et crâneuse qui entretient infantilement une petite coterie, enfantine chasse gardée, autour d'un prof de philo à Xxx, masquant à peine, mais sans jamais (se) l'avouer, une attirance amoureuse jalouse sous la fascination légitime pour le spécialiste de Spinoza... A partir de là, c'est un festival de mesquineries, jalousies, exclusions, etc. confinant à l'absurde. Un vrai régal !

6. Le dimanche 17 septembre 2006 à 03:06, par Rosannette :

"Frédéric, mécontent de lui-même, et ne sachant que faire, se mit à errer dans le bal.
(...)
Une horloge allemande, munie d'un coq, carillonnant deux heures, provoqua sur le coucou force plaisanteries. Toutes sortes de propos s'ensuivirent : calembours, anecdotes, vantardises, gageures, mensonges tenus pour vrais, assertions improbables, un tumulte de paroles qui bientôt s'éparpilla en conversations particulières. Les vins circulaient, les plats se succédaient, le docteur découpait. On se lançait de loin une orange, un bouchon ; on quittait sa place pour causer avec quelqu'un. (...) Mlle Vatnaz mangea presque à elle seule le buisson d'écrevisses, et les carapaces sonnaient sous ses longues dents. L'Ange, posée sur le tabouret du piano (seul endroit où ses ailes lui permissent de s'asseoir), mastiquait placidement sans discontinuer.
- Quelle fourchette ! répétait l'Enfant de choeur ébahi, quelle fourchette !
Et la Sphinx buvait de l'eau-de-vie, criait à plein gosier, se démenait comme un démon. (...) Cependant, Hussonnet, accroupi aux pieds de la Femme-Sauvage, braillait d'une voix enrouée, pour imiter l'acteur Grassot :
- Ne sois pas cruelle, Ô Celuta ! cette petite fête de famille est charmante ! ennivrez-moi de voluptés, mes amours ! Folichonnons ! folichonnons !
Et il se mit à baiser les femmes sur l'épaule. Elles tressaillaient, piquées par ses moustaches ; puis il imagina de casser contre sa tête une assiette, en la heurtant d'un petit coup. D'autres l'imitèrent ; les morceaux de faïence volaient comme des ardoises par un grand vent (...). "
Gustave Flaubert, L'Education sentimentale (pp. 148, 154-156 Pléiade)

7. Le dimanche 17 septembre 2006 à 03:42, par Frédéric :

La soeur de Jacques Roubaud était là (à cette signature), asseyant les propos lus, de quelque mouvement des lèvres lorsqu'il fallait confirmer un trait invraisemblable du biographique ouvrage.
Quel beau passage de l'Education !!

8. Le dimanche 17 septembre 2006 à 04:06, par Dominique Fromentin :

cher Vinteix : se méfier quand même des a priori - d'Xxxx Xxxx Xxxxxxx, on peut relire le Journal, et cela ne colle pas avec vos adjectifs : vous trouvez votre "régal" de façon bien talleyrandienne - relire évidemment Xxxxxxx Xxxxx Xxxx, l'hommage de JR à ACR - quant à la distance que prend le marcheur de Paris dans ce genre de situation publique, ceux qui le connaissent ne lui en voudront pas

9. Le dimanche 17 septembre 2006 à 05:18, par vinteix :

Ah pardon ! je vais de ce pas demander des éclaircissements à la personne intéressée, car elle m'a cité un autre prénom... me présentant cette dame comme étant la femme de X.Xxxxxxx. Il doit donc y avoir un malentendu...
Par contre, il ne s'agit aucunement d'"a priori", car il s'agit d'une bien malheureuse histoire vécue par L.F., vieille amie de cette femme en question, mais qui a été fortement blessée par elle...
Méprise dont j'attends désormais des éclaircissements. En tout cas, cela ne change rien au truculent de la nouvelle en question et de manière plus générale des mondanités.

10. Le dimanche 17 septembre 2006 à 05:57, par vinteix :

Sans avoir encore la réponse à ma demande d'éclaircissements, je m'empresse cependant d'ajouter que je suis désolé de vous avoir blessé, car, bien évidemment, il y avait confusion de personnes.

11. Le dimanche 17 septembre 2006 à 06:03, par vinteix :

PRECISIONS.... Xxxx Xxxx Xxxxxxx, épouse de J.R., est décédée en 1983. La personne évoquée dans la nouvelle dont je parlais est sa nouvelle compagne, dont je tairais le nom car je n'ai pas mentionné cette histoire, récente puisqu'elle date de cette année, dans l'intention de colporter des petits potins mondains.

12. Le dimanche 17 septembre 2006 à 06:05, par vinteix :

En tout cas, je savais bien que je pouvais faire confiance à L.F., une "vieille" amie, pour la véracité et sincérité de ses propos.

13. Le dimanche 17 septembre 2006 à 06:17, par Berlol :

C'est cela, ne colportons pas les potins !, dis-je en revenant du squash...
Et merci, Rosanette ! Je savais bien qu'on tenait là un topos.

14. Le dimanche 17 septembre 2006 à 07:46, par Mlle Vatnaz :

Cher Vinteix, je le dis sans animosité, je m'interroge simplement, mais vous vous enferrez un peu : je ne vois point en quoi ce texte poétique appuierait les dires de votre amie concernant la vilennie supposée de cette femme (que je ne connais pas) (et que, au passage, sans la nommer, vous permettez tout de même d'identifier très officiellement - on peut blesser ainsi des gens, par maladresse). Depuis quand poésie, ou écriture d'un fantasme (féminin, ici), ou adresse amoureuse, ou expression d'une solitude, méritent telle foudre qu'on dirait puritaine ? et qui ne visait pas ici, je crois, la teneur de l'écriture ? Chez d'autres (Bataille, certainement ?) onanisme, joies troubles du pipi, sodomie (qui n'est pas tout à fait scatologie) seraient bienvenus et se liraient au petit déjeuner ? ah bien, pourquoi, alors ? Je suis perplexe. Enfin, bon dimanche.

15. Le dimanche 17 septembre 2006 à 08:15, par Berlol :

Et en plus, je ne sais même pas qui est L. F. !

16. Le dimanche 17 septembre 2006 à 08:35, par vinteix :

D'abord, L.F., c'est Xxxxx Xxxxxxxxs... que j'ai par ailleurs un peu trahie ici; et en effet, je reconnais, un peu tard, que j'aurais mieux fait de me taire.
J'ai dérapé, glissant sur le nom de Xxxxxxx...
Mon propos était simplement d'illustrer par une histoire "vraie" et un texte à paraître le côté pisseux - ça, je le maintiens - de tant d'intellos-mondanités-parisiennes.
Je rectifie quand même une méprise sur laquelle glisse aussi Mlle Vatnaz. Ce que j'ai pu dire sur la personne en question émanait de la seule histoire relatée dans la nouvelle (qui sera d'ailleurs publiée). Quant au poème, contrairement à ce que vous supposez, mon commentaire ne concernait justement que la teneur de l'écriture... la poésie... et ce n'est pas une histoire de pisse ou de sodomie qui m'effraie... j'en ai (vu) lu d'autres.
Bon dimanche à vous aussi. Quant à moi, c'est contre vents et marées, pris dans un bien méchant typhon (au sens propre).

17. Le dimanche 17 septembre 2006 à 08:43, par Berlol :

Ouais, verrouille bien tes volets !
Et tourne mieux ta langue dans ta bouche... Je me suis demandé si je n'allais pas enlever tes commentaires, pour éviter le procès en diffamation, mais si la nouvelle en question doit être publiée, ces choses seront sues par ailleurs... Et puis, il n'y a pas grand-chose, en fait.

18. Le dimanche 17 septembre 2006 à 08:59, par Dominique Fromentin :

Non, ce n'est pas rendre service à notre hôte que d'héberger chez lui des allégations de cette sorte. Les amis de certain écrivain visé pourront rétorquer que les informations de cette sorte ont quelque train de retard ou simplement se sont trompées de gare. Mais sur le principe ces confusions sont déplaisantes : relire le portrait de JR dans "Penser, classer" de Perec, relire dans "Poésie :" ses itinéraires dans Paris, ou lire son récent texte sur Tokyo : si nous ne savons pas nous-mêmes contrôler une certaine dignité, quand il est question d'un auteur et de son oeuvre, nous ajoutons nous-mêmes au gâchis général, non?

19. Le dimanche 17 septembre 2006 à 09:01, par frédéric :

Mais, de quelles mondanités s'agit-il ?
Pour ma part, il s'agissait d'acheter le dernier livre de Roubaud, de l'écouter lire, de le voir choisir des passages et de les présenter.
Oh! oui, le livre de ou plutôt avec Alix Cléo Roubaud, les photos, les textes. Des joies et des mélancolies.

20. Le dimanche 17 septembre 2006 à 12:00, par vinteix :

Dominique Fromentin, vous m'avez bien lu ou quoi !? Mes propos ne concernaient nullement Xxxxxxx Xxxxxxx lui-même, ni son oeuvre. Par ailleurs, je me suis excusé et regrette ce que j'ai pu écrire.
Et je rectifie une erreur de Mlle Vatnaz : il ne s'agit pas non plus de différence des sexes, car je me "régale" ou plutôt suis autant bousculé par Bataille que par Joyce Mansour ou Unica Zürn... Mais du côté de l’écriture, c’est quand même autre chose !

21. Le dimanche 17 septembre 2006 à 21:36, par Dominique Fromentin :

Je voulais poser une question plus générale, mais qui semble importante dans le cadre de la Netiquette : un propos dont on s'excuse et qui reste en ligne s'agrège à la totalité de représentation Internet sur la personne considérée, à l'archivage moteurs etc. Et le responsable du blog, même s'il désapprouve un propos tenu, lui donne quand même statut de publication. On fait ici comme si on était dans une conversation privée, alors qu'il s'agit d'une publication de fait. Outre le désagrément personnel (l'auteur dont nous parlions est un des plus anciens pratiquants de la toile littéraire). J'insiste : au-delà de cet échange précis, avec plusieurs précédents sur ce blog.

22. Le dimanche 17 septembre 2006 à 22:28, par Berlol :

Je crois qu'il y a bien des blogs où les quolibets fusent pirement qu'ici, y compris sur des personnes publiques ou parfaitement identifiables. Le statut de "publication" est une vision de l'esprit et participe de la terreur que l'on veut exercer sur l'exercice de la liberté de parole. Je n'approuve pas que l'on dise n'importe quoi de n'importe qui mais je désapprouve que l'on censure tous les propos à la racine. Le climat de judiciarisation des propos tenus favorise ce genre de contrition alors que les méchancetés sans paroles et les crimes de toutes sortes continuent à se perpétrer par toutes les voies possibles ; la diffamation apparaît alors comme un délit bien pratique pour masquer tout ce que l'appareil judiciaire ne peut ou ne veut atteindre.
Ici, l'auteur des propos en question reconnaît qu'il est allé un peu loin, exprime ses regrets, un peu comme Benoît XVI, si vous voulez une comparaison de saison. Personnellement, je n'en fais pas un cas de censure. Lui ou les personnes désignées peuvent me demander le retrait. J'obtempérerais. On voit bien que ce retrait, cependant, destructurerait un fil de discussion (qui n'a pas grande valeur, je le sais bien) et porterait atteinte à la liberté d'expression.
La question d'arrière-plan est : quel monde veut-on ? Réfléchissez-y bien, Dominique Fromentin, avant d'insister sur ce sujet en stigmatisant ce blog que vous semblez par ailleurs apprécier... Il pourrait bien y perdre son âme.

23. Le lundi 18 septembre 2006 à 01:39, par Berlol :

À la demande de Vinteix, j'ai caviardé dans tout le fil de discussion. No comment. Fermez le ban !

24. Le lundi 18 septembre 2006 à 07:40, par Dominique Fromentin :

fermons le ban, oui, mais la question posée, ne pas la sous-estimer : la rémanence et l'archivage des propos même les plus libres les transforme de fait en publication - il ne s'agit pas de stigmatisation, ni de censure : juste une interrogation de fond - par exemple, pour moi, le mot "caviarder" ne convient pas : on décide qu'on échange librement, mais ensuite on enlève ce qu'on estime n'être pas juste - c'est ce qu'on doit nous aussi apprendre justement pour qu'il s'agisse d'exercice libre, capable d'imposer le respect dû aux propos libres - vive l'association Benoît 16 Berlol, vous feriez un excellent pape

25. Le lundi 18 septembre 2006 à 08:01, par vinteix :

Vive le pape alors ! sauf quand même qu'il y a des différences plus qu'énormes : le pape est le représentant d'une religion et de millions de gens dans le monde; de plus, par ses propos, il n'a contribué qu'à mettre de l'huile sur le feu là où, de fait, le feu est déjà largement entretenu un peu partout dans le monde... alors que dans l'espace, certes public, offert par Berlol, il n'y a tout de même pas péril en la demeure ni même menace d'incendie.

26. Le lundi 18 septembre 2006 à 08:50, par Berlol :

Les positions très réactionnaires de ce pape-là étaient déjà bien connues... les miennes sont en effet aux antipodes.

27. Le lundi 18 septembre 2006 à 09:31, par vinteix :

Amen, Padre.
Va donc en paix !



Dimanche 17 septembre 2006. Plié en deux, cherchant de l'air.

Je ne sais pas comment commencer. Peut-être par le matin. Donc matin, rien.
Midi. Une heure, en fait. Je fais des pâtes, sauce parfaitement réussie avec deux grosses tomates, ail sauté, huile d'olive, sucre, sel, poivre, poivre de Cayenne, coriandre et, en fin, des tomates séchées à bien écraser dans la sauce. Et puis ça me fait des sucres lents pour après. On ne laisse rien dans la casserole. Ensuite, on travaille ou on essaie.
Vers 17h45, il bruine depuis quelques heures. L'étudiant français qui a repris l'appartement d'Arnaud au bout du couloir frappe à la porte, mouillé, en T-shirt, slip et pieds nus... Il explique. Il fumait une cigarette sur son balcon et le loquet un peu lâche de la porte-fenêtre a tourné... Il a escaladé le balcon, a descendu un étage, fait le tour du bâtiment et le voilà, désemparé. On le fait entrer, T. propose de téléphoner à un serrurier — alors qu'elle est en train de rédiger son discours de mardi — et commence à chercher des numéros (je rappelle que c'est dimanche soir). Je vais sur notre balcon pour voir si l'on ne pourrait pas glisser quelque chose entre les deux portes-fenêtres pour faire tourner le loquet de l'extérieur. Un objet fin et dur est bloqué par une rainure, mais un fil de fer un peu sérieux devrait se courber et passer la rainure pour atteindre le loquet et le faire descendre... Pas chez nous parce qu'il est un peu dur. Après plusieurs tests, je décrète que ça doit le faire. En théorie. Pendant ce temps, T. a pris des tarifs et on est prêt à fixer le rendez-vous. Le voisin veut tenter le coup du fil de fer, on demande quelques minutes au serrurier. Et le voilà reparti — je ne l'accompagne pas parce que je prépare mon sac — faire le tour du bâtiment, escalader son balcon et — un moment passe — revenir frapper à notre porte... après avoir réussi avec le fil de fer, un gros trombone déplié, en fait. Et une bonne bouteille de vin en cadeau pour nous. T. décommande le serrurier et j'ouvre la bouteille, un Rouge Cabernet & Le Noir Négrette 2004, du comté tolosan. On sert dans des verres à pied en faisant les présentations (on ne se connaissait que de vue). Je finis mon sac, aussi (j'y mets Le Slip de Sevestre mais j'oublie d'y mettre un slip de rechange, je ne m'en rendrai compte qu'après, bien sûr). Vers 18h45, le voisin retourne normalement chez lui, bien content. Peut-être même qu'il va essayer d'arrêter de fumer. Cinq minutes après, je pars, laissant T. dîner seule et finir son discours.

Squash, c'est le squash. Au Do Sports de Shinjuku. Thomas et moi avons réussi à fixer cette date et à s'y tenir. Je suis allé au sport hier pour me remettre en train, vérifier les muscles, le souffle et tout (puisque je n'avais rien fait depuis un mois, sinon marcher dans Paris). J'ai mangé des pâtes au déjeuner exprès. Et je me dis que c'est peut-être bien le verre de vin de Frédéric, le voisin, qui va faire la différence (euphorie + calories). Eh bien, ça n'a pas raté ! J'ai battu Thomas 17 à 15. Une seule partie qui a duré près de trente minutes, avec beaucoup de changements de service. Mais au bout de vingt minutes, Thomas, qui place mieux ses balles que moi, qui rattrape mieux dans les coins, qui anticipe aussi très bien, Thomas n'a plus de souffle. Christine passe nous faire un coucou et s'inquiète un peu pour lui. Je remonte de 9-12 à 12-14, puis on reste un bon moment sur 14-15, 15-14. Finalement, j'en place quelques dernières quand Thomas est plié en deux, cherchant de l'air... Moi, rien. Ni hypoglycémie, ni soif, ni genou qui claque, même pas essoufflé. On dirait un autre.
Ensuite c'est bain chaud, bain froid, sauna, bain froid et retour en métro tous les trois. J'ai mis mon pantalon sans slip. J'explique pourquoi à Thomas et Christine qui me racontent ensuite leur journée, assez mouvementée aussi. Assiette froide à la maison, en trois fois le temps de la version ultra-courte du Big Lebowski.
Un dimanche enlevé.

Commentaires

1. Le dimanche 17 septembre 2006 à 08:39, par Dominique Fromentin :

Vous avez de la chance : nous, il dure encore, le dimanche. Journées du patrimoine : le droit une fois par an d'aller sentir chez les riches comment ils vivent dans leurs châteaux, c'est assez rigolo, dans nos provinces. On vous laisse entrer, merci de s'essuyer les pieds. De vraies marquises, ou comtes et tout ça, on croit que ça n'existe plus mais si, le patrimoine. Peut-être il faudrait faire pareil une journée des écrivains - moins de 40 ans, plus de 40 ans, pour aller juger sur pièce ?

2. Le dimanche 17 septembre 2006 à 09:01, par Berlol :

Ça, c'est dur un dimanche de patrimoine ! Il me semble que T. et moi y étions il y a quelques années, on avait visité l'Observatoire de Paris, je crois. Chez les aristos, je crois que je ne pourrais pas supporter de faire la queue...

3. Le dimanche 17 septembre 2006 à 12:17, par vinteix :

Dominique Fromentin, vous m'avez bien lu ou vous me cherchez des noises ?!? A aucun moment, je n'ai parlé de Xxxxxxx Xxxxxxx lui-même ni de son oeuvre.

4. Le dimanche 17 septembre 2006 à 12:23, par vinteix :

même s'il est assez rigolo avec son cabas plein de poireaux

5. Le dimanche 17 septembre 2006 à 13:09, par Dominique Fromentin :

oh non, pas de noises à personne, et surtout pas ici : mais c'était de drôles d'associations, celles qui menaient à JR et sa vie privée, et qui ne me mettaient pas à l'aise, voilà tout

6. Le dimanche 17 septembre 2006 à 14:45, par dinO :

rendez vous, angot sur pampakampa
votre note de janvier qui me l'a fait aborder
merci à vous

7. Le dimanche 17 septembre 2006 à 21:21, par brigetoun :

encore plus haletant qu'une journée du patrimoine.
bien sur que ça existe encore les comtes, etc. ça se reproduit assez bien

8. Le lundi 18 septembre 2006 à 01:24, par From Dallas :

Moi, j'aime bien JR !

9. Le lundi 18 septembre 2006 à 01:44, par Berlol :

Par ces temps de pétrole cher, certains gisements de relations valent mieux que d'autres...
Merci, Dino. Rouge sur mauve, je le vois très bien, trop même. Mais bleu sur mauve, illisible, un moment j'ai même cru qu'il n'y avait rien...
Brigetoun, la reproduction des sangs bleus est la plus bête conséquence d'une révolution mal finie (partie en couille), à mon avis.

10. Le lundi 18 septembre 2006 à 03:59, par diNo :

Si vous voyez pas surligné, votre écran est pas top.
Une nouvelle, peut être le savez vous, lecture de rendez vous par angot au théâtre de la colline le 16 OCT.................



Lundi 18 septembre 2006. Des hélices n'apprécieraient pas.

Veillée d'armes. Verbales (je serai assistant).

Réouverture du Saint-Martin, la patronne est bronzée. Les frites aussi, mais toujours très bonnes. T. prend une salade niçoise, moi du poulet. On retrouve comme de temps en temps un collègue de l'Institut qui est aussi professeur de l'université Keio. Après le café, je vais à sa table pour lui  parler du Biblio Roll — François Bon l'intègre d'ailleurs dans sa réflexion actuelle, toujours pesant sur le passé pour se tourner vers l'avenir. Si je pouvais avoir un rendez-vous, assister à une démo, enregistrer une interview..., dis-je. Le collègue va se renseigner.
À suivre.

Ayant une course à faire à Omote-Sando, je me promène un peu, jusqu'à l'université Aoyama. Les fortes pluies de la nuit alourdissent l'air et je ne supporte pas bien la veste qui poisse. À l'emplacement du supermarché Kinokuniya, auquel avait temporairement succédé le Nakata Café, dédié au football le temps d'un mondial, il y a maintenant une vaste place blanche bétonnée, avec un cercle surélevé, comme pour accueillir un hélicoptère, et des drapés bleus où le vent joue, que des hélices n'apprécieraient pas.
De quoi s'agit-il ? Les badauds, les familles vont et viennent dans l'espace. Aucune information, aucune fonction visible. Une installation filmée pour découvrir comment les gens s'en emparent ?

Dans le métro puis à la maison, j'ai fini Le Slip. Hier et avant-hier, déjà, j'avais avec lui traversé la Corse (où je ne suis personnellement jamais allé — mais il y aurait à comparer les Corse littéraires d'écrivains non-Corses, comme celles traversées par Mérimée, Jean-Philippe Toussaint, Alain Sevestre, et bien d'autres...).
Avec lui, je me suis glissé dans le nouveau style d'un narrateur transfiguré par son désir de jambe et son passage à l'acte. Renouvellement du blason poétique. Ses atermoiements, qui reviennent à savoir si la jambe désirée est synecdochique (la jambe pour le corps), métaphorique (sa jambe à son cou, pour fuir le monde) ou névrotique (une jambe (ré)fléchie vers une mère où régresser), inquiètent le lecteur qui ne croit pas beaucoup à la prétention philosophique du narrateur et craint un glissement (to slip) dans la folie — ce qui n'arrivera pas (les slips ont des élastiques : « C'est eux qui délimitent mon territoire.», p. 245).

Ma vie réticulaire.
J'ai signé la pétition pour la version non coupée d'Arrêt sur Images. J'ai participé aux débats litoriens sur la presse (faut-il sauver Libération ? défendre la presse papier payante ?, etc.) ; Dominique Hasselmann a relayé dans Remue.net (merci !). J'ai pris position sur l'éthique des blogs chez Giffard. J'ai relu Marie-Claire par l'Alamblog, puis ai eu besoin de prendre l'air avec Antoine Emaz chez Poezibao. J'ai vu toutes les belles photos patrimoniales de Brigetoun. J'ai découvert des voisins de palier pas tous désagréables dans la Home_blogs_de_lecteurs de ZazieWeb. Et tant d'autres pages ouvertes...
Ah, oui, j'allais oublier !, j'ai récupéré un émouvant Atelier de Création radiophonique du 23 juillet, que j'avais déjà raté en 2005 : Ceci est un exercice de rêve, d'Hélène Cixous.
Avant de me coucher, par pur masochisme, je me suis encore repassé le dernier film catastrophe de l'an prochain...

Commentaires

1. Le lundi 18 septembre 2006 à 10:21, par Frédéric :

Moi non, j'ai rien fait. Je ne suis allé nulle part sur les sites, n'ai rien signé, n'ai rien appris.
J'ai lu Primo Levi.

2. Le mardi 19 septembre 2006 à 01:47, par brigetoun :

pour la réflexion (passionnante) de François Bon, Primo Lévi je ne sais pas. Pour la fin il s'adapte assez bien.
J'avoue que j'ai peur de cet homme, pas Lévi, notre petit requin minable, et surtout de penser qu'il plaît. La mort de tout ce que j'aime



Mardi 19 septembre 2006. Triplette de Cassiodore.

Ça y est : T. est docteur ! Euh, docteure ? doctoresse ? « Ès » quoi ? 言語情報科学 !, soit gengojouhoukagaku, soit « science de l'information sur les langues » — traduction qui n'est pas du tout satisfaisante, je vais me renseigner... Je sais qu'en anglais on le traduit (simplifie ?) en Liberal Arts, et donc en français « arts libéraux » — expression pas si courante que l'on sache bien ce que cela recouvre, mais après vérification, tout à fait dans le sens originel.
Donc, disons comme ça : docteure ès arts libéraux. (Option triplette de Cassiodore...)

Levés tôt pour la cause des Mazarinades (qui ont maintenant, préparé par la Mazarine — c'est presque un scoop — leur catalogue en ligne). Il fait bien tiède, ce matin, et pas seulement à cause de la fébrilité. Grosse valise pour les nombreux volumes à poser sur la table (LA valise achetée avec Antoine Volodine à Orléans, précisément — voyez comme les choses se chargent de symboles, quand on veut bien y prêter attention !). Taxi pour nous véhiculer à midi au campus de Komaba de l'Université de Tokyo. Installation dans une salle tranquille (et climatisée) — T. se concentre pendant que je vais au Mac Do du coin (il n'y a que ça, et je n'ai qu'une demi-heure). Quand je reviens vers le bâtiment 18, j'aide des invités à trouver un passage dans les énormes travaux des bâtiments voisins (David, venu de Nagoya, Christian, Satoko, Kyoko, Fumie, Daniella, Christine et d'autres éminents professeurs). Il y aura finalement une grosse vingtaine de personnes, jury compris, pour rester enfermées trois heures durant à écouter successivement la postulante, puis, jonglant avec les volumes de thèse, de catalogues et d'annexes, chacun des cinq membres du jury — qui finiront, questions épineuses arrachées, coquilles ramassées, conseils délivrés, par féliciter chaleureusement l'impétrante.

Translation du groupe pour Lever son verre de Mumm ! Buffet d'excellente façon et vins pour ceux qui mélangent. Mais surtout, discussions — explosions de discussions après la retenue des trois heures et avec quelques convives supplémentaires, Ako, Jean-François, Jean-Philippe, Josef, Thomas (son postérieur a mémoire du squash).

Je complèterai demain si je vois d'autres choses à dire. À moins que d'autres ne s'en chargent...

Commentaires

1. Le mardi 19 septembre 2006 à 08:59, par caroline :

Félicitations à T. !

2. Le mardi 19 septembre 2006 à 10:23, par Bikun :

De chaleureuses félicitations à la nouvelle doctoresse!!!

3. Le mardi 19 septembre 2006 à 11:00, par jcb :

Quelle chance d'avoir son docteur avec soi !
félicitation à T.

4. Le mardi 19 septembre 2006 à 12:28, par jorgensen :

vraiment content pour T
les frontières linguistiques sont faites pour être traversées en long en large et en travers
J-C

5. Le mardi 19 septembre 2006 à 14:28, par brigetoun :

félicitations à T que je ne connais pas - impressionnée dx'avoir fait sa rencontre en filigrane de blog

6. Le mardi 19 septembre 2006 à 14:43, par Alex et Rie :

Félicitations ! おめでとうございます。

7. Le mercredi 20 septembre 2006 à 08:27, par Berlol :

Merci à vous ! Ça lui a fait bien plaisir !

8. Le mercredi 20 septembre 2006 à 08:44, par ck :

bravo T



Mercredi 20 septembre 2006. À ras de terre, en rez-de-vie.

Des choses graves se passent mais je ne suis pas sûr qu'on en mesure bien la portée. Pendant que chacun s'occupe de son petit truc, ici thèse, là livre, ailleurs bébé, vous avez un panorama de merdes en puissances qui se met en place : un premier ministre réac tendance dure au Japon, l'extrême droite qui revient dans l'Est de l'Allemagne, les Talibans qui reprennent du poil de la bête, un train déstabilisant à Lhassa, encore plus de religion aux États Unis, un pape qui choisit bien mal ses citations, Ségolène Sarkozy bientôt à l'Élysée, la banquise qui fond et le corail qui meurt, la Chine qui pompe toute l'énergie de la planète... Etc.
Pris un par un, chaque problème semble s'insérer dans un environnement qui le freine, l'assoit, le rend pépère, le laisse penser contrôlable ou compensable. Mais lorsqu'on prend de la hauteur, par l'esprit, les possibilités d'aggravations, de réactions, d'interactions entre ces différentes situations (et bien d'autres que je n'ai pas nommées) donnent le vertige. Mais précisément, c'est parce qu'on a pris de la hauteur... C'est peut-être un tort.

Il vaut peut-être mieux rester à ras de terre, en rez-de-vie. Ou alors, c'est à cause de X-Men 3...
Oui, aujourd'hui T., malgré ses émotions d'hier, devait reprendre les cours. Ça s'est bien passé, m'a-t-elle dit (pendant que je travaillais à la maison puis allais manger des pâtes avec Manu à Kanda), mais après, alors que je pensais qu'elle voudrait se reposer, dormir, voilà-t-il pas qu'elle voulait se distraire — c'est bien compréhensible, aussi. Alors en prenant tranquillement un thé vert et en regardant certaines petites tomates qui virent au rouge, nous nous sommes interrogés, puis mis en tête d'aller au cinéma, à Hibiya, pour voir comment se débrouillaient les mutants (depuis Strange que je lisais tout gosse, ils ont fait du chemin).
Sur grand écran, c'est une très belle distraction. Non dénuée de matière à réflexion, d'ailleurs. Comment des minorités peuvent-elles voisiner la doxa, la pensée majoritaire — quand celle-ci se pique de devenir unique ? Ce n'est pas une question anodine. Des homosexuels, des juifs, des noirs, des tziganes, des handicapés, des albinos, des daltoniens, des faibles d'esprit, des jeunes, des grands, des gros, des maigres, et de nombreuses autres minorités, à un moment de leur histoire, quand des conditions historiques les constituent en groupe, en communauté, alors même qu'ils pouvaient, pour certains d'entre eux, ne pas en avoir conscience, ne pas en avoir besoin, ont été confrontés à cette question. Avec machiavélisme, ils ont parfois été sollicités avantageusement pour former groupe afin, dans un second temps, de pouvoir les stigmatiser. Oui, tout cela n'est pas nouveau. Mais quand on n'apprend plus rien à l'école ou que l'on est décervelé par les roues à pognon, cela redevient nouveau. Et quand c'est nouveau, on ne sait pas quoi en penser ni comment réagir, alors on passe à côté et on laisse faire ceux qui savent quoi faire. Tout juste, à un moment, a-t-on envie de lever la main dans l'assemblée, ou de questionner ces hommes en armes. Mais on a un peu peur et on ne veut pas passer pour un imbécile, ni être regardé de travers par sa concierge. Alors on remet sa main dans sa poche et on laisse passer les trains de mesures spéciales.
Or, c'est ce qui se passe dans X-Men 3. Un laboratoire a fabriqué un produit qui peut rendre les mutants humains — ramener les mutants à la condition de simple mortel. Et des mutants mal dans leur peau de ne pas être normaux, ce n'est pas ce qui manque... Et quand le langage utilisé (LTI ou LQR du moment) est de faire croire qu'être mutant est une sorte maladie, et que le produit miracle est une cure...
Pour le reste, je vous laisse voir le film.
Mais voyez, c'est ça qui m'avait fait prendre de la hauteur. À tort, je le reconnais maintenant. J'étais victime d'une distraction. Il vaut mieux que j'en revienne à notre terre-à-terre français, à notre tête-à-tête désir de sécurité et désir d'avenir. Et que j'aille me coucher.

Commentaires

1. Le mercredi 20 septembre 2006 à 12:00, par caroline :

"Ségolène Sarkozy bientôt à l'Élysée," pourquoi pas puisque la presse qui commande les sondages en a décidé ainsi. On ne parle jamais des autres (voir l'article de Jean Veronis à ce propos aixtal.blogspot.com/). Le Pen se taillerait un petit 22% mais ça personne n'en parle. D'ailleurs, l'autre soir à la radio, sur France Inter, il parlait. Il critiquait la politique de Chirac (certes, criticable) : il a fait un plan cancer, plan accident de la route et pourquoi pas un plan acnée juvénile ?" Humour vis à vis de ceux qui sont atteint du cancer ou qui ont des proches malades, humour vis à vis des accidentés de la route et leurs proches ? J'ai du mal à comprendre l'irrespect de ce mec et des 22% qui ont l'intention de voter pour lui. Quant aux deux autres, ils sont plus clean... c'est tout. C'est pour ça que j'ai envie de quitter ce pays (aimons-la ou quittons-la comme disait l'autre) mais si ce n'est pas mieux ailleurs, serait-ce l'humain qui est malade ?

2. Le mercredi 20 septembre 2006 à 12:40, par brigetoun :

j'ai peur, très peur de Sarkozy et de la dénaturation qu'il représenterait pour notre pays, et puis zut pourquoi ne pas le dire. On ne peut le laisser au duo Sarkozy/Le Pen. et quand je suis nos étripages entre groupes et sous groupes de gauche. Là les blogs peuvent être nuisibles. Désolée, mais vos Xmens sont un peu trop proches de la réalité. Penser au thé vert et aux tomates, essayer de freiner les barbares et puis, conscience en paix, écouter de la musique. Ensuite résistance passive
keep quiet, keep cool

3. Le mercredi 20 septembre 2006 à 19:41, par Manu :

Premières effluves de kinmokusei, pour accompagner les réflexions, méditations ou autres prises de hauteur...
En avance cette année.

4. Le mercredi 20 septembre 2006 à 20:18, par Berlol :

Tout à fait, on l'a senti hier ! Rappelons que kinmokusei se traduit par olivier odorant ou osmanthus fragrans. Y en a-t-il beaucoup en France ? Ça, je l'ignore...

5. Le jeudi 21 septembre 2006 à 06:04, par brigetoun :

pour nos pauvres oliviers, seuls les fruits sont odorants

6. Le jeudi 21 septembre 2006 à 06:18, par Bikun :

Je conteste, je prend une voire 2 douches par jour :-) alors au diable le malodorant!

7. Le jeudi 21 septembre 2006 à 06:22, par Manu :

Oui, pour moi aussi, depuis hier.

8. Le jeudi 21 septembre 2006 à 06:50, par Berlol :

Tiens, le Bikun fragrans fait une apparition !... Toujours content d'avoir de tes nouvelles, l'ami ! Quant à Manu, je l'ai vu hier et je confirme, il ne sent pas mauvais...



Jeudi 21 septembre 2006. Vice-versa une fois dans l'urne.

Ça y est, il est enfin (de nouveau) possible d'écouter entièrement l'émission Du jour au lendemain. Le nouvel horaire de l'émission, comme je le signalai le 12 septembre, avait entraîné depuis fin août la disparition des dix dernières minutes. « Entièrement », mais en deux parties, parce qu'il y a des appareils chez France Culture (m'a-t-on un peu expliqué) qui ne comprennent pas qu'à 00h00, on change certes de jour mais que la vie continue...
Alors, j'enregistre et je recolle les morceaux ; il y a au moins une quinzaine d'invités intéressants (et matière à savoir quels livres éviter...). J'en ai pour plusieurs jours, parce que c'est toujours en marge d'autre chose (en ce moment la rédaction d'un article pour une revue).

Le 11 juin, je détaillais la procédure de vote électronique que j'avais suivie. Le 16 juillet, je découvrais sur Internet.Actu les possibilités de fraude. Aujourd'hui, j'apprends de la même source que ça a été testé : les machines de vote électronique sont truquables et virusables (mot récent).
À quand les faux bulletins de vote en papier électronique sur lesquels votre Royal se changera automatiquement en Sarkozy ou vice-versa une fois dans l'urne ?...

« S'il arrive à un imbécile de rencontrer une idée juste, il est rare qu'il lui donne une portée juste.» (Hector Talvart, cité dans l'Alamblog — il faut y aller pour y lire d'autres citations désopilantes et précieuses du susnommé).

Ce matin, de liane en liane, je suis arrivé en un lieu au titre escarpé, qui promettait Encyclopédie des Expressions. Mais à peine avais-je fini la deuxième phrase d'un billet que je tombais de haut, me retrouvant chez des analphabètes. De billet en billet, une conviction se formait : c'était du pillage, du scannage, du collage, sans vérification orthographique ni grammaticale, et à dessein sans identité, comme si cela tombait du ciel ou d'une institution altière. J'avoue que j'ai du mal à comprendre, psychologiquement, la démarche des personnes qui décident d'agir de la sorte. Car le bénévol@t n'autorise nullement le massacre des objets donnés (oui, je me répète, je sais...) — à moins qu'il ne s'agisse pas de bénévolat.

Me référant au billet « Dresser le couvert » et en citant d'abord une phrase pleine d'erreurs, j'envoyai le message suivant (c'est moi qui souligne) :
« "En effet, avant tous les convives mangés dans un même plat puis les rois et les seigneurs furent les premiers à se faire servir indivuduellement."
À modifier en : "En effet, avant, tous les convives mangeaient dans le même plat, puis les rois et les seigneurs furent les premiers à se faire servir individuellement."
Et ce n'est qu'un petit exemple de tout ce qu'il faudrait modifier dans ce billet ! Sans parler de la perle des perles : "l'empoissement". Comment ne voyez-vous pas vous-même(s) qu'il s'agit du mot "empoisonnement" ?
Croyez-vous réellement servir la langue et la culture, voire seulement servir à quelque chose en publiant des textes aussi fautifs ?
Ou alors, faites un wiki pour que d'autres passent derrière vous pour écrire quelque chose de compréhensible !"»

Que croyez-vous qu'il arriva ? Quelques heures plus tard, avant midi heure française, le texte du billet était corrigé comme proposé. Mais mon commentaire, lui, n'a pas été mis en ligne. Soit ! Ça a profité. Mais je n'ai pas reçu de petit courriel pour me remercier discrètement de ma contribution.
Analphabètes. Et malotru.

Plus généralement, puisque c'est la deuxième fois en une semaine que je suis témoin de cette malhonnêteté (censure de commentaires qui ne sont ni insultants ni diffamants, à seule fin de ne pas entacher l'image publique d'un site qui se prétend communicant et contributif — mais qui ne l'est donc pas tant que ça), il convient de dénoncer l'actuelle possibilité de dérive générale des blogs.
Simulant une transparence et une science trompeuses, certains instrumentalisent leurs lecteurs, soit dans un but d'orgueil (blog La Littérature, Cf. JLR du 14/09) soit pour des revenus publicitaires (Encyclopédie des Expressions, sous Dotclear mais avec annonces Google), soit pour d'autres raisons, l'avenir le dira.

Allez, pour ceux que la vanité n'étouffe pas : rigolons un peu, voici l'apologie du branleur.

Commentaires

1. Le jeudi 21 septembre 2006 à 18:38, par Berlol :

Un étrange phénomène (inconnu de moi) affecte dans ce billet les trois liens que j'ai mis vers le site "www.mon-expression.info" où se trouve cette Encyclopédie des expressions — et uniquement ces trois liens ! Si, en cliquant dessus, vous arrivez à une page qui vous dit : "Perdu sur l'Internet ? [etc.]", c'est qu'il vous arrive la même chose. Pourtant, copier-coller soi-même le lien dans une autre fenêtre permet tout de suite d'obtenir correctement le site.
Il faut donc croire qu'il existe un processus permettant de dérouter un lien vers une autre cible EN FONCTION DE LA SOURCE. Et que ce processus a été activé peu de temps après la mise en ligne de mon billet. Comment ? Par qui ? Pourquoi ? Je n'en sais encore rien...
Par ailleurs, j'ai reçu, plus de douze heures après mon commentaire qui n'a pas été mis en ligne, un courriel de "mon-expression", signé Vincent, qui me remercie sobrement, comme si mon commentaire avait été un courriel et non un commentaire de blog ! Très fort.

2. Le vendredi 22 septembre 2006 à 01:14, par ON :

merci pour ce lien vers "mon expression", leur langue est très belle quand on clique sur "explications", à "bête noire" par exemple :
"On appelle populairement la beste, ce qui fait peur. Une nourrice dit à son enfant qui crie, je ferai venir la beste. On le dit aussi d'un homme chagrin, qui a de l'autorité, qui vient troubler la joie des autres, "Voici la grande beste qui vient". Les artisans qui voient le Commissaire qui va en police, l'appellent la beste noire."

3. Le vendredi 22 septembre 2006 à 01:34, par ON (bis) :

et désolé pour le doublon, informaticien maladroit que je suis : je ne sais effacer...
peut-être vous cherchez explication un peu loin : il vous aurait suffit de mettre lien www.mon-expression.info/i... plutôt que seulement leur page d'accueil générique ? c'est leur fichier 404 qui est mal paramétré...

4. Le vendredi 22 septembre 2006 à 01:55, par Berlol :

Hélas, non... Mes trois liens ne sont pas le même lien × 3, et même le vôtre m'amène directement sur la page "perdu..." Pas vous ? Merci tout de même d'avoir essayé. Je ne sais pas si je dois me réjouir de vous avoir fait découvrir ce site...

5. Le vendredi 22 septembre 2006 à 07:36, par Manu :

Techniquement, ça me semble tout à fait possible de faire réagir différemment un site selon la page précédemment visitée puisqu'une requête HTML contient toujours cette information (d'où les stats sur la provenance des visites par exemple).

6. Le vendredi 22 septembre 2006 à 12:07, par Bikun :

J'adhère dans le sens de Manu...pourtant là je trouve qu'il y a qqchose de vraiment bizarre...moi quand je clique sur le lien j'arrive sur la page de Japan toilet! Je n'ai pas été plus loin, pas de temps internet à perdre, je paye les communications quand je me connecte...



Vendredi 22 septembre 2006. La succession des échecs n'empêche pas les nouvelles vocations.

« Pendant tous ces mois passés en compagnie de William Walker, à parcourir l'Amérique centrale sur les traces de son armée fantôme, j'avais peu à peu découvert que certaines de ces vies, emplies d'actes de bravoure admirables, de traîtrises immenses et de félonies assassines, ne le cédaient en rien à celles des hommes illustres qu'avaient rassemblées Plutarque. Et il m'était apparu que cette région du monde, pendant les deux derniers siècles, n'avait pas été plus avare de héros, de traîtres et de lâches que ne l'avaient été les provinces grecques et latines de l'Antiquité : là aussi, des hommes avaient rêvé d'être plus grands qu'eux-mêmes et avaient échoué. Et l'idée m'était venue de rassembler certaines de ces vies.» (Patrick Deville, Pura Vida, p. 30)

L'orgueil et la vanité font que la succession des échecs n'empêche pas les nouvelles vocations.

Travail toute la journée sauf deux heures de vélo, avec T., jusqu'à une terrasse de café près de Yurakucho où nous prenons des jus de fruits à la paille. Au retour, achat de pain chez Viron, près de la gare centrale de Tokyo. Pour agrémenter le dîner, T. va cueillir sur le balcon cinq ou six de nos petites tomates, justes mûres à point.
Nous dégustons nos derniers jours de tranquillité (qui ne sont pas des jours à ne rien faire) avant la reprise des cours.

Que la presse meure, si elle en est  ! Et que vive le feu ! Le feu des blogs et de la critique citoyenne et républicaine, bien sûr... Pas le feu aux voitures. Ni le feu au lac.

Commentaires

1. Le samedi 23 septembre 2006 à 02:07, par Bikun :

y'avait pas un commentaire ici avant? Bizarre, je l'ai dans mon fil rss...

2. Le samedi 23 septembre 2006 à 02:43, par Berlol :

Si si, de Brigetoun, tu as bien vu. Mais elle en a écrit un autre pour dire qu'elle regrettait le premier. J'ai donc enlevé les deux. À part ça, les champs de coton, c'était comment ?



Samedi 23 septembre 2006. Ratés de peu, toi et moi.

Cher Jean-Claude,

Te remercier, tout d'abord. Parce que sans toi, je ne serais pas allé écouter l'émission de Jean Lebrun de mardi dernier, le 19. Et pas seulement parce que ma tête était toute occupé de la soutenance de T., mais surtout parce que j'estimais en avoir soupé de Lebrun, de son ton, de sa mise en scène, de son survol des sujets, de l'amusement public à quoi il ramène tout — tout du moins, est-ce ce que j'en perçois...
Et ça n'a pas raté. J'étais quand même content moi aussi d'écouter Bruno Vercier. Je crois que je n'avais pas entendu sa voix depuis 1987 ou 1988. Je ne l'aurais pas reconnue. Son hésitation, son rythme, oui, peut-être ; mais la tessiture, non. Et je ne te parle même pas de Haenel, dont j'ai lu Évoluer parmi les avalanches et qui plane avec Meyronnis — et Sollers comme boussole (et comme lest, pour plus tard) — sur un nihilisme esthétisé qui cache sa fumisterie intellectuelle derrière des noms comme Lautréamont et Rimbaud, répétés à l'envi. Les passages de Travaux publics sur Annie Ernaux, Christine Angot et François Bon sont plutôt minables, fonctionnant sur l'énonciation de goûts personnels auxquels se raccrochent de vilaines anecdotes pour épater les badauds d'El Sur. As-tu remarqué que Vercier qui citait F. Bon comme un auteur important laissait ensuite Haenel parler de « misérabilisme » littéraire en prétextant que le passage lu de Tumulte n'était pas des meilleurs ? Je t'avouerai que j'ai beaucoup de mal avec ce genre de concession médiatique — que j'appelle tout simplement trahison.
J'en ai profité pour écouter l'émission du lendemain, sur le Japon. Le pleutre Bernard de Montferrand, ancien et peu regretté ambassadeur de France au Japon, y était plus disert que pour défendre la langue française lorsqu'il était notre commis... Heureusement, François Macé était là pour parler de culture japonaise et resituer quelques lieux communs.
J'ai fait ma cure de Lebrun. Ne m'en recommande plus, s'il te plaît.

Ne te presse pas d'écrire ce que tu penses de la lanceuse de gobelet vide car je n'ai pas encore fini son dernier opus ! Ceci dit, quand tu sentiras que c'est pour toi le moment, n'hésite pas. Je mettrai ça sous le boisseau.
C'est que, malheureusement, je n'arrive pas à lire autant que je le voudrais. Je viens de finir Le Slip d'Alain Sevestre et suis en plein milieu de Pura Vida de Patrick Deville, deux auteurs que je te recommande chaudement. Et une pile d'autres, on en reparlera.
Et tellement de choses à faire, quand ce n'est pas T. qui me prend pour terrain d'essai de nouveaux masques gommants... Je dois mettre en ordre mes notes sur Poil de Carotte pour un cours qui commencera dans deux semaines, finir des articles commencés ainsi que les Actes de Cerisy, sans oublier mes cours de langue qui reprennent mardi — dans trois jours, mon dieu !

Il est passé bien vite, cet été ! Et nous nous sommes ratés de peu, toi et moi. L'attente de ma valise m'a coincé la première semaine à Paris, puis l'infarctus de ton frère t'a rendu indisponible durant la seconde (je lui souhaite d'ailleurs un prompt rétablissement). J'espère que nous aurons plus de succès lors de mon prochain passage, fin novembre. Je viendrai notamment pour une journée d'étude à la BnF...
Il faudrait aussi que nous reparlions de cette notion d'intimité. Si elle se définit mieux par celui qui est censé la produire ou par celui qui la reçoit, si elle est constante ou non dans le temps, la géographie, les cultures, les couches sociales. Si les nouveaux médias, et notamment nos blogs et journaux en ligne contiennent de l'intimité, dans quels cas, à quelles conditions... Et les styles, comme celui de Philippe De Jonckheere... N'y en a-t-il pas de plus intimistes que d'autres ?
Et les genres ? Poster une lettre comme celle-ci, qui n'est adressée qu'à toi, et qui sera pourtant lue par des millions centaines de personnes, cela est-il intime ? Sont-ils plus indiscrets que les autres jours, ceux et celles qui lisent ta lettre au lieu du (en guise de) billet quotidien ? Et que se passera-t-il ensuite ? Rien, comme la plupart des jours ? (Je me rappelle avoir dénoncé l'asymétrie billet/commentaires, il y a fort longtemps déjà...) Une réponse de toi ? En commentaire ci-dessous ? Dans ton journal en ligne ? Par courriel ? Comme ce n'est pas prémédité, ta réaction est imprévue... Et les tiers ? resteront-ils aussi discrets que d'habitude ?
Cela fait beaucoup de questions, mais ne m'empêchera pas de dormir. C'est au réveil, comme le matin de Noël, que je viendrai voir ce qu'il y a sous mon sapin. En attendant, je te joins ces trois photos du jour. L'une pour la beauté des moutons, la deuxième pour le parfum de l'olivier odorant et la troisième, disons... pour un contact visuel.
Bien amicalement.

Commentaires

1. Le samedi 23 septembre 2006 à 13:20, par brigetoun :

je risque un commentaire : curieusement je trouve moins une impression d'intimité en lisant une lettre adressée par un inconnu, ou connu par la seule lecture, à un autre inconnu, ou ... (un peu comme lire la correspondance de Flaubert, ou de Voltaire ou qui vous voudrez) qu'à la lecture de certains billets de Philippe De Jonckeere que je ne connais pas d'avantage, mais qui semble s'adresser à lui-même

2. Le samedi 23 septembre 2006 à 20:44, par jcb :

Je pense que l'intime concerne tout le monde. En discuter serait très intéressant bien sûr, surtout avec ceux qui (presque chaque jour)exposent une expression de soi sur ce nouvel espace qu'est le net... mais c'est un sujet qui peut être dangeureux car pretexte à de vives réactions ou polémiques car on y aborderait forcément l'inconscient, la création, et des questions profondes et parfois sans réponses.
Par exemple, que penserait De Jonckheere si je disais que sa feuille d'ordonnance (qui selon lui ne relève pas plus de l'intime que le fait de nous dire qu'il a écouté Charlie Mingus) est pour moi terrible, car me forçe à savoir de quoi il souffre, alors que je ne veux pas le savoir, risquant de fausser ou d'influencer mon jugement sur son blog en tant que travail de création, et l'image que j'ai de lui en tant qu'individu, comme d'autres pages, en m'en faisant le témoin, m'obligent à m'assoir à la table de l'analyste ou du psy qu'il paie et dont il<nous raconte les visites (et je ne veux pas être payé)...? cela me fait penser au tribunal, quand on déclare non responsable et non condamnable de ses actes un individu qui était dans une crise de démence.
Ce n'est pas cela qui m'intéresse chez lui : c'est le type que j'aime rencontrer, avec qui j'aime bien rigoler, discuter, échanger des idées et nos galères, et avec lequel je me sens proche sur de nombreux sujets.
Quand il m'expose certaines données le concernant, il m'arrive oui, de penser qu'il touche à mon intimité. Cela me dérange, car je n'ai plus qu' une solution : le quitter, car il y a des choses que je ne veux pas savoir sur lui.
Car la question de l'intime, pose aussi, dans tout acte créateur de l'un(au sens large : texte, blog, journal, image, photo, dessin, film, ...)
la question de l'intérêt, pour l'autre, de la relation d'une telle expérience et de son exposition.
De même qu'il y a aussi : Dis moi quel blogs (où livres...) tu lis, je te dirai qui tu es...
J'ai toujours ainsi très bien compris pourquoi mon journal gêne certaines personnes de mon entourage et pas d'autres qui au contraire l'apprécient. La raison est en eux bien sur, pas dans ce que je fais.
Heureusement reste pour l'un la liberté (ou le choix) de dire ou de ne pas dire, et pour l'autre celle de lire ou ne pas lire. Avec risques et périls pour les deux.
Bref, il reste du pain sur la planche...

3. Le samedi 23 septembre 2006 à 21:08, par jcb :

Pendant que j'y pense, il me semble que l'intime pose aussi le problème de la pudeur, ce qui n'est pas la même chose. Jusqu'où peut-on aller face aux autres ? Ce qui revient à se demander et décider quelle attention ou quelle importance on leur donne, et qu'est-ce que l'on attend ou espère d'eux .
Je crois impossible de toute façon de tout dire de soi et que ce n'est qu'une illusion parmi d'autres. Exposer l'intime, avec ou sans pudeur (si c'est possible) peut alors se transformer en postures variées, allant de la provocation à l'agression, du défoulement à la thérapie personnelle. C'est tout le problème du créateur. Tout auteur peut se prendre pour Dieu.
Je n'aime pas Dieu.
J'ai besoin des autres. Je le regrette parfois, mais c'est ainsi.
Sans doute parce que je ne m'intéresse pas assez.

4. Le dimanche 24 septembre 2006 à 07:40, par jf paillard :

A propos de l'effet de dévoilement, intime ou impudique, que le mode narratif du blog pourrait avoir sur le lecteur, il y a tout de même cet élément évident d'identification qui me paraît constitutif dudit : que l'auteur du blog soit déjà connu intimement du lecteur (c'est-à-dire qu'il lui soit préalablement apparu en chair et en os, en qq sorte à portée de main, et qu'il ait tissé des liens à voix haute avec lui). Il me semble que sans cette trace mémorielle en tête - trace physique, car les rencontres de visu ne s'inaugurent jamais sans une bise ou une poignée de mains - le lecteur ressent beaucoup plus difficilement cette impudeur à violer l'intimité de l'autre; il se sent au contraire en quelque sorte chez lui, l'autre étant cet ailleurs, cette personne abstraite que l'on appelle l'auteur et qui disparaît derrière son propos, la fiction. Mais que l'auteur soit connu d'une façon ou d'une autre par le lecteur et le voici qui surgit sans crier gare, le voici qui prend immédiatement chair dans chacun de ses propos: "c'est bien lui (ou elle) ça", pense aussitôt le lecteur, transformé en voyeur, traquant malgré lui dans chaque énoncé - le plus anodin, le plus inventé - de l'autre la confirmation de l'idée qu'il se fait de lui. Je le vois bien avec mes connaissances, qui parcourent parfois mes modestes bouquins : incapables de m'abstraire des lignes qu'ils lisent, certains d'entre eux vont jusqu'à me reprocher des impudicités qu'ils ont ce faisant eux-mêmes forgées...

5. Le dimanche 24 septembre 2006 à 08:01, par jcb :

Oui, c'est vrai. j'ai ressenti plusieurs fois l'impossibilité de l'autre (quand il vous connaît " en chair ") de s'abstraire, de prendre une distance, (quand il lit par ex un de mes livres, ou regarde une de mes peintures) par rapport à ce qu'il connaît de moi, ou l'idée qu'il s'en fait.
Je pense aussi que l'autre ne peut pas tout entendre et qu'on ne peut pas lui demander une écoute ouverte et bienveillante.
C'est pour cela qu'il existe des "psy" que l'on paie pour cela. Chez le psy l'écoute est "hors limite ". On peut tout dire . On paie et on achète son écoute et son silence.

6. Le lundi 25 septembre 2006 à 02:21, par Berlol :

Merci à vous trois pour vos avis sur la question — et le temps pris à réfléchir, faire des phrases. Compte tenu de la recherche frénétique du croustillant qu'est devenu le blog surfing & fishing ces jours-ci, c'est précieux !
Je retiens bien sûr la distinction entre intimité et pudeur, l'importance de l'adresse (à qui on s'adresse, ou pas), et de connaître humainement ou non quelqu'un pour ressentir de l'intime dans ce qu'il écrit... Le temps que ça mouline dans ma petite tête... On en reparle...



Dimanche 24 septembre 2006. Le goût d'angostura des révolutions manquées.

Après travail rédactionnel du matin, grand tour en vélo avec T., par très beau temps. Habituel jusqu'à Ginza. Puis nouveaux paysages après Tsukiji et le long de la Sumida. On rentre quand ça fraîchit. Total : 18 km. Pas beaucoup, je me dis. Mais avec nos petites roues... Et puis il y a trois mois, T. ne voulait même pas s'asseoir sur une selle...

Je viens de retrouver mon livre, que je cherchais depuis un quart d'heure. Il était dans un seau de linge sale. Où je l'avais déposé pendant mon bain, quand de délassement mes yeux se fermaient.
Comme on apprécie un cocktail inconnu en voulant deviner ce qu'il contient, mon esprit vagabondait à la recherche des composants du texte devillien. Du récit, oui... de l'érudition, oui... mais aussi de la désinvolture... celle d'un narrateur à la première personne qui roule sa bosse et qui n'en est pas à ses débuts... mais qui ne veut pas trop la ramener non plus... Et puis le goût du jeu, avec sa mémoire (le narrateur) et avec le lecteur (l'auteur)... La thématique des révolutions, mais toutes manquées, alors. Et des héros tous morts... Leur mémoire à honorer, à restituer par bribes... Thèmes et méthodes à assimiler au post-exotisme volodinien ; quand j'en parlais, l'autre fois, je n'étais pas bien sûr, mais ça se précise. Oui, décidément, c'est le goût d'angostura des révolutions manquées, derrière le curaçao du récit nonchalant.

« Le nouveau président Alemán accuse certains sandinistes de s'être ainsi enrichis avant d'avoir quitté le pouvoir, d'avoir fracturé les caisses de l'État comme une piñata pour se partager le magot.
Mais nous qui ne sommes pas amnésiques, qui disposons des souvenirs du futur comme des nouvelles du passé, qui survolons l'histoire comme un champ de ruines fumantes, et disposons déjà des journaux du siècle prochain, nous savons bien que ce président Alemán, investi depuis quelques semaines, et apparemment si pointilleux, quittera le pouvoir en 2001, et qu'on découvrira quelques mois plus tard, en juin 2002, que ce somoziste aux petits pieds aura dilapidé le peu de fortune du Nicaragua en utilisant une carte de crédit frauduleuse, et sera parvenu à claquer en quatre ans plusieurs millions de dollars dans plus de trente pays en achats d'appartements et de propriétés, de bijoux, de tapis, en nuitées dans les palaces, en restaurants de luxe et en cures d'amaigrissement.»
(Patrick Deville, Pura Vida, p. 52)

« Une longue oisiveté cubaine ainsi qu'un goût purement abstrait pour la stratégie avaient fait de moi, il y a quelques années, un spécialiste d'autant plus incontesté des anciennes tentatives de débarquement sur l'île que les prytanées militaires eux-mêmes méprisent absolument le sujet — sans doute parce que peu d'épopées offrent une accumulation d'échecs aussi impropre à édifier de jeunes officiers.» (Ibid., p. 58)

Commentaires

1. Le lundi 25 septembre 2006 à 03:49, par brigetoun :

ce que j'aime dans le premier passage c'est la compression entre les deux temps. Un peu le plaisir que donne "le jardin des plantes" de Simon.



Lundi 25 septembre 2006. À bon port, ma valise d'Orléans et moi.

Avec le shinkansen, je retrouve le plaisir de l'écoute attentive de France Culture. En effet, les yeux vagabondant d'un passager à l'autre, du couloir à telle ou telle fenêtre, dans les détails du paysage, le Pacifique d'un côté, de l'autre côté le mont Fuji, sans jamais avoir à se concentrer comme ils le doivent devant un écran, une vaisselle ou pour marcher sur un trottoir. Et pourquoi pas commencer par la plus strictement littéraire des émissions de France Culture, celle qui comble le mieux mon goût de la critique réfléchie et raisonnablement disputée, c'est-à-dire Jeux d'épreuve, par exemple dans son édition d'avant-hier — dont je suis maintenant certain de vouloir lire deux des quatre livres présentés :

« C'est indiscutablement un grand livre. Accidentellement, [Christophe] Bataille nous précise à la fin qu'il a commencé ce livre en 1998 pour le finir en 2005. Sept ans d'écriture pour un livre assez bref, au fond — 1998, en fait, c'est l'année où il rentre chez Grasset, n'est-ce pas. Et en fait, ce livre est pour moi un grand tombeau de l'édition, dans le genre littéraire du tombeau. C'est un grand tombeau de l'édition dans ce sens où peut-être que ce phénomène que là Bataille nous décrit d'une manière tellement vertigineuse, ce phénomène de l'édition n'a peut-être existé que quelques décennies. Autour de quelques personnages comme ce Bernard Grasset, mais aussi Gaston Gallimard, il faudrait parler de Jacques Julliard et quelques autres... Il y a eu un moment où Paris était le centre de l'intelligence et où il y avait quelques types comme ça qui faisaient commerce, en fait, des plus belles intelligences et des plus belles sensibilités que le monde a peut-être jamais portées.
Et dans ce commerce, il y avait quelque chose de maudit. Et cette malédiction de l'édition, c'est de cela dont nous parle Bataille — ce qu'il a dû éprouver peut-être lui-même le premier jour où il est rentré chez Grasset. C'était effectivement ça, il allait devenir un vendeur, il allait faire commerce du commerce de l'intelligence. Et ça, c'est évidemment abyssal. Au fond, on pourrait dire, Grasset, c'est évidemment Bataille. Peut-être que si Christophe Bataille était entré chez Gaston Gallimard, il nous aurait offert le portrait de Gaston Gallimard, qui aurait beaucoup à faire avec les fameuses lettres de Céline à Gallimard. Oui, l'édition, c'est quelque chose entre la démiurgie, créer des mondes, et le fait d'être un maquignon, vraiment de foire, en train de palper des croupes. Et le mélange des deux est un mélange à la fois abominable et suave; Et c'est cette folie que le livre de Bataille non pas raconte, mais exprime, donne, livre, d'une manière tellement impudique et obscène que ça en devient quasiment génial, réellement, dans le style, dans la scansion, dans le rythme, etc. C'est un exorcisme ! Ce livre est un immense exorcisme et en même temps, c'est un livre à la gloire de quelque chose qui est peut-être révolu... Nous portons, n'est-ce pas, les soleils de l'édition comme des soleils révolus...»
(Jean-François Colosimo, à propos de Quartier général du bruit de Christophe Bataille, Paris : Grasset, 2006)

Et les autres interventions sur ce livre sont aussi élogieuses, ce qui est rarement le cas. Le second livre que je retiens s'intitule Courir dans les bois sans désemparer (Sylvie Aymard, Éd. Maurice Nadeau, 2006).
Arrivé à Nagoya, je vais au Bic Camera pour acheter une montre pas chère, ma Tissot s'étant encore arrêtée hier (elle est bonne pour la réparation...). David me rejoint pour déjeuner dans le quartier, nous échangeons les dernières informations sur la reprise des cours ainsi que nos impressions sur la soutenance de T., puis il me ramène à bon port, ma valise d'Orléans et moi.
Après, c'est travail de bureau et réunion de département. Puis sport, d'où je pédale pour m'évader encore vers l'Amérique centrale de Patrick Deville...

« À la consternation du général Trinidad Muñoz, qui s'apprêtait à achever les blessés légitimistes à la baïonnette, le jeune médecin en redingote noire [, William Walker,] ordonne à son chirurgien de campagne, le docteur Jones, de les soigner. Puis la troupe reprend sa marche vers l'est, et le général Walker, qui s'offre dans ses Mémoires des apartés géographiques dans le style d'Alexandre de Humboldt, consigne dans un carnet la végétation sauvage, prends le temps de décrire les plantations de cacaoyers aux feuilles velues. Il grimpe au sommet d'une colline [...]
William Walker ordonne une nouvelle fois de soigner les blessés ennemis, et cette coutume, exotique en Amérique centrale, finit par porter ses fruits : un soldat légitimiste, le musicien Acebedo, lui apprend que Granada, la capitale du président Chamorro, est quasiment sans défense, et que ses mille soldats font route à marche forcée vers le sud et Rivas qui leur semble la plus menacée.»
(Patrick Deville, Pura Vida, 104-105)

Commentaires

1. Le lundi 25 septembre 2006 à 08:43, par Thierry :

Finalement, le monde de l'édition n'est pas plus obscène que les blogs.

2. Le lundi 25 septembre 2006 à 09:41, par brigetoun :

mon écoute aurait elle été plus attentive, aurais-je retenu autre chose à propos du livre de Bataille que "pas envie de le lire" - pas sure,
mais quant à dire pourquoi.. je ne sais plus - une impression désagréable de futilité, peut-être due à mon éloignement de ce monde

3. Le mardi 26 septembre 2006 à 06:09, par dinO :

et mr berlol look: trouville, 10 ans déja
Samedi 7 octobre 2006
15h30 - Hôtel de Ville LES CHEMINS DE LA MEMOIRE Un auteur, des rencontres : dialogues croisés Alain Vircondelet.............lire la suite chez moi

4. Le mardi 26 septembre 2006 à 06:37, par Berlol :

En effet, ça a l'air très intéressant. Sauf que le 7 octobre, je n'ai hélas aucune chance de me trouver sur la Côte fleurie. Vous ne voudriez pas m'en enregistrer des bouts ? En tout cas, profitez-en bien ! Et prenez le temps de marcher longuement sur la plage...

5. Le mardi 26 septembre 2006 à 09:29, par diNo :

Je n'attends pas ce moment pour marcher sur cette plage deserte, sous la pluie je la préfère, je comprends pourquoi md l'aimait, elle a un air asiatique sous la brume. Je vous aurais bien enregistré un bout, mais j'ai rien pour le faire.............DSL, bien à vous



Mardi 26 septembre 2006. D'une position retranchée et armée...

D'une position retranchée et armée, il m'arrive de percevoir des échos du productivisme, de sentir les effluves des ravages du stress du travail, et notamment du travail mal fait. La littérature s'en est déjà (toujours) fait l'écho. Zola, bien sûr. Mais Hugo aussi. Récemment, j'en ai lu des évocations chez François Bon et chez Yves Pagès, chez Lydie Salvayre et chez Nicole Caligaris. Et beaucoup d'autres.
Il faut croire que les dirigeants ne lisent pas ces livres. C'est une faute professionnelle de leur part. On devrait les démettre de leurs fonctions car ils font mal leur travail. S'ils lisaient ces livres, ils sauraient que leurs méthodes manageuriales finiront par leur retomber sur le nez, sous forme de maladies professionnelles, de démotivations contre-productives, de grèves et de révoltes, voire un jour de révolution — mais là faut pas rêver...

La presse nationale s'en fait l'écho et, pour une fois, je l'en remercie — je pourrais même aller jusqu'à la soutenir ! Non parce qu'elle va dans le sens de mes idées, mais parce qu'il y a dans cet article un vrai travail de journalisme, un vrai questionnement, une vraie préoccupation d'informer citoyennement. Je lui donne même du Garamond. Est-ce que tout le monde affiche correctement le Garamond ?

Vite fait mal fait
Contraintes ubuesques, pressions hiérarchiques, obsession du chiffre : de plus en plus de salariés éprouvent de la honte à devoir bâcler leur travail. Une souffrance morale contre-productive.
Par Luc PEILLON
QUOTIDIEN : Lundi 25 septembre 2006 - 06:00
Antoine n'a pas changé d'entreprise. Ni même de bureau. Salarié d'une grande banque postale dans la région lilloise, il a pourtant le sentiment d'avoir totalement changé de travail. D'employé administratif, il est passé, dit-il, à « ouvrier spécialisé ».
Celui qui suivait les dossiers clients « de A à Z » fait aujourd'hui du monotravail à la chaîne : 8,5 dossiers à l'heure. Interdiction, désormais, de prendre les clients au téléphone. Antoine doit se limiter à exécuter les ordres qui arrivent du front office, une plate-forme téléphonique où une armada de téléopérateurs répondent en 3 minutes chrono aux demandes des clients. A la fin de chaque appel, Marie, préposée au combiné, doit terminer l'entretien par une proposition commerciale. Les dossiers clients sont morcelés en tâches successives, dans un travail « qui n'a plus de sens », symbole du processus d'industrialisation des services à l'œuvre depuis plusieurs années. Antoine ne comprend plus son travail. Lui qui aimait fignoler les dossiers ne tient pas la cadence.
Marie, dans la pièce d'à côté, craque. Il faut bâcler l'entretien téléphonique tout en essayant de vendre un produit bancaire, même si le client n'en a nul besoin. Les dossiers sont mal remplis, les clients mal renseignés. Les réclamations pleuvent. Et Antoine comme Marie ont le profond sentiment de faire du « mauvais boulot ».
Malaise. Aides-soignantes en sous-effectif, employés de pompes funèbres travaillant à la chaîne, téléopérateurs infantilisés, policiers et agents de préfecture soumis à la culture du chiffre (lire ci-contre), des salariés issus de métiers aussi divers ressentent aujourd'hui un malaise identique et impalpable : l'impression de mal faire son travail. Parfois jusqu'à la honte. Ce sentiment est alimenté sous des formes variées par un phénomène de plus en plus répandu : l'intensification du travail. Car, contrairement à une idée reçue et sans avoir attendu les 35 heures, le travail en France, depuis vingt ans, n'a cessé de pousser ses cadences. Les salariés français sont parmi les plus productifs du monde. Entre 1984 et 1998, la proportion de salariés estimant faire un travail répétitif est passée de 20 à 29 %, selon les chiffres du ministère de l'Emploi. Le nombre de ceux qui travaillent sous la contrainte de normes ou sont soumis à des délais a évolué, dans le même temps, de 30 à 61 %. Parallèlement, le secteur des services s'industrialise, l'appétit des actionnaires se fait toujours plus insatiable, les procédures qualité et la concurrence entre salariés se généralisent, et des hordes de consultants proposent leurs remèdes uniformes pour booster la compétitivité des entreprises.
« Le monde du travail a toujours évolué, mais ce qu'il vit aujourd'hui en France est unique et dangereux. Dangereux pour la santé des salariés comme pour la survie des entreprises, explique François Daniellou, professeur en ergonomie à l'université Bordeaux-II. Il n'y a jamais eu autant de démarches qualité, et jamais autant de salariés n'ont eu le sentiment de faire du mauvais travail.» L'intensification, poursuit le chercheur, n'est pas seulement « une atteinte faite aux personnes, c'est bien souvent une négation de l'idée même de travail, de ce que peut signifier le travail bien fait. C'est se faire de plus en plus mal à produire quelque chose dont on est de moins en moins fier. Et, dans certains cas, dont on a franchement honte».
Consultants. Laurence Théry, inspectrice du travail et responsable confédérale CFDT à la santé, a dirigé l'ouvrage le Travail intenable (1) . Pour elle, « travailler n'est pas qu'une question d'argent. C'est aussi et surtout une nécessité pour l'équilibre humain, notamment par la satisfaction du travail bien fait : réaliser une belle pièce, boucler correctement un dossier client, s'occuper pleinement d'une personne âgée. Quand le salarié estime ne plus pouvoir faire un travail de qualité, il le vit comme une indignité personnelle ».
Dans les services, la taylorisation des procédures a standardisé une relation client à l'origine personnalisée. Pris entre deux feux contradictoires, les salariés de ce secteur doivent donner une réponse minutée à un public divers et demandeur d'un suivi individualisé. Plus largement, les certifications qualité qui envahissent les entreprises figent des méthodes de travail sans rapport avec la réalité du terrain. « On écrit ce qu'il faut faire, on fait ce qui est écrit et on écrit ce que l'on a fait. Le problème, c'est que le travail ne se laisse pas écrire comme ça. Si les travailleurs se limitaient à faire exactement ce qu'il y a dans les classeurs, la production ne sortirait pas souvent, explique François Daniellou. Les travailleurs veulent faire de la qualité, mais il faut que l'on écoute leurs difficultés. Les matières premières qui varient d'un jour à l'autre, les outils qui s'usent, les machines qui prennent du jeu, les changements de production en urgence parce qu'un client a haussé le ton.» De nouvelles manières de faire sont même parfois inventées, qui économisent les efforts et feraient gagner de l'argent à l'entreprise. « Mais on ne change rien, car la prochaine certification est dans deux ans. Si un audit surprise intervient, la certification risque de sauter.» De leur côté, les cabinets de consultants reproduisent des schémas identiques pour toutes les entreprises, de façon parfois improductive, en « plaquant indifféremment les mêmes méthodes à Fleury Michon ou à la Maif », souligne Laurence Théry. Découper du jambon ou assurer les sociétaires passe ainsi à la même moulinette de la réorganisation.
L'intensification qui alimente le travail « mal fait » résulte aussi de la mise en concurrence des salariés eux-mêmes, par des systèmes d'évaluation ubuesques qui soumettent les employés à des objectifs intenables et irréels. Comme dans cette banque où les résultats de chacun sont régulièrement comparés aux meilleurs résultats de salariés virtuels, obtenus en fusionnant cinq critères d'excellence qu'aucun salarié ne remplit en totalité dans la vie réelle. « C'est en permanence une image d'échec qui est renvoyée aux agents, puisqu'ils ont toutes les probabilités de ne pas être en tête au moins sur l'un des critères, analyse Bernard Dugué, docteur en sociologie à Bordeaux-II. Atteindre les objectifs n'est d'ailleurs pas suffisant, il faut créer les conditions pour que les salariés fassent eux-mêmes plus que ce qu'on leur demande. On utilise la rhétorique du sport et, à grand renfort de challenges, il va s'agir de vaincre, d'être parmi les meilleurs, voire d'écraser les concurrents.»
Une logique de l'excellence dénoncée par Vincent de Gaulejac, professeur de sociologie à Paris-VII et auteur de la Société malade de la gestion (2), qui considère que « ce n'est pas le travail lui-même qui suscite la honte, mais le fait de ne pas remplir les objectifs fixés, dans un cadre d'évaluation déconnecté de la réalité du terrain, de ce que les salariés estiment être un travail bien fait ».
Tendinites. Les conséquences de ce sentiment de mal faire son travail sont multiples. Notamment sur les collectifs professionnels. « Quand il est impossible de faire du bon travail, de soulager celui du collègue, c'est du chacun pour soi, note François Daniellou. L'infirmière qui n'a pas le temps de se laver les mains entre deux patients ne va pas le montrer à la stagiaire. Se rendre compte que le métier fout le camp, c'est très dur à se dire à soi-même et encore plus à partager avec les collègues.» Comme la malbouffe, le « mal-boulot » nuit à la santé. Les salariés se taisent, se renferment et développent un sentiment de honte. Les problèmes physiques et psychologiques arrivent ensuite : dépression, sentiment de harcèlement, troubles musculo-squelettiques en plein développement (tendinites, etc.). Selon les chercheurs, la question « Avez-vous les moyens de faire un travail de qualité ? » est celle qui permet le mieux de prévoir les atteintes portées à la santé.
« Quête illusoire ». Revaloriser le travail, ce n'est finalement pas travailler plus. C'est peut-être, tout simplement, travailler mieux, « en supprimant cette quête illusoire de l'idéal productiviste, ce management par l'excellence et la qualité totale, impossibles à atteindre et qui donnent le sentiment aux salariés d'être nuls », estime Vincent de Gaulejac. C'est aussi comprendre que le travail est le lieu de la réalisation personnelle, une activité humaine qui peut être source de plaisir, en redonnant au salarié ses marges de manoeuvre décisionnelles. Car avoir honte de son travail, c'est en souffrir et devenir moins productif. Du fraiseur au cadre supérieur.

(1) Le Travail intenable, sous la direction de Laurence Théry, la Découverte, 2006, 236 pp., 19 €.
(2) La Société malade de la gestion, Vincent de Gaulejac, Seuil, 2005, 276 pp., 19


D'une position retranchée et armée... Qu'est-ce que ça veut dire ?
Ça veut dire que depuis mon premier petit boulot, il y aura bientôt trente ans, un erratique parcours (guichetier, vendeur, pompiste, etc.) m'a permis de me faire une idée assez précise de ce qu'on attendait de moi sur le marché du travail normal, c'est-à-dire si, sortant de l'université, j'étais allé m'employer dans une (des) entreprise(s) du secteur tertiaire à tendance plus ou moins culturelle et/ou administrative, voire commerciale. C'est un constat, pas du dénigrement. J'ai aussi admiré des personnes cultivées et critiques, jusqu'à la licence ou la maîtrise, devenir après quelques mois d'embauche moutons modèles, comme lobotomisées par le stress et les perspectives de carrière...
Ai-je suivi la pente de la facilité en allant vers l'enseignement universitaire ? Le Japon a-t-il été la chance de ma vie ? Rien n'est sûr, mais j'ai par corrections successives pu trouver un lieu géographique, professionnel et intellectuel d'où je peux être en guerre contre le libéralisme,, le productivisme bobo et les langues de putes de bois — et le dire.

« Si je vais demain chercher un travail, effectivement, je pense que j'ferai ma fayotte...» (Diam's discutant sur le langage, à la première de Ce soir ou Jamais, nouvelle émission culturelle de France 3).

Commentaires

1. Le mardi 26 septembre 2006 à 09:55, par cgat :

deux bémols (si je puis me permettre) :
1. le devenir « mouton modèle » est hélas aussi la pente naturelle (et la solution de confort) pour un certain nombre d’individus passé l’adolescence
2. je suppose que lorsqu’on enseigne à l’étranger c’est un peu différent, mais si je n’ai pas pour ma part (et alors que c’était le destin tracé par mes études) rejoint les rangs des universitaires, c’est en partie pour ne pas devoir justement « faire ma fayotte » : dans les universités françaises, courber l’échine et rendre les services appropriés au mandarin approprié est encore trop souvent de rigueur

2. Le mardi 26 septembre 2006 à 12:17, par brigetoun :

c'est ce qui fait que j'ai toujours un remords quand je réponds "non merci je vais devoir raccrocher" à une voix manifestement chargée de démarcher, sans lui laisser le temps d'énoncer la raison de l'appel - que je n'ai trouvé qu'un moyen de résister à la tentative d'automatiser mon métier de service (pour les déclarations de revenus immobiliers ou pour les courriers que je ne voulais pas répétitifs) qui était de prendre sur mon temps libre jusqu'à devenir trois mois par an un robot marchant dans la ville par habitude d'un point de travail à un autre avec la satisfaction du boulot humble, inintéressant mais bien fait - avec un effondrement physique à la fin. Et ma presque fille se défoule par courriel le soir

3. Le mercredi 27 septembre 2006 à 00:37, par Manu :

L'ancien patron d'Enron vient d'être condamné à de la prison ferme. C'est en grande partie à cause de ce scandale que de nombreuses procédures et standardisations ont été mises en place.
Cela a considérablement changé de nombreux métiers de l'informatique entre autres...
Si on tape Enron Sarbox dans Google, on voit que les résultats sont mitigés...



Mercredi 27 septembre 2006. Des écrans et la cause.

Quand je parlais, il y a un an et demi, de la future et lointaine sortie du film Indigènes, j'étais loin d'imaginer d'abord qu'il aurait un tel succès à Cannes, qu'il ferait maintenant la une des journaux et des télés, que les politiques s'en empareraient (pour de la poudre aux yeux ou pour une véritable revalorisation ?) et qu'il susciterait autant de débats polémiques... J'espère surtout qu'il marchera bien en salles, tout simplement, suis-je tenté de dire.
La présence d'un ancien combattant et de deux acteurs du film au 20-heures de France 2 hier soir m'ont ému et amusé ; je n'aurais pas voulu manquer ce moment-là — qui était pour moi celui du petit déjeuner.
Mais ce n'est pas tout ! Passons à Ce soir ou Jamais — que je regarde en dînant. Grosse surprise : faire fort une première fois, comme lundi (lien direct vers la vidéo), c'est exceptionnel, mais faire aussi fort dès le lendemain, pour de la télévision, c'est miraculeux ! Dans cette deuxième émission, on a d'abord eu droit à un débat sur le cinéma et les séries télé, gentiment chahuté par des metteurs en scène qui semblaient tout droit sortir du Mazarin un jeudi, mais quand même intéressant. Puis une interview d'Amélie Nothomb (qui a de très belles reparties et l'intelligence de considérer la Princesse de Clèves comme un grand livre érotique) et un entretien poétique et républicain avec Abd Al Malik, avant d'en arriver au débat final sur... Indigènes, avec réalisateur, acteurs et quelques autres intervenants — où l'on essaie de départir le film en tant qu'œuvre à projeter sur des écrans et la cause qui va faire son chemin dans la société, là encore de façon vive et constructive. Il faudra quand même attendre la fin pour qu'Anna Moï rappelle l'étymologie du mot indigène, qui veut qu'un étranger s'adressant à des Français en France parle à... des indigènes.

Malheureusement, je ne verrai pas le film tout de suite mais je devrai subir tout son bruit médiatique... ce qui pourrait gâcher mon futur plaisir. Bah..., il ne faut pas s'en faire, et puis il y a tellement de livres à lire. Ce que je n'ai même pas le temps de faire : les jours de reprise des cours sont assez chargés. Surtout quand il y a en sus une réunion, comme c'est le cas aujourd'hui. Alors je me contente de quelques blogs... 
Darrieussecq, dans Télérama, avouant que Duras était le premier auteur vivant qu'elle ait lu, puis la dénigrant pour valoriser son propre « métier » d'écrivain — ce qui doit être indiciel de ce pourquoi je n'apprécie pas ses livres. Pour effacer cette bêtise, commande d'un livre sur Échenoz, annoncé sur Fabula et qui a l'air passionnant. Début de téléchargement des œuvres de Daniel Defoe, je me dis que j'arriverai bien à en lire une ou deux avant d'être à la retraite...

Enfin, je renonce à aller au sport. Il vaut mieux me reposer en prévision de demain et aller retrouver le plaisir d'ouvrir un livre au lit... (L'internet ne me fait pas oublier ça.)

Commentaires

1. Le mercredi 27 septembre 2006 à 12:00, par caroline :

Darrieusecq dénigre Duras ? Ca fait mal... Quant à télérama, nouvelle formule ou pas, c'est pas pour moi.

2. Le mercredi 27 septembre 2006 à 15:11, par brigetoun :

l'histoire d'Indigènes il se trouve que je suis familialement assez bien placée pour la connaître, mais si le coté un peu cabotin de Djamel Debouze peut faire passer, outre la revalorisation, le fait qu'il s'agit de français à partir du moment où ils en décident ainsi.. Ce que je retiens de cette émission ce sont les textes de Abd al Malik, surtout le premier, assez remarquables

3. Le mercredi 27 septembre 2006 à 15:34, par cgat :

quant on lit ses propos md ne dénigre absolument pas md : elle affirme simplement se sentir plus proche de sarraute ou ernaux et avoue (avec un peu de regret il me semble) être "moins folle" que duras
quant à taddeï, même si une quotidienne culturelle est une bonne chose, je trouve qu'"exceptionnel" et "miraculeux" sont des qualificatifs un peu excessifs

4. Le mercredi 27 septembre 2006 à 16:22, par Berlol :

Oui, avec "exceptionnel" et "miraculeux", j'ai bien conscience d'être allé dans l'hyperbole, mais c'est celle de quelqu'un qui n'a vu évoluer la télé française que de loin et avec peu de sympathie pour tous ces nouveaux présentateurs et nouvelles présentatrices (hormis Yves Calvi que j'ai dit apprécier), les anciens itou d'ailleurs (Ardisson et Durand, mon dieu...). À chaque passage en France, j'essaie de voir un peu comment ça change, le PAF, et je n'ai presque que des mauvaises surprises. Alors, pour une fois ! Que les métropolitains me pardonnent... Et puis, on verra sur la durée...
En revanche, pour MD par MD, il y a bien dénigrement. Moi, je vais te dire qu'adolescent j'ai beaucoup aimé "E=Mc², mon amour" de Patrick Cauvin, c'était le premier auteur vivant que je lisais, mais que bon, ensuite, j'ai découvert autre chose (i.e. la vraie littérature), par exemple Sarraute et Claude Simon et qu'à partir de là j'ai su ce que je voulais et que maintenant j'ai une belle vie bien calée... Si je dis cela, il n'y a pas un tout petit peu de dénigrement envers Cauvin... Voilà, Darrieussecq n'emploie pas directement de "mots" pour dénigrer Duras mais le mouvement de son texte est bien celui-ci.

5. Le mercredi 27 septembre 2006 à 16:25, par Berlol :

Le deuxième texte d'Abd Al Malik commençait par un couplet de "chez ces gens-là", puis brodait en récupérant quelques bouts de "Jef", donc hommage à Brel, au passage. Une belle performance, qui plus est en direct !

6. Le jeudi 28 septembre 2006 à 01:50, par cgat :

je persiste à trouver que tu déformes un peu le propos de marie darrieussecq : ce que moi je lis (et ressens) c'est que le modèle duras (totem, dit-elle) est pour une femme écrivain très lourd à porter (en partie d'ailleurs pour des raisons extérieures à l'écriture) : je trouve plutôt honnête de la part de darrieussecq d'avouer qu'elle ne parvient pas à brûler toute sa vie sur l'autel de l'écriture ; il y a tant d'écrivains qui affichent en la matière des postures qui justement ne sont que des postures



Jeudi 28 septembre 2006. Recette de comment faire deux journées en une.

Levez-vous à 6h30 pour vous préparer à donner trois cours.
Après le premier, profitez d'un trou d'une heure avant le déjeuner pour préparer votre planning semestriel.
Allez déjeuner d'un plateau repas de matsutake gohan (de saison) avec quatre collègues sympathiques et volubiles.
Enchaînez sans veste sur le cours de lecture & prononciation sinon ce sera auréoles sous les bras parce que pour animer la grosse vingtaine d'étudiants et leur faire discriminer les « r » des « l » et réciproquement il faut se transformer en comédien de foire.
Finissez par un séminaire de cinéma avec visionnage d'une moitié de Tanguy.

Prenez votre petite valise à roulette et acheminez-vous vers la gare où vous prendrez un shinkansen tranquille dans lequel vous lirez la moitié d'Aimer la grammaire de Pierre Bergounioux avant de faire un petit somme bien mérité.
Foncez directement à l'Institut franco-japonais où votre ami Jean Maiffredy fait une conférence impertinente sur la francophonie — c'est d'ailleurs pour ça que votre seconde journée est entée sur la première.
Écoutez ensuite quelques autres acteurs historiques du Congrès mondial de la FIPF de 1996 (où vous étiez aussi) commémorer encore ce dixième anniversaire, notamment Miura Nobutaka et Kato Haruhisa.
Soyez agréablement étonné d'un propos d'une grande justesse du directeur de l'Institut, Bruno Asseray, que vous n'aviez à votre honte jamais entendu s'exprimer depuis un an qu'il est en poste (au sujet de la caducité des concours d'une éloquence apprise par cœur, que remplaceraient judicieusement des improvisations d'argumentation).
Alors que vous croyiez passer la soirée tranquille avec T., votre ami et sa compagne, consentez à suivre la petite troupe d'une invitation officielle dans une izakaya de Kagurazaka (où vous mangerez et boirez très bien, finalement, rien à redire, même T. discutera franchement avec son voisin de table et en sera très contente).

Quand vers 23 heures la petite troupe pas du tout pénible comme vous l'aviez craint (misanthrope que vous êtes parfois !) consentira à se diriger vers les transports en commun, allez finir à quatre comme vous l'escomptiez depuis tout à l'heure dans un endroit tranquille pour vous narrer tout ce qui s'est passé dans vos vies depuis trois ou quatre ans que vous ne vous étiez pas vus (en l'occurrence au Royal Host devant un mont-blanc de saison et pas trop sucré).
Enfin, vers minuit et demi, fixez rendez-vous à demain (tout à l'heure) et rentrez. Démarrez votre ordinateur. Écrivez en une heure chrono votre recette de comment faire deux journées en une.
Et quand le tour est joué, mettez la viande dans le torchon, comme on disait dans...

Commentaires

1. Le jeudi 28 septembre 2006 à 10:49, par une passante :

la vie est un long fleuve tranquille

2. Le jeudi 28 septembre 2006 à 14:43, par brigetoun :

dormez bien - ça a l'air assez formidable l'Institut

3. Le jeudi 28 septembre 2006 à 14:53, par UNE AUTRE PASSANTE :

Mais non : la vie est un long barrage tranquille. Il est pourtant connu ce film de Marguerite... Non, vous ne l'avez jamais vu ?

4. Le jeudi 28 septembre 2006 à 16:16, par Berlol :

Gagné, la passante ! (Car qui aime bien, Chatiliez bien !)

5. Le vendredi 29 septembre 2006 à 06:01, par brigetoun :

zut moi qui arrivais lourde et sérieuse pour dire que j'aurais aimé vos cours et que je me sens mixte d'antitechno et de casseur



Vendredi 29 septembre 2006. Vite dans le débat troll et stérile.

« Pour entrer dans le soir, je vous invite à lire mes textes comme formant une seule et même tentative, celle de situer, sur chaque face des œuvres ou des problèmes étudiés, la brisure symbolique entre l’élément plastique et l’élément graphique de la pensée. Je cherche en effet à lier la question de la structure différentielle de la forme et, à l'inverse, celle de la structure formelle de la différence à l'énigme du rapport entre figure et écriture. Je tente de comprendre, avec toute la constance dont je suis capable, les relations de transformation entre les deux et la raison pour laquelle le dialogue entre forme et écriture s'impose justement comme une structure (Catherine Malabou, , La Plasticité au soir de l’écriture / Dialectique, destruction, déconstruction, Paris : Éditions Léo Scheer, 2005, p. 16)

Quand j'ai lu ça, je n'y croyais pas. Je me suis frotté les yeux. J'ai relu, plusieurs fois (faites-le aussi, vous verrez). J'étais posté devant le grand Laox d'Akihabara, j'attendais Jean et Masako pour acheter quelques babioles électroniques, et ce que je lisais était en train de me transpercer de part en part de sa justesse, de m'éclairer de l'intérieur sur mon propre questionnement mieux que ne le faisait le soleil caressant de la fin septembre. Des foules traversaient l'avenue, puis cédaient la place perpendiculairement aux voitures qui à leur tour...

J'ai vécu le reste de la journée dans la tranquillité de cette révélation. Jean a choisi un I-River d'un giga de mémoire et équipé d'un micro (j'ai vu d'ailleurs ce que je pourrai bientôt ramener à Cécile). Nous avons rejoint T. au Saint-Martin où il n'y avait plus de poulet-frites mais du très consolant gigot d'agneau. Un voyage en Grèce s'est esquissé pour l'année prochaine (Jean travaille à Athènes, où il retourne demain), ce qui a atténué la tristesse de se quitter quelques instants plus tard. Puis je suis revenu à la maison et me suis enfermé pour travailler.

J'en suis sorti pour dîner et regarder l'émission Ce soir ou Jamais d'hier soir. Fred Vargas était là, un peu décevante, pour parler de Battisti et non de littérature — elle voudrait surtout que cette affaire finisse pour ne plus avoir à s'instrumentaliser elle-même. Amusement (non moqueur) ensuite des débats sur Emmanuelle, film qui a plus de trente ans... Sylvia Kristel, Just Jaeckin, Jean-Pierre Mocky, Catherine Breillat sont là, tentent d'en parler, de ce qui s'est passé (ou pas) depuis, mais on retombe vite dans le débat troll et stérile de la différence entre érotisme et pornographie. Alors je salue à la Dubuffet et je retourne à Malabou.

Commentaires

1. Le vendredi 29 septembre 2006 à 08:53, par Dom :

Derrida et Malabou, c'est l'histoire qui se répète en farce. Ohimè !

2. Le vendredi 29 septembre 2006 à 23:41, par caroline :

Alerte à Malabou !

3. Le samedi 30 septembre 2006 à 01:58, par brigetoun :

je tourne autour de ces phrases - et mon esprit fatigué est séduit mais non pas éclairé par une révélation comme le votre, c'est comme une coquille dans laquelle je ne peux pas entrer - sauf à leur trouver une parenté avec Dubuffet ou est ce l'allusion à ce dernier qui me ferme l'accès ?

4. Le samedi 30 septembre 2006 à 04:16, par cgat :

j'aime beaucoup la façon dont Catherine Malabou mêle dans ses livres des disciplines très diverses et j'ai trouvé très belle son idée de "soir de l'écriture" (temps de mélancolie et de métamorphose)
je conseille aussi "Que faire de notre cerveau?" (Bayard, 2004) où elle s'intéresse à ce que les sciences du cerveau ont à dire sur la notion de plasticité

5. Le samedi 30 septembre 2006 à 04:58, par vinteix :

Je ne suis pas non plus vraiment pénétré par "le miracle" de ces phrases de C.Malabou... Au passage, la lecture de Derrida me semble plus "simple", plus claire. Quel est ce "dialogue entre forme et écriture" ? Il semberait (?) qu'on en revienne à une manière de penser assez structuraliste... mais peut-être me trompe-je. Je dis ceci très vite, m'appuyant seulement sur deux ou trois phrases, et cela demanderait encore réflexion...
Peut-être songeais-tu, Berlol, en lisant ces phrases à ta propre pratique de l'écriture littéRéticulaire ? à cette "forme" ou "figure" particulière que constitue l'écriture d'un blog ? J'aimerais bien que tu nous éclaires en retour sur ta propre illumination d'hier ? Pour un peu, on te verrait presque en Claudel sous les voûtes de Notre-Dame ! Hi ! hi !
Par contre, "le soir de l'écriture" me semble aussi très beau et propice à pas mal de méditations...

6. Le samedi 30 septembre 2006 à 05:10, par le consul :

le propre des revelations c est quelles sont personnelles... ensuite on essaye de convertir les autres, ceux qui n ont pas ete eclaires...



Samedi 30 septembre 2006. On ne fera pas que ça n'en sera plus.

Tiens ! De nouveaux Mocky arrivent en dévédé ! J'espère que l'Institut va en mettre quelques-uns de plus dans ses rayonnages (il n'y en a eu que 5 ou 6, que j'ai vus dès leur apparition, l'an dernier, et puis plus rien...).

Daniel Schneidermann dit un peu comme moi, dans ses « Rebonds » de Libé. Ça me fait de la peine que quelqu'un répète ce que j'ai déjà dit... (Je plaisante, là : au contraire, ça me conforte dans l'idée que ce que j'ai vu cette semaine dans l'émission Ce soir ou Jamais est en effet un nouveau ton, ou l'abandon d'outrances qu'Ardisson incarnait. En revanche, DS aurait pu écrire qu'il y avait un site web, rediffusion et forum... Lui qui est devenu totally wired, c'eut été la moindre des choses.)

À Waseda en vélo, beau temps, frais mais vite lourd. Pas se plaindre. Laurent est arrivé, on s'est inscrit au colloque Borderless Beckett. Conférence d'Évelyne Grossman, À la limite..., c'est son titre. Connaissant un peu Beckett, j'aurais pu à la limite ne pas venir. J'en retiens tout de même — et je ne serais donc pas venu pour rien — que pour Beckett le temps ne passe pas, il s'entasse dans l'être, que l'être n'est pas fait de matière prise (issue de poussière et prête à y retourner) mais d'infiniment de particules prises dans de minuscules glissements, subreptices, sournois, comme si c'était interdit...
Et sur une table, le volume Beckett de l'ADPF, dû à Bruno Clément et François Noudelmann, gracieusement offert (comme il se doit, alors que la Docu le vendait scandaleusement 20 euros !).
Déjeuner avec Laurent et notre collègue de Waseda, Fumio Chiba. Où il est question aussi d'Antoine Volodine et de qui serait qualifié pour le traduire...

À l'occasion d'un rangement nécessité par le nettoyage professionnel du climatiseur, T. propose de changer tous les meubles de place, peu ou prou, dans notre salon salle à manger bureau. Deux heures plus tard, la forme de la pièce a complètement changé, mon poste de travail a traversé la pièce et je suis maintenant face à la porte-fenêtre, dans le chant des dernières cigales de l'été mourant.

Il y a des formes, celles des choses qui nous entourent, par exemple. Une pomme, une poire. Leur différence, en tant que formes, c'est... leur forme ! Ou leur apparence plastique (volume, espaces, contours, couleurs, etc.). Nous structurons notre connaissance du monde des formes en mémorisant nos rencontres avec elles, puis y associons d'autres choses, personnelles et/ou au contraire familiales, sociales, culturelles (pomme avec Adam ou Newton, poire avec crétin ou belle Hélène...). Donc structures plastiques, OK ?
Par ailleurs, il y a des signes arbitraires que nous avons créés, qui ne correspondent pas à des formes naturelles mais que nous avons chargés de représenter ou de signifier des choses par convention (et qu'il faut apprendre à l'école ou ailleurs) : les lettres p-i-e-d ne dessinent pas un pied (ni les lettres j-o-u-i-r l'idée de jouir). Il y a donc une (des) structure(s) graphique(s), et ça, partout dans le monde, y compris en Chine et en Égypte où il y a peut-être eu d'abord des formes d'objets dessinées pour signifier mais très rapidement simplifiées, stylisées, mêlées de signes arbitraires. Donc structures graphiques, OK ?
Et comment ça se passe entre ces deux types de structures ? Indépendance, parallélisme, rien à voir, ou au contraire entrelacs permanent, allers-retours productifs de sens depuis des millénaires ? Quoi qu'il en soit, il y a et aura toujours une différence entre les deux. Et donc, toujours, pour chaque chose, deux faces, la graphique et la plastique, symboliquement séparées par l'indicibilité du rapport entre elles. Et depuis longtemps, des générations, ces passages dans nos sens, perceptions, discours, vies d'une face à l'autre construisent une part importante de nos sociétés et de nos destins humains, donc structures de structures, celles que Catherine Malabou, avec toute la constance dont elle est capable, parce qu'il en faut, tente de comprendre.
C'est en tout cas une bonne partie de ce que j'ai compris, personnellement. Et l'illumination (c'est une lumière intellectuelle et non religieuse) vient du fait de dire cela clairement. De me dire cela clairement, maintenant, en un temps, oui Vinteix, où je m'interroge sur ce que forme et construit ce journal de bientôt trois ans, expérience que je mène pour la première fois de ma vie et qui en change le sens et le cours (comme d'autres choses en changent chaque jour le sens et le cours).

Or, comme nous avons un jour été au soir de vivre dans les arbres, ou au soir de faire des sacrifices humains, nous sommes maintenant au soir de l'écriture, sous la forme de l'écriture qui a été connue pendant quelques dizaines de siècles, simplement parce que l'emploi électrifié de 1 et de 0 dans des circuits propulse l'espèce humaine vers un autre matin (après peut-être une nuit de métamorphose qui ne s'annonce pas très gaie). Bien sûr, l'écriture que nous connaissons durera encore quelques dizaines ou centaines d'années, mais elle fera place à des formes de communication et de discours qui se passeront d'elle, de plus en plus.

On pourra toujours appeler ça écriture, si on veut — comme je dis écrire quand je tape sur mon clavier, ce qui est déjà une métaphore depuis vingt ans pour moi, comme des cinéastes, Mocky, pourquoi pas, peut dire écrire quand il filme — mais, de génération en génération, on ne fera pas que ça n'en sera plus #$%~¤_____ ___ __ _ erreur système _ hors service _ mode sauvegarde autom...

Commentaires

1. Le samedi 30 septembre 2006 à 09:31, par vinteix :

je comprends mieux... tout simplement vieux débat du cratylisme.

2. Le samedi 30 septembre 2006 à 09:42, par Berlol :

Tout simplement, dis-tu ! Ah, quel homme, décidément ! Cassez-vous le c... à conceptualiser ! Et l'autre arrive avec ses gros sabots, sauf vot' respect, hein, Vinteix, « tout simplement vieux débat du cratylisme », non mais je rêve... (et comme si je n'y avais pas pensé, ni Catherine Malabou ! Et après, une fois que tu as dit ça, on fait quoi ?)
Ceci dit, après le coup que tu nous as fait l'autre semaine, je commence à douter de ta lecture...

3. Le samedi 30 septembre 2006 à 10:25, par vinteix :

...mais un danger me semble de réduire les "formes" à la plastique, au visuel ; écrire n'est pas voir (Blanchot a écrit là-dessus des pages essentielles sur l'exigence optique de la lumière dans la tradition occidentale), sinon on en revient à la métaphore optique et au dualisme platonicien de l'expérience spéculaire (l'idée et son reflet sensible), et même s'il y a en effet ce hiatus pérenne et problématique entre les mots et les choses - ce qui reste une aporie, sauf à se lancer dans des paris délirants de sens comme J.P.Brisset -, le problème en littérature (écriture) me semble moins celui d'une adéquation entre les choses-formes et les mots-l'écriture-le graphique que celui d'un "langage vrai", au sens par exemple de Kafka, soupçon à l'égard du langage qui, certes, prend en compte cette (in)adéquation problématique entre les figures et leur graphie, mais, de toute façon, il apparaît quand même que le langage est une donnée biologique et dans le travail d'écriture un travail, une interrogation du langage sur lui-même... mais prend aussi en compte, autant que les "formes" plastiques, tout ce qui relève des sentiments, de la pensée, de "l'expérience intérieure"... au-delà du clivage entre visible et invisible. Ce clivage là est intéressant mais reste aporétique, posé et interrogé depuis Platon... cependant, en dehors de ces "formes", notre expérience, perception et connaissance du monde prend en compte plein d'autres choses (pour le dire vite et trivialement) ou percepts ou affects qui n'ont rien à voir avec les formes plastiques, même par rapport aux objets, que tu prenais pour exemple, par exemple l'odeur, l'ouie... et les sentiments que chacun peut y associer. Plus généralement, à vouloir structurer duellement - encore un autre problème pérenne (de logique) philosophique, que des gens comme Lupasco ont pourtant enterré - les problèmes, je trouve qu'on obscurcit davantage qu'on éclaire.
Ceci dit, quelle est donc "cette obscure clarté qui tombe des étoiles" ?

4. Le samedi 30 septembre 2006 à 10:32, par vinteix :

Quand je disais "tout simplement", je voulais dire "tout simplement" que la formulation de C.Malabou, pour autant ce que tu en citais, n'apportaient pas grand chose à un débat qui prend racine à l'aube de l'histoire de la philosophie. Décidément, Héraclite me parle et m'éclaire, et m'émeut de surcroît, bien davantage que ces vieux clivages platoniciens. Quel homme ? Ai-je l'air d'un dinosaure en disant cela...
Au passage, merci de revenir sur "le coup de l'autre semaine". Je croyais pourtant que d'un commun accord, l'affaire avait été relativement calmée et "enterrée" entre nous... Je vois qu'il reste en effet certaines crispations... dommage... Je reprécise néanmoins que les quiproquos n'étaient pas de mon seul fait, comme il en va des quiproquos...

5. Le samedi 30 septembre 2006 à 10:36, par vinteix :

Je crois bien qu'il s'agissait de mes derniers commentaires sur quelque blog que ce soit d'ailleurs ce soir, mais en réalité le tien est quasiment le seul que je lis régulièrement et où je m'exprime de temps à autre... Comme je le pensais d'ailleurs depuis un bon moment, cet espace (le blog en général) me semble trop vicié, pour tout un tas de raisons que j'ai d'ailleurs eu déjà l'occasion de dire en quelques mots ici-même... pour le dire vite, encore une fois, pardon.
Salve.

6. Le samedi 30 septembre 2006 à 10:39, par Berlol :

Bon, ça me va mieux ! Pas beaucoup de temps, pardon, je suis en train d'écrire autre chose... Vois quand même que chez Malabou, ces concepts ne sont pas à prendre au pied de la lettre comme tu le fais, je crois (en parlant de structuralisme, notamment), mais comme métaphores (de choses qui n'ont peut-être pas encore de nom, donc catachrèses). L'aspect "plastique" est une métaphore qu'exprime plus largement, CGAT avait raison de le rappeler, le concept de "plasticité" que Malabou développe (et qui inclut les affects et tout ce qui n'est pas purement visuel, évidemment). Il s'agit "d'entrevoir" l'avenir de l'homme, d'anticiper sa transformation, et pas de revenir sur de vieilles lunes déjà dégonflées. Merci du temps que tu as passé à revenir là-dessus. Sinon, côté crispation, je vois que tu en fais une belle sur Derrida et ses continuateurs...

7. Le samedi 30 septembre 2006 à 10:46, par Berlol :

Et je ne suis pas en train de te faire un procès. On discute, c'est tout. D'où vient que tout dissensus est interprété comme cri et haine, et qu'on se vexe pour trois fois rien. Arrêtons avec cela, nous sommes plus forts que ça, tout de même. Des rhèteurs, non ? (pas bretteurs, quand même) Ou alors, ça veut dire que le politiquement correct est partout, même intégré en nous !

8. Le samedi 30 septembre 2006 à 11:44, par vinteix :

Ok, mais tu as comme moi le souci des mots, et je trouvais quand même que certaines formulations - "Ah, quel homme, décidément ! Cassez-vous le c... à conceptualiser ! Et l'autre arrive avec ses gros sabots, sauf vot' respect (...) Ceci dit, après le coup que tu nous as fait l'autre semaine, je commence à douter de ta lecture..." - étaient quand même plutôt piquantes... Ce n'est pas la question du dissensus en soi, qui est plutôt bienvenu. Quant au "coup de l'autre semaine", comme je te l'ai déjà dit, je croyais m'être suffisamment excusé et expliqué là-dessus, même si en même temps les quiproquos étaient réciproques, comme il se doit... alors je ne vois pas vraiment l'intérêt de ressortir cela ce soir...
Pour les continuateurs, de Derrida ou autre, ils me séduisent rarement, en effet... que faire ? L'idée d'ailleurs de continuer en matière d'écriture ou de pensée ne me plaît guère... n'est-ce pas mieux d'inventer ? certes pas facile.
Quant à ma question de départ, surgie de l'alerte à Malabou, l'intérêt me semblait justement dans une probable répercussion de ces propos sur ta propre pensée de l'écriture du blog, car reposer le problème antique tel que ces trois phrases en tout cas le formulaient ne me semblait pas apporter grande eau au moulin... Disant cela, je suis bien conscient - surtout s'agisssant de telles phrases abstraites et isolées - qu'il peut être dangereux de penser et de se faire une opinion à partir de minces citations dont on ignore le contexte... mais tu proposais malgré tout de donner à penser à partir de cela.
Quant au blog en général, ma décision, pour l'instant encore un peu hésitante, dépasse largement le cadre de ce seul blog et prend racine dans ma petite expérience et une réflexion sur cet espace ou forme qui me semble trop vicié ou périlleux... comme je te l'ai déjà dit.

9. Le samedi 30 septembre 2006 à 13:03, par brigetoun :

et me voilà dépassée totalement une fois de plus, par mon manque de culture, et plutôt par le fait que je suis restée bloquée sur mon refus instinctif de ce que j'ai pris pour l'annonce de la fin de l'écriture. Cela n'a rien à voir avec le blog, qui peut dans les cas qui semblent vous retenir véhiculer de la pensée.
Je crois qu'il y aura toujours de l'écriture parce qu'elle ne se borne pas à la plasticité, à la codification de l'expression d'une chose ou de ce qui en dérive, mais qu'elle est un geste qui prend en effet une forme réglementée pour être comprise mais qui est en même temps une expression en elle-même qui peut déboucher comme en peinture sur une abstraction. Je veux dire le corps intervient, ce qu'il fait moins directement avec un clavier. Très mal exprimé - excusez moi, je passais

10. Le samedi 30 septembre 2006 à 19:17, par Berlol :

Chère Brigetoun, vos commentaires, vous les "écrivez" ou vous les tapez ? ... Donc, vous êtes déjà dans une métaphore de l'écriture. Si un jour un appareillage quelconque vous permet de voir s'écrire les mots que vous formez dans votre esprit sans taper sur un clavier, ce ne sera que l'extension de la métaphore, et je pourrais quand même vous lire de Tokyo (on peut d'ailleurs le faire par audio et vidéo, qui sont des dépôts de traces sans "écriture"). Rien ne vous empêchera pour votre plaisir de continuer à utiliser de l'encre et du papier. Mais pour les enfants de nos enfants, qui n'auront jamais connu ce plaisir du papier (ce qui est déjà le cas de bien des enfants), ils seront tout investis dans des processus de communication et de création qui seront des métaphores de plus en plus élargies de "l'écriture"... Donc, comme vous le dites justement, il y aura toujours "de l'écriture", mais plus de "l'écriture".

11. Le dimanche 1 octobre 2006 à 03:31, par Dom :

"Quoi qu'il en soit, il y a et aura toujours une différence entre les deux."
Il existe, aussi, et je la pense la plus féconde, une position qui voit tout au contraire une parfaite identité entre tes "structures plastiques" et tes "structures graphiques" : ce sont exactement les mêmes compétences cognitives qui sont mises en oeuvre dans notre relation à tous les aspects du monde, il n'y a aucune différence spécifique propre au langage ou à la "pensée" ou à la représentation. L'enjeu de cette position de pensée est à l'inverse de procéder à une naturalisation radicale de ces domaines de notre expérience dans une perspective attachée à comprendre ce que les hommes font et non ce que leurs "discours" "signifient" (seulement les hommes ? C'est une des dimensions très importantes du problème. Plutôt expérience de la vie animale et politique, en tant que telle, et que nous partageons avec les primates, dauphins, et toutes autres espèces "sociables" ?).
"Représentation", "structure", "sens", "adaequatio rei et intellectus", il y a là toute une constellation de notions dont la nécessité est empreinte d'une très fausse évidence et qui relève, effectivement, d'une très ancienne métaphysique, fondamentalement aporétique, ce qui n'est pas forcément une vertu, non ? Partir plutôt de ce que les hommes font en "signifiant" (et pas seulement au moyen du langage) (globalement, "harmonisation des perspectives" me semblerait un bon point de départ) que de la prétendue signification de ce qu'ils disent (il n'y a pas de mystère de la signification, il n'y a sans doute tout simplement pas de signification, du moins là où la placent les tenants de cette tradition métaphysique, c'est-à-dire "dans" le langage ou la "structure des représentations" (et comme il est essentiel à cette notion même de signification qu'elle réside là, autant dire plus énergiquement qu'il n'y a ni signification ni représentation, par un bon coup de rasoir d'Ockham)). Si mystère il faut, préférer alors chercher à comprendre, avec toute la constance dont on est capable, la sociabilité de l'homme.
Sans doute dans l'hypertrophie et l'hypervalorisation de telle prétendue différence spécifique au langage (qui s'épanouit très nécessairement dans tout un lassant pathos sur l'Ecriture) continue à se tapir toute une métaphysique spontanée des scribes. On l'aurait naguère dite "idéaliste", c'est bien aussi une autre dimension du problème.
Il faudrait évoquer encore d'autres mises en garde, par exemple méthodologiques (comme de ne pas aborder le problème de ce qu'il y a à comprendre dans le langage à partir des ultimes développements et conséquences [poésie, métaphysique, littérature], imprévues et imprévisibles, de ce qui ne fut sans doute à l'origine que le fruit de quelques inventions sporadiques et dispersées, dans quelques rares groupes humains, d'une technologie ni plus ni moins mystérieuse que la céramique, la domestication des céréales ou l'usage du premier outil (qui n'est pas, pour le coup, de notre fait, d'ailleurs)) ou conceptuelles (qu'apporte cet usage très libéral de "structure", voire de "structure de structures", sinon, malgré tout, un retour dans la matrice structuraliste et son immanence du sens dans un ordre d'effectivité transcendant à l'expérience de la vie "politique" (le "toujours-déjà-là" de l'"ordre symbolique"), qui interdit d'en penser l'émergence naturelle et le caractère profondément instrumental et second par rapport à l'exercice de la volonté de vivre ensemble, pour faire vite (comprendre, ce ne serait pas saisir une signification immanente dans un symbole, mais acquiescer à une proposition et à une revendication de validité dans le cadre d'un dialogue visant à coordonner ou à harmoniser nos perspectives respectives sur tel ou tel aspect du monde).

12. Le dimanche 1 octobre 2006 à 05:09, par Berlol :

Cher Dom, permets-moi de ne te répondre pour l'instant que sur tes premières lignes (après, il y a des choses un peu difficiles pour moi et j'ai besoin d'y réfléchir...). Mais sur ton ouverture donc : "mêmes compétences cognitives"... Rien n'est moins sûr, le cerveau a des secteurs, tu ne l'ignores pas. "Parfaite identité" des "structures" plastiques et graphiques, au prétexte que cela ferait agir les mêmes neurones, c'est cela que tu veux dire ? Si c'est cela, Waaaahh !... Dans un autre domaine, cela voudrait dire que manger mon steack ou tuer ma voisine, ça serait pareil parce que j'utilise le même couteau. (Comparaison qui ne me paraît pas malhonnête, qu'en penses-tu ?)
En revanche, tout à fait d'accord pour inscrire la sociabilité au rang des questions majeures (voire des mystères...). Dire "c'est l'instinct grégaire" ne suffit pas. Et que nous partageons des compétences ou aptitudes avec certains animaux, aucun problème pour moi. J'ai même failli le mettre dans le billet mais je ne voulais pas alourdir par trop d'incises et parenthèses... À suivre.

13. Le dimanche 1 octobre 2006 à 09:04, par Dom :

Bien sûr, des modules différents, mais pas essentiellement différents, simplement topologiquement ou morphologiquement différents. Pour illustrer une partie de ce que je voulais dire, il y a identité fondamentale entre "lire un ciel" et "lire un livre" (plutôt que steak et voisine...), et si métaphore il y a, elle va de "lire un ciel" à "lire un livre" et pas dans l'autre sens. Voir la sémiologie de Peirce et du côté des grammaires, les positions théoriques des grammairiens cognitivistes (qui ne sont d'ailleurs pas tous, très loin de là, anti-représentationalistes), dont voilà une très succincte présentation, in english :
"Cognitive Linguistics grew out of the work of a number of researchers active in the 1970s who were interested in the relation of language and mind, and who did not follow the prevailing tendency to explain linguistic patterns by means of appeals to structural properties internal to and specific to language. Rather than attempting to segregate syntax from the rest of language in a 'syntactic component' governed by a set of principles and elements specific to that component, the line of research followed instead was to examine the relation of language structure to things outside language: cognitive principles and mechanisms not specific to language, including principles of human categorization; pragmatic and interactional principles; and functional principles in general, such as iconicity and economy. (...)
One of the important assumptions shared by all of these scholars is that meaning is so central to language that it must be a primary focus of study. Linguistic structures serve the function of expressing meanings and hence the mappings between meaning and form are a prime subject of linguistic analysis. Linguistic forms, in this view, are closely linked to the semantic structures they are designed to express. Semantic structures of all meaningful linguistic units can and should be investigated.
These views were in direct opposition to the ideas developing at the time within Chomskyan linguistics, in which meaning was 'interpretive' and peripheral to the study of language. The central object of interest in language was syntax. The structures of language were in this view not driven by meaning, but instead were governed by principles essentially independent of meaning. Thus, the semantics associated with morphosyntactic structures did not require investigation; the focus was on language-internal structural principles as explanatory constructs. "
Les processus par lesquels nous partageons collectivement (stabilisons, harmonisons) le sens que nous donnons aux énonciations langagières ne sont pas essentiellement différents de ceux par lesquels nous partageons collectivement le sens que nous donnons aux autres phénomènes du monde que nous habitons. En outre, la composante émotive-corporelle-expressive de notre rapport au monde est tout autant imprégnée de "signification" que la composante cognitive-symbolique-abstraite. Au sens fort du terme, la lecture (interprétation des indices, principes d'économie et de pertinence, catégorisation et prototypes, etc.) précède en principe l'écriture, l'écriture n'étant bien peut-être qu'une espèce de lecture (= lecture de ses propres énonciations ?).
Bon, tout n'est toujours pas très clair, il faudrait que j'y travaille plus, et je n'en ai plus ni vraiment le loisir ni surtout l'envie. En plus, il se peut très bien, pour autant que je les comprenne, que les derridéens visent une position analogue à celle dont je me sens proche, mais qu'ils restent empêtrés dans la métaphysique de la représentation, par un souci de maintenir une posture philosophique qui les empêcherait d'accepter de déchoir dans les considérations triviales des neurosciences e tutti quanti ("structure différentielle de la forme" aurait alors à voir avec l'imbrication du sens dans les processus cognitifs spontanés de catégorisation, schématisation, abstraction, ... ?). Mais ce qui continue à me gêner, c'est la position privilégiée accordée à l'"élément graphique" de la pensée et le constat d'une "brisure symbolique". S'il faut garder ces termes imagés, alors, je dirais volontiers que tout est du côté de la "plastique", en quelque sorte.

14. Le dimanche 1 octobre 2006 à 15:07, par Berlol :

Je te rappelle le titre du livre de Catherine Malabou : "La Plasticité au soir de l'écriture"... À lire comme "l'avènement de la plasticité" ou "le devenir de la plasticité", alors que l'écriture en est à son soir dans le destin humain, c'est-à-dire au moment où il faut abandonner d'anciennes positions sur le primat de l'écriture... C'est vrai que les derridéens sont empêtrés dans la métaphysique, mais ils négocient pied à pied le tournant de leur histoire, sans la renier, car ce qui est construit, ce n'est pas tellement la vérité des choses, c'est l'historicité de la vérité des choses (le patrimoine que sont les chemins de la pensée). Sinon ce que tu cites, ça vient d'où ? De Pierce ? En tout cas, merci ! On avance...
PS : ton message était dans le filtre parce que j'ai été obligé de mettre des mots comme "that" ou "clear" ou "very" dans la liste des mots-spam...

15. Le lundi 2 octobre 2006 à 04:51, par Dom :

L'extrait provient du site de l'International cognitive linguistics association (www.cognitivelinguistics.org), je cherchais quelque chose de succinct et d'"autorisé".
Pour une tentative intéressante (technique) de décrire la "donation" de sens sans encodage/décodage (parce que finalement, c'est ce à quoi aboutissent toujours les approches représentationalistes), cf. les travaux de Gilles Fauconnier, par exemple un article assez éclairant, Conceptual integration and formal expression (lien à partir du petit stub qui lui est consacré dans wikipedia.org).


©Berlol, 2006.